mercredi 3 août 2016

« CIVILISATION »

L’éditorial de Michel Guilloux dans L’Humanité du 2 août 2016

Alors que le sang, à peine séché des uns à Nice, a coulé de nouveau à Saint-Étienne-du-Rouvray, on assiste stupéfié à un contraste saisissant. Les images de fraternité et de paix des rassemblements entre croyants, de toute religion, et non-croyants revivifiaient l’image de « Celui qui croyait au ciel et celui qui n’y croyait pas », suppliciés alors, voilà plus de soixante-dix ans par une barbarie née du ventre fécond d’une autre bête immonde. Tandis que leurs émules contemporains redressent la tête, livrant ad nauseam leurs messages criminels de haine, avec des concepts tel celui de « grand remplacement », dont on ne mesure pas à quel cataclysme ils pourraient mener si l’extrême droite progressait encore et encore. Oui, ce week-end, et durant tout ce mois de juillet terrible, notre peuple démontre sa très grande dignité. Ceux qui jouent avec le pire, de débat sur la déchéance de nationalité et de course à l’échalote avec le FN sur le terrain du maintien de l’ordre ultrasécuritaire, devraient en prendre de la graine. Dans la période sanglante et lourde de menaces que traverse la France – et pas qu’elle –, il ne revient pas davantage au gouvernement de «qualifier» les religions. Ils pourraient être nombreux à sinspirer dune autre parole pour approcher une hauteur de vue qui les a bien désertés.
Terrorisme? « Je sais qu’il est dangereux de le dire, mais le terrorisme s’épanouit lorsqu’il n’y a pas d’autres options et lorsque l’argent devient dieu et que c’est lui qui est au centre de l’économie du monde et non la personne. C’est la première forme de terrorisme. C’est du terrorisme contre toute l’humanité. »
Guerre de religion? « Quand je parle de guerre, je parle de guerre vraiment, non de guerre de religion, non. Il y a une guerre d’intérêts, il y a une guerre pour l’argent, il y a une guerre pour les ressources de la nature, il y a une guerre pour la domination des peuples: cest cela la guerre. »
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Ces paroles sont du pape François, qui ne cède rien au sillon qu’il trace, persiste et signe en parlant des religions qui sont toutes « de paix », en ne taisant pas plus les fanatiques se réclamant de la sienne. Face aux tenants du « choc », voilà la visée de civilisation à laquelle il est digne et nécessaire de se situer.

Source : la page Facebook de José Fort

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