A bon entendeur... |
Il est évident. François Hollande, le président français, ne
pouvait se rendre en visite officielle en Côte d’Ivoire sans rencontrer
l’opposition ivoirienne et principalement le Front populaire ivoirien (FPI),
parti politique créé par l’ancien président Laurent Gbagbo, actuellement détenu
à la Haye. Ce parti cornaqué aujourd’hui par Pascal Affi N’Guessan, comme il
fallait s’y attendre, a fait part de ses griefs au président français contre la
gestion du pouvoir par le régime du président Alassane Ouattara. 15 minutes ont été accordées au
FPI sur un total de 30 pour les échanges des partis politiques de l’opposition
avec François Hollande. Au sortir de cette rencontre, si l’on s’en tient
aux propos de Pascal Affi N’Guessan, les principaux desiderata exposés par
l’actuel président du FPI au président français ont davantage porté sur la
réunion de certaines conditions relatives aux prochaines élections, notamment
la présidentielle de 2015. « Le principe, c’est la
participation à une élection pour un parti politique. C’est la non-participation
qui est une exception. Et cette exception est toujours motivée par les
circonstances. Nous sommes en train de créer les conditions pour que cette
situation exceptionnelle ne se produise pas. Comment faire pour avoir une CEI
qui puisse rassurer tous les acteurs, et notamment l’opposition ? »,
a déclaré à sa sortie Affi N’Guessan avec un ton apaisé et courtois. Un ton
traduisant sans doute l’esprit qui a prévalu lors des échanges à huis clos
entre François Hollande et Pascal Affi N’Guessan qui a, naturellement, évoqué
d’autres sujets tels que la détention à la Cour pénale internationale (CPI) de
Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé, la libération des prisonniers
politiques en Côte d’Ivoire, le dégel des avoirs des pro-Gbagbo, la liberté
d’expression et de réunion, etc. Un ton (et à la limite un changement de langage), également, inhabituel
de celui, d’ordinaire ampoulé, qui caractérise le FPI lorsqu’il s’agit de se
prononcer sur les prises de positions de la France concernant la situation
sociopolitique de la Côte d’Ivoire. Il faut l’avouer, le climat de la rencontre
Affi-Hollande paraît à la fois surréaliste et hallucinant pour les observateurs
et analystes de la vie politique ivoirienne habitués au verbe tancé du FPI à
l’encontre de la France accusée par les indéfectibles de Laurent Gbagbo d’avoir
renversé ce dernier du pouvoir. Un refus même du FPI de participer à la
rencontre avec François Hollande, n’aurait surpris personne, encore moins ces
observateurs et analystes. Que non ! Affi N’Guessan ne s’est pas
seulement contenté d’exposer à François Hollande les griefs du FPI contre le
régime Ouattara dans un esprit de « dispute organisée » (pour reprendre la formule
du président français). « Nous avons besoin de
garanties. Et pour cela, il faut que cette CEI puisse répondre aux aspirations
de tous. Nous avons exprimé l’ardent désir de voir le président Hollande jouer
de son influence pour garantir cela et éviter que la Côte d’Ivoire ne bascule
dans une nouvelle crise électorale, à l’occasion des nouvelles élections. Ce
qui obligerait la France encore une fois à s’impliquer », a aussi
affirmé Affi N’Guessan avec des propos quasiment laudatifs à l’endroit de la
France en qui le FPI semble fonder désormais des espoirs exprimés suite à la
visite de François Hollande du 17 juillet 2014. Alors questions : la France
serait-elle du coup devenue un interlocuteur crédible pour le FPI ? Que cache
ce changement de ton, voire de langage du FPI qui, pas plus tard qu’en avril
dernier, à sa commémoration du 11 avril 2011, accusait encore la France d’avoir
déposé Gbagbo ? Pour rappel : « En 2002 la rébellion a été
légitimée par la communauté internationale avec en tête la France de Sarkozy
entraînant la partition du pays en deux. Cette communauté internationale n’a
pas condamné le recours aux armes à des fins politiques. Les Nations Unies ne
se sont pas arrêtées là. Elles se sont offert la certification des élections en
Côte d’Ivoire. La suite, on la connaît. La crise en Côte d’Ivoire est donc liée
en très grande partie à l’implication des Nations Unies et de la communauté
internationale. L’ONU n’est plus perçue comme une organisation au-dessus de la
mêlée », dixit Affi N’Guessan, le 14 avril 2014.
Alex Aguié
Titre original :
« Le FPI fait-il désormais confiance à la
France ? »
EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance
diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne
éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de
la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils
soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des
enjeux de la « crise ivoirienne ».
Source : L’Intelligent d’Abidjan 20 Juillet 2014
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