COMPLICES...
Le représentant du secrétaire général de l’ONU, Choi Young-Jin,
et A. Ouattara au Golf hôtel en 2011 pendant la "crise postélectorale".
(Image d'archive)
Dans un communiqué rendu public le 2 juillet, le Groupe de réflexion et d'actions pour la démocratie et les droits de l'homme en Afrique (GRADDH-AFRIQUE) dresse le bilan (résumé) de 13 ans de présence politique et militaire de l'ONU en Côte d'Ivoire.
Le vendredi 30 Juin 2017, l’Opération des Nations Unies en Côte
d’Ivoire (ONUCI) a signé son départ définitif de la Côte d’Ivoire, après avoir
« assisté » ce pays et ses populations depuis 2004, à cause de la rébellion
armée qui est née dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002 et qui contrôlait
environ 60% du territoire national à partir de Bouaké jusque dans le Nord et à
l’Ouest du pays.
Au regard de la principale motivation du Chef de l’État ivoirien
de l’époque, le Président Laurent Gbagbo, qui a sollicité l’ONU et ses casques
bleus en vue d’aider l’Etat de Côte d’Ivoire à recouvrer la totalité de son
territoire, à désarmer, à démobiliser et à réinsérer (DDR) les rebelles dans l’armée
nationale, afin de permettre l’organisation d’une élection présidentielle
démocratique crédible, GRADDH-AFRIQUE fait le constat de l’échec de l’ONU en
Côte d’Ivoire, à travers un bilan négatif à tous les niveaux.
1. AU LIEU D’UNIFIER LE TERRITOIRE IVOIRIEN, l’ONU a plutôt
consacré la division de la Côte d’Ivoire en deux grands espaces Nord et Sud
toujours antagonistes de part et d’autre de « la zone tampon » ou « zone de confiance »
instauré au plus fort de la crise. Et au moment où l’ONUCI part, la psychose
demeure dans les esprits des habitants de chacun des deux espaces, avec plus de
hantise pour ceux du Sud.
2. AU LIEU D’AIDER A BÂTIR UNE ARMÉE RÉPUBLICAINE, l’ONU a
plutôt contribué à désagréger et à diviser en profondeur l’armée ivoirienne,
puisque les casques bleus et les soldats français ont finalement été les
meilleurs alliés et les soutiens des rebelles pro-Ouattara contre les Forces de
Défense et de Sécurité (FDS) qui étaient demeurées loyales à la République et à
ses institutions. L’ONU a « aidé » hier les rebelles à violer
l’embargo et à mieux s’armer contre les FDS, laissant aujourd’hui le pays et
ses habitants exposés à des mutineries récurrentes avec des caches d’armes
jonchant le pays.
LE PIRE est que non seulement l’ONU a échoué dans sa mission de
réunifier la Côte d’Ivoire et de désarmer les rebelles mais, en plus, l’ONU a
très gravement compromis la paix dans ce pays, en ayant même été à l’origine
(du moins en grande partie) de la crise postélectorale de 2010 et de la guerre
qui s’en est suivie.
3. AU LIEU DE CERTIFIER L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE DE 2010,
simplement et de façon impartiale, l’ONU s’est plutôt révélée partisane du
candidat de l’opposition Alassane Ouattara, contre le Président sortant Laurent
Gbagbo.
Sans doute parce que l’ex-Chef de l’Etat Gbagbo avait été tenu pour responsable
par le Conseil de Sécurité des échecs des Résolutions 1633(2005) et 1721(2006)
qui n’ont pas permis d’organiser l’élection ; alors que le scrutin fut possible
grâce à l’Accord politique de Ouagadougou consécutif au « Dialogue direct » :
une humiliation pour l’ONU qu’elle continue de faire payer à M. Laurent Gbagbo en
le maintenant à la CPI.
4. AU LIEU DE « PROTÉGER LES CIVILS », comme le stipulait la
Résolution 1975(2011), l’ONU a plutôt cautionné l’usage de la force armée
préconisée par la France de Sarkozy ; alors que cette organisation qui prône la
Paix et le respect des Droits de l’Homme aurait pu sauver des vies humaines en
décidant de recompter les voix ou de faire reprendre le scrutin du 28 novembre
2010.
5. AU LIEU D’AIDER LES IVOIRIENS A SE RÉCONCILIER, après la
grave crise postélectorale de 2010-2011, l’ONU s’en va ce 30 Juin 2017 en
laissant une Côte d’Ivoire plus profondément divisée qu’avant sa venue dans le
pays en 2004, entre pro-Gbagbo et pro-Ouattara :
- L’ONU a exigé le transfèrement du Président Gbagbo à la CPI,
alors qu’elle demeure silencieuse face aux criminels-présumés du camp Ouattara
;
- L’ONU et sa CPI ne défendent que les victimes du camp
Ouattara, alors que toutes les autres victimes des rebelles pro-Ouattara,
notamment les populations de Duékoué, réclament aussi justice ;
- L’ONU part de la Côte d’Ivoire ce 30 Juin 2017, alors que le
pays compte encore près de cinquante mille (50 000) exilés du fait de la crise
de 2010 qui sont éparpillés dans les pays limitrophes, Liberia, Ghana, Bénin,
Togo ou en Europe.
Le Groupe de Réflexion et d’Actions pour la Démocratie et les
Droits de l’Homme en Afrique (GRADDH-AFRIQUE), membre de la coalition de
l’opposition ivoirienne Ensemble pour la Démocratie et la Souveraineté (EDS), s’interroge
donc pour finir, et interroge l’ONU ou toute la Communauté internationale :
Avec les mutineries qui se succèdent dans le pays depuis janvier
2017, ainsi que les caches d’armes qui se découvrent dans plusieurs sites à
travers le pays, sans négliger les ambitions présidentielles du chef déclaré des
rebelles, ce moment du départ de l’ONUCI n’expose-t-il pas la Côte d’Ivoire à
des tentatives de coups d’État ?
Fait à Paris, le 2 Juillet 2017
Pour GRADDH-AFRIQUE, le président : Sako Gervais Boga.
Titre original : « GRADDH-AFRIQUE : BILAN-RÉSUMÉ DE 13 ANS
D’ÉCHEC DE L’ONU EN CÔTE D’IVOIRE ».
EN MARAUDE DANS LE WEB
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nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en
rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou
que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne
».
Source : IvoireBusiness 3 Juillet 2017.
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