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Encore un accroc à son costume d’homme providentiel.
Après avoir usé toutes les grosses ficelles de la communication politique pour
voler la vedette à François Hollande, la veille du 14 juillet, Emmanuel Macron
a finalement redescendu une marche, en n’annonçant pas sa candidature à
l’élection présidentielle. Son premier meeting, hier soir à la Mutualité, avait
pourtant pour objectif de placer le ministre de l’Économie sur «la ligne de
départ», de dévoiler sa «vision d’homme d’État»…
Il n’aura offert qu’un médiocre spectacle de tout ce
que la communication politique peut faire de pire, summum de novlangue libérale
inspirée des travaux de l’Institut Montaigne. Car chez les «marcheurs», on ne
convainc pas un citoyen, on «pénètre un marché». On ne distribue pas de tract,
on «diffuse un produit». On n’est pas adhérent d’un parti (trop ringard !), mais un
entrepreneur qui «disrupte» ses
concurrents. Bref, on «fait de la politique autrement», c’est-à-dire
comme toutes les générations d’énarques
qui l’ont précédé, avançant masqués dans un carnaval
de renoncement au progrès au social.
Emmanuel Macron, c’est un peu Bernard Tapie, en moins
vulgaire. Quoique… Dans un entretien publié dans le Wall Street Journal, le
ministre de l’Économie n’a rien trouvé de mieux que de comparer son ancienne
activité de banquier d’affaires à de la prostitution. «On est comme une sorte
de prostituée. Le job, c’est de séduire», lâchait le champion du mépris de
classe, incarnation de la technocratie au service de la finance.
La droite, qui le considère comme l’un des siens, ne
s’y trompe pas, tout comme le grand patronat, qui n’hésitera pas à mettre la
main au portefeuille pour faire gravir les marches à son «obligé». Pour
garantir la croissance d’En marche !, le
ministre de l’Économie s’est tourné vers une agence spécialiste de la publicité
alimentaire. Macron, «une denrée périssable» ?
Maud Vergnol
source : L'HUMANITÉ
13 JUILLET 2016
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