mercredi 9 juillet 2014

IL Y A « ÉMERGENCE » & « ÉMERGENCE »…

« Tout ce qui brille n’est pas or »
Sagesse des nations 

 
Les bailleurs de fonds occidentaux qui prêtent aux Etats pauvres ne tarissent pas d’éloges pour la gouvernance d’Alassane Dramane Ouattara au plan formel. Les chiffres de la performance économique de leur poulain les y autorisent. Mais au plan fondamental, leurs éloges cachent mal l’échec cuisant de l’ancien DGA du FMI dans l’amélioration des conditions de vie des Ivoiriens. Voici pourquoi les Ivoiriens crient famine dans un pays qui se veut émergent d’ici 2020. 

Le concept de «pays émergent» est apparu mi-2008. C’est un autre concept développé par nos «amis» des institutions de Bretton-Wood. En voici la définition : « Les pays émergents sont des pays dont le Produit intérieur brut (Pib) par habitant est inférieur à celui des pays développés. Mais ces pays sont dits émergents parce qu’ils connaissent une croissance économique rapide et le niveau de vie ainsi que les structures économiques convergent vers ceux des pays développés ». Au regard de ces deux critères (taux de croissance rapide et niveau de vie et structures économiques tirant vers ceux des pays développés), que peut-on dire de la Côte d’Ivoire sous Ouattara ? Notre pays est-il sur la route de l’émergence ? Si oui, l’objectif 2020 sera tenu ? Honnêtement, il est bon de reconnaître qu’au plan des chiffres de la croissance économique, la côte d’ivoire est en voie d’émergence sous Alassane Ouattara. Car, la réalité est que la Côte d’Ivoire, pour ce qui concerne le premier critère, s’en sort bien : le pays « connaît une croissance économique rapide ». En effet, la croissance économique de la côte d’ivoire a été respectivement de 5,80% en 2011, 7,65% en 2012 et de 9% en 2013. Les prévisions du gouvernement situent cette croissance à 10% pour 2014. Pas celles du FMI et l’union européenne. Mais pour le second critère, qu’en est-il ? En côte d’ivoire, « le niveau de vie ainsi que les structures économiques convergent-ils vers ceux des pays développés » ?
Honnêtement aussi, il est bon de reconnaître que là, Alassane Ouattara est en voie d’échec au pied du mur ivoire. Cet échec cuisant de l’ancien DGA du FMI, désormais chef de l’Etat ivoirien, est à la base de ces nombreux grognements de plus en plus audibles que les Ivoiriens poussent avec leur humour caractéristique dans les formules suivants : « Président, on a faim ! C’est vrai, tu fais des ponts et des routes, mais nous, on ne mange pas routes et ponts !!!! ».
Honnêtement enfin, il est bon de reconnaître que ces cris sont en partie justifiés et ne sont pas uniquement le fait d’aigris impénitents, d’opposants irréductibles, noircisseurs systématiques de tableaux. Explications.
- primo, oui : il y a des aigris impénitents contre Ouattara. La prise du pouvoir par la guerre justifie leur existence. Ils ont été rendus noircisseurs systématiques de tableaux et rêveurs de match retour contre Ouattara. Suivez mon regard ;
- secundo, non. Il n’y a pas que ces aigris pour constater la dure réalité des Ivoiriens affamés alors que les chiffres de la croissance sont excellents. Parce que, en vérité les chiffres et les ratios, il faut s’en méfier. On peut leur faire dire tout et son contraire. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, lorsqu’on creuse un peu pour savoir comment cette croissance fantastique dont on se glorifie tant est obtenue, on comprend mieux pourquoi les Ivoiriens ont faim. Pour simplifier les choses pour que tout le monde les comprenne, prenons deux pays « A » et « B » dits tous deux « émergents », avec le même taux de croissance et la même population.
Dans le pays « A », la croissance est le fait d’une multinationale unique, étrangère de surcroît, qui gère tout le pays. C’est elle seule qui a les marchés des routes, des ponts, des turbines, des extensions de ports maritimes, etc. A la fin de l’année lorsqu’on fait les comptes de ce pays « A », on a un PIB fantastique. Donc le pays « A » est déclaré émergent ! Mais, problème ! la valeur ajoutée ayant été le fait uniquement de la multinationale étrangère, naturellement et conformément à l’économie libérale, les bénéfices et les biens générés sont rapatriés dans le pays d’origine des actionnaires majoritaires de la multinationale. Et comme le pays « A » n’avait jamais été autorisé à investir dans cette multinationale, alors ce sont quelques miettes qui lui restent. Par contre, l’essentiel de la valeur ajoutée est rapatriée dans le pays d’origine des actionnaires majoritaires de la multinationale étrangère. Du coup, dans les statistiques des bailleurs de fonds (FMI, union européenne, banque mondiale, club de paris ou de Londres, etc.), le pays « A » est classé  émergent. Et les habitants du pays « A » sont déclarés « émergents ». Mais ils sont émergents avec les poches vides et le ventre affamé. Pourquoi ? Mais parce qu’ils n’ont pas contribué à la création de la valeur ajoutée, et en conséquence ils ne perçoivent aucun centime pour leurs dépenses quotidiennes. Bref, au pays « A » émergent, les habitants vivent dans l’émergence mais sont affamés. On peut les qualifier d’«ÉMERGENTS et AFFAMÉS». Misère !
A l’opposé, dans le pays « B », pays véritablement souverain, les dirigeants se sont organisés. Ils ont exigé et arraché que pour les grands travaux d’infrastructure structurants, le gré à gré soit banni. De plus, ils ont posé pour obligation que 80% des marchés soient sous-traités à des pme/pmi locales qui, en général, sont techniquement outillées pour le travail. Pour ce faire les dirigeants du pays « B » ont mis en place des montages financiers de garanties qui permettent aux banques commerciales de prêter aisément, et à des taux compétitifs, aux pme/pmi nationales adjudicatrices de ces marchés de sous-traitance. Du coup, ces pme/pmi participent à plus de 80% à la réalisation des grands travaux du pays. De ce fait, elles contribuent à plus de 80% à la production de la valeur ajoutée générée par lesdits grands travaux. Les dirigeants de ces pme/pmi ainsi que leurs employés nationaux qui sont des chefs de familles sont bien payés. Ils peuvent faire face à leurs dépenses quotidiennes. Bref, au pays « B » émergent, les habitants vivent dans l’émergence avec le ventre plein. Ils ne sont pas affamés. On peut les qualifier d’«ÉMERGENTS RASSASIÉS». C’est cela la souveraineté !
De ces deux exemples de pays émergents, la Côte d’Ivoire ressemble au pays « A ». C’est-à-dire qu’avec Alassane Ouattara, le pays est sur la voie de l’émergence avec les ventres affamés. Ici, conseiller des correctifs à faire est pratiquement difficile. Car, la Côte d’Ivoire, sous Ouattara, ne semble pas outillée pour poser les conditions imposées par le pays « B » aux investisseurs. 

Alain Koudou, président de la Fondation pour la patrie et la prospérité économique.
Titre original : « La Côte d’Ivoire sombre sous Ouattara : Voici pourquoi les Ivoiriens ont faim ». 

 
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Source : Notre Voie 8 juillet 2014

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