Ces 15 dernières années, la Côte d’Ivoire connait une violence de plus en plus grandissante. La mort rôde dans les moindres villes, les moindres quartiers, et les autorités ne s’en soucient point. Analyse.
Sur les réseaux
sociaux une vidéo a semé l’émoi : on y voit un prétendu voleur à terre, mains
nues, torturé par un policier en tenue, lynché par des abrutis déchaînés qui
lui fracassent le crâne avec des briques et finalement abattu à bout portant
par ce policier d’élite, alors qu’il était déjà inconscient.
Cette scène
ordinaire de la vie ivoirienne se déroulait dans le quartier commerçant de
Treichville devant une forêt de smartphones qui immortalisaient ce meurtre pour
le plus grand plaisir sadique de tout ce troupeau agglutiné. Cependant,
l’absence de ces reporters d’un nouveau genre aurait fait passer aux oubliettes
ce crime que les autorités auraient taxé de rumeur infondée.
Ces nombreuses
images seront naturellement publiées, ce qui obligera le policier meurtrier à rendre
des comptes ; si des preuves accablantes n’avaient pas permis de diffuser cet
acte odieux, la mort aurait été, comme très souvent, banalisée et sans aucun
intérêt.
On devrait s’interroger sur cet amour morbide que l’on croise dans trop
de circonstances :
– sur les routes,
lors d’un accident grave ou dégouline l’hémoglobine, tous les voyeurs
s’arrêtent, bloquent la circulation et prennent des photos, au risque de
provoquer d’autres accidents
– les petits
microbes (bande de jeunes voyous) tuent sans état d’âme pour voler ou piller ;
en réponse, les forces de l’ordre tuent ce qu’ils prétendent être des microbes
; les habitants des quartiers concernés s’érigent en vengeurs et tuent ce qui
pourrait ressembler à un vague ennemi ; on en profite, au passage, pour régler
quelques comptes !!
– si un voleur est
blessé lors d’une tentative, la Police reprochera à la victime de ne pas
« l’avoir fini » ; si le voleur gémit de douleur, il n’est pas
rare de lui faire boire un verre d’eau glacée pour en terminer plus rapidement.
– des élections
approchent : on tue des jeunes enfants au titre des sacrifices … Le commerce
des cœurs, cerveaux ou autres sexes, fait fureur ; les marabouts sont en
embuscade pour garantir aux grands types une réussite éclatante …mais très onéreuse.
Ne parlons pas des
crimes ordinaires perpétrés sur les routes par les chauffards de minibus, aussi
inconscients qu’idiots qui se nomment souvent « s’en fout la mort » ! C’est par paquets de 10 ou 15 que
se comptent les victimes lors de ces accidents.
La mort rôde donc
naturellement dans l’espace ivoirien sans que cela n’émeuve les différentes autorités
qui continuent à pérorer et à expliquer que toutes les dispositions sont prises
et que le brave peuple peut dormir tranquille – en cas d’incident grave, on
dira que c’est Dieu qui a voulu ou encore que c’est la faute à pas de chance !
Ainsi va la Côte d’Ivoire sur le long chemin de l'émergence !
Anonyme
Anonyme
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Sous cette rubrique,
nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas
nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en
rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou
que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne
».
Source : Afrique sur 7 23 juillet 2016
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