mercredi 7 décembre 2016

L’exception cubaine



L'intuition de Tocqueville, qui a prédit qu'en raison des préjugés de race qui proliféraient sur le terreau de l'esclavagisme, l'affranchissement ne changerait rien à la situation des Noirs au sein d'une société dominée par les Blancs, s'est vérifiée avec exactitude tout au long des cent soixante années écoulées depuis son voyage aux Etats-Unis.
En raison des préjugés de race et des comportements antisociaux qu'ils ont éduqués chez les Blancs, et non pas en raison d'un « réflexe noir » participant d'on ne sait quel « schéma anthropologique traditionnel » ou autres « représentations autochtones antérieures » ! Car, au contraire de nos modernes africanistes, l'auteur de « La Démocratie en Amérique » avait compris que tout ce qui était advenu ou pourrait advenir aux Noirs livrés sans défense à la domination blanche avait immédiatement son explication dans le fait même de cette domination, dans l'inégalité des conditions et des chances dans un univers façonné par l'esclavagisme.
L'entrée victorieuse à La Havane.
Au centre, Camilo Cienfuegos et Fidel Castro
C'est précisément ce que les révolutionnaires cubains ont aussi compris, et qui les a conduits à faire de leur pays, par l'acte solennel du 22 mars 1959, le seul pays habité par des Blancs et par des Noirs où, aujourd'hui, il n'existe aucune base légale autorisant ou permettant de couvrir ou d'excuser les injustices commises envers les Noirs et les descendants de Noirs. La discrimination et la ségrégation raciales y sont reconnues, déclarées et traitées comme les principales sources des injustices qui pénalisaient les Noirs, et que l'Etat et la société ont le devoir de corriger.
Cette particularité par laquelle, à sa manière, elle aussi témoigne du rôle déterminant des préjugés de race dans la stagnation des Noirs dans un monde façonné par l'esclavagisme moderne, Cuba ne la doit pas, il est vrai, au seul acte du 22 mars 1959, mais également à plu­ sieurs autres circonstances de son histoire coloniale et nationale. La première, c'est évidemment l'importance relative de la population noire : plus de la moitié de la population globale au début du XIXe siècle, selon certaines sources ; environ le tiers de nos jours. La deuxième, c'est la participation tout à fait exceptionnelle des Noirs et des descendants de Noirs dans les guerres de Cuba pour son indépendance, tant au XIXe siècle qu'au XXe siècle. Pendant la deuxième guerre d'indépendance (1895-1898), par exemple, l'armée des patriotes comptait 70% de Noirs et de descendants de Noirs, et beaucoup de ses officiers, jusqu'aux rangs les plus  élevés, étaient issus de cette fraction de la société. La troisième circonstance, c'est le fait que, à Cuba, la liquidation de l'esclavage et de ses séquelles sociales fut considérée d'emblée comme l'une des conditions indispensables de l'indépendance nationale.
A la veille de la première guerre d'indépendance (1868-1878), la population blanche de l'île se trouvait divisée en trois fractions : les intégristes, les autonomistes et les indépendantistes, ces derniers étant largement majoritaires.
Les intégristes étaient ceux qui désiraient le maintien sans changement du statut colonial de Cuba par rapport à sa métropole européenne, l'Espagne. Les autonomistes rejetaient également l'indépendance, mais ils souhaitaient un statut de dominion à l'anglaise, grâce auquel Cuba serait devenue, en quelque sorte, le Canada de l'Espagne. Proches du pouvoir et esclavagistes (Cuba fut l'un des derniers pays à abolir l'esclavage, en 1886), intégristes et autonomistes étaient d'accord pour refuser l'égalité avec les Noirs  et  les Métis.
A l'opposé de ces deux fractions, les indépendantistes assimilaient indépendance nationale, abolitionnisme et intégration raciale, ce qui devait faciliter la démocratisation de la direction de la guerre, qui passa rapidement des mains des propriétaires fonciers à celles des catégories populaires des deux races.[1]
Carlos Manuel de Cespedes
Deux gestes liés à cette première guerre d'indépendance sont tout à fait symboliques. L'un s'est situé au début : lorsque, le 10 octobre 1868, Carlos Manuel de Céspedes entra en rébellion contre le pouvoir colonial espagnol, son premier geste avait été l'émancipation de ses dix-huit esclaves personnels.[2] Le deuxième s'est situé à la fin de cette guerre même : en 1878, lorsque les autres généraux insurgés acceptèrent le compromis avec les Espagnols, Antonio Maceo refusa de s'y associer, en disant qu'il « refusait de parler d'indépendance sans abolition de l'esclavage ».[3]
Toutes ces circonstances ont permis l'acte du 22 mars 1959, qui fit de Cuba le seul ancien pays esclavagiste à ce jour, où l'abolition a été suivie – après un délai assez long tout de même – d'une déclaration solennelle des droits des Noirs à la pleine citoyenneté, déclaration suivie elle-même de nombreux actes concrets, posés avec un remarquable esprit de suite, en vue de réaliser cette égalité dans les faits.
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La participation des Noirs et descendants de Noirs aux guerres d'indépendance ne fut pas exclusive à Cuba. Ce fut la règle dans toutes les Amériques, et à toutes les époques.
Antonio Maceo
Il y avait des Noirs dans l'armée des insurgents des Etats-Unis comme dans le contingent français engagé à leurs côtés. Plus tard, durant la guerre civile, deux cent mille soldats noirs combattirent dans les rangs nordistes, fournissant les plus lourds sacrifices. Dans l'histoire du Brésil également, des Noirs se sont illustrés en tant qu'hommes de guerre braves et loyaux, notamment pendant la lutte contre l’occupation hollandaise au XVIIIe siècle. Enfin, dans les campagnes en vue de la libération des colonies espagnoles du continent, les Noirs et descendants de Noirs jouèrent un rôle de tout premier plan. L'armée qui franchit les Andes sous le commandement de San Martin pour aller libérer le Chili, comprenait 30 à 40 % de  Noirs.[4]
Dans tous les cas, cependant, sauf Cuba – du moins, tant que cela ne dépendit que des Cubains eux-mêmes – les Noirs et, parfois même les Métis, furent exclus du bénéfice de la victoire sur l'oppresseur ou l'adversaire commun. Selon une formule de Roger Bastide, les révolutionnaires blancs « n'ont pas essayé, une fois vainqueurs, d'intégrer les hommes de couleur dans la nation que ces derniers avaient aidé à forger à leur côté ».[5] Mais c'est encore bien peu dire ! Car, en réalité, c'est une politique délibérée qui a, partout, rejeté les Noirs et les Métis à la marge des nouvelles nations baptisées aussi avec leur sang !
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Or, les obstacles ne manquèrent pas non plus sur le chemin de l'intégration des Noirs à la nation cubaine libérée de la domination espagnole.
José Marti
En 1898, lorsque l'Espagne dut l'évacuer, l'île ne fit, en réalité, que passer du statut de colonie espagnole à celui de protectorat des Etats-Unis. Et, naturellement, ces derniers y transportèrent et y acclimatèrent leur mentalité et leurs pratiques racistes pendant les soixante années suivantes. De sorte que l'acte solennel prononcé au pied du monument de José Marti, le 22 mars 1959, dans une adresse aux travailleurs de Cuba, acte que René Depestre, qui en fut le témoin privilégié, appela la « Déclaration des Droits de l'Homme Noir de Cuba », n'allait pas de soi, tout en étant pourtant conforme à la plus authentique tradition révolutionnaire cubaine !
« Une des batailles sur laquelle il convient de mettre l'accent chaque jour davantage – et je veux l'appeler la quatrième bataille – c'est celle qui doit mettre fin à la discrimination raciale dans le travail. La bataille, je le répète, destinée à mettre un terme à la discrimination raciale sur les lieux de travail. La pire de toutes les formes de discrimination raciale est celle qui limite le droit au travail du Cubain noir. Il est indéniable qu'il a existé dans notre patrie, dans certains secteurs, la honteuse habitude de priver le Noir de son droit au travail ».[6]
L'importance et le sens profond du discours du 22 mars 1959 ont été soulignés avec lyrisme par René Depestre, qui l'avait écouté avec émotion dans les toutes premières heures d'un nouvel exil : « Ce jour-là, Fidel Castro indiqua clairement, sans aucune équivoque, la ligne politique que le gouvernement révolutionnaire de Cuba avait décidé de suivre en vue de la  solution du problème racial. Les propos de Fidel Castro en eux-mêmes opéraient, si on peut dire, à l'intérieur du processus révolutionnaire en cours, une sorte de seconde révolution. Une révolution qui s'attaquait à ces zones obscures et reculées de la conscience où se cachent des réflexes d'animalité, les préjugés, les complexes, les aliénations, et les autres misères idéologiques de l'homme. Il s'agissait d'une espèce de "réforme agraire" aussi radicale que l'autre, mais beaucoup plus difficile à réaliser parce que son champ d'action se trouve aussi dans le cœur humain, avec ses déraisons et ses basses passions. Pour la première fois sans doute dans l'histoire de Cuba un dirigeant politique osait, sans détours ni démagogie, appeler les choses par leur nom. Bien sûr, avant le commandant Fidel Castro, d'autres révolutionnaires blancs – José Marti, en premier lieu – avaient condamné la discrimination raciale et avaient, à divers moments, appelé les Cubains qui la pratiquaient à réviser la fausse idée qu'ils se font de leurs compatriotes à la peau obscure. Mais ces critiques du racisme étaient menées sur un plan abstrait, spéculatif, hégélien, sans s’articuler aux lutes des classes de la société cubaine et une initiative historique concrète en vue de la transformation du mode de production et des conditions matérielles d'existence. Fidel Castro, lui, parlait en chef d'une Révolution victorieuse, qui, avec un prodigieux appui des masses populaires était en train de bouleverser les structures aliénantes de la réalité cubaine ».[7]
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Aujourd’hui, après des actes lucides comme celui-là, après la déségrégation scolaire et de l’habitat, il y a encore à Cuba des Blancs et des Noirs et, même, les préjugés raciaux n'ont pas entièrement disparu des mentalités ; mais il n'y a plus des citoyens du premier ordre et des citoyens du second ordre se différenciant dès leur naissance par la couleur de la peau, la forme du nez et des cheveux les uns méprisés et vilipendés parce que noirs, les autres favorisés parce que blancs ; il y a des hommes et des femmes égaux en droits et en devoirs, quoique différents. Le mot de José Marti : « Cubain dit plus que blanc, plus que noir » est devenu la réalité de Cuba.
Parmi les Cubains d'âge mûr et les vieillards, sans doute y a-t-il aujourd’hui encore une plus grande proportion de gens sans qualité ou de condition modeste chez les Noirs que chez les Blancs. C'est que trois ou quatre siècles d'esclavage et soixante ans de discrimination et de ségrégation raciales ne peuvent pas s'effacer du jour au lendemain. Sans doute y a-t-il de même, en ne considérant cette fois que les Blancs seulement, une plus grande proportion de gens sans qualité et de condition médiocre parmi ceux qui étaient tout en bas de l'échelle sociale avant la Révolution castriste, que parmi ceux qui appartenaient ou qui s'apparentaient aux classes supérieures de la même époque, soit par leurs revenus, soit par leur qualification professionnelle, soit par leur niveau d'instruction et leur culture générale.
Mais, si toutes les inégalités, si tous les préjugés n'ont pas encore disparu, du moins, les causes concrètes qui les ont fait naître, et qui les entretenaient dans le passé, n'existent plus  aujourd'hui. Déjà il n'y avait plus ni maîtres ni esclaves ; il n'y a plus désormais de fonctions ou de métiers réservés ou refusés à des Cubains en raison de la couleur de leur peau ; il n'y a plus de quartiers résidentiels, de plages ni de clubs interdits aux Noirs ; les enfants noirs et les enfants blancs fréquentent les mêmes écoles, se préparent ensemble aux professions de leur choix, bénéficient des mêmes soins et de la même protection sociale. Plus important encore, les préjugés raciaux sont non seulement systématiquement combattus par la société elle-même lorsqu'ils se manifestent d'une façon ou d'une autre,[8] mais ils sont aussi combattus à titre préventif, comme les maladies, à l'école, par les livres et les journaux, par le cinéma et la télévision, par les affiches, etc. C'est exactement le contraire de ce qui se passe au Brésil, par exemple, où la tendance serait plutôt de ne jamais parler des préjugés raciaux si présents pourtant, ni de la discrimination raciale quasi institutionnelle, de peur d'ennuyer les racistes !
Les effets d'actes comme la déclaration du 22 mars 1959, ou la première Déclaration de La Havane l'année suivante, qui, elle, ne concernait plus seulement les Noirs, mais également les femmes, les Indiens, tous, les travailleurs manuels, les vieux, bref, toutes les catégories jusqu’alors méprisées, brimées, exploitées ou abandonnées, ne pouvait pas être instantanés. Mais l'essentiel, c'est que, à partir du jour où ils furent posés de cette façon solennelle, tous ceux qui font partie de ces catégories tiennent entre leurs propres mains les moyens de faire valoir leurs droits légitimes avec la double garantie de l'Etat et de la société. En sorte que, pour ne considérer ici que le cas des Noirs naguère rejetés en bloc, quelles que fussent leurs capacités individuelles, la déclaration du 22 mars 1959 les a placés, d'emblée, à l'intérieur de la société cubaine exactement dans la position où, en 1789, la fameuse Déclaration des Droits de l'om et du Citoyen avait placé un Tiers Etat qui, jusqu'alors, n’était rien, selon la formule célèbre de l'abbé Sieyès. Elle leur a donné 1’égalité des droits et 1’égalité des chances.
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La Déclaration du 22 mars 1959 n'a pas seulement valeur d'un texte quasi institutionnel de la Révolution cubaine ; c'est un acte d’une valeur universelle, et considérable !
Jusqu'à ce jour-là, en cette matière, personne n'avait osé penser autrement qu’Alexis de Tocqueville qui a écrit en 1830 : « Ceux qui espèrent que les Européens se confondront un jour avec 1es nègres, me paraissent caresser une chimère. Ma raison ne me porte point à le croire, et je ne vois rien qui me l'indique dans les faits. Jusqu'ici, partout où les blancs ont été les plus puissant, ils ont tenu les nègres dans l'avilissement ou dans l'esclavage. Partout où les nègres ont été les plus forts, ils ont détruit les blancs ; c'est 1e seul compte qui se soit jamais ouvert entre les deux races ».[9]
Fidel Castro et les révolutionnaires cubains ont fait la démonstration que cette opinion est fausse, et que la « question raciale » peut être résolue positivement et pacifiquement, à condition de 1e vouloir. Dans son texte déjà cité, René Depestre raconte comment après le discours de Fidel Castro, les « bourgeois blancs dans leur ensemble, et la plupart des petit-bourgeois blancs (et des mulâtres aisés), même ceux qui auraient donné leur vie pour la Révolution, furent saisis de panique comme si le Premier ministre de Cuba avait annoncé pour le petit matin suivant un bombardement atomique de  l'île ».[10] Ils en firent tant que, trois jours plus tard, Fidel Castro dut convoquer une conférence de presse pour confirmer que la Révolution était réellement résolue à liquider la discrimination et les inégalités raciales.
Fidel en compagnie du pasteur Jesse Jackson
Par cette conséquence aussi, la Déclaration du 22 mars 1959 est exemplaire. Elle a démontré incontestablement que les préjugés raciaux et le racisme sont étroitement liés aux intérêts économiques des classes privilégiées, ainsi qu'à l'orientation du gouvernement.
Enfin, l'attitude du régime castriste vis-à-vis de la « question raciale » est la réplique à la fois la plus concise et la plus juste à toutes les tentatives qu'on a fait depuis deux siècles pour rejeter les Noirs en dehors de l'humanité, parfois, hélas ! avec la complicité active ou passive de certains d'entre eux.
On fait grand cas d'un roi de Danemark qui porta l'étoile jaune en signe de solidarité avec ses sujets de religion juive persécutés par les hitlériens, et c'est juste. Eh bien ! disons que le 22 mars 1959, Fidel Castro a cousu une étoile jaune sur sa vareuse. Même s'il ne s'agissait pas d'un cadeau, mais de la reconnaissance d'un droit que les Cubains noirs se sont acquis, au même titre que les Blancs patriotes et à leur côté tout au long de l'histoire de leur patrie commune et tout particulièrement pendant les cent dernières années avant la Révolution castriste, c'est un geste méritoire.

Extrait de L’Afrique noire au miroir de l’Occident, de Marcel Amondji (Editions Nouvelles du Sud, Ivry, 1993) ; pages 192-198.


[1] - R. Sanchez Dorro et M. del Carmen Maseda Urra, La Conférence de Berlin dans les principaux organes de presse à Cuba, in Aujourd'hui L' Afrique, 31-32, 1986 ; p. 58.
[2] - Dans son article fameux paru en 1964 (Présence africaine, n°52 ; p. 177-230), l'écrivain afro-cubain Carlos More présente Céspedes comme « un des plus gros Blancs créoles, propriétaire d'esclaves », mais il omet de préciser le nombre de ses esclaves. Ce nombre de dix-huit, soit seulement trois de plus que n'en possédait Toussaint Louverture (!) vient de J. Cole, Race Towards Equality, José Marti Publishing  House, Havana (Cuba), 1986 ; p. 17.
[3]  -  J. Cole, op. cit. ;  p. 18.
[4] - Cf. Tarnowski (R.), Flori : (J. J.), Haïti : « Les Haïtiens avaient participé à la bataille décisive de Savannah qui ouvrit le chemin de l'indépendance des Etats-Unis. J.-J. Dessalines apporta son aide à Miranda. Le président Alexandre Pétion fournit des armes, des soldats et une aide financière qui permit à Simon Bolivar, partant de Cayes, de libérer cinq nations de 'l'Amérique du Sud ». En ce qui concerne les Etats-Unis, l'importance du rôle joué par les soldats noirs dans la guerre de Sécession peut se mesurer à cette réflexion de Lincoln : « Enlevez-nous deux cent mille hommes et placez-les sur les champs de bataille ou dans les champs de blé contre nous, et il nous faudrait abandonner la guerre dans les trois semaines ». Mais elle se mesure encore mieux aux sacrifices consentis par ces soldats, dont les pertes surpassèrent de 35% celles subies par les troupes blanches (d'après R. O. Boyer et H. M. Morais, Labor's Untold Story, United Electrical, Radio and Machine Workers of America (UE), New York, 1974, p. 28).
[5] - R. Bastide,  Les Amériques noires, p. 78.
[6] - R. Depestre, Lettre de Cuba, in Présence africaine, n° 56, 1965 ; p. 105-142 (118).
[7] - Id., p. 116-117.
[8] -  J. Cole, op. cit. ; p. 48-49.
[9] - A. de Tocqueville, De la démocratie en Amérique ; p. 501-502.
[10] - R. Depestre, op. cit. ; p. 121.

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