« Offrir à tous ceux qui se sont battus et qui continuent de
se battre pour le vrai changement, un espace de réflexion et d’introspection
sur l’état des acquis de l’insurrection, la situation du pays et les
perspectives nouvelles de lutte que celle-ci appelle. »
Zéphirin Diabré (au centre) pendant la conférence |
La Coalition Zeph 2015 a animé le
25 août 2016, une conférence de presse au siège de l’Union pour le changement
(UPC) à Ouagadougou. Née sous la Transition au sein de l’ancien Chef de file de
l’opposition(CFOP), la Coalition Zeph 2015, composée de 13 partis politiques
d’obédiences diverses (libéraux, communistes, sankaristes, socio-démocrates,
centristes), a estimé que ses anciens camarades du CFOP aujourd’hui au pouvoir,
« sont en train d’échouer lamentablement ». Un échec que la
Coalition a présenté comme l’échec de tous les insurgés. Face à ce qu’elle a
qualifié de « liquidation des acquis de l’insurrection », la Coalition a annoncé
une conférence nationale des insurgés pour se pencher sur la situation du pays,
l’état des acquis de l’insurrection populaire et les perspectives qui
s’imposent.
« Offrir à tous
ceux qui se sont battus et qui continuent de se battre pour le vrai
changement, un espace de réflexion et d’introspection sur l’état des acquis de
l’insurrection, la situation du pays et les perspectives nouvelles de lutte que
celle-ci appelle ». C’est ce que
la Coalition Zeph 2015, dirigée par Zéphirin Diabré lui-même, a annoncé lors de
la conférence de presse le 25 août dernier, arguant que les Burkinabè
voulaient, à travers l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, « d’un
vrai changement, d’une manière toute nouvelle de faire la politique et de
répondre à leurs attentes ». Le Mouvement du peuple pour le
progrès (MPP) et ses alliés ont échoué dans leur gestion du pouvoir, 9 mois
après leur installation, selon le constat de la Coalition. Pour elle, « le
nouveau-ancien pouvoir a vite fait de ramener à l’ordre du jour toutes les
mauvaises pratiques politiques qui avaient nourri l’insurrection ».
Selon Zéphirin Diabré et ses camarades, le pouvoir est conçu par le nouveau-ancien pouvoir, « non
pas comme un instrument pour faire avancer le pays, mais comme une
occasion pour promouvoir ses proches et ses alliés ». La
corruption est en train de redevenir une stratégie d’Etat, la politisation de
l’administration est de retour et se double d’un clanisme qui illustre
l’absence de vison commune au sommet de l’Etat, a déploré la Coalition Zeph
2015. Tentatives de musellement des syndicats de l’enseignement,
instrumentalisation des OSC à sa solde et achat du silence de certaines d’entre
elles bien connues de la place, instrumentalisation des juges proches du
pouvoir du MPP, sont les pratiques dénoncées par les conférenciers qui ont
déploré l’ingérence du Législatif dans l’Exécutif, toutes choses qui mettent à
mal la séparation des pouvoirs, à les entendre.
Quelque chose de pathétique…
Pour la
Coalition Zeph 2015, la démarche économique actuelle adoptée par le
gouvernement est inadaptée. Parlant des difficultés économiques du pays, elle a
signalé un manque criard de liquidités pour apurer la dette intérieure et faire
respirer à nouveau la machine économique. Ce qui urge, selon la Coalition,
c’est « un plan vigoureux de relance de l’économie à court terme »
alors que « le pouvoir du MPP nous embarque dans un plan de développement
économique à moyen et long terme ». Le Burkina a besoin de
l’argent frais pour faire face à ses multiples problèmes. Où trouver à chaud
toutes ces liquidités ? Selon Zéphirin Diabré, un libéral bon teint, c’est
sur les marchés financiers que l’on peut avoir les milliards dont le pays a
besoin actuellement. « Il y a quelque chose de pathétique à voir
des socio-démocrates qui ne ratent aucune occasion pour fustiger le libéralisme,
se précipiter à Abidjan chez le patron des libéraux africains, pour demander
son aide afin de relancer notre économie », a ironisé
Zéphirin Diabré. Et d’ajouter au nom de la Coalition, que « le pouvoir du MPP a
transformé le Burkina Faso en un Etat-garibou qui tend sa calebasse aux pays
riches de la sous-région ou des producteurs africains de pétrole ».
Selon les
conférenciers, l’incapacité du gouvernement à gérer le pays est même dénoncée
par certaines hautes personnalités de l’Etat, qui fustigent son manque d’audace
et d’imagination. Une divergence au sommet de l’Etat à propos de laquelle la
Coalition se demande qui sortira vainqueur de sa clarification et de sa
décantation. Elle a estimé que ses anciens camarades du CFOP, en l’occurrence
le MPP et les partis alliés au pouvoir, sont en train de « verser la figure des
insurgés par terre ». Elle a fait remarquer que « le
pire des désaveux que l’on peut infliger à un insurgé, c’est d’entendre
dans les quartiers populaires, des citoyens vous dire haut et fort que
sous Blaise Compaoré, c’était mieux ». Un sursaut d’orgueil est
nécessaire, selon la Coalition, pour, dit-elle, relancer le combat pour la
défense et la sauvegarde des acquis de l’insurrection. Elle a soutenu qu’un
audit du fichier électoral s’impose pour que les paramètres internes du fichier
soient accessibles à toutes les tendances qui composent l’institution ainsi que
ses membres.
Lonsani Sanogo
Titre original : « Contre la liquidation des
acquis de l’insurrection : La Coalition Zeph 2015
annonce une conférence nationale des insurgés les 29 et 30 octobre 2016 ».
Source : Le Pays 26 août 2016
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