vendredi 5 décembre 2014

Pascal Affi N'Guessan : "On utilise le nom de Gbagbo pour m'évincer"


Le FPI est surtout fragilisé
par les suites de la crise électorale de 2010

 
Candidat à sa propre succession à la présidence du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan est actuellement en butte à des attaques redoublées de la part de certains de ses camarades qui le soupçonnent de vouloir détourner ce parti de sa ligne traditionnelle, telle que son principal fondateur, Laurent Gbagbo, l’a définie. Voulant absolument l’empêcher d’atteindre son but, ses adversaires n’ont rien trouvé de mieux que de déposer la candidature de L. Gbagbo entre les mains du « Comité de contrôle » du FPI. Lequel a homologué cette candidature, bien que L. Gbagbo soit actuellement en prison, et en instance de jugement, dans les geôles d’une soi-disant « cour pénale internationale » (CPI) sise à La Haye aux Pays Bas. Dans cet entretien avec le correspondant de « Jeune Afrique », Affi dit ce qu’il pense de cette entreprise de ses adversaires.
 
La Rédaction
 

Jeune Afrique : Maintenez-vous votre candidature face à Laurent Gbagbo ?
Pascal Affi N'Guessan : Oui, je suis évidemment candidat à ma propre succession. Le pays va mal et il faut l'aider à se redresser. 
Comprenez-vous que certains vous reprochent de vouloir « tuer le père » ?
Celui que vous appelez « le père » n'est pas candidat à la présidence du parti, mais certains veulent utiliser son nom pour m'évincer. Malheureusement, de fait, il ne peut pas diriger le FPI. 
En l'occurrence, c'est Michel, le fils de Laurent Gbagbo, qui a remis ce dossier de candidature, contre lequel vous avez d'ailleurs déposé un recours...
C'est son droit de militant de souhaiter que son père revienne, mais je n'approuve pas son initiative. C'est même une escroquerie politique, une forfaiture qui viole le droit. Le document adopté le 26 novembre par le comité de contrôle n'a aucune valeur. 
Quelles relations entretenez-vous avec Michel Gbagbo ?
Nous avons fait plusieurs mois de prison ensemble. Nous avons été très proches. 
Le FPI ne s'est-il pas marginalisé en boycottant les élections locales de 2013 et en se retirant de la Commission électorale indépendante (CEI) en septembre 2014 ?
Le FPI est surtout fragilisé par les suites de la crise électorale [de 2010]. Il se trouve dans une phase de reconstruction qui nécessite du doigté et de la lucidité. 
Vous présidez le FPI depuis treize ans. Comment se fait-il que vous ne le contrôliez pas mieux ?
Cette crise interne résulte de notre perte du pouvoir en 2010. Nous sommes en pleine métamorphose pour définir une nouvelle identité. Comme dans toutes les organisations et à toutes les époques, un débat oppose ceux qui veulent maintenir le statu quo à ceux qui veulent reconstruire. 
La présidentielle de 2015 pourra-t-elle se dérouler sereinement ?
Tel est le défi que doit relever la Côte d'Ivoire. C'est un rendez-vous très attendu, que certains appréhendent parce que beaucoup de problèmes restent à régler en matière de sécurité, de réintégration des anciens combattants et de réconciliation nationale. Nous pressons le gouvernement de tout mettre en œuvre pour que ces préalables soient levés. 
Que pensez-vous du fait que le Rassemblement des républicains (RDR, au pouvoir) et le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) ne présentent qu'une seule candidature, celle d’Alassane Ouattara ?
C'est une donnée importante, car elle va reconfigurer le paysage politique pendant la campagne et après l'élection. Tous les membres du PDCI n'approuvent pas cette candidature unique. Comment vont-ils se positionner ? Présenteront-ils un candidat tout de même ? Se rapprocheront-ils de nous et de tous les partisans de l'unité nationale ? Nous espérons que cette recomposition débouchera sur une alternance.

Propos recueillis à Abidjan par Alain Faujas 

 
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 Source : Jeune Afrique 05/12/2014

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