L’éditorial
de Michel Guilloux dans L’Humanité
du 2 août 2016
Alors que le sang, à peine séché des uns à Nice, a
coulé de nouveau à Saint-Étienne-du-Rouvray, on assiste stupéfié à un contraste
saisissant. Les images de fraternité et de paix des rassemblements entre
croyants, de toute religion, et non-croyants revivifiaient l’image de « Celui
qui croyait au ciel et celui qui n’y croyait pas », suppliciés alors, voilà
plus de soixante-dix ans par une barbarie née du ventre fécond d’une autre bête
immonde. Tandis que leurs émules contemporains redressent la tête, livrant ad
nauseam leurs messages criminels de haine, avec des concepts tel celui de «
grand remplacement », dont on ne mesure pas à quel cataclysme ils pourraient
mener si l’extrême droite progressait encore et encore. Oui, ce week-end, et
durant tout ce mois de juillet terrible, notre peuple démontre sa très grande
dignité. Ceux qui jouent avec le pire, de débat sur la déchéance de nationalité
et de course à l’échalote avec le FN sur le terrain du maintien de l’ordre
ultrasécuritaire, devraient en prendre de la graine. Dans la période sanglante
et lourde de menaces que traverse la France – et pas qu’elle –, il ne revient
pas davantage au gouvernement de « qualifier » les
religions. Ils pourraient être
nombreux à s’inspirer d’une autre
parole pour approcher une hauteur de vue qui les a bien désertés.
Terrorisme ? « Je sais qu’il est dangereux de le dire, mais le
terrorisme s’épanouit lorsqu’il n’y a pas d’autres options et lorsque l’argent
devient dieu et que c’est lui qui est au centre de l’économie du monde et non
la personne. C’est la première forme de terrorisme. C’est du terrorisme contre
toute l’humanité. »
Guerre de religion ? « Quand je parle de guerre, je parle de guerre vraiment,
non de guerre de religion, non. Il y a une guerre d’intérêts, il y a une guerre
pour l’argent, il y a une guerre pour les ressources de la nature, il y a une
guerre pour la domination des peuples : c’est cela la guerre. »
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Ces paroles sont du pape François, qui ne cède rien au
sillon qu’il trace, persiste et signe en parlant des religions qui sont toutes
« de paix », en ne taisant pas plus les fanatiques se réclamant de la sienne.
Face aux tenants du « choc », voilà la visée de civilisation à laquelle il est
digne et nécessaire de se situer.
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