dimanche 24 juillet 2016

Sur le long chemin de l’émergence, …la mort rôde !

Ces 15 dernières années, la Côte d’Ivoire connait une violence de plus en plus grandissante. La mort rôde dans les moindres villes, les moindres quartiers, et les autorités ne s’en soucient point. Analyse.


Qui pour éloigner les Ivoiriens de la mort qui rôde ?

Sur les réseaux sociaux une vidéo a semé l’émoi : on y voit un prétendu voleur à terre, mains nues, torturé par un policier en tenue, lynché par des abrutis déchaînés qui lui fracassent le crâne avec des briques et finalement abattu à bout portant par ce policier d’élite, alors qu’il était déjà inconscient.

Cette scène ordinaire de la vie ivoirienne se déroulait dans le quartier commerçant de Treichville devant une forêt de smartphones qui immortalisaient ce meurtre pour le plus grand plaisir sadique de tout ce troupeau agglutiné. Cependant, l’absence de ces reporters d’un nouveau genre aurait fait passer aux oubliettes ce crime que les autorités auraient taxé de rumeur infondée.

Ces nombreuses images seront naturellement publiées, ce qui obligera le policier meurtrier à rendre des comptes ; si des preuves accablantes n’avaient pas permis de diffuser cet acte odieux, la mort aurait été, comme très souvent, banalisée et sans aucun intérêt.

On devrait s’interroger sur cet amour morbide que l’on croise dans trop de circonstances :
– sur les routes, lors d’un accident grave ou dégouline l’hémoglobine, tous les voyeurs s’arrêtent, bloquent la circulation et prennent des photos, au risque de provoquer d’autres accidents
– les petits microbes (bande de jeunes voyous) tuent sans état d’âme pour voler ou piller ; en réponse, les forces de l’ordre tuent ce qu’ils prétendent être des microbes ; les habitants des quartiers concernés s’érigent en vengeurs et tuent ce qui pourrait ressembler à un vague ennemi ; on en profite, au passage, pour régler quelques comptes !!
– si un voleur est blessé lors d’une tentative, la Police reprochera à la victime de ne pas « l’avoir fini » ; si le voleur gémit de douleur, il n’est pas rare de lui faire boire un verre d’eau glacée pour en terminer plus rapidement.
– des élections approchent : on tue des jeunes enfants au titre des sacrifices … Le commerce des cœurs, cerveaux ou autres sexes, fait fureur ; les marabouts sont en embuscade pour garantir aux grands types une réussite éclatante …mais très onéreuse.

Ne parlons pas des crimes ordinaires perpétrés sur les routes par les chauffards de minibus, aussi inconscients qu’idiots qui se nomment souvent « s’en fout la mort » ! C’est par paquets de 10 ou 15 que se comptent les victimes lors de ces accidents.

La mort rôde donc naturellement dans l’espace ivoirien sans que cela n’émeuve les différentes autorités qui continuent à pérorer et à expliquer que toutes les dispositions sont prises et que le brave peuple peut dormir tranquille – en cas d’incident grave, on dira que c’est Dieu qui a voulu ou encore que c’est la faute à pas de chance !

Ainsi va la Côte d’Ivoire sur le long chemin de l'émergence !

Anonyme


EN MARAUDE DANS LE WEB
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Source : Afrique sur 7  23 juillet 2016

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