lundi 29 août 2016

Burkina Faso : Compte rendu de la conférence de presse de la Coalition Zeph 2015 du 25 août 2016

« Offrir à tous ceux qui se sont battus et qui continuent de se battre pour le vrai changement, un espace de réflexion et d’introspection sur l’état des acquis de l’insurrection, la situation du pays et les perspectives nouvelles de lutte que celle-ci appelle. »

Zéphirin Diabré (au centre) pendant la conférence
La Coalition Zeph 2015 a animé le 25 août 2016, une conférence de presse au siège de l’Union pour le changement (UPC) à Ouagadougou. Née sous la Transition au sein de l’ancien Chef de file de l’opposition(CFOP), la Coalition Zeph 2015, composée de 13 partis politiques d’obédiences diverses (libéraux, communistes, sankaristes, socio-démocrates, centristes), a estimé que ses anciens camarades du CFOP aujourd’hui au pouvoir, « sont en train d’échouer lamentablement ». Un  échec que la Coalition a présenté comme l’échec de tous les insurgés. Face à ce qu’elle a qualifié de « liquidation des acquis de l’insurrection », la Coalition a annoncé une conférence nationale des insurgés pour se pencher sur la situation du pays, l’état des acquis de l’insurrection populaire et les perspectives qui s’imposent.

« Offrir à tous ceux qui se sont battus et qui continuent de se battre pour le vrai changement, un espace de réflexion et d’introspection sur l’état des acquis de l’insurrection, la situation du pays et les perspectives nouvelles de lutte que celle-ci appelle ». C’est ce que la Coalition Zeph 2015, dirigée par Zéphirin Diabré lui-même, a annoncé lors de la conférence de presse le 25 août dernier, arguant que les Burkinabè voulaient, à travers l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, « d’un vrai changement, d’une manière toute nouvelle de faire la politique et de répondre à leurs attentes ». Le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) et ses alliés ont échoué dans leur gestion du pouvoir, 9 mois après leur installation, selon le constat de la Coalition. Pour elle, « le nouveau-ancien pouvoir a vite fait de ramener à l’ordre du jour toutes les mauvaises pratiques politiques qui avaient nourri l’insurrection ». Selon Zéphirin Diabré et ses camarades, le pouvoir est conçu par le nouveau-ancien pouvoir,  « non  pas comme un instrument  pour faire avancer le pays, mais  comme une occasion pour promouvoir ses proches et ses alliés ». La corruption est en train de redevenir une stratégie d’Etat, la politisation de l’administration est de retour et se double d’un clanisme qui illustre l’absence de vison commune au sommet de l’Etat, a déploré la Coalition Zeph 2015. Tentatives de musellement des syndicats de l’enseignement, instrumentalisation des OSC à sa solde et achat du silence de certaines d’entre elles bien connues de la place, instrumentalisation des juges proches du pouvoir du MPP, sont les pratiques dénoncées par les conférenciers qui ont déploré l’ingérence du Législatif dans l’Exécutif, toutes choses qui mettent à mal la séparation des pouvoirs, à les entendre.

Quelque chose de pathétique…

Pour la Coalition Zeph 2015, la démarche économique actuelle adoptée par le gouvernement est inadaptée. Parlant des difficultés économiques du pays, elle a signalé un manque criard de liquidités pour apurer la dette intérieure et faire respirer à nouveau la machine économique. Ce qui urge, selon la Coalition, c’est « un plan vigoureux de relance de l’économie à court terme » alors que « le pouvoir du MPP nous embarque dans un plan  de développement économique à moyen et long terme ». Le Burkina a besoin de l’argent frais pour faire face à ses multiples problèmes. Où trouver à chaud toutes ces liquidités ? Selon Zéphirin Diabré, un libéral bon teint, c’est sur les marchés financiers que l’on peut avoir les milliards dont le pays a besoin actuellement. « Il y a quelque chose de pathétique à voir des socio-démocrates qui ne ratent aucune occasion pour fustiger le libéralisme, se précipiter à Abidjan chez le patron des libéraux africains, pour demander son aide  afin de relancer notre économie », a ironisé Zéphirin Diabré. Et d’ajouter au nom de la Coalition, que « le pouvoir du MPP  a transformé le Burkina Faso en un Etat-garibou qui tend sa calebasse aux pays riches de la sous-région ou des producteurs africains de pétrole ».

Selon les conférenciers, l’incapacité du gouvernement à gérer le pays est même dénoncée par certaines hautes personnalités de l’Etat, qui fustigent son manque d’audace et d’imagination. Une divergence au sommet de l’Etat à propos de laquelle la Coalition se demande  qui sortira vainqueur de sa clarification et de sa décantation. Elle a estimé que ses anciens camarades du CFOP, en l’occurrence le MPP et les partis alliés au pouvoir, sont en train de « verser la figure des insurgés par terre ». Elle a fait remarquer que « le pire des désaveux que l’on peut infliger à un insurgé, c’est d’entendre dans les quartiers populaires, des citoyens vous dire haut et fort que sous Blaise Compaoré, c’était mieux ». Un sursaut d’orgueil est nécessaire, selon la Coalition, pour, dit-elle, relancer le combat pour la défense et la sauvegarde des acquis de l’insurrection. Elle a soutenu qu’un audit du fichier électoral s’impose pour que les paramètres internes du fichier soient accessibles à toutes les tendances qui composent l’institution ainsi que ses membres.
Lonsani Sanogo
Titre original : « Contre la liquidation des acquis de linsurrection : La Coalition Zeph 2015 annonce une conférence nationale des insurgés les 29 et 30 octobre 2016 ».

Source : Le Pays 26 août 2016

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