vendredi 12 décembre 2014

Les bonnes questions…

Ce matin, sans doute pour bien me faire comprendre, faut-il que je fasse l’effort de parler comme dans les rues, les maquis (bistrots) et les cours communes d’Abidjan.
J. K. Mian d'Anomatuepin
Nous disons : « Libérez Gbagbo ! Libérez Gbagbo ! ». C’est bien. Je suis entièrement d’accord avec ça, car il est en prison de façon injuste.
Mais, en même temps que nous crions « Libérez Gbagbo ! Libérez Gbagbo ! », est-ce que nous nous posons les bonnes questions ?
Voici ce que j’appelle de bonnes questions :
- Pourquoi les Blancs ont-ils tout mis en œuvre pour chasser le président Laurent Gbagbo du pouvoir ?
- Pourquoi pour la première fois le dénouement d’un contentieux électoral en Afrique est marqué par le bombardement du palais présidentiel, des casernes militaires, et même des populations civiles ?
- Pourquoi, alors qu’il n’est plus au pouvoir, et que les Blancs ont les moyens de l’empêcher d’y revenir, le jettent-ils en prison, loin, très loin de son pays ?
- Pourquoi le président Laurent Gbagbo est-il maintenu en prison alors qu’avec brio ses avocats ont étalé toute son innocence à la face du monde ?
Il revient à chacun de répondre à ces questions. Quant à moi, voici mes réponses ainsi résumées.
C’est depuis la fin du règne d’Houphouët-Boigny que les Blancs voulaient installer Alassane Dramane Ouattara au pouvoir, pour des raisons qu’il est inutile de répéter ici. Ils avaient facilement réussi à se débarrasser du président Henri Konan Bédié. Mais Laurent Gbagbo était un gros morceau pour eux, un homme plus ancré dans son peuple, un homme adulé par ce peuple, donc un homme redoutable. Avec la rébellion, ils ont tout essayé sans succès. De guerre lasse (je fais exprès pour utiliser cette expression qui signifie simplement « ils ne savaient plus quoi faire »), ils ont décidé de larguer des bombes sur sa maison, sur les militaires et sur le peuple… Après cela, ils prennent notre président, ils le conduisent très loin d’Abidjan, à Korhogo, puis derrière l’eau jusqu’à La Haye.
Les Blancs se sont dit que s’ils ne l’éloignent pas d’Alassane Dramane Ouattara, celui-ci ne pourra pas gouverner tranquillement. Mais l’éloignement physique du président Laurent Gbagbo répondait à un autre objectif : détourner l’attention des Ivoiriens, les empêcher de voir les dérives du nouveau régime, faire en sorte que leur regard soit désormais tourné vers La Haye.
Finalement, les Blancs ont vu juste : pendant que la question de la libération du président Laurent Gbagbo nous occupe le matin, à midi, le soir, loin de la Côte d’Ivoire et sur les réseaux sociaux devenus nos salons, nos chambres et nos lits ; pendant que nous nous querellons ; eh ! bien, cela arrange Alassane Dramane Ouattara et ceux qui l’ont installé au pouvoir. Croyons-nous que ces gens-là sont fous pour libérer le président Laurent Gbagbo maintenant si nous ne changeons pas de fusil d’épaule (je ne dis pas de prendre des fusils contre eux, l’expression veut simplement dire « changer de stratégie, de tactique ») ?
Voilà pourquoi je dis toujours que tant que notre pays n’aura pas été libéré, le président Laurent Gbagbo restera à La Haye. Si vous voulez que je sois plus clair, voici : il faut chasser Alassane Dramane Ouattara du pouvoir pour que Laurent Gbagbo soit libéré. Celui-ci ne sortira pas de prison pour venir libérer la Côte d’Ivoire. Si nous croyons le contraire et que nous buvons de l’eau, nous sommes foutus à jamais. C’est ma profonde conviction.
Alors, nous qui sommes en liberté et non en prison, quelles stratégies mettons-nous en place pour libérer notre pays et notre cher président Laurent Gbagbo ? Voilà à mes yeux la question fondamentale.
En quittant les rues, les maquis (bistrots) et les cours communes d’Abidjan, je dirai qu’il y a un peu trop d’émotion dans notre combat. La raison n’est pas qu’hellène, elle ne saurait être l’apanage de ceux qui nous ont colonisés.
Bonne fin de semaine à tous ! À vous d’Abidjan, de Bassam, de Gagnoa, de Daloa, de Man, d’Abengourou, de Bondoukou, de Korhogo, de Boundiali, de Yamoussoukro, de Toumodi, de Sassandra, de Divo, etc.
JE VOUS AIME ! 

Jacques K. Mian d'Anomatuepin (Facebook 22 novembre)
Titre original : « À MON AVIS… » 

 
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Source : Facebook 11 décembre 2014

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