De quoi s'agit-il ? Il faut déjà dire
qu’il y a une situation qui motive le titre ci-dessus. En fait, un ami m'a
appelé hier du pays – un cadre de son état –. Il me dit : « je suis en train de regarder une émission sur France24 dans
laquelle on débat du terrorisme. Quand il y a des guerres chez nous, ces
gens-là disent que c'est le nord musulman qui se bat contre le sud chrétien. On
vient de tuer un prête. Alors qu'est-ce qui se passe chez vous là-bas ? Quelle
est ta compréhension de ces choses-là ? Ensuite, il ajoute, ici au pays, ils
nous ont mis quelqu'un. Je me dis que personne n'est éternel. Dix ans, c'est
long ; mais il faut tenir parce qu'il partira au bout de ses dix ans. Et que ce
n’est pas la peine d’amener des jeunes à l’abattoir ».
Là, « je
n'ai pas été surpris » parce que j'ai pu mesurer qu'il n'est pas le
seul à penser ainsi parmi nos compatriotes – malgré là-aussi son niveau
d'études et sa situation sociale –. Peut-être, est-ce ce statut social même qui
lui permet de penser qu’il peut supporter dix ans de Ouattara.
Je suis « … un peu choqué » parce que ce genre de raisonnement est répandu
par certains de ceux-là mêmes qui doivent éveiller la conscience du peuple
notamment de la jeunesse. Parce qu’on ne peut pas accepter de vivre longtemps
une telle situation.
Mais je réponds à sa question en affirmant
que la violence ne peut être justifiée d’où qu’elle vienne et que de mon point
de vue, les élites en Occident et spécifiquement en France, mènent des débats
entre elles pour se positionner. Parce qu’elles ne débattent pas des causes du
terrorisme. Elles ne veulent même pas en parler. Elles font de la surenchère
pour distraire une opinion à qui elles veulent cacher la vérité…
Sur la situation du pays, je lui ai dit
qu’il y a chez nombre d’Ivoiriens comme une cécité parfois involontaire mais
surtout une naïveté méthodique qui participe de ce qui nous a amenés là. Croire
que le problème c’est seulement Ouattara, au lieu d’intégrer que ce qui se
passe, est la manifestation d’un système rampant questionne.
Parce qu’il m’est donné de penser qu’après
Ouattara, les acteurs de l’impérialisme ont déjà prévu celui qu’ils vont
mettre. Des deux qui sont en pole position, il y a un « ou » et il y a un « et ».
Croire donc qu’après dix ans, on rendra la liberté aux Ivoiriens, m’a « … choqué ». Et je lui ai dit qu’il
vaut mieux mourir à l’abattoir que mourir d’un mal de tête ou de toute autre
pathologie en réalité bénigne – parce que le moindre comprimé thérapeutique
n’est pas disponible.
En mourant dans la rue, l’opinion saura au
moins qu’on est morts pour quelque chose. Et que depuis, c’est au cours de ces
six dernières années que nous voyons autant de gens décéder de « petites maladies » et de l’AVC,
notamment des jeunes. Il y a donc de nombreuses morts à cause d’hôpitaux qui
sont aujourd’hui des mouroirs par manque de fournitures médicales dû à une
absence de volonté politique, de santé publique, comme dans d’autres domaines.
Parce que le sort de l’école est également connu… La « mort gratuite » est donc plus que scandaleuse qu’une mort pour le
combat sur une cause juste.
Toujours, sur la situation du pays. Je lui
ai donné l’exemple de l’Algérie pour ne pas aussi citer celui du Vietnam. Je
lui ai dit que les gens ont décidé, dans ces pays-là, un moment, de mourir
nombreux. Et la pression de l’opinion publique internationale a fait céder les
oppresseurs. La liberté et l'indépendance qui en ont résulté dans ces pays,
font qu'aujourd’hui la France ne peut pas faire
ce qu’elle veut en Algérie.
En traumatisant le peuple de Côte d’Ivoire
par une intervention militaire barbare, c’était pour choquer le peuple, le
brutaliser, l’humilier et le maintenir dans un état psychologique de terreur et
de fragilité pour ainsi le réduire à la dépendance.
Mais là, on peut voir qu’ils ont échoué
parce que ce peuple qui a intégré l’esprit de la démocratie et de la liberté,
ne compte pas accepter de se laisser intimider indéfiniment.
Après, l’ami me demande des nouvelles de
La Haye. Je lui réponds que des choses se font. Mais c’est une situation
nouvelle en Côte d’Ivoire qui contribuera aussi à accélérer une prise de
décision politique qui a la clé de ce bourbier qu’ils ont créé.
Alors l’ami me répond : « Ah ! Maintenant, il veut changer la
Constitution ; je suis en train de réfléchir pour trouver comment mener la
bataille ».
Je n'ai donc pas été surpris mais j'ai été
un peu choqué. Il reste tout de même que l'opposition ivoirienne doit arrêter
le spectacle de l'émiettement suicidaire. La question d'un Etat, à plus forte
raison le sort de populations en souffrance, devant aller au-delà de question
entre des individus.
On ne saurait forcer personne à l'union.
Mais il est essentiel et responsable d'aller à l'unité avec tous ceux qui se
réclament du progressisme, pour délivrer le peuple de Côte d'Ivoire. Après, il
sera juste et admissible de revendiquer sa propre chapelle, une fois le pays
recouvré.
Claude Koudou
Titre original :
« A propos de mon pays, je n'ai pas été surpris mais je suis un peu
choqué. »
EN MARAUDE DANS LE WEB
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qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et
des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à
faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la «
crise ivoirienne ».
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