dimanche 3 février 2013

Goulags, rattrapage ethnique… Ouattara défigure le Nord ivoirien

L’Ivoirien du nord n’existe-t-il pas que dans la manipulation des politiciens en mal d’ambition ? Doit-on abandonner le sort du Nord aux politiciens ? Des faits attestent que le nord de la Côte d’Ivoire court un grave danger en faisant le jeu des ambitions politiques de ceux que sa stigmatisation arrange. Il faut le sauver…

Korhogo, Séguéla, Bouna, Bondoukou, Odiéné, Katiola, Boundiali, sont devenues des villes sanctuaires de la négation des droits humains. Des villes-prisons où sont enfermés des hauts cadres de ce pays par pure vengeance. Mais pourquoi le Nord et pas ailleurs, dans une autre région de la Côte d’Ivoire ? Alassane Ouattara seul peut répondre efficacement à cette question. Quelle leçon veut-il, par ailleurs, donner aux Ivoiriens en transformant cette partie de leur pays en goulags ? La question mérite aussi d’être posée surtout quand l’on sait que le nord s’est par le passé illustré avec la « Charte du Nord », qu’il est devenu le lieu de déportation des prisonniers politiques en même temps qu’il « bénéficie » de ce que les dirigeants actuels appellent le « rattrapage ethnique ».
Mais cette partie du pays a-t-elle une idée de l’image que lui collent les chantres du « rattrapage ethnique » ? Le nord ivoirien n’est-il pas en train de mener le mauvais combat en se laissant naïvement phagocyter par opportunisme, par les voisins de l’Afrique de l’ouest notamment les ressortissants du Mali, Burkina Faso, Guinée Conakry, Niger qui se diluent dans le vocable « Dioula » ? Les risques de dérapage sont énormes. On peut le dire, le nord ivoirien court un grave danger en faisant le jeu des ambitions politiques de ceux que sa stigmatisation arrange Qu’ils le veuillent ou pas, les ressortissants de la partie septentrionale de la Côte d’Ivoire font partie intégrante du corpus social ivoirien. Le destin de la Côte d’Ivoire qui est aussi le leur, ne peut se tracer sans leurs apports. Surtout que l’histoire de ce pays avec ses brassages sociologiques et multiculturels montre qu’ils n’ont pas besoin de politiciens pour s’affirmer en tant qu’Ivoiriens à part entière. Assister sans dénoncer que leur sphère d’origine soit le terreau des traques et des suppliques de leurs concitoyens de l’ouest, du sud, de l’est et de l’ouest, serait dommageable pour une intégration harmonieuse et une cohésion nationale.
Alassane Ouattara sait-il à quoi il expose notre nation et par delà les ressortissants du Nord qui n’ont pas demandé à ce que leur terre serve de prison à leurs compatriotes et qui sont bien contraints d’acquiescer à cette politique de négation des droits humains qui veut opposer le Nord et le Sud ?
Tout, absolument tout, dans la démarche du régime actuel inspire l’inquiétude du lendemain. Il suffit de se référer à certains exemples contemporains pour se convaincre des graves dangers qui guettent notre nation. Il n’est jamais trop tard pour se ressourcer et faire machine arrière comme conseille cette belle pensée de Marylin Ferguson, (Les enfants du verseau) qui dit : « Une autre découverte : nous ne sommes pas libérés tant que nous n'avons pas libéré les autres. Aussi longtemps que nous éprouvons le besoin d'avoir une influence sur d'autres individus, même par bienveillance, nous serons prisonniers de ce besoin. En leur donnant la liberté, nous nous libérons nous-mêmes ».
Cette pensée  devrait interpeller les consciences républicaines et surtout les personnes qui les incarnent depuis le 11 avril 2011, le jour où les ténèbres jetèrent leur voile lugubre sur notre nation. A vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes, avertit John Fitzgerald Kennedy. Une autre pensée qui rejoint celle de Charles Konan Banny ancien Premier ministre du président Laurent Gbagbo fait missionnaire de la réconciliation nationale par Alassane Ouattara que nous citerons abondamment jusqu’à ce que la leçon soit retenue : « Aucune victoire par la force ne peut être tenue pour définitive, car le vaincu d’aujourd’hui fourbira ses armes dans l’espoir de devenir le vainqueur de demain ».
Pourvu que cela serve… Ce qui n’est pas évident. Car, Alassane Ouattara s’est mis dans une logique de priver de liberté ses opposants politiques en les emprisonnant dans des pénitenciers situés dans sa région natale, au nord de la Côte d’Ivoire. Il faut reconnaître que cette fâcheuse manière de faire la politique n’est pas nouvelle.
Pour mémoire, Les « jeunes gens » qui ont provoqué le coup d’Etat de décembre 1999 qui a renversé le président Henri Konan Bédié sont venus pour la plupart du Nord. Trois ans plus tard, précisément le 19 septembre 2002, ils sortent de leur maquis du Burkina Faso où ils avaient été contraints par le général Robert Guéi (qui les a traqués de décembre 1999 à octobre 2000), pour attaquer de nouveau les institutions républicaines. Cette fois-ci avec une rébellion sanglante qui coupa le pays en deux territoires. Leur slogan collait bien avec les objectifs du Rassemblement des républicains (Rdr), le parti d’Alassane Ouattara. Ils disent avoir pris les armes pour Alassane Ouattara. Le concerné lâchera cette phrase : « On ne veut pas que je sois candidat parce que je suis musulman et du nord ».
Voici la cause du nord prétendument défendue... Douze ans après, le Nord est encore à l’index, au centre de toutes les causes et convoitises. Quant aux acteurs de l’ex-rébellion, ils justifiaient leurs actes par une quête de « justice équitable ». Mais dans la pratique, c’est tout le contraire de ce que pense Friedrich Nietzsche, à savoir que : « La seule vraie rébellion est la recherche du bonheur. » Mais est-ce vraiment possible qu’une rébellion aussi ambitieuse rétablisse la justice et l’équité dans une république qui fonctionne avec ses lois ? Pas vraiment !
Les organisations de défense des droits de l’Homme, telles qu’Amnesty international et Human Right Watch ne sont pas du même avis, sur ce coup, avec Guillaume Soro et ses amis ex-rebelles qui ont attaqué la Côte d’Ivoire de septembre 2002 à avril 2011. Crimes, viols, vols, assassinats politiques, enlèvements, expropriations, dénonciations calomnieuses sont le lot de calvaires que subissent presque au quotidien les populations ivoiriennes par le fait des anciens rebelles au pouvoir depuis avril 2011. Au final, c’est le ni-ni : il n’y aura ni justice, ni équité. Mais plutôt des violations massives des droits humains sur les populations.
Trahissant Friedrich Nietzsche et adoubant Gilbert Keith Chesterton qui, dans son œuvre, La Sphère et la croix, disait que : « Tous les grands rebelles ont été de très petits rebelles ». C’est–à dire ne respectant aucune valeur morale, ni aucune valeur humaine. La situation que vit la Côte d’Ivoire depuis avril 2011 n’est que la continuité de cette rébellion. Une rébellion qui rime avec toutes sortes de violations des droits de l’homme. Mmes Simone Ehivet-Gbagbo, Christine Adjobi, Geneviève Bro-Grébé, MM. Pascal Affi N’Guessan, Abou Drahamane Sangaré, Gilbert Marie Aké-N’Gbo, Désiré Dallo, Alphonse Douaty, Laurent Akoun, Michel Gbagbo, Bruno Dogbo Blé, Anselme Séka Yapo, Séka Obodji, Gnahoua Zibrabi, bref, la liste est longue… sont incarcérés au Nord parce que le régime Ouattara le veut ainsi. Le Nord, parce que cette région de la Côte d’Ivoire transformée en prison à ciel ouvert par le régime pour gouverner sans contestations est coupé du reste du pays pour être pillée en toute tranquillité. On y détient des otages pour un éventuel marchandage politicien. En cas de cas…
En somme les prisonniers pro-Gbagbo sont des boucliers humains que les acteurs de l’actuel régime ivoirien, fort de son passé de déstabilisateur des institutions républicaines et de fauteur de trouble, utilise pour se prémunir contre tout péril. Comme ils en ont fait voir des vertes et des pas mûres aux trois pouvoirs précédents : ceux d’Henri Konan Bédié, de Robert Guéi et de Laurent Gbagbo. Mais le régime Ouattara devrait faire attention à ne pas entraîner le nord ivoirien dans ses travers. Car, comme conseille Paulo Coelho, dans son livre Le Zahir : « La liberté n’est pas l’absence d’engagement, mais la capacité de choisir ». Tout est dans le temps…


Simplice Allard

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Source : www.ladepechedabidjan.info 15 Novembre 2012

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