lundi 21 juillet 2014

La France serait-elle redevenue fréquentable pour le FPI ?

 
A bon entendeur...
Il est évident. François Hollande, le président français, ne pouvait se rendre en visite officielle en Côte d’Ivoire sans rencontrer l’opposition ivoirienne et principalement le Front populaire ivoirien (FPI), parti politique créé par l’ancien président Laurent Gbagbo, actuellement détenu à la Haye. Ce parti cornaqué aujourd’hui par Pascal Affi N’Guessan, comme il fallait s’y attendre, a fait part de ses griefs au président français contre la gestion du pouvoir par le régime du président Alassane Ouattara. 15 minutes ont été accordées au FPI sur un total de 30 pour les échanges des partis politiques de l’opposition avec François Hollande. Au sortir de cette rencontre, si l’on s’en tient aux propos de Pascal Affi N’Guessan, les principaux desiderata exposés par l’actuel président du FPI au président français ont davantage porté sur la réunion de certaines conditions relatives aux prochaines élections, notamment la présidentielle de 2015. « Le principe, c’est la participation à une élection pour un parti politique. C’est la non-participation qui est une exception. Et cette exception est toujours motivée par les circonstances. Nous sommes en train de créer les conditions pour que cette situation exceptionnelle ne se produise pas. Comment faire pour avoir une CEI qui puisse rassurer tous les acteurs, et notamment l’opposition ? », a déclaré à sa sortie Affi N’Guessan avec un ton apaisé et courtois. Un ton traduisant sans doute l’esprit qui a prévalu lors des échanges à huis clos entre François Hollande et Pascal Affi N’Guessan qui a, naturellement, évoqué d’autres sujets tels que la détention à la Cour pénale internationale (CPI) de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé, la libération des prisonniers politiques en Côte d’Ivoire, le dégel des avoirs des pro-Gbagbo, la liberté d’expression et de réunion, etc. Un ton (et à la limite un changement de langage), également, inhabituel de celui, d’ordinaire ampoulé, qui caractérise le FPI lorsqu’il s’agit de se prononcer sur les prises de positions de la France concernant la situation sociopolitique de la Côte d’Ivoire. Il faut l’avouer, le climat de la rencontre Affi-Hollande paraît à la fois surréaliste et hallucinant pour les observateurs et analystes de la vie politique ivoirienne habitués au verbe tancé du FPI à l’encontre de la France accusée par les indéfectibles de Laurent Gbagbo d’avoir renversé ce dernier du pouvoir. Un refus même du FPI de participer à la rencontre avec François Hollande, n’aurait surpris personne, encore moins ces observateurs et analystes. Que non ! Affi N’Guessan ne s’est pas seulement contenté d’exposer à François Hollande les griefs du FPI contre le régime Ouattara dans un esprit de « dispute organisée » (pour reprendre la formule du président français). « Nous avons besoin de garanties. Et pour cela, il faut que cette CEI puisse répondre aux aspirations de tous. Nous avons exprimé l’ardent désir de voir le président Hollande jouer de son influence pour garantir cela et éviter que la Côte d’Ivoire ne bascule dans une nouvelle crise électorale, à l’occasion des nouvelles élections. Ce qui obligerait la France encore une fois à s’impliquer », a aussi affirmé Affi N’Guessan avec des propos quasiment laudatifs à l’endroit de la France en qui le FPI semble fonder désormais des espoirs exprimés suite à la visite de François Hollande du 17 juillet 2014. Alors questions : la France serait-elle du coup devenue un interlocuteur crédible pour le FPI ? Que cache ce changement de ton, voire de langage du FPI qui, pas plus tard qu’en avril dernier, à sa commémoration du 11 avril 2011, accusait encore la France d’avoir déposé Gbagbo ? Pour rappel : « En 2002 la rébellion a été légitimée par la communauté internationale avec en tête la France de Sarkozy entraînant la partition du pays en deux. Cette communauté internationale n’a pas condamné le recours aux armes à des fins politiques. Les Nations Unies ne se sont pas arrêtées là. Elles se sont offert la certification des élections en Côte d’Ivoire. La suite, on la connaît. La crise en Côte d’Ivoire est donc liée en très grande partie à l’implication des Nations Unies et de la communauté internationale. L’ONU n’est plus perçue comme une organisation au-dessus de la mêlée », dixit Affi N’Guessan, le 14 avril 2014. 

Alex Aguié

Titre original : « Le FPI fait-il désormais confiance à la France ? » 


 
EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire