jeudi 7 février 2013

Pour le professeur Samir Amin, directeur du forum du tiers-monde, « Il n'y a jamais eu de développement fondé sur le capital étranger ».

En animant une conférence sur « Perspectives altermondialistes, Auto-structuration en Chine, Révoltes des peuples arabes, Crise au Sahel », samedi dernier à l'Ucad, le Pr. Samir Amin est revenu sur les raisons profondes qui expliquent le succès économique fulgurant de la Chine et le « désastre » qui frappe actuellement l'Egypte et le Mali. L'une des raisons avancées par le président du Forum du Tiers-monde est la présence d'un projet national souverain en Chine et son absence dans les deux autres pays.
Qu'est-ce qui réunit, sur le plan économique, des pays aussi différents que la Chine, l'Egypte et le Mali ? Pour le Pr Samir Amin, c'est le fait qu'ils sont confrontés aux mêmes défis : la domination du capitalisme des monopoles et impérialiste des pays du Nord (Europe, Etats-Unis). Seulement, tandis que le peuple et l'Etat chinois relèvent le défi avec succès, le Mali et l'Egypte n'y arrivent pas, et par conséquent, sont en proie à des désastres sociaux et politiques. Selon le Pr Samir Amin, contrairement au discours dominant, le succès chinois ne résulte pas d'une bonne insertion dans la mondialisation. « L'Egypte et le Mali sont intégrés dans la mondialisation de façon inconditionnelle – et c'est là l'origine du désastre – alors que la Chine est insérée dans ce processus mais d'une manière conditionnelle par elle-même, et c'est la clé de son succès ». En d'autres termes, les Chinois ont conditionné leur entrée dans la mondialisation par la mise en place d'un projet national souverain, contraignant les Occidentaux à s'adapter à leurs besoins de développement. Alors que l'Egypte et le Mali n'ont pas de projet national.
En acceptant les injonctions de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (Fmi), consistant à ouvrir leurs portent sans conditions, ces pays (l'Egypte et le Mali) ont permis au capital étranger de perpétrer des opérations de razzia des ressources naturelles ou d'exploiter la main-d’œuvre à bon marché sans que cela constitue des éléments de construction d'un système productif national.
« Aucun pays qui a ouvert ses portes (au néolibéralisme) ne s'est développé – même si l'on peut noter ça et là des taux de croissance assez importants ». Le Pr Amin reste formel : dans l'histoire, « il n'y a pas eu un développement fondé sur le capital étranger ». Cependant, pour des raisons géostratégiques – et c'est là les seules exceptions – les Etats-Unis ont toléré un capitalisme souverain et nationaliste en Corée du Sud et en Taïwan. D'où le succès de ces deux pays. Selon le Pr Amin, il y a deux caractéristiques de cette désobéissance de la Chine à la domination du capitalisme : l'accès au sol agraire et la non participation à la financiarisation monétaire.

Par Seydou Ka

EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenances diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens et que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».


Source : Le Soleil 5 Février 2013

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire