La guerre larvée qui oppose le camp de Pascal Affi N’Guessan et celui d’Aboudrahamane Sangaré, tous membres du FPI, n’en finit pas de livrer ses secrets. Dans une nouvelle déclaration publiée sur sa page Facebook par Jean Bonin, un proche d’Affi N’Guessan, on apprend avec stupéfaction de graves révélations sur le camp Sangaré.
D’après David Yala (L’Infodrome 05/01/2017)
La passion poussée à son extrême
conduit à une cécité certaine et à une certaine surdité.
Certaines personnes me reprochent
mon soutien politique à la ligne politique défendue par Affi.
Par nature je suis contre toute
forme d'injustice et j'estime, preuve à l'appui, que ce Monsieur est victime
d'une grande campagne médiatique et politique pour le salir.
Je refuse, tel un mouton de
Panurge, de suivre le mouvement d'ensemble pour plutôt me forger moi-même une
opinion après recoupement, croisement et analyse des faits.
Voilà
les thèses publiquement véhiculées pour accabler Affi de traîtrise et de vendu.
Ces thèses résistent-elles à une analyse objective ?
1 - Affi collabore avec Ouattara
Si je pars du postulat que Miaka,
Odette Lorougnon, Akoun Laurent, Douati et autres qui, par une incroyable
chance, n'ont pas été inquiétés par les hommes de Ouattara en avril 2011, au
point où ils n'ont pas eu besoin de s'en aller en exil ou même de se cacher,
ont de ce fait pu négocier avec Ouattara lui-même pour obtenir la libération
d’Affi, Sangaré, Aké Ngbo, Michel Gbagbo... je ne comprends pas pourquoi le fait
pour Affi, une fois libère, de discuter avec le même Ouattara pour obtenir la
libération des pro-Gbagbo toujours détenus serait un acte de traîtrise.
Si Affi
ne discute pas avec Ouattara, qui détient la clef des prisons, avec qui
devrait-il donc le faire pour obtenir leur libération ?
2 - Affi veut légitimer le régime
de Ouattara en allant aux élections
Si aller aux élections c'est
légitimer Ouattara, que dire alors de ceux qui comme Odette Lorougnon, Miaka ou
Akoun étaient présents à son investiture en 2011 alors que Gbagbo était encore
en détention à Khorogo ?
Ce n'est pas un individu qui
donne une légitimité à un président de la République ; ce sont les
institutions nationales (armées, administrations, conseil constitutionnel...)
et internationales auxquelles notre pays adhère (ONU, UA, Cedeao...).
Dans la
rébellion, Soro clamait urbi et orbi qu'il ne reconnaissait pas la légitimité
de Gbagbo ; en quoi cela entachait celle-ci ? Qui signait les décrets ?
Qui accréditait les diplomates.
3 - Affi a échangé avec Hollande
alors que ce dernier dit que Gbagbo est infréquentable.
Mais c'est hollande qui s'est
rendu en RCI pour échanger avec toute l'opposition ivoirienne dans son ensemble
puis en tête à tête avec Affi, à la demande du Pdt Français. Ce n'est pas Affi
qui était demandeur, contrairement à Miaka Oureto qui en 2012 a conduit une
forte délégation du FPI à l'Elysée pour espérer y être reçu par le Chef d'Etat
français, mais qui malheureusement n'a été reçu que par une chargée de mission.
Échanger avec le Pdt Français est
une victoire diplomatique car la France est partie prenante dans le conflit
ivoirien et détient une des clefs qui permettrait d'ouvrir les portes de la
CPI.
Ne pas
le comprendre c'est dénier toute responsabilité à la France dans le conflit ivoirien.
4 - Avec la CEI actuelle il n'est
pas possible de gagner une élection et pourtant Affi y va.
Affi est un politicien, pas un
mercenaire. Il est un enfant des élections. Déjà en 1990, au temps de la
toute-puissance du PDCI et de FHB, il avait réussi à se faire élire maire de
Bongouanou. A cette époque il n'y avait même pas de CEI, de bulletin unique,
d'urnes transparentes. C'était le ministre de l'intérieur qui proclamait les
résultats. Nonobstant cela, lui et Gbagbo ont participé et ont chacun gagné
dans sa circonscription électorale.
Qu'est-ce qui est pire, en 2015
ou 2016, que les élections en 1990 au point qu’il faille abandonner le pays et
ses institutions entre les mains de Ouattara et du RHDP, qui d'ailleurs ne
souhaitent qu'une chose : que le FPI boycotte toutes les élections.
D'ailleurs, la simple annonce de
la participation du FPI aux législatives a fait imploser le RHDP avec
l'exclusion de Mabri et de Gnamien.
Ouattara
rêve d'un retour au parti unique. Dès lors, croire que boycotter les élections
pourrait lui faire mal, c’est ne pas connaître l'homme.
5 - Affi ne veut pas que Gbagbo
(re)devienne Pdt du FPI.
Franchement vous voyez Gbagbo
venir disputer la présidence du FPI avec Affi après le lui avoir cédée 15 ans
auparavant ? Vous voyez Gbagbo faire acte de candidature contre Affi pour la
présidence du FPI, et que ce soit un simple fédéral, Soro, jusque-là anonyme au
FPI, qui aille déposer cet acte de candidature ? Non prenez Gbagbo au sérieux.
Gbagbo est aujourd'hui érigé au
rang de Mandela, de Che Guevara... Ne le rabaissez pas à une guerre de
positionnement au FPI. Sinon alors qui a gagné les élections de 2010 ? Car
Gbagbo sait qu'on ne peut être président de la République et président d'un
parti politique. Quel serait les avantages politiques et judiciaires pour
Gbagbo d'être président du FPI ?
Au
Congo, dans un cas similaire à celui de Gbagbo, Jean Pierre Bemba a été depuis
la CPI déclaré président de son parti et candidat de ce parti à l'élection
présidentielle. Non seulement il a perdu, son parti en est ressorti très
affaibli mais il vient d'être lourdement condamné. Pourquoi vouloir conduire
Laurent Gbagbo à commettre les mêmes erreurs ?
6 - Affi ne fait rien pour la
réconciliation au FPI.
Affi est jusqu'à ce jour le seul
qui pose des actes dans le sens de la réconciliation nationale et interne au
FPI.
Il n'a pas hésité à pardonner et
à partager un repas avec ceux qui l'ont maltraité en détention à Bouna, Morou
Ouattara et consorts.
Il a été refoulé aux funérailles
de la mère de Gbagbo organisées par Sangaré, tant à Yopougon qu'à Gagnoa, alors
que la délégation du RDR, ceux qui ont contraint la vieille à l'exil (ce qui
l'a probablement tuée) y a été reçue avec tous les honneurs ; et leur don
de 10.000.000 F a été accepté et réceptionné de bon cœur.
Affi a été refoulé aux obsèques
de la mère de Sangaré à Abidjan. Koné Boubacar n'a pas voulu lui ouvrir la
porte d'entrée de la résidence.
Affi a mis en place un Groupe de
contact présidé par Christine Nébout Adjobi pour la réconciliation interne ;
les autres refusent de s'asseoir et de discuter avec lui sous prétexte qu'eux
l'auraient exclu du FPI.
Donnez-moi
un seul exemple d'actes posés par Sangaré et son groupe pour aller à la paix.
7 - Affi N’Guessan ne respecte
pas les textes du FPI.
J'entends cela mais jamais on ne
dit lequel précisément des textes il n'a pas respecté.
Cependant ce qu'il faut savoir
c'est que pendant que Affi était en prison, la direction intérimaire conduite
par Miaka, Akoun et Lorougnon Odette, a voulu organiser en 2012 un congrès pour
le démettre de son poste de Pdt du FPI. Affi n'a conservé son poste que parce
que les fédéraux s'y sont opposés.
Quand Affi est sorti de prison,
Miaka et Akoun ont refusé de faire la passation des charges sous le prétexte
qu’Affi était en liberté provisoire et qu'il ne pouvait donc pas légalement
présider le parti. Curieusement, ce sont les mêmes qui, aujourd'hui, disent
qu'il faut remettre le parti à Gbagbo. La passation des charges n'a finalement
eu lieu qu'après plus d'un (1) mois, suite à une forte pression des militants.
Non,
Affi n'est ni un traitre ni un vendu. Il aime profondément la Côte d'Ivoire et
met les intérêts de son pays au-dessus de tout autre intérêt, y compris les
siens et même ceux du parti qu'il préside. Voilà son tort.
Son tort c'est de :
- vouloir reconquérir le pouvoir d'Etat,
- se battre pour que le FPI ait des élus,
- négocier avec Ouattara pour plaider la libération des détenus, le dégel des comptes et le retour des exilés,
- être modéré et de ne pas tenir le langage de la violence ou du match retour,
- d'être profondément humain et non rancunier,
- faire de la politique et non du syndicalisme,
- de ne voir personne en ennemi mais en adversaire politique.
- vouloir reconquérir le pouvoir d'Etat,
- se battre pour que le FPI ait des élus,
- négocier avec Ouattara pour plaider la libération des détenus, le dégel des comptes et le retour des exilés,
- être modéré et de ne pas tenir le langage de la violence ou du match retour,
- d'être profondément humain et non rancunier,
- faire de la politique et non du syndicalisme,
- de ne voir personne en ennemi mais en adversaire politique.
Parce qu'en toute chose l'excès
nuit et que ce pays, notre pays, ne peut être confié à des extrémistes de tous
bords, je soutiens le sens de la mesure et de la responsabilité de cet homme
qui, en vérité, a tout d'un homme d'Etat.
Jean Bonin
Titre original :
« Crise au FPI/ Un proche d’Affi N’Guessan charge : "Sangaré a reçu
10 millions du RDR (…) Affi n'est ni un traitre ni un vendu" ».
EN MARAUDE DANS LE WEB
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ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu
qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et
des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à
faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la «
crise ivoirienne ».
Source :
abidjan.net 9 janvier 2017
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