Cette
crise, comme toutes les crises, n’est pas le fruit d’une génération spontanée.
Elle a son histoire. Elle a ses acteurs. Elle a ses enjeux.
Cette
crise a atteint une phase critique avec le lancement du processus devant
conduire à l’élection du Président du parti à l’occasion du 4ème
congrès ordinaire prévu pour les 11, 12, 13 et 14 décembre 2014.
Les
faits s’articulent autour des conditions juridiques et politiques de l’élection
du président du parti.
I. DES CONDITIONS
JURIDIQUES DE L’ELECTION DU PRESIDENT DU PARTI
A
la fin de la période de réception des candidatures, le Comité de Contrôle a
enregistré deux candidatures :
-
Un
dossier de candidature déposé le 31 octobre 2014 par les initiateurs de « l’appel
de MAMA », proposant le Président Laurent Gbagbo comme candidat au poste
de Président du FPI,
-
Un
dossier de candidature déposé le 12 novembre 2014 par votre serviteur,
Président sortant du FPI.
Echaudé
par les errements du Comité de Contrôle depuis le déclenchement de la crise
interne au parti et pressentant d’autres dérives, j’ai tenu à rencontrer, le
lundi 17 Novembre 2014, en ma qualité de président du parti, le camarade Vy
Paul, président par intérim du Comité de Contrôle, afin de lui rappeler la
lourde responsabilité qui est la nôtre et celle du Comité de Contrôle en particulier,
de gérer le dossier électoral en toute impartialité, dans le respect scrupuleux
des textes du parti et des principes fondamentaux du droit, afin d’éviter
l’approfondissement de la crise et de garantir un Congrès apaisé.
Le
18 Novembre 2014, le Comité de Contrôle a rendu publique, par voie de presse,
la liste provisoire des candidats à la Présidence du FPI, à savoir la
candidature de Laurent Gbagbo, fondateur du parti, et celle de Pascal Affi
N’Guessan, Président sortant du FPI.
Usant
du droit reconnu à tous les militants, notamment par l’article 12 des statuts
du parti « de critiquer, de
contester ou de demander le retrait d’une candidature », j’ai formulé
le 19 novembre 2014, une réclamation aux fins de déclarer irrecevable la
proposition de candidature du Président Laurent Gbagbo, et par conséquent
solliciter son retrait de la liste de candidats à la Présidence du FPI. Au
soutien de cette réclamation, j’ai invoqué quatre (4) moyens :
1°) L’absence de
convocation et de délibération du Comité de Contrôle
Pour
être valable et produire des effets juridiques, un acte d’ordre administratif
doit respecter des conditions de forme et de fond. En l’occurrence, la décision
du Comité de Contrôle devrait résulter d’une délibération dudit Comité,
régulièrement convoqué pour examiner les candidatures reçues.
Or
ce même mardi 19 novembre, deux (2) membres du Comité de Contrôle, ont animé au
siège provisoire du Parti, un point de presse au cours duquel, ils ont dénoncé
ce communiqué. Ils ont soutenu que le Comité de Contrôle, depuis la date de
clôture du dépôt des candidatures, ne s’est pas réuni à la l’effet d’examiner
les dossiers de candidature. Ils se sont insurgés, puis, ont condamné « l’acte solitaire du camarade Vy Paul qui
n’engage pas le Comité de Contrôle ». L’acte est irrégulier. Il est
donc nul et de nul effet puisqu’il n’émane pas du Comité de Contrôle en tant
qu’instance du parti.
2°) La non-conformité
du dossier de candidature du Président Laurent Gbagbo
Suivant
le communiqué du Président du congrès publié dans la presse le samedi 8
novembre 2014, le dossier de candidature à la présidence du FPI doit comporter
les pièces suivantes :
-
Une
demande manuscrite ;
-
la
photocopie de la carte nationale d’identité ou l’original de l’attestation d’identité ;
-
deux
(2) photos d’identité de même tirage ;
-
la
carte de militant de l’année 2014 ;
- l’attestation
de régularité de cotisation depuis 2012,
délivrée par le Secrétariat National chargé des Finances et du
Patrimoine du FPI (SENAFIP) ;
-
l’attestation
d’appartenance à une fédération délivrée par le Secrétaire Fédéral ;
-
l’attestation
d’appartenance à un organe central ou de contrôle, délivré par l’organe
concerné ;
-
le
reçu du droit de candidature d’un montant de 100.000 F CFA délivré par le
SENAFIP.
Il
en résulte que les documents suscités doivent être produits par tous les
candidats de façon impérative et cumulative ; de sorte qu’à défaut de
produire l’un des documents requis, le dossier de candidature doit être déclaré
irrecevable. En l’espèce, le dossier de la candidature proposée du Président
Laurent Gbagbo ne comporte ni « une
demande manuscrite » ni « l’attestation d’appartenance à un organe
central ou de contrôle, délivré par l’organe concerné ». Concernant spécifiquement
l’attestation d’appartenance à un organe central, à aucun moment je n’ai été
sollicité, en ma qualité de Président du parti, donc Président du Secrétariat
Général et du Comité Central, aux fins de signature d’un tel document. Dès
lors, la proposition de candidature du Président Laurent Gbagbo devrait être
rejetée et la candidature déclarée irrecevable pour dossier incomplet.
Malheureusement,
nonobstant la clarté des textes, le Comité de Contrôle a estimé que « s’agissant d’une proposition de
candidature,…le dossier ne pouvait comporter d’autre demande manuscrite que
celle émanant des initiateurs. »
Il
est pourtant de simple logique qu’une demande manuscrite de candidature ne
puisse émaner qu’exclusivement de la personne qui entend se porter candidat.
Nulle part, dans les textes du parti, et dans le communiqué du 29 octobre 2014,
il n’a été arrêté une dérogation à cette exigence, laquelle autoriserait de
tierces personnes à rédiger la demande manuscrite exigée en lieu et place du
concerné. C’est d’ailleurs ce qui justifie l’exigence du caractère manuscrit de
la demande. Le Président Laurent Gbagbo n’a pas fait acte de candidature et n’a
pas expressément et formellement donné son accord à la proposition. Il
appartenait au Comité de Contrôle de constater cette absence pour déclarer
irrecevable la proposition de candidature du Président Laurent Gbagbo.
En
outre le Comité de Contrôle a estimé que la signature de l’attestation
d’appartenance à un organe central ou de contrôle n’était pas de la compétence
exclusive du Président du parti :
-
Ni
les textes fondamentaux du parti, ni le communiqué du 29 octobre 2014, ne
l’indiqueraient ;
-
rien
ne s’opposerait en conséquence que l’attestation puisse être signée par un
Vice-président, comme cela l’a été dans le cas du dossier de candidature du
Président Laurent Gbagbo ;
-
d’autant
que le Président du parti étant lui-même candidat, il était nécessaire d’éviter
tout conflit d’intérêt relativement à la signature d’un document nécessaire à
un autre candidat.
Mais
en réalité, il ne peut être valablement contesté que sa délivrance révèle du
pouvoir du Président du parti. Un Vice-président du parti n’est par conséquent
habilité à le délivrer que dans l’hypothèse où le Président titulaire serait
empêché ou s’il reçoit expressément une délégation de pouvoir à cette fin.
Le
dernier alinéa de l’article 42 des statuts et règlements intérieurs du FPI
stipule que le Président « … est
secondé dans sa tâche par le Vice-Président ». Les Vice-présidents ont
donc pour mission d’aider et de soutenir le Président dans ses tâches et non de
se substituer à lui, à ses prérogatives à son insu.
En
l’espèce, le Président du parti n’a ni été sollicité, ni été empêché, ni enfin
autorisé un de ses vice-présidents à cette fin. Il y a faux et usage de faux.
L’argument évoqué par le comité de contrôle ne s’avère pas fondé ;
manifestement, c’est au mépris des textes régissant le FPI que le Comité de
Contrôle a jugé valable le dossier et autorisé la candidature du Président
Laurent Gbagbo.
Pleinement
conscients de l’irrecevabilité avérée de leur dossier et de la forfaiture du Comité
de Contrôle, et déterminés à la rattraper, les initiateurs de la proposition de
candidature vont réagir en produisant, une lettre du Président Laurent Gbagbo,
datée du 25 novembre 2014, adressée au Président du FPI, aux membres du Comité
Central, du Comité de Contrôle, des Sections et des Comités de base, et à tous
les militants.
Ce
courrier m’a été remis le jeudi 27 novembre 2014 à 23 H 30 par Me
TAPI qu’accompagnait le camarade Assoa Adou, rentré d’exil le 25 novembre 2014.
Malheureusement ledit courrier, en raison de son caractère tardif, la réception
des candidatures ayant été fixée du 29 octobre au 15 novembre 2014, délai de
rigueur, n’est pas à même de corriger l’irrecevabilité invoquée. En outre,
cette adresse qui est une réponse positive à l’appel de Mama n’est pas une
demande de candidature. De surcroit elle n’est pas manuscrite, mais
dactylographiée.
3°) La Violation
des dispositions statutaires relatives aux propositions de candidature
L’article
12 des statuts du parti dispose que : « à l’occasion des élections au sein du parti, tout militant a le droit
de proposer, de critiquer les candidats ou de demander le retrait de
candidature dans le délai de dix (10) jours à compter de la publication de
celle-ci. La demande de retrait est adressée à la structure immédiatement
supérieure s’il s’agit d’un organe de Direction », c’est sur le
fondement de cet article que M. Michel Gbagbo et quatre (4) secrétaires généraux
de fédération ont proposé et déposé la candidature du Président Laurent Gbagbo.
Il
ressort sans ambages que le droit pour un militant de proposer une candidature
à l’élection n’est recevable que dans le délai de dix (10) jours à compter de
la publication de la liste provisoire des candidatures.
C’est
une procédure classique au sein des organisations associatives, à l’occasion
des élections, de donner aux membres non satisfaits des candidatures en lice,
ou en cas d’absence de candidatures volontaires, la possibilité et le droit de
proposer sur leur propre initiative le candidat de leur choix. L’article 12 des
statuts du FPI accorde aux militants un délai de dix (10) jours pour exercer ce
droit, à compter de la publication de la liste provisoire des candidatures.
En
l’espèce, cette procédure a été violée par les initiateurs de l’appel de Mama
qui ont proposé la candidature du Président Laurent Gbagbo. En effet, cette
proposition de candidature a été déposée au Comité de Contrôle le 31 octobre
2014. Or à cette date, la liste provisoire des candidatures n’était pas encore
connue. Celle-ci a été publiée le 18 novembre 2014. Ainsi, le dépôt de la
proposition de candidature du Président Laurent Gbagbo est intervenu dix-huit
(18) jours avant la date fixée par les dispositions de l’article 12 des
statuts.
Cette
proposition de candidature prématurée était donc irrecevable, nonobstant
l’interprétation difficilement compréhensible émise par le Comité de Contrôle,
qui considère que « …le délai
de 10 jours à compter de la publication ne peut en toute logique se référer
qu’à une demande de retrait de candidature matériellement envisageable qu’après
que soient connus les candidats figurant sur la liste publiée à cet
effet ».
4°)
L’impossibilité d’exercer la fonction de Président du parti
Chacun
de nous sait que le Président Laurent Gbagbo est engagé dans une procédure
judiciaire complexe et éminemment politique, à la Cour Pénale Internationale
depuis trois (3) ans. Le début de son procès est fixé au 07 juillet 2015, soit
huit (8) mois après la tenue du Congrès du parti. Il va sans dire que le
Président Laurent Gbagbo ne peut être physiquement présent au moment de
l’élection du Président du FPI qui a lieu le 14 décembre 2014. Il y aurait donc
vacance de la Présidence du FPI dès l’élection éventuelle du Président Laurent
Gbagbo, violant ainsi l’article 18 alinéa 7 du règlement intérieur qui
stipule : « En cas de
vacance de la Présidence, le Premier Vice-président convoque un congrès
extraordinaire, en accord avec le Comité Central, pour l’élection d’un nouveau
Président si la durée à courir du mandat en cours est supérieure à un (1) an et
demi ».
Il
résulte de la lecture de cette disposition qu’on ne peut objectivement accepter
la candidature d’un militant qui est dans l’impossibilité physique d’exercer
immédiatement la fonction de Président du parti.
Par
ailleurs, l’article 42 alinéa 1 et 2 dispose que « le Président nomme les membres du Secrétariat Général qu’il soumet à
l’investiture du Congrès. Il détermine leur attribution ». Comment cela
sera-t-il possible si le président élu n’est pas physiquement présent pour
constituer et défendre le choix des hommes qui composeront le Secrétariat
Général.
En
outre, l’article 6, alinéa 3 du règlement intérieur précise que le président
doit être investi par le Congrès. Là aussi, la présence physique du président
élu s’avère nécessaire.
De
tout ce qui précède, il ressort que la situation spécifique du Président
Laurent Gbagbo constitue un facteur objectif qui rend irrecevable la proposition
de sa candidature, au regard du risque de vacance de la présidence dès son
élection éventuelle ; entendu qu’il serait difficilement acceptable que le
congrès élise un président et que ce soit quelqu’un d’autre qui exerce la
fonction présidentielle. Une telle situation serait lourde de conséquences
politiques pour le parti, dans le contexte actuel de grands défis qui exigent
une forte légitimité.
Dans
sa volonté de valider coûte que coûte la proposition de candidature, le Comité
de Contrôle a trouvé le moyen de tourner le problème de l’impossibilité
physique en question de privation de liberté pour dire « qu’il appartient
au Congrès s’il décide d’élire un candidat non présent physiquement pour des
raisons de procédure judiciaire, de procéder aux arrangements qui s’imposent
dans ce cas de force majeure » et déclarer « que l’absence physique
d’un candidat proposé ou non, n’est pas une cause d’invalidation de sa
candidature ».
II. DES CONDITIONS
POLITIQUES DE L’ELECTION DU PRESIDENT DU
PARTI
Au-delà
de la dimension juridique, il convient de ne pas perdre de vue que
l’organisation du 4ème congrès du FPI et les différents faits qui
l’émaillent, s’inscrivent dans le contexte de la crise sans précédent que vit
le parti autour des questions de la ligne politique, de la stratégie politique
et des hommes politiques qualifiés pour restaurer le parti après le chaos
postélectoral, obtenir la libération du Président Laurent Gbagbo et de tous les
prisonniers politiques, mettre fin aux souffrances des militants et de tous les
Ivoiriens, et reconquérir le pouvoir d’Etat.
Voilà
les enjeux de la bataille actuelle pour le contrôle du parti. Comme dans toute
bataille de cette nature, il y a deux camps qui épousent deux visions
différentes. Il y a le camp de la rancœur et des récriminations ; c’est le
camp des « Gbagbo ou Rien »,
qui est aussi le camp de la confrontation, le camp de la systématisation des
positions, voire de la stigmatisation. Dans ce camp trois courants sont à
l’œuvre et conjuguent leurs efforts pour s’emparer de la Direction du
parti :
-
Un
courant « patrimonialiste » qui considère le parti comme un
patrimoine privé dont ses « propriétaires » peuvent
disposer à leur guise, recrutant et renvoyant comme gérant qui ils veulent et
quand ils veulent ;
-
Un
courant que je pourrais qualifier de « messianique » pour
qui le FPI est semblable à une « religion » avec ses prophètes
et ses gourous dont les opinions sont des paroles révélées ;
-
Un
courant « opportuniste » qui croit avoir trouvé dans le chaos de la
crise postélectorale, l’occasion de s’emparer du FPI pour prendre sa revanche
sur le passé.
En
face, il y a le camp de la décrispation et de la normalisation par la
négociation et le dialogue politique ; un dialogue dynamique, sans
compromission, qui n’exclut pas les moyens démocratiques de manifestation.
C’est le camp des « Gbagbo et nous » ou « Gbagbo et la Côte
d’Ivoire ». C’est aussi le camp de la paix, de la réconciliation, du
progrès et de l’avenir.
C’est
dans ce contexte qu’il faut situer la proposition de candidature du Président
Laurent Gbagbo et les péripéties de sa présentation. Elle vise à s’emparer de
la direction du parti en instrumentalisant le nom de Gbagbo. Elle intervient
après d’autres opérations de déstabilisation qui ont consisté notamment au
sabotage du dialogue politique, à la tentative d’organisation de courants à
l’intérieur du parti, au blocage de l’appareil du parti, etc.
L’opération
« Gbagbo ou Rien », qui
aurait pu également être baptisée « Tout
Sauf AFFI (TSA) », s’appuie sur trois groupes d’acteurs : des
Fédéraux, le Comité de Contrôle et un réseau de faussaires. Des fédéraux ont
été sélectionnés pour donner une légitimité à l’usage du nom de Gbagbo dans
l’opération ; d’où l’appel de Mama ;
Le
Comité de Contrôle a été chargé d’habiller de légalité une escroquerie
politique.
Depuis
juillet 2014, à la faveur de la fronde contre le réaménagement technique du
Secrétariat Général, le Comité de Contrôle a abandonné sa position et sa
mission de sentinelle des textes du parti, pour se mettre résolument à la
disposition des frondeurs.
Pour
les accompagner et les faire triompher, le Comité de Contrôle a usé abusivement
de l’autorité morale et politique que lui confèrent les textes du parti pour
produire des décisions iniques et ébranler la cohésion interne du parti.
Nombreux sont les militants à tous les niveaux qui ont été choqués par les
agissements du Comité de Contrôle, notamment ses interventions intempestives
dans les activités et le fonctionnement du Comité Central.
Au
total, et au-delà des nombreuses violations des textes fondamentaux du FPI, on
peut retenir de la décision du Comité de Contrôle que Laurent Gbagbo n’a pas
fait acte de candidature et n’a pas exprimé une acceptation expresse et
formelle de la proposition de candidature déposée par les initiateurs de
l’Appel de Mama.
Si
la décision du Comité de Contrôle était sans tâche et sans reproche, le film de
l’opération se serait terminé là. Mais d’autres épisodes se sont avérés
nécessaires pour donner un vernis politique à la décision juridique, pour
enfermer la raison dans l’émotion et faire basculer tous ceux qui hésitaient à
rejoindre le camp de l’opposition, à commencer par le président du FPI, afin
qu’il n’y ait qu’une seule candidature, celle de Laurent Gbagbo non-candidat.
C’est
le 27 novembre 2014 à 23 H 30 que le camarade Assoa Adou m’a appelé pour
conduire à moi Me TAPI, un jeune avocat ivoirien exerçant à
Bruxelles, en Belgique. Il a dit être l’envoyé du Président Gbagbo pour me
remettre un courrier ; tout comme à Assoa Adou et au Comité de Contrôle.
Il serait venu spécialement de Bruxelles à cette fin.
Chacun
a pu prendre connaissance du contenu de cette lettre à travers la presse, et le
moins que l’on puisse dire, c’est que l’émotion a été au rendez-vous. « Maintenant que Gbagbo a clairement exprimé
sa volonté, Affi doit retirer sa candidature. Sinon il commettrait un
parricide, il ferait preuve d’ingratitude. Le fils ne doit pas affronter le
père, ce serait un sacrilège », propageaient à l’envi ceux qui avaient
fait de la candidature de Laurent Gbagbo leur cheval de Troie.
Mais,
au lieu de convaincre, cette lettre ouvre une autre page de doutes et de
polémiques.
Alors
que le Président Gbagbo dit répondre à « l’appel de Mama »,
curieusement son courrier est adressé à la quasi-totalité des structures du
FPI, sauf aux fédéraux qui, pourtant, se trouvent être les initiateurs de cet
appel.
Il
est curieux que le Président fasse une adresse à des militants du FPI sur le
papier à entête d’un notaire.
Contre
les usages établis, que le Président Gbagbo a toujours respectés, la
« signature » supposée être celle du Président Gbagbo est apposée en
dessous de son nom.
La
page de légalisation du document comporte, quant à elle, de nombreuses fautes
et incohérences :
-
Le
notaire, un homme, (Robert Buurke) écrit « soussignée… » au féminin ;
le document aurait-il été, en réalité, écrit par une femme ?
-
Le
prénom du notaire est Robbert (2 b) sur l’acte notarié alors qu’il se prénomme
Robert (1 b) sur le site internet, sa page Facebook, twitter et LinkedIn ;
-
Alors
que le notaire réside à Amstelveen, on constate qu’il a signé son acte à La
Haye, alors qu’il n’y était pas lui-même, comme le mentionne le point (3) de
son acte ;
-
Le
point (4) de l’acte précise que le notaire n’était pas lui-même présent à la
signature mais qu’on lui a déclaré que c’est le Président Gbagbo qui a signé le
document ;
-
Le
notaire réside à Amsterlveen, commune qui se trouve à environ 1 H 30 de route
de La Haye. Pourquoi avoir recours à un notaire qui se trouve si loin de la CPI
pour une simple légalisation de signature alors que les notaires abondent sur
place à La Haye ?
-
La
carte nationale d’identité présentée au notaire porte le numéro 96 0633000 403 ;
ce qui signifie qu’il s’agit d’une carte d’identité « verte » établie
en 1996. Sa date d’expiration devrait être 2006 (dix ans), et non le 14 juin 2000
comme mentionnée dans l’acte.
Devant
tant d’irrégularités, il m’a semblé indiqué de faire procéder à une expertise
graphologique de la signature supposée être celle du Président Gbagbo. Les
analyses, conduites par un cabinet de notoriété internationale ont conclu que
« la signature relevée sur [le document] est une imitation mal maitrisée
de la signature [du Président Gbagbo] (spécimen) ».
Sous
la réserve que des investigations plus approfondies ne viennent l’infirmer,
nous pouvons dire, au vu de tous les éléments que je viens d’évoquer, que ce
courrier prêté au président Gbagbo est un faux, spécialement fabriqué par un
réseau de faussaires pour servir la cause de ceux qui veulent accéder au
pouvoir sans passer par l’onction des militants.
J’en
suis horrifié. Je ne peux le tolérer et je combattrai avec la plus grande
fermeté tous ceux qui useront du faux pour ternir l’image du Président Gbagbo
et alourdir son dossier à la CPI.
III. NOTRE POSITION
L’épreuve
à laquelle je suis soumis depuis plusieurs mois est rude. Mais je tiens et je
ne lâcherai pas. J’irai jusqu’au bout car sont en jeu les valeurs fondamentales
pour lesquelles je me suis engagé au FPI et l’avenir de notre pays : la
vérité, la justice, la dignité, la démocratie, la réconciliation nationale, la
paix et le progrès de la nation.
Depuis
plusieurs mois, je suis victime des pires calomnies, de propos orduriers, dans
la presse, sur les réseaux sociaux ; mais je tiens, je ne lâcherai pas,
j’irai jusqu’au bout, car est en jeu notre capacité à faire prévaloir sur
l’émotion l’intelligence et le discernement de la raison.
Je
tiens, je ne lâcherai pas et j’irai jusqu’au bout, car je ne veux pas que les
militants du Front Populaire Ivoirien en particulier et la Côte d’Ivoire en
général, vivent un autre drame.
Je
tiens, je ne lâcherai pas et j’irai jusqu’au bout, car je ne veux pas
cautionner l’imposture et me soumettre au terrorisme des courants patrimonialistes
et messianiques qui sont aussi les courants de la régression au sein du parti.
Je
tiens, je ne lâcherai pas et j’irai jusqu’au bout, car le FPI a besoin de
modernité et de modernisation pour sortir de l’adolescence et vivre une vie
adulte.
Je
tiens, je ne lâcherai pas et j’irai jusqu’au bout, car le président Laurent
Gbagbo a besoin de moi pour recouvrer la liberté.
Je
salue et remercie du fond du cœur toutes celles et tous ceux qui, en Côte d’Ivoire
et à l’étranger, nous ont apporté leur soutien et leurs encouragements durant
ces pénibles mois de méchanceté.
Je
dis infiniment merci à tous ces internautes qui, sans me connaitre, ont quand
même pris parti pour me défendre sur les réseaux sociaux.
Je
n’oublie pas ma direction de campagne, les secrétaires nationaux du FPI, les secrétaires
généraux de fédération et de section, les simples militants et tous ceux qui
croient en notre combat.
Ce
combat, nous allons le gagner parce que nous devons le gagner. Il n’y a pas
d’alternative pour le FPI en dehors de nous.
C’est
pourquoi je maintiens ma candidature à ma propre succession à la présidence du
FPI. La retirer au profit du Président Laurent Gbagbo dont nous connaissons
tous la situation, serait lâche, illogique et irresponsable.
Dans
ce combat, j’ai épuisé tous les moyens de convaincre les camarades de renoncer
à instrumentaliser la candidature du Président Laurent Gbagbo à la présidence
du FPI. En conséquence j’ai décidé d’ester en justice.
Je
le fais à mon corps défendant ; je le fais parce que je n’ai pas d’autre
choix.
Je
le fais pour trois raisons :
-
Combattre
la forfaiture, dénoncer l’imposture et défendre le droit ;
-
Protéger
les intérêts vitaux du FPI et de ses militants ;
-
dénoncer
l’instrumentalisation du nom du président Laurent Gbagbo et préserver les
chances de sa libération.
Dans ce cadre,
j’ai engagé trois actions en justice :
-
Une
assignation en annulation partielle de la décision rendue par les membres du
Comité de Contrôle le 25 Novembre 2014 ;
-
La
saisine du Président du tribunal pour voir ordonner le report du Congrès en
attendant la décision qui sera rendue sur la procédure relative à la décision
du comité de contrôle ;
-
le
dépôt d’une plainte contre inconnu pour faux et usage de faux, adressée au
Procureur de la République relativement à la lettre sensée émaner du président
Laurent Gbagbo.
La
lutte continue. Nous vaincrons !
Affi N’Guessan,
président du FPI
EN
MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique,
nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas
nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en
rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou
que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne
».
Source : Le Nouveau Courrier 10 Décembre 2014
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