mercredi 11 janvier 2017

LA CRISE DU FPI VUE DE L’INTERIEUR (suite)


La guerre larvée qui oppose le camp de Pascal Affi N’Guessan et celui d’Aboudrahamane Sangaré, tous membres du FPI, n’en finit pas de livrer ses secrets. Dans une nouvelle déclaration publiée sur sa page Facebook par Jean Bonin, un proche d’Affi N’Guessan, on apprend avec stupéfaction de graves révélations sur le camp Sangaré.

D’après David Yala (L’Infodrome 05/01/2017)


La passion poussée à son extrême conduit à une cécité certaine et à une certaine surdité.
Certaines personnes me reprochent mon soutien politique à la ligne politique défendue par Affi.
Par nature je suis contre toute forme d'injustice et j'estime, preuve à l'appui, que ce Monsieur est victime d'une grande campagne médiatique et politique pour le salir.
Je refuse, tel un mouton de Panurge, de suivre le mouvement d'ensemble pour plutôt me forger moi-même une opinion après recoupement, croisement et analyse des faits.
Voilà les thèses publiquement véhiculées pour accabler Affi de traîtrise et de vendu. Ces thèses résistent-elles à une analyse objective ?
1 - Affi collabore avec Ouattara
Si je pars du postulat que Miaka, Odette Lorougnon, Akoun Laurent, Douati et autres qui, par une incroyable chance, n'ont pas été inquiétés par les hommes de Ouattara en avril 2011, au point où ils n'ont pas eu besoin de s'en aller en exil ou même de se cacher, ont de ce fait pu négocier avec Ouattara lui-même pour obtenir la libération d’Affi, Sangaré, Aké Ngbo, Michel Gbagbo... je ne comprends pas pourquoi le fait pour Affi, une fois libère, de discuter avec le même Ouattara pour obtenir la libération des pro-Gbagbo toujours détenus serait un acte de traîtrise.
Si Affi ne discute pas avec Ouattara, qui détient la clef des prisons, avec qui devrait-il donc le faire pour obtenir leur libération ?
2 - Affi veut légitimer le régime de Ouattara en allant aux élections
Si aller aux élections c'est légitimer Ouattara, que dire alors de ceux qui comme Odette Lorougnon, Miaka ou Akoun étaient présents à son investiture en 2011 alors que Gbagbo était encore en détention à Khorogo ?
Ce n'est pas un individu qui donne une légitimité à un président de la République ; ce sont les institutions nationales (armées, administrations, conseil constitutionnel...) et internationales auxquelles notre pays adhère (ONU, UA, Cedeao...).
Dans la rébellion, Soro clamait urbi et orbi qu'il ne reconnaissait pas la légitimité de Gbagbo ; en quoi cela entachait celle-ci ? Qui signait les décrets ? Qui accréditait les diplomates.
3 - Affi a échangé avec Hollande alors que ce dernier dit que Gbagbo est infréquentable.
Mais c'est hollande qui s'est rendu en RCI pour échanger avec toute l'opposition ivoirienne dans son ensemble puis en tête à tête avec Affi, à la demande du Pdt Français. Ce n'est pas Affi qui était demandeur, contrairement à Miaka Oureto qui en 2012 a conduit une forte délégation du FPI à l'Elysée pour espérer y être reçu par le Chef d'Etat français, mais qui malheureusement n'a été reçu que par une chargée de mission.
Échanger avec le Pdt Français est une victoire diplomatique car la France est partie prenante dans le conflit ivoirien et détient une des clefs qui permettrait d'ouvrir les portes de la CPI.
Ne pas le comprendre c'est dénier toute responsabilité à la France dans le conflit ivoirien.
4 - Avec la CEI actuelle il n'est pas possible de gagner une élection et pourtant Affi y va.
Affi est un politicien, pas un mercenaire. Il est un enfant des élections. Déjà en 1990, au temps de la toute-puissance du PDCI et de FHB, il avait réussi à se faire élire maire de Bongouanou. A cette époque il n'y avait même pas de CEI, de bulletin unique, d'urnes transparentes. C'était le ministre de l'intérieur qui proclamait les résultats. Nonobstant cela, lui et Gbagbo ont participé et ont chacun gagné dans sa circonscription électorale.
Qu'est-ce qui est pire, en 2015 ou 2016, que les élections en 1990 au point qu’il faille abandonner le pays et ses institutions entre les mains de Ouattara et du RHDP, qui d'ailleurs ne souhaitent qu'une chose : que le FPI boycotte toutes les élections.
D'ailleurs, la simple annonce de la participation du FPI aux législatives a fait imploser le RHDP avec l'exclusion de Mabri et de Gnamien.
Ouattara rêve d'un retour au parti unique. Dès lors, croire que boycotter les élections pourrait lui faire mal, c’est ne pas connaître l'homme.
5 - Affi ne veut pas que Gbagbo (re)devienne Pdt du FPI.
Franchement vous voyez Gbagbo venir disputer la présidence du FPI avec Affi après le lui avoir cédée 15 ans auparavant ? Vous voyez Gbagbo faire acte de candidature contre Affi pour la présidence du FPI, et que ce soit un simple fédéral, Soro, jusque-là anonyme au FPI, qui aille déposer cet acte de candidature ? Non prenez Gbagbo au sérieux.
Gbagbo est aujourd'hui érigé au rang de Mandela, de Che Guevara... Ne le rabaissez pas à une guerre de positionnement au FPI. Sinon alors qui a gagné les élections de 2010 ? Car Gbagbo sait qu'on ne peut être président de la République et président d'un parti politique. Quel serait les avantages politiques et judiciaires pour Gbagbo d'être président du FPI ?
Au Congo, dans un cas similaire à celui de Gbagbo, Jean Pierre Bemba a été depuis la CPI déclaré président de son parti et candidat de ce parti à l'élection présidentielle. Non seulement il a perdu, son parti en est ressorti très affaibli mais il vient d'être lourdement condamné. Pourquoi vouloir conduire Laurent Gbagbo à commettre les mêmes erreurs ?
6 - Affi ne fait rien pour la réconciliation au FPI.
Affi est jusqu'à ce jour le seul qui pose des actes dans le sens de la réconciliation nationale et interne au FPI.
Il n'a pas hésité à pardonner et à partager un repas avec ceux qui l'ont maltraité en détention à Bouna, Morou Ouattara et consorts.
Il a été refoulé aux funérailles de la mère de Gbagbo organisées par Sangaré, tant à Yopougon qu'à Gagnoa, alors que la délégation du RDR, ceux qui ont contraint la vieille à l'exil (ce qui l'a probablement tuée) y a été reçue avec tous les honneurs ; et leur don de 10.000.000 F a été accepté et réceptionné de bon cœur.
Affi a été refoulé aux obsèques de la mère de Sangaré à Abidjan. Koné Boubacar n'a pas voulu lui ouvrir la porte d'entrée de la résidence.
Affi a mis en place un Groupe de contact présidé par Christine Nébout Adjobi pour la réconciliation interne ; les autres refusent de s'asseoir et de discuter avec lui sous prétexte qu'eux l'auraient exclu du FPI.
Donnez-moi un seul exemple d'actes posés par Sangaré et son groupe pour aller à la paix.
7 - Affi N’Guessan ne respecte pas les textes du FPI.
J'entends cela mais jamais on ne dit lequel précisément des textes il n'a pas respecté.
Cependant ce qu'il faut savoir c'est que pendant que Affi était en prison, la direction intérimaire conduite par Miaka, Akoun et Lorougnon Odette, a voulu organiser en 2012 un congrès pour le démettre de son poste de Pdt du FPI. Affi n'a conservé son poste que parce que les fédéraux s'y sont opposés.
Quand Affi est sorti de prison, Miaka et Akoun ont refusé de faire la passation des charges sous le prétexte qu’Affi était en liberté provisoire et qu'il ne pouvait donc pas légalement présider le parti. Curieusement, ce sont les mêmes qui, aujourd'hui, disent qu'il faut remettre le parti à Gbagbo. La passation des charges n'a finalement eu lieu qu'après plus d'un (1) mois, suite à une forte pression des militants.
Non, Affi n'est ni un traitre ni un vendu. Il aime profondément la Côte d'Ivoire et met les intérêts de son pays au-dessus de tout autre intérêt, y compris les siens et même ceux du parti qu'il préside. Voilà son tort.
Son tort c'est de :
- vouloir reconquérir le pouvoir d'Etat,
- se battre pour que le FPI ait des élus,
- négocier avec Ouattara pour plaider la libération des détenus, le dégel des comptes et le retour des exilés,
- être modéré et de ne pas tenir le langage de la violence ou du match retour,
- d'être profondément humain et non rancunier,
- faire de la politique et non du syndicalisme,
- de ne voir personne en ennemi mais en adversaire politique.
Parce qu'en toute chose l'excès nuit et que ce pays, notre pays, ne peut être confié à des extrémistes de tous bords, je soutiens le sens de la mesure et de la responsabilité de cet homme qui, en vérité, a tout d'un homme d'Etat.

Jean Bonin
Titre original : « Crise au FPI/ Un proche d’Affi N’Guessan charge : "Sangaré a reçu 10 millions du RDR (…) Affi n'est ni un traitre ni un vendu" ».


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Source : abidjan.net 9 janvier 2017

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