Justin Katinan Koné répond
au journaliste Yacouba Gbané (« Le Temps ») à propos du pardon et de
la réconciliation prônés par Guillaume Soro.
Bonjour Gbané
Yacouba,
Merci pour ton
questionnaire.
Ce débat
m'indispose et je préfère ne pas m'y mêler maintenant.
Il y a des
choses que je n'accepte jamais dans ma vie et quand ces choses se présentent à
moi, je préfère m'en tenir loin. J'ai appris de ma culture qu'il y a des
pardons qui sont, en eux-mêmes, offensants ; et au lieu de guérir, ils
aggravent la peine.
Quand le
pardon n'est pas sincère, quand il est dirigé par une recherche d'intérêt
personnel, il devient offensant pour celui à qui il s'adresse.
Pourquoi
demander pardon quand l'on a raison. Ils ont pris les armes pour, disent-ils,
corriger une injustice dont ils étaient victimes, ils ont réussi leur
entreprise et ils se partagent les dividendes entre eux, mais pourquoi
veulent-ils demander pardon à celui qu’ils continuent de présenter comme le
responsable de toute leur misère antérieure au point de lui infliger, à son
tour, la pire forme d’humiliation.
Je continue de
lire leurs déclarations dont certaines datent d'à peine quelques mois seulement
dans lesquelles ils sont heureux de l'harmonie qui règne dans le pays grâce au
succès de leur entreprise, laquelle harmonie se manifeste, entre autres, par la
tolérance du port du boubou naguère interdit par Laurent GBAGBO, de la rupture
collective du jeûne, également prohibée sous la dictature « exclusionniste » du
même homme sans cœur qu'est le Président Laurent Gbagbo ; alors d'où vient que
l'on veuille aller lui demander pardon là où l'on a contribué à l'enfermer afin
de vivre toute l'harmonie retrouvée.
Quelle est la
valeur de ce pardon que l'on sert urbi et orbi entre les protagonistes d'un
même conflit sans distinction entre les bourreaux et les victimes. Il y a
évidemment du faux dans une telle démarche.
Je l'ai dit et
je continue de le soutenir, la crise ivoirienne n'est pas une simple crise
électorale. C'est une crise de valeurs sur fond de crise idéologique. On n'en
sortira pas sans la reconversion de certaines contre-valeurs érigées en
valeurs. Nous ne réussirons pas cette reconversion des contre-valeurs en
gardant toute la laideur morale passée.
L'adoration de
l'hypocrisie au nom d'une forme du politiquement correct en fait partie. Si
nous voulons changer notre société, évitons d'importer du passé cette idolâtrie
du mensonge et de l'hypocrisie. Ayons le courage de rompre avec notre passé
surtout celui qui nous a le plus fait de mal.
Tant que les
animateurs de la rébellion ne confesseront pas publiquement qu'ils ont pris les
armes pour mettre, vaille que vaille depuis 1990, un homme au pouvoir, non je
ne croirai jamais à leur pardon.
Tant qu’ils
n’admettront pas qu’ils ont instrumentalisé une partie de la population à coups
de mensonge à cette seule fin, non, pour moi, leur pardon restera une farce de
mauvais goût.
Tant, enfin, qu'ils ne diront pas qu'ils se sont coalisés contre Laurent Gbagbo parce que selon eux, de par ses origines, il ne méritait pas de diriger ce pays, non je ne les croirai pas. C’est le prérequis avant toute tentative de réconciliation.
Tant, enfin, qu'ils ne diront pas qu'ils se sont coalisés contre Laurent Gbagbo parce que selon eux, de par ses origines, il ne méritait pas de diriger ce pays, non je ne les croirai pas. C’est le prérequis avant toute tentative de réconciliation.
Sur cette
question, je suis prêt à assumer ma divergence, y compris, le cas échéant, avec
la personne pour laquelle j'ai le plus grand respect et la plus grande
admiration actuellement : le Président Laurent Gbagbo. Je suis même prêt à être
exclu du FPI si ce débat-là est biaisé pour quelque raison que ce soit. Je ne
suis pas en train de vivre l'exil pour que l'on se moque de ma petite
intelligence.
Il me semble
juste que celui qui demande pardon et celui à qui ce pardon s’adresse
s’entendent sur la nature de l’offense qui fait l’objet du pardon sollicité.
Si, par
exemple, une tierce personne tue, de façon préméditée, un parent proche et
qu’il nie les faits en les présentant comme un simple accident, le pardon qu’il
sollicite de ma part devient une insulte qui aggrave ma peine.
Le supplice
inacceptable imposé au Président Laurent Gbagbo ne peut et de ne doit, en aucun
cas, servir d’échelle courte à ceux mêmes qui le lui infligent pour assouvir
leurs petites ambitions. Cette façon de faire est tout simplement immorale.
Nous n'allons
pas rafistoler le tissu social à coups d'hypocrisies. On ne construit pas du
solide dans le mensonge et dans l'hypocrisie. Nous n'allons pas léguer un pays
sans âme à nos enfants.
Que les robins des bois finissent le travail qu'ils ont commencé et nous laissent tranquilles avec nos âmes de mauvaises personnes. Quand ils auront fini de dire au monde que ce qu’ils ont servi à leurs officines de propagande anti-Gbagbo était faux et ne visait que la prise de pouvoir y compris par les armes, alors nous pourront parler de pardon et de réconciliation.
Avec tout le respect que je te dois et que je dois à l'ensemble de la presse, merci de ne pas m'associer à ce débat. Je crois qu'on peut faire la politique dans l'honnêteté. C'est ma foi même si d'autres la trouvent candide.
Que les robins des bois finissent le travail qu'ils ont commencé et nous laissent tranquilles avec nos âmes de mauvaises personnes. Quand ils auront fini de dire au monde que ce qu’ils ont servi à leurs officines de propagande anti-Gbagbo était faux et ne visait que la prise de pouvoir y compris par les armes, alors nous pourront parler de pardon et de réconciliation.
Avec tout le respect que je te dois et que je dois à l'ensemble de la presse, merci de ne pas m'associer à ce débat. Je crois qu'on peut faire la politique dans l'honnêteté. C'est ma foi même si d'autres la trouvent candide.
Très sincèrement.
Justin Katinan KONÉ
Titre original : « Réconciliation/Koné
Katinan crache ses vérités à Soro : "Il y a des pardons qui sont
offensants" ».
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notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou
l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou que, par leur contenu
informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des
mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».
Source : http://www.ivoirebusiness.net
27 Juillet 2017.
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