Pouchkine |
L’histoire méconnue des relations russo-africaines
Par Mikhail Gamandiy-Egorov
Alors
que la Russie se fait plus présente en Afrique au plan diplomatique et
économique et que les relations russo-africaines retrouvent petit à petit leur
lustre d’antan, quelques rappels historiques s’imposent. Petite collection de
faits que vous aurez peu de chances de trouver dans les manuels d’histoire
occidentaux.
Si pour vous les relations russo-africaines remontent à la
Guerre froide, au soutien stratégique et bien souvent décisif de l'URSS dans la
lutte pour la libération nationale des peuples d'Afrique contre le colonialisme
et le néocolonialisme occidental, révisez vos préjugés. Elles ont en réalité
commencé bien avant.
Citons tout d'abord cette
formidable histoire du prince africain Abram Hannibal, devenu aristocrate russe
et l'un des plus proches amis et conseillers de l'Empereur Pierre Ier, dit le
Grand. Abram Hannibal qui n'est autre que l'arrière-grand-père du grand poète
russe Alexandre Pouchkine, l'un des principaux symboles de la
culture et de la civilisation russe. En Russie d'ailleurs on dit : «
Pouchkine, nashe vsio » (« Pouchkine est notre tout »). Le tout à une
époque où les clichés racistes étaient omniprésents en Occident, à tous les
niveaux, à simple titre de comparaison.
Autre histoire largement
méconnue, celle du soutien stratégique de l'Empire russe à l'Éthiopie, le seul
pays africain à n'avoir jamais été colonisé, notamment durant la Première
Guerre italo-éthiopienne (1895-1896). On le voit, l'alliance entre l'URSS et
l'Éthiopie socialiste a donc des racines profondes. En effet, l'Empereur russe
Nicolas II, par solidarité religieuse et spirituelle — les Éthiopiens
étant comme les Russes majoritairement chrétiens orthodoxes —, a accordé un
soutien sans faille et décisif afin de stopper le colonialisme italien en terre
éthiopienne.
N. Leontiev en Ethiopte |
Nikolay Leontiev (en photos ci-dessous), talentueux conseiller
militaire russe, jouera un rôle clé dans la formation des soldats éthiopiens pour
le compte de l'Empereur d'Éthiopie Menelik II et dans la victoire des forces
éthiopiennes face aux forces coloniales italiennes. Il prendra d'ailleurs part,
avec plusieurs autres volontaires russes, à la bataille décisive d'Adoua, qui
scella le sort de la guerre.
L'Éthiopie garde donc à ce jour le titre de seul pays africain
qui a toujours su résister efficacement à la pénétration coloniale occidentale.
Et malgré la distance géographique qui sépare les deux nations, la Russie n'a
jamais été vraiment loin de l'Éthiopie, que ce soit à l'époque de la Russie
tsariste ou soviétique. À la lumière de ces quelques rappels historiques, et en
se souvenant aussi des relations URSS-Afrique, il n'est pas étonnant que
l'interaction russo-africaine soit appelée à renaître et à retrouver leur
niveau d'antan, voire aller plus loin encore. Les peuples africains le
souhaitent, la Russie aussi. Aucune raison donc de ne pas passer à la prochaine
étape, et ce ne sont pas les forces radicalement opposées à ce plein retour de
la Russie sur le continent africain qui y pourront faire quoi que ce soit : le
monde n'est plus celui de 1992 !
À titre personnel, j'ai
eu la chance durant mon enfance et mon adolescence de suivre deux programmes
d'études scolaires : français et russe. Et en analysant depuis cette période et
à ce jour les différentes interprétations historiques, on arrive à se
forger sa propre opinion. Une chose est certaine : plus on étudie l'histoire et
plus on découvre le pourquoi du comment de l'actualité. Et notamment les
explications des différences d'approche de tels ou tels pays, car au fond peu
de choses changent.
Analysez
donc l'histoire et forgez-vous votre propre opinion !
Mikhail Gamandiy-Egorov
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