A l’occasion de
la Journée internationale des droits des femmes, amis lecteurs, nous vous
présentons ci-dessous une évocation de la part éminente que les femmes
patriotes ivoiriennes prirent dans le vaste et puissant mouvement
anticolonialiste de la charnière des années 40 et 50 du siècle dernier, d’après
les notes prises au jour le jour par Bernard B. Dadié, l’un des principaux
acteurs masculins de ces temps héroïques. Gardées longtemps au secret par leur
auteur, ces notes ont été publiées vers 1980, sous le titre de « Carnet de
prison »[1].
Elles étaient
des centaines de milliers, de toutes les régions du pays. Elles ne parlaient
pas les mêmes langues, ne s’habillaient ni ne se nourrissaient de la même
façon, n’adoraient pas les mêmes divinités, mais elles avaient le même but vers
lequel elles marchaient toutes du même pas décidé.
Gloire aux
femmes héroïques du RDA !
Gloire aux
femmes de La Résistance patriotique, leurs émules d’aujourd’hui !
La Rédaction
Marie Koré, Coly Gbaouzon et Léonie Richardo
à la prison de Grand-Bassam (de Dte à Gche)
(source - "Carnet de prison" de Bernard Dadié)
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Et dans ce magnifique mouvement de la population de Côte
d’Ivoire, quelle leçon de savoir que l’idée est venue d’une femme ! Oui,
camarades, et elle a fait ce raisonnement très simple :
« Toutes les
misères que l’on nous fait subir actuellement, c’est à cause de l’argent que
les colonialistes tirent de notre pays. C’est pour cela que l’on emprisonne nos
maris, nos frères et nos enfants, c’est pour cela qu’on nous impose de façon
exorbitante. Mais cet argent provient en grande partie des dépenses que nos
maris font pour nous les femmes. Si nous décidons de nous priver de tout ce qui
est superflu et qui est si cher, c’est autant de bénéfices qui échapperont à
ces colonialistes. Nous avons là le moyen de les toucher sérieusement. »
Et l’idée lancée s’est transformée en force matérielle en
pénétrant les masses. Quelle leçon, camarades, pour ceux qui prétendent qu’il
n’y a rien à faire contre le colonialisme.
Non, le colonialisme n’est ni invulnérable, ni
invincible !
Jeudi 10 février
1949
Dimanche 3 avril 1949
Les
Jacqueline et Anne-Marie ne peuvent plus nous apporter le repas sous le préau,
à la suite des tractations des jeunes gens mouchards du greffe.
Dimanche 24 avril 1949
La camarade Anne-Marie nous parle de l'entrevue qu'elle a eue le lundi de
Pâques avec le juge, à notre sujet.
– On m'a toujours signalé que vous
rendez visite aux détenus.
– Je suis une Africaine qui rend
visite à des lutteurs.
– Vous n'avez pas peur d'être poursuivie
? Vous êtes partie souvent pour Abidjan en qualité d'agent de liaison.
– Je suis allée plusieurs fois à
Abidjan, parce que je suis libre d'aller où bon me semble. Libre à vous de
m'arrêter... Je ne suis pas la seule femme, il y en a des milliers comme moi,
des femmes qui luttent pour leur liberté.
– Et si je vous arrêtais ?
– Pourquoi ne m'arrêtez-vous donc
pas puisque vous en avez reçu l'ordre pour nous tous.
– Parce que je n'ai pas encore de
preuves.
– Et pour les autres, aviez-vous
des preuves ?
– Ça, c'est une autre histoire.
J'ai accompli mon devoir.
– Ah !
– L'on m'a dit que vous avez des
matelas et des oreillers pour eux.
– Ce ne sont pas des animaux qui
sont jetés en prison. Ils ont droit à des matelas et des oreillers.
– Si je vous arrêtais, vous dis-je,
avec tous ces propos ?
– Ne perdez pas votre temps ; la
prison ne me fait pas peur.
– Le Gouverneur veut te voir,
vendredi en huit.
– S'il veut me voir, qu'il vienne
chez moi, ou au bureau du parti, nous ne nous cachons nullement. Nous luttons
en plein jour.
– Je vous ordonne de venir voir le
Gouverneur.
– Ëh bien, moi, je dis que je ne
viendrai pas. S'il veut, me voir qu'il vienne chez moi ; sinon qu'il reste chez
lui. Quant à nous, hommes et femmes africains authentiques, nous lutterons
toujours.
Le juge a remué la tête et n'a plus rien dit. Il pensait, par Anne-Marie,
avoir la section des femmes de Grand-Bassam. Ces réponses claires et précises
lui ont sans aucun doute donné à réfléchir.
Lundi
6 juin 1949
Anne-Marie nous rapporte qu’on lui aurait promis 30.000 francs et une
voiture si elle nous abandonnait. Evidemment, elle a refusé. Le juge lui aurait
même dit qu’il ne lui serait pas possible de nous mettre en liberté provisoire
par suite des nombreuses lettres qui chercheraient à l’en dissuader.
Dimanche
12 juin 1949
Le juge est passé chez Anne-Marie et ses parents. Patient, notre
juge ! Jeune surtout et pressé de faire carrière…
Vendredi 22
juillet 1949
La présidente des femmes RDA de Bouaké, Ami Gueye, est venue nous rendre
visite… La lutte ne fait que commencer avec l’ampleur que prend le mouvement
des femmes.
Samedi 23 juillet
Viviane Mockey (9 ans) à une jeune provocatrice européenne qui lui
dit : « Ton papa est en
prison », lui répond : « Oui,
mais il n’a pas volé ! Il lutte pour son pays ». Belle
réponse !
Jeudi 4 août 1949
Sur plainte des adversaires, la présidente des femmes de Morenou, la dame
Sibo, est arrêtée, avec comme motif : « Menace
de mort par fétiche »[4]… et cela à la suite de danses exécutées par les femmes. Plus de douze
camions de femmes sont descendus sur Grand-Bassam. Sibo a été relâchée.
Mardi 9 août 1949
Le mouvement des femmes gagne en ampleur. Grand-Bassam enregistre
l’adhésion de deux cents femmes par jour.
Dimanche 11
septembre 1949
Visite hebdomadaire des camarades Jacqueline, Monique Adjouba Et
Anne-Marie Thomas (la future Mme Raggi, ndlr).
Lundi 19
septembre 1949
Le comité des femmes de Bassam s’est réuni ce soir à 17 heures.
Samedi 24
septembre 1949
L’arrêté n°259/FI du 19.8.1949 accorde à la commune d’Abidjan une
subvention de 3.055.026 francs pour recouvrement de dédommagement des
événements du 6 février 1949.
La veuve Albéric Kacou refuse ce secours. La foule poursuivant Amandji a
brisé sa barrière. Elle entend la réparer à ses frais. Malgré toutes les
pressions, elle a maintenu son refus.
Samedi 8 octobre 1949
(…). Nous avons reçu ce matin,
une délégation do femmes composée de Mmes Marie-Louise Monrich, Mimlin Mandé, Dagbé
Huéri, N'Doli Amoin, N'Guessan Affoué, Marcelline Sibo, Ladji N'Dry, Moussokoro
Camara.
Elles nous ont dit d'avoir du
courage et de la confiance, que le mouvement progresse chaque jour. L'union
chaque jour se fait davantage. Elles ont tenu à venir nous voir en délégation,
au lendemain de l'adhésion des femmes de Tabou à notre grand mouvement. Elles
sont avec nous dans cette dure épreuve ; le dernier mot nous appartient.
Beaucoup de gens souffrent, hommes comme femmes. Elles, qui sont mères, nous
disent que le rire suivra les pleurs. Chaque semaine une délégation de femmes
viendra nous voir.
mercredi 12 octobre 1949
Le général Plagne, le contre-amiral Moulec et Mitterand[5] nous viennent de l’AEF (Afrique équatoriale française). Les femmes
tiennent à leur faire une réception monstre, rien que pour faire la nique à
l’autorité, et surtout à ce gouverneur qu’on ne reçoit nulle part, malgré les
ordres de danses, les congés pour son arrivée. Les gens restent chez eux… Une
réception du tonnerre pour nos amis.
Lundi 17 octobre 1949
La camarade Alima Ouattara de
Bondoukou nous écrit une lettre dans laquelle on peut extraire ceci :
«
Daouda Benoît qu'on nous avait laissé ici, les gendarmes sont venus le prendre,
et les femmes sont parties demander au commandant ce que Daouda Benoît a fait,
mais elles ne l'ont pas trouvé. Le lendemain on m'a convoquée, puis vendredi
dernier encore. Il ne faut pas croire qu'ils m'effraient, comme ça, qu'ils me
feront peur. Non ! Je n'ai pas peur ! Il ne faut pas croire que je quitterai
notre mouvement ; jamais ! Je suis femme, certes, mais je veux combattre avec
vous. Le
commandant a demandé pourquoi j'ai accepté d'être la secrétaire des femmes...
Je ne lui ai même pas répondu. Il a menacé de nous enfermer toutes... Qu'il
essaie ! Sur le chemin du RDA, même si le commandant me tue, je ne quitterai
jamais. Dans Bondoukou, nous avons 451 femmes. »
Vendredi 21 octobre 1949
Incidents
à Adzopé… des vieillards et une femme seraient arrêtés parce que RDA… Sans
motif aucun.
Il y a
eu au tribunal, un verdict peu banal. Le commissaire de police trouve une femme
vendant son vin de palme au marché. Il lui donne l'ordre de verser sa
marchandise. Elle refuse, lui disant qu'elle vend du vin de palme pour avoir de
quoi payer les impôts que le Blanc tout le temps réclame. Notre doux
commissaire de police de s'enflammer et de donner des gifles et des coups de
pied à la marchande. Aux autres femmes d'accourir pour séparer les deux
belliqueux... Dans ce geste, il s'est trouvé par hasard que le commissaire a
reçu des coups égarés. Il se dit battu. Et le Ministère public exige des peines
sévères; la femme est condamnée à un mois de prison avec sursis. Elle qui a
reçu des coups de pied du chevaleresque, très éduqué et très noble commissaire
de police. Des coups de pied à une femme I Oh Jésus comme vous êtes loin des
rives de ce pays ! Comme vous êtes loin de ce Grand-Bassam où les commissaires
de police donnent des coups de pied à des femmes, à des mères de famille, à des
femmes qu'on ne doit « pas frapper même avec une rose ». Doux Jésus de la fille
ainée de l'Eglise !
Hélas, cette femme est noire, une
Négresse. Et avec le Nègre, tout est permis... surtout quand la répression est
devenue licite.
Samedi 29 octobre
1949
Nous avons reçu ce matin la
visite de deux délégués Attiés, Rebecca Cobou et Aka Yapré.
Samedi
5 novembre 1949
Visite de deux déléguées Ebrié,
(…).
Dimanche
6 novembre 1949
Mme Ouezzin, elle aussi, passera
le 23 au tribunal pour réunion sans autorisation. Lors de l’arrivée de Guy
Etcheverry, elle a dit, du balcon du RDA, aux femmes de s’en aller chez elles,
après les avoir remerciées de l’accueil réservé à Etcheverry cela la mène au
tribunal…
Samedi
19 novembre 1949
Mme Ouezzin est partie ce matin
par avion pour Paris et de là pour Pékin.
Les femmes n’ont pu venir
aujourd’hui parce que le procureur tenait à délivrer lui-même les permis de
communiquer avec nous du 6 février. Il exigeait carte d’identité et carte de
mariage.
Jeudi
15 décembre 1949
La population décide la grève d’achat des marchandises
importées. Cela dans le milieu commercial fait beaucoup de bruit. Quatrième
jour de notre grève de la faim.
(…)
Anne-Marie et son mari sont menacés par l’huissier. Ils
doivent partir aujourd’hui même du logement où ils sont…
Mardi 20 décembre 1949
Nous,
Madame Mockey, mère de cinq
enfants mineurs,
Madame Ekra, mère de trois
enfants mineurs,
Mesdames Vieyra (3), mères de douze enfants dont huit mineurs,
Mesdames Lamad Camara (2), mères de quatre enfants mineurs,
Mesdames Séry Koré (3), mères de
deux enfants mineurs,
Madame Williams,
Mesdames Monique Békro et Félix
Paraiso,
A Monsieur le Gouverneur de La Côte d'Ivoire,
ABIDJAN
Monsieur le Gouverneur,
Voici plus de dix jours que nos
maris ont été contraints après toutes les fins de non-recevoir opposées à leurs
demandes de mise en liberté provisoire, à faire la grève de la faim.
Dès le 16 décembre, nous
soumettions une requête à Monsieur le Procureur de la République, renouvelant
en leur nom leur demande de mise en liberté provisoire.
Aucune décision n'est encore intervenue et aux dernières nouvelles nous
apprenons que trois d'entre eux sont déjà dans un état d'extrême faiblesse.
Vous n'ignorez par l'émotion
considérable déjà soulevée dans tout le pays par la nouvelle de la décision prise
par nos maris.
Huit hommes sont en train de
mourir dans une prison, telle est la vérité toute crue.
Au nom de nos enfants et en notre
nom nous venons, Monsieur le Gouverneur, vous mettre devant vos
responsabilités...
Mercredi 21 décembre 1949
Les
femmes n’ont pu venir faute de permis de communiquer refusés par le procureur.
Elles ont été en délégation voir le gouverneur qui lui aussi s’est fait porter
absent. Elles ont été reçues par son chef de cabinet Bugia qui les a menacées
de prison. Il leur a dit : « Cette
affaire concerne la Justice ». Elles ont couru à Bassam, le procureur
leur a répondu avec l’ironie et le genre de propos qui les caractérisent
tous : « Cette affaire est du
ressort du Gouvernement ».
Jeudi 22 décembre 1949
(…).
Les femmes viennent à pied... 38 km. Impérial est surpeuplé... on les bat,
elles viennent... Elles font la moitié de la route dans la brousse, la moitié
sur la route même... décidées à nous arracher des mains de nos bourreaux. Elles
viennent toujours... ou nous voir libérés ou venir avec
nous en prison.
Elles viennent...
Nous suivons
de notre prison toutes les phases de cette affaire. La tension est extrême...
Elle est partout,- devant le Palais de Justice, le commissariat, la prison,
dans les rues...
On arrose les femmes d'eau. Elles
ne reculent pas. Des coups de crosse. Elles avancent quand même.
(…)
Les femmes viennent toujours
d'Abidjan. Leur nombre grossit, effraie, a pris une ampleur sans précédent. Il
exprime la volonté des Africains de se libérer de l'oppression colonialiste.
(…)
Les femmes viennent toujours.
Lundi 26 décembre 1949
(…) à la suite de la manifestation des femmes, le commissaire de police
et son maire ont arrêté Mme Séry Koré et son enfant et trois autres femmes
qu’ils ont emprisonnées et auxquelles ils refusent de délivrer un certificat
médical. Ces femmes sont : Marie Gallo[6], Kadi Baourou, Dingolo Traoré, Léonie Séa.
(…)
Madame Séry Koré nous fait dire qu’elle est très fatiguée à la suite des
nombreux coups reçus.
Hier, étant allée à l’ambulance pour demander un certificat médical, non
seulement le docteur a refusé, mais il a pris plaisir à se moquer d’elle.
Un mur seulement nous sépare de ces héroïnes. Comment communiquer avec
elles ?
(…)
Vers 12 h 30, Mockey arrive à communiquer avec Marie Koré.
Voici l’histoire.
Elle était venue chercher un permis de communiquer. Le procureur le lui
refuse. La police la refoule, elle et ses camarades. Le commissaire de police
la gifle. Le maire la frappe. Ne pouvant venir à la prison, elle se dirige vers
l’ambulance où se trouve Séry Koré, son mari. A la hauteur de l’école
régionale, un gendarme africain leur donne des coups de crosse. Marie tombe.
Des militaires européens du Centre de repos, jettent en riant des seaux d’eau
sur elle. On la ramasse pour la conduire au commissariat où le commissaire la
frappe sérieusement… Elle était avec ses camarades. Une jeune fille aurait même
été violentée dans ce commissariat de Bassam.
Depuis, Mme Séry Koré ne peut ni manger, ni marcher. Elle ne fait que
vomir, continuellement ; et pas de soins, aucun. Le docteur se frotte les
mains en s’écriant : « C’est
bien fait. C’est bien fait ».
La température de Marie Gallo a atteint 40,5°C.
Passant devant leur porte en compagnie du régisseur, j’ai demandé à lui
serrer la main. Le régisseur a refusé. C’est le règlement. Je lui ai cependant
crié « Bonjour, Marie », un bonjour qui pour être entendu n’a pas
besoin de permis de communiquer ou de l’autorisation d’un gendarme.
(…)
Les camarades femmes ont été jugées, sauf marie gallo qui est
hospitalisée. L’une d’elles, Léonie Séa… a été relâchée. Les deux autres ont eu
chacune deux mois ferme, Kadi Baouro et Dioggolo Traoré.
Nous venons d’avoir nos premières femmes détenues politiques. C’est le
signe de l’alliance absolue des femmes et des hommes dans la lutte
émancipatrice. C’est un bon signe. C’est le signe de notre victoire…
Vendredi 6 janvier 1950
Madame Séry Koré (Marie Gallo)
est évacué sur abidjan.
Mardi 10 janvier 1950
Le docteur voudrait faire sortir Mme Séry Koré qui n'est pas encore
guérie.
Il nous revient de Daloa une nouvelle intéressante. Le commandant de
cercle avait arrêté quatre femmes. Les autres les réclament ; le commandant
refuse. Sur ce, arrive Me Blanche Matarasso qui revient à charge une fois, deux
fois, trois fois avec les femmes. Le commandant hésite, refuse, les autres
insistent.
– Mais Madame, vous ne voyez pas ce que cela va faire ? Ça va être de la
propagande pour le RDA.
– Et alors ?
– Ça va donner un mauvais exemple. Les femmes tout le temps vont
manifester.
– Et alors ?
– Voulez-vous vous retirer pour me permettre de prendre mes décisions ?
– Nous partirons d'ici avec nos camarades.
– On va dire que c'est vous qui avez pris la tête du mouvement.
– Et après ? Sachez une chose : nous ne partirons pas d'ici sans nos
camarades.
– Vous savez, à Issia, les femmes ont brisé la prison pour libérer
quelques camarades arrêtés... quel exemple donnera cette libération dans notre
région ?
–
Nous ne partirons pas d'ici sans
nos camarades.
Le commandant de cercle a été
obligé de les relâcher.
Mercredi 11 janvier 1950
Madame Ouezzin ne rentrera de Pékin qu'en mars.
Vendredi 13 janvier 1950
Une détenue est morte ce matin.
L'on ne veut pas fixer la date du jugement de Mme Séry Koré. Peur de
mouvement de masse.
Samedi 14 janvier 1950
Une délégation des Ebriés de Locodjoro : Joseph Indegreh, Abraham
Aliman, Yapi et une femme, est venue nous voir. Tout marche en ville.
Jeudi 19 janvier 1950
Trois vieilles femmes viennent d’arriver à la prison.
Vendredi 20 janvier 1950
Mmes Mockey, Ekra, Denise, Williams, Mlle Marie-Louise Mourich ont été
convoquées et entendues par le juge d’instruction. Manifestation sur la voie
publique sans autorisation. Elles ont été en délégation voir le gouverneur, qui
du reste était absent, et ce dans les premiers jours de notre grève de la faim.
Mercredi 1er février
1950
(…). Mme Séry Koré a été condamnée à deux mois de prison ferme.
[1] - Ceda, Abidjan, ISBN 2-86-394-024-4.
[1] - Ceda, Abidjan, ISBN 2-86-394-024-4.
[2] - Carnet de
prison, p.334.
[3] - Anne-Marie
Raggi, née Thomas, était l’animatrice du comité féminin RDA de Grand-Bassam.
Très active, c’est elle qui eut l’idée de la grève des achats en soutien à la
grève de la faim des huit dirigeants emprisonnés après la provocation du 6
février 1949. Anne-Marie Raggi devait encore manifester son immense courage
dans le cadre de l’affaire des faux complots de 1963, quand, amenée avec ses
codétenus au Boxing-Club d’Abidjan où ils devaient se repentir et implorer la
clémence d’Houphouët, c’est elle au contraire qui accusa publiquement Houphouët
d’être un menteur et un traitre (Voir M. Amondji, Félix Houphouët et la Côte
d’Ivoire. L’envers d’une légende, Karthala, Paris 1984 ; p. 146-147).
[4] - un procédé
qu’Houphouët reprendra deux fois à son compte, en 1959 (première affaire Mockey
ou « complot du chat noir ») et en 1964 (affaire Ernest Boka).
[5] - Mitterand
(avec 1 seul « r »), un ami du RDA. Ne pas confondre avec le
Mitterrand (avec 2 « r ») ministre des colonies, qui retourna
Houphouët en 1950…
[6] - Nom de jeune
fille de Marie Koré.
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