samedi 8 mars 2014

1949-1950. LA PART DES FEMMES RDA

A l’occasion de la  Journée internationale des droits des femmes, amis lecteurs, nous vous présentons ci-dessous une évocation de la part éminente que les femmes patriotes ivoiriennes prirent dans le vaste et puissant mouvement anticolonialiste de la charnière des années 40 et 50 du siècle dernier, d’après les notes prises au jour le jour par Bernard B. Dadié, l’un des principaux acteurs masculins de ces temps héroïques. Gardées longtemps au secret par leur auteur, ces notes ont été publiées vers 1980, sous le titre de « Carnet de prison »[1].
Elles étaient des centaines de milliers, de toutes les régions du pays. Elles ne parlaient pas les mêmes langues, ne s’habillaient ni ne se nourrissaient de la même façon, n’adoraient pas les mêmes divinités, mais elles avaient le même but vers lequel elles marchaient toutes du même pas décidé.
Gloire aux femmes héroïques du RDA !
Gloire aux femmes de La Résistance patriotique, leurs émules d’aujourd’hui ! 

La Rédaction

Marie Koré, Coly Gbaouzon et Léonie Richardo
à la prison de Grand-Bassam  (de Dte à Gche)
(source - "Carnet de prison" de Bernard Dadié)



Et dans ce magnifique mouvement de la population de Côte d’Ivoire, quelle leçon de savoir que l’idée est venue d’une femme ! Oui, camarades, et elle a fait ce raisonnement très simple :
« Toutes les misères que l’on nous fait subir actuellement, c’est à cause de l’argent que les colonialistes tirent de notre pays. C’est pour cela que l’on emprisonne nos maris, nos frères et nos enfants, c’est pour cela qu’on nous impose de façon exorbitante. Mais cet argent provient en grande partie des dépenses que nos maris font pour nous les femmes. Si nous décidons de nous priver de tout ce qui est superflu et qui est si cher, c’est autant de bénéfices qui échapperont à ces colonialistes. Nous avons là le moyen de les toucher sérieusement. »
Et l’idée lancée s’est transformée en force matérielle en pénétrant les masses. Quelle leçon, camarades, pour ceux qui prétendent qu’il n’y a rien à faire contre le colonialisme.
Non, le colonialisme n’est ni invulnérable, ni invincible ! 
Gabriel d’Arboussier, secrétaire général du Rassemblement démocratique africain (RDA)[2] 

Jeudi 10 février 1949

Anne-Marie[3] et Jacqueline Gnoan Amah nous apportent le repas et un oreiller pour Mockey.

Dimanche 3 avril 1949

Les Jacqueline et Anne-Marie ne peuvent plus nous apporter le repas sous le préau, à la suite des tractations des jeunes gens mouchards du greffe.

Dimanche 24  avril 1949

La camarade Anne-Marie nous parle de l'entrevue qu'elle a eue le lundi de Pâques avec le juge, à notre sujet.
       On m'a toujours signalé que vous rendez visite aux détenus.
       Je suis une Africaine qui rend visite à des lutteurs.
      Vous n'avez pas peur d'être poursuivie ? Vous êtes partie souvent pour Abidjan en qualité d'agent de liaison.
      Je suis allée plusieurs fois à Abidjan, parce que je suis libre d'aller où bon me semble. Libre à vous de m'arrêter... Je ne suis pas la seule femme, il y en a des milliers comme moi, des femmes qui luttent pour leur liberté.
       Et si je vous arrêtais ?
      Pourquoi ne m'arrêtez-vous donc pas puisque vous en avez reçu l'ordre pour nous tous.
       Parce que je n'ai pas encore de preuves.
       Et pour les autres, aviez-vous des preuves ?
       Ça, c'est une autre histoire. J'ai accompli mon devoir.
       Ah !
       L'on m'a dit que vous avez des matelas et des oreillers pour eux.
      Ce ne sont pas des animaux qui sont jetés en prison. Ils ont droit à des matelas et des oreillers.
       Si je vous arrêtais, vous dis-je, avec tous ces propos ?
       Ne perdez pas votre temps ; la prison ne me fait pas peur.
       Le Gouverneur veut te voir, vendredi en huit.
      S'il veut me voir, qu'il vienne chez moi, ou au bureau du parti, nous ne nous cachons nullement. Nous luttons en plein jour.
       Je vous ordonne de venir voir le Gouverneur.
      Ëh bien, moi, je dis que je ne viendrai pas. S'il veut, me voir qu'il vienne chez moi ; sinon qu'il reste chez lui. Quant à nous, hommes et femmes africains authentiques, nous lutterons toujours.
Le juge a remué la tête et n'a plus rien dit. Il pensait, par Anne-Marie, avoir la section des femmes de Grand-Bassam. Ces réponses claires et précises lui ont sans aucun doute donné à réfléchir.

Lundi 6 juin 1949

Anne-Marie nous rapporte qu’on lui aurait promis 30.000 francs et une voiture si elle nous abandonnait. Evidemment, elle a refusé. Le juge lui aurait même dit qu’il ne lui serait pas possible de nous mettre en liberté provisoire par suite des nombreuses lettres qui chercheraient à l’en dissuader.

Dimanche 12 juin 1949

Le juge est passé chez Anne-Marie et ses parents. Patient, notre juge ! Jeune surtout et pressé de faire carrière…

Vendredi 22 juillet 1949

La présidente des femmes RDA de Bouaké, Ami Gueye, est venue nous rendre visite… La lutte ne fait que commencer avec l’ampleur que prend le mouvement des femmes.

Samedi 23 juillet

Viviane Mockey (9 ans) à une jeune provocatrice européenne qui lui dit : « Ton papa est en prison », lui répond : « Oui, mais il n’a pas volé ! Il lutte pour son pays ». Belle réponse !

Jeudi 4 août 1949

Sur plainte des adversaires, la présidente des femmes de Morenou, la dame Sibo, est arrêtée, avec comme motif : « Menace de mort par fétiche »[4]… et cela à la suite de danses exécutées par les femmes. Plus de douze camions de femmes sont descendus sur Grand-Bassam. Sibo a été relâchée.

Mardi 9 août 1949

Le mouvement des femmes gagne en ampleur. Grand-Bassam enregistre l’adhésion de deux cents femmes par jour.

Dimanche 11 septembre 1949

Visite hebdomadaire des camarades Jacqueline, Monique Adjouba Et Anne-Marie Thomas (la future Mme Raggi, ndlr).

Lundi 19 septembre 1949

Le comité des femmes de Bassam s’est réuni ce soir à 17 heures.

Samedi 24 septembre 1949

L’arrêté n°259/FI du 19.8.1949 accorde à la commune d’Abidjan une subvention de 3.055.026 francs pour recouvrement de dédommagement des événements du 6 février 1949.
La veuve Albéric Kacou refuse ce secours. La foule poursuivant Amandji a brisé sa barrière. Elle entend la réparer à ses frais. Malgré toutes les pressions, elle a maintenu son refus.

Samedi 8 octobre 1949

(…). Nous avons reçu ce matin, une délégation do femmes composée de Mmes Marie-Louise Monrich, Mimlin Mandé, Dagbé Huéri, N'Doli Amoin, N'Guessan Affoué, Marcelline Sibo, Ladji N'Dry, Moussokoro Camara.
Elles nous ont dit d'avoir du courage et de la confiance, que le mouvement progresse chaque jour. L'union chaque jour se fait davan­tage. Elles ont tenu à venir nous voir en délégation, au lendemain de l'adhésion des femmes de Tabou à notre grand mouvement. Elles sont avec nous dans cette dure épreuve ; le dernier mot nous appartient. Beaucoup de gens souffrent, hommes comme femmes. Elles, qui sont mères, nous disent que le rire suivra les pleurs. Chaque semaine une délégation de femmes viendra nous voir.

mercredi 12 octobre 1949

Le général Plagne, le contre-amiral Moulec et Mitterand[5] nous viennent de l’AEF (Afrique équatoriale française). Les femmes tiennent à leur faire une réception monstre, rien que pour faire la nique à l’autorité, et surtout à ce gouverneur qu’on ne reçoit nulle part, malgré les ordres de danses, les congés pour son arrivée. Les gens restent chez eux… Une réception du tonnerre pour nos amis.

Lundi 17 octobre 1949

La camarade Alima Ouattara de Bondoukou nous écrit une lettre dans laquelle on peut extraire ceci :
« Daouda Benoît qu'on nous avait laissé ici, les gendarmes sont venus le prendre, et les femmes sont parties demander au commandant ce que Daouda Benoît a fait, mais elles ne l'ont pas trouvé. Le lende­main on m'a convoquée, puis vendredi dernier encore. Il ne faut pas croire qu'ils m'effraient, comme ça, qu'ils me feront peur. Non ! Je n'ai pas peur ! Il ne faut pas croire que je quitterai notre mouvement ; jamais ! Je suis femme, certes, mais je veux combattre avec vous. Le commandant a demandé pourquoi j'ai accepté d'être la secrétaire des femmes... Je ne lui ai même pas répondu. Il a menacé de nous enfermer toutes... Qu'il essaie ! Sur le chemin du RDA, même si le commandant me tue, je ne quitterai jamais. Dans Bondoukou, nous avons 451 femmes. »

Vendredi 21 octobre 1949

Incidents à Adzopé… des vieillards et une femme seraient arrêtés parce que RDA… Sans motif aucun.
Il y a eu au tribunal, un verdict peu banal. Le commissaire de police trouve une femme vendant son vin de palme au marché. Il lui donne l'ordre de verser sa marchandise. Elle refuse, lui disant qu'elle vend du vin de palme pour avoir de quoi payer les impôts que le Blanc tout le temps réclame. Notre doux commissaire de police de s'enflammer et de donner des gifles et des coups de pied à la marchande. Aux autres femmes d'accourir pour séparer les deux belliqueux... Dans ce geste, il s'est trouvé par hasard que le commissaire a reçu des coups égarés. Il se dit battu. Et le Ministère public exige des peines sévères; la femme est condamnée à un mois de prison avec sursis. Elle qui a reçu des coups de pied du chevaleresque, très éduqué et très noble commissaire de police. Des coups de pied à une femme I Oh Jésus comme vous êtes loin des rives de ce pays ! Comme vous êtes loin de ce Grand-Bassam où les commissaires de police donnent des coups de pied à des femmes, à des mères de famille, à des femmes qu'on ne doit « pas frapper même avec une rose ». Doux Jésus de la fille ainée de l'Eglise !
Hélas, cette femme est noire, une Négresse. Et avec le Nègre, tout est permis... surtout quand la répression est devenue licite.

Samedi 29 octobre 1949

Nous avons reçu ce matin la visite de deux délégués Attiés, Rebecca Cobou et Aka Yapré.

Samedi 5 novembre 1949

Visite de deux déléguées Ebrié, (…).

Dimanche 6 novembre 1949

Mme Ouezzin, elle aussi, passera le 23 au tribunal pour réunion sans autorisation. Lors de l’arrivée de Guy Etcheverry, elle a dit, du balcon du RDA, aux femmes de s’en aller chez elles, après les avoir remerciées de l’accueil réservé à Etcheverry cela la mène au tribunal…

Samedi 19 novembre 1949

Mme Ouezzin est partie ce matin par avion pour Paris et de là pour Pékin.
Les femmes n’ont pu venir aujourd’hui parce que le procureur tenait à délivrer lui-même les permis de communiquer avec nous du 6 février. Il exigeait carte d’identité et carte de mariage.

Jeudi 15 décembre 1949

La population décide la grève d’achat des marchandises importées. Cela dans le milieu commercial fait beaucoup de bruit. Quatrième jour de notre grève de la faim.
(…)
Anne-Marie et son mari sont menacés par l’huissier. Ils doivent partir aujourd’hui même du logement où ils sont…

Mardi 20 décembre 1949

Nous,
Madame Mockey, mère de cinq enfants mineurs,
Madame Ekra, mère de trois enfants mineurs,
Mesdames Vieyra (3), mères de douze enfants dont huit mineurs,
Mesdames Lamad Camara (2), mères de quatre enfants mineurs,
Mesdames Séry Koré (3), mères de deux enfants mineurs,
Madame Williams,
Mesdames Monique Békro et Félix Paraiso, 

A Monsieur le Gouverneur de La Côte d'Ivoire, ABIDJAN 

Monsieur le Gouverneur,

Voici plus de dix jours que nos maris ont été contraints après toutes les fins de non-recevoir opposées à leurs demandes de mise en liberté provisoire, à faire la grève de la faim.
Dès le 16 décembre, nous soumettions une requête à Monsieur le Procureur de la République, renouvelant en leur nom leur demande de mise en liberté provisoire.
Aucune décision n'est encore intervenue et aux dernières nouvelles nous apprenons que trois d'entre eux sont déjà dans un état d'extrême faiblesse.
Vous n'ignorez par l'émotion considérable déjà soulevée dans tout le pays par la nouvelle de la décision prise par nos maris.
Huit hommes sont en train de mourir dans une prison, telle est la vérité toute crue.
Au nom de nos enfants et en notre nom nous venons, Monsieur le Gouverneur, vous mettre devant vos responsabilités...

Mercredi 21 décembre 1949

Les femmes n’ont pu venir faute de permis de communiquer refusés par le procureur. Elles ont été en délégation voir le gouverneur qui lui aussi s’est fait porter absent. Elles ont été reçues par son chef de cabinet Bugia qui les a menacées de prison. Il leur a dit : « Cette affaire concerne la Justice ». Elles ont couru à Bassam, le procureur leur a répondu avec l’ironie et le genre de propos qui les caractérisent tous : « Cette affaire est du ressort du Gouvernement ».

Jeudi 22 décembre 1949

(…). Les femmes viennent à pied... 38 km. Impérial est surpeuplé... on les bat, elles viennent... Elles font la moitié de la route dans la brousse, la moitié sur la route même... décidées à nous arracher des mains de nos bourreaux. Elles viennent toujours... ou nous voir libérés ou venir avec nous en prison. Elles viennent... Nous suivons de notre prison toutes les phases de cette affaire. La tension est extrême... Elle est partout,- devant le Palais de Justice, le commissariat, la prison, dans les rues...
On arrose les femmes d'eau. Elles ne reculent pas. Des coups de crosse. Elles avancent quand même.
(…)
Les femmes viennent toujours d'Abidjan. Leur nombre grossit, effraie, a pris une ampleur sans précédent. Il exprime la volonté des Africains de se libérer de l'oppression colonialiste.
(…)
Les femmes viennent toujours.

Lundi 26 décembre 1949

(…) à la suite de la manifestation des femmes, le commissaire de police et son maire ont arrêté Mme Séry Koré et son enfant et trois autres femmes qu’ils ont emprisonnées et auxquelles ils refusent de délivrer un certificat médical. Ces femmes sont : Marie Gallo[6], Kadi Baourou, Dingolo Traoré, Léonie Séa.
(…)
Madame Séry Koré nous fait dire qu’elle est très fatiguée à la suite des nombreux coups reçus.
Hier, étant allée à l’ambulance pour demander un certificat médical, non seulement le docteur a refusé, mais il a pris plaisir à se moquer d’elle.
Un mur seulement nous sépare de ces héroïnes. Comment communiquer avec elles ?
(…)
Vers 12 h 30, Mockey arrive à communiquer avec Marie Koré.
Voici l’histoire.
Elle était venue chercher un permis de communiquer. Le procureur le lui refuse. La police la refoule, elle et ses camarades. Le commissaire de police la gifle. Le maire la frappe. Ne pouvant venir à la prison, elle se dirige vers l’ambulance où se trouve Séry Koré, son mari. A la hauteur de l’école régionale, un gendarme africain leur donne des coups de crosse. Marie tombe. Des militaires européens du Centre de repos, jettent en riant des seaux d’eau sur elle. On la ramasse pour la conduire au commissariat où le commissaire la frappe sérieusement… Elle était avec ses camarades. Une jeune fille aurait même été violentée dans ce commissariat de Bassam.
Depuis, Mme Séry Koré ne peut ni manger, ni marcher. Elle ne fait que vomir, continuellement ; et pas de soins, aucun. Le docteur se frotte les mains en s’écriant : « C’est bien fait. C’est bien fait ».
La température de Marie Gallo a atteint 40,5°C.
Passant devant leur porte en compagnie du régisseur, j’ai demandé à lui serrer la main. Le régisseur a refusé. C’est le règlement. Je lui ai cependant crié « Bonjour, Marie », un bonjour qui pour être entendu n’a pas besoin de permis de communiquer ou de l’autorisation d’un gendarme.
(…)
Les camarades femmes ont été jugées, sauf marie gallo qui est hospitalisée. L’une d’elles, Léonie Séa… a été relâchée. Les deux autres ont eu chacune deux mois ferme, Kadi Baouro et Dioggolo Traoré.
Nous venons d’avoir nos premières femmes détenues politiques. C’est le signe de l’alliance absolue des femmes et des hommes dans la lutte émancipatrice. C’est un bon signe. C’est le signe de notre victoire…

Vendredi 6 janvier 1950

Madame Séry Koré (Marie Gallo) est évacué sur abidjan.

Mardi 10 janvier 1950

Le docteur voudrait faire sortir Mme Séry Koré qui n'est pas encore guérie.
Il nous revient de Daloa une nouvelle intéressante. Le commandant de cercle avait arrêté quatre femmes. Les autres les réclament ; le commandant refuse. Sur ce, arrive Me Blanche Matarasso qui revient à charge une fois, deux fois, trois fois avec les femmes. Le comman­dant hésite, refuse, les autres insistent.
       Mais Madame, vous ne voyez pas ce que cela va faire ? Ça va être de la propagande pour le RDA.
       Et alors ?
       Ça va donner un mauvais exemple. Les femmes tout le temps vont manifester.
       Et alors ?
       Voulez-vous vous retirer pour me permettre de prendre mes décisions ?
       Nous partirons d'ici avec nos camarades.
       On va dire que c'est vous qui avez pris la tête du mouvement.
       Et après ? Sachez une chose : nous ne partirons pas d'ici sans nos camarades.
       Vous savez, à Issia, les femmes ont brisé la prison pour libérer quelques camarades arrêtés... quel exemple donnera cette libération dans notre région ?
        Nous ne partirons pas d'ici sans nos camarades.
Le commandant de cercle a été obligé de les relâcher.

Mercredi 11 janvier 1950

Madame Ouezzin ne rentrera de Pékin qu'en mars.

Vendredi 13 janvier 1950

Une détenue est morte ce matin.

L'on ne veut pas fixer la date du jugement de Mme Séry Koré. Peur de mouvement de masse.

Samedi 14 janvier 1950

Une délégation des Ebriés de Locodjoro : Joseph Indegreh, Abraham Aliman, Yapi et une femme, est venue nous voir. Tout marche en ville.

Jeudi 19 janvier 1950

Trois vieilles femmes viennent d’arriver à la prison.

Vendredi 20 janvier 1950

Mmes Mockey, Ekra, Denise, Williams, Mlle Marie-Louise Mourich ont été convoquées et entendues par le juge d’instruction. Manifestation sur la voie publique sans autorisation. Elles ont été en délégation voir le gouverneur, qui du reste était absent, et ce dans les premiers jours de notre grève de la faim.

Mercredi 1er février 1950

(…). Mme Séry Koré a été condamnée à deux mois de prison ferme.

[1] - Ceda, Abidjan, ISBN 2-86-394-024-4.
[2] - Carnet de prison, p.334.
[3] - Anne-Marie Raggi, née Thomas, était l’animatrice du comité féminin RDA de Grand-Bassam. Très active, c’est elle qui eut l’idée de la grève des achats en soutien à la grève de la faim des huit dirigeants emprisonnés après la provocation du 6 février 1949. Anne-Marie Raggi devait encore manifester son immense courage dans le cadre de l’affaire des faux complots de 1963, quand, amenée avec ses codétenus au Boxing-Club d’Abidjan où ils devaient se repentir et implorer la clémence d’Houphouët, c’est elle au contraire qui accusa publiquement Houphouët d’être un menteur et un traitre (Voir M. Amondji, Félix Houphouët et la Côte d’Ivoire. L’envers d’une légende, Karthala, Paris 1984 ; p. 146-147).
[4] - un procédé qu’Houphouët reprendra deux fois à son compte, en 1959 (première affaire Mockey ou « complot du chat noir ») et en 1964 (affaire Ernest Boka).
[5] - Mitterand (avec 1 seul « r »), un ami du RDA. Ne pas confondre avec le Mitterrand (avec 2 « r ») ministre des colonies, qui retourna Houphouët en 1950…
[6] - Nom de jeune fille de Marie Koré.

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