Entretien avec SEM. Vladimir Baykov,
ambassadeur
de Russie[*]
En
poste à Abidjan depuis deux ans, l’ambassadeur Baykov est un fin connaisseur de
la politique de son pays en Afrique et dans le monde. Dans cet entretien avec
des journalistes de « L’Infodrome », il parle non seulement des
relations ivoiro-russes mais il évoque aussi les grands événements mondiaux dans
lesquels son pays est impliqué actuellement.
Excellence Monsieur
l'ambassadeur, quel est l'état des relations diplomatiques entre la Russie
et la Côte d'Ivoire ?
SEM. Vladimir Baykov. Les relations diplomatiques sont excellentes,
l'année ernière, nous avons célébré avec faste les 50 ans de l'établissement
des relations diplomatiques avec la Côte d'Ivoire. La Russie a appuyé la
candidature de la Côte d'Ivoire comme membre non permanent du Conseil de
sécurité de l'Onu. Elle compte beaucoup sur le soutien de la Côte d'Ivoire qui
parlera au nom de tous les pays africains. L'Afrique joue un grand rôle dans
les relations internationales. La Russie attache une grande importance à la
présence de la Côte d'Ivoire au sein du Conseil. Le 27 octobre 2017, il y a eu
des concertations politiques entre les deux pays. Une importante délégation du
ministère ivoirien des Affaires étrangères s'est rendue à Moscou. Elle était
conduite par M. Alcide Djédjé, conseiller du ministre. Les deux parties ont eu
des discussions très intéressantes. L’éventuelle visite de travail de M. Marcel
Amon Tanoh devrait marquer une nouvelle étape dans les relations diplomatiques
entre la Côte d'Ivoire et la Russie. Au cours de ce même mois d'octobre, le
ministre ivoirien de la Promotion de la Jeunesse, de l'Emploi des jeunes et du
Service civique, M. Sidi Touré, a participé au XIXe Festival mondial
de la jeunesse et des étudiants. Ces dernières années, il n'y a malheureusement
pas eu des contacts au niveau politique élevé, notamment ministériel. Nous
voulons les dynamiser davantage.
Cette
absence de relations de haut niveau depuis la prise du pouvoir du président
Ouattara, signifie-t-elle que les relations étaient meilleures au temps de
l'ex-président Gbagbo ?
Je suis en Côte d’Ivoire depuis deux ans
seulement, il m'est difficile de faire de comparaison, mais le problème n'est
pas là. Votre pays a connu une grave crise et il y avait des questions urgentes
à régler. Mais, il y a tout de même des relations entre les deux pays,
notamment au niveau parlementaire. Le président de l'Assemblée nationale, M.
Guillaume Soro, s'est rendu à Saint-Pétersbourg en Russie à une réunion des
parlementaires du monde. Il a rencontré le vice-président du Parlement russe.
Je pense que nous allons reconstituer le groupe d'amitié, renforcer les
relations entre les deux organes législatifs, développer d'autres volets dans
ces relations.
Vous
avez parlé de nouveaux volets à développer. Lesquels précisément ?
J'ai déjà évoqué les relations
politiques, mais il y a aussi les relations économiques. Les choses ne sont pas
aussi simples que ça. L’État russe ne peut pas dire à tel ou tel opérateur
économique d’aller dans tel ou tel pays africain. L’initiative doit provenir de
ces opérateurs économiques eux-mêmes. Ils tiennent compte du climat politique,
s'il est favorable ou non. Je ne peux pas vous confirmer la présence
d'opérateurs économiques russes en Côte d'Ivoire. Il y en avait eu par le
passé, mais ils sont repartis. Depuis lors, d’autres ne se sont pas encore
manifestés. Mais il y a des volets à explorer, notamment dans le domaine de
l'extraction de matières premières, du pétrole, du gaz, de la transformation de
produits agro-alimentaires et autres. En 2016, le volume des échanges
commerciaux bilatéraux s’élevait à 303,3 millions de dollars, (151 milliards
650 millions de Fcfa), soit une hausse de 30 % par rapport à celui de 2015. Les
importations de la Russie se chiffraient à 235,4 millions de dollars (117
milliards 700 millions de Fcfa) et les exportations 67,9 millions de dollars
(33 milliards 950 millions de Fcfa). Le solde commercial restait déficitaire de
167,5 millions de dollars (83 milliards 750 millions de Fcfa). En 2016, la
Russie a exporté vers la Côte d'Ivoire des produits chimiques (62 % du total
des exportations), des produits agricoles et alimentaires, du bois, des
produits à base de cellulose, du papier. En 2016, la Russie a importé de la
Côte d'Ivoire principalement des produits agricoles (99,49% de toutes les
importations). Il s'agit essentiellement du cacao et des produits à base de
cacao. Selon les données du service des douanes de la Russie, de janvier à
octobre 2017, le volume des échanges commerciaux bilatéraux se chiffrait à 174
millions de dollars (87 milliards de Fcfa), soit une baisse d'environ 35 % par
rapport à celui de janvier-octobre 2016. Dans ce volume, les importations de la
Russie s'élevaient à 129 millions de dollars,(64 milliards 500 millions de
Fcfa) et les exportations à 45 millions de dollars (22 milliards 500 millions
de Fcfa). Les opérateurs économiques ivoiriens doivent aussi explorer le marché
russe, parce que la Côte d'Ivoire a beaucoup de produits à proposer à la
Russie. Nous y travaillions de toute façon. Il y a des secteurs prometteurs
comme celui de la formation. C'est le domaine où il y a eu vraiment du progrès.
En 2017, le gouvernement russe a accordé 56 bourses d’État, prises en charge
par le budget fédéral. Dans la même année, 386 jeunes Ivoiriens sont partis en
Russie pour faire des études supérieures au compte de leurs parents. Au niveau
de l'Afrique subsaharienne, dans la même année 2017, la Russie a octroyé au total
près de 1560 bourses d'études à différents pays subsahariens du continent
africain. Je dois rappeler qu'en 2014, l'Université russe de l'amitié des
peuples (Urap) de Moscou (ex-Université Patrice Lumumba, ndlr), a proposé à
l'Université Félix Houphouët-Boigny (Ufhb) de Cocody à Abidjan, la signature
d'un accord de coopération dans le domaine des sciences et de l'éducation. En
décembre 2017, l'Ufhb de Cocody a officiellement communiqué à l'Urap de Moscou
sa volonté d'envoyer une délégation pour la signature de l'accord.
Dans quelles filières ces bourses sont
accordées ?
Nous tenons compte des besoins du
gouvernement ivoirien. Mais je peux vous affirmer qu'il y a un grand engouement
des Ivoiriens pour les études en Russie. Généralement, ce sont les filières
techniques et la pharmacie qui sont concernées. Pour l'année 2017, il y a eu
105 demandes de bourses d’Etat et nous en avons accordé 56. L'année dernière,
l'Ambassade de Russie a délivré 441 visas pour les études. Un autre domaine
aussi prometteur, c'est celui de la culture. Les échanges au plan culturel sont
d'une grande importance. Nous nous félicitons d'ailleurs de l'inscription des
danses ivoiriennes au patrimoine immatériel mondial de l'Unesco. Au plan
touristique, la Côte d'Ivoire a de très beaux sites, des parcs, mais les moyens
logistiques font souvent défaut pour attirer les touristes russes.
Y a-t-il encore une coopération
militaire entre la Russie et la Côte d'Ivoire ?
En 2004, la Russie et la Côte d'Ivoire
avaient signé un accord militaire, mais du fait de l'embargo qui frappait le
pays pendant la crise, cet accord n'a pas fonctionné. Certes, on trouve
beaucoup d'armes de fabrication russe, mais la Russie n'a jamais directement
vendu d'armes à la Côte d'Ivoire. Elles provenaient d'autres marchés. C'est le
cas des hélicoptères de combat MI 24, ces fameux « crocodiles ». Au
plan militaire, la Russie ne vient pas en compétition contre les partenaires
traditionnels de qui que ce soit, mais développe aussi son partenariat. Moscou
a envoyé l'année dernière à Abidjan une importante délégation pour prendre part
à l'exposition « Bouclier d'Afrique », en vue d'envisager une
coopération militaire. Récemment, des experts russes sont venus en Côte
d'Ivoire rencontrer les autorités pour une coopération dans ce domaine. Je peux
vous assurer que nos propositions sont très concurrentielles, nos équipements
sont robustes et faciles à manipuler et il y a un service après-vente assuré.
En tant qu'ambassadeur, je fonde beaucoup d'espoir sur cette coopération technique
et militaire, pour permettre à la Côte d'Ivoire et aux autres pays africains de
faire face à cette menace terroriste.
La
Force du G5 sahel est en train d'être mise en place par certains pays avec le
soutien financier de puissances occidentales pour combattre le terrorisme. La
Russie pourrait-elle participer à cet effort ?
La Russie est déjà présente
militairement dans certains pays du G5 Sahel, comme le Mali et le Burkina Faso,
par la fourniture d'armement et par ses conseillers militaires. Mais dans le
cadre de cette opération du G5 Sahel, il n'est pas dans les habitudes de la
Russie de participer aux tours de tables financiers. En tant que membre
permanent du Conseil de sécurité des Nations-Unies, la Russie joue déjà un
grand rôle dans le maintien de la paix. Mais les troupes russes ne sont pas
présentes sur le théâtre des opérations onusiennes du maintien de la paix.
La Russie s'implique-t-elle
véritablement dans la lutte contre le réchauffement climatique ?
La Russie est bel et bien partie
prenante à l’accord de Paris sur le climat, la ''Cop 21'' ainsi que la Cop 22
de Marrakech. La Russie est un acteur très important dans cette lutte.
Excellence, la Russie est beaucoup plus
présente dans certains pays africains que la Côte d'Ivoire, c'est le cas de la
Guinée, du Nigeria de l'Angola. Qu'est-ce qui motive cela ?
C'est une histoire d'héritage politique.
Effectivement, il y a des pays où la présence russe est plus visible, pas
seulement au plan militaire, mais aussi au plan économique. Mais cette présence
est beaucoup plus le fait des opérateurs économiques que de l’État. C'est le
cas de la Guinée Conakry avec qui la Russie développe une grande coopération
dans la région depuis de longues années. Cette coopération remonte au temps du
défunt président Sékou Touré. Dans ce pays, nos opérateurs économiques ne sont
pas seulement dans l'exploitation de la bauxite, ils sont également dans le
domaine du social. La Russie y a construit un hôpital d’un coût de 5 milliards
de Fcfa pour lutter contre la maladie à virus Ebola. Concernant la lutte contre
cette maladie, la Russie a développé un vaccin qui est en phase expérimentale
et qui sera opérationnel à la fin de cette année. Dans le domaine de la
formation également, de nombreux cadres de ce pays ont été formés en Russie. Au
Nigeria, la Russie est présente dans le pétrole et le gaz à travers Gazprom.
Nous sommes également présents en Afrique du Sud.
Le soutien de la Russie au régime syrien
est très critiqué par les occidentaux. Comment expliquez-vous la position de
Moscou dans la crise syrienne ?
Avant la crise actuelle, la Syrie était
un Etat stable, sa population vivait en sécurité. Le printemps arabe est
arrivé, des pays comme la Libye et le Yémen ont été déstabilisés
jusqu'aujourd'hui. C'était pratiquement le même scénario qui était prévu pour
la Syrie. On a dit que c'est une même famille qui règne, c'est une minorité,
etc. Ce qu'on ne peut pas accepter ailleurs dans certaines démocraties, comme
si les règles démocratiques sont universelles, c'est ce qu'on veut faire en
Syrie. Aujourd'hui cette ingérence extérieure a provoqué une guerre civile,
avec Daech qui voulait créer un Etat dans l’État syrien. La Russie a dit non à
cette ingérence et a proposé le dialogue entre les différentes parties au
conflit, exception faite de l’État islamique, comme solution à cette crise. On
a vu les atrocités commises par Daech, notamment ce pilote jordanien qui a été
mis en cage et brûlé vif. La Russie a décidé d’aider l'armée syrienne à chasser
de son territoire ces terroristes, en lui fournissant une couverture aérienne.
A l'opposé de l'accord de Genève qui exige le départ de Bachar, la Russie et
ses alliés iraniens et turcs ont envisagé une autre solution. La Russie a
organisé la rencontre de Sotchi que certaines parties ont boycottée.
Aujourd’hui Daech est défait, il ne contrôle plus aucun territoire en Syrie. La
Russie a réussi à créer des zones de désescalade, de sécurité, de paix garantie
par l'Iran et la Turquie. Les convois humanitaires vont dans ces zones. La
Russie a réussi à réunir autour d'une même table, les principaux belligérants, notamment
l'opposition modérée, en présence du représentant du Secrétaire général de
l'Onu. Cette rencontre, qui a réuni 1600 participants, a permis aux
belligérants de discuter de la future Constitution de la Syrie. Les seules
parties avec lesquelles nous ne pouvons pas discuter, c'est Daech et un autre
groupuscule de l’ex-Al-Qaida. Laissons aux Syriens le choix de décider de leur
propre destin. La Russie a déjà commencé le retrait de ses troupes déployées
sur le sol syrien.
La fête de la diplomatie russe sera
organisée le 12 février prochain. Quel est le sens de cette célébration ?
C'est le 10 février 1802 que l'empereur
Alexandre 1er a signé un décret créant le ministère russe des Affaires
étrangères, bien qu'il y avaient des bureaux qui s'occupaient de la diplomatie
russe. Mais, officiellement, le ministère des Affaires étrangères a vu le jour
le 10 février 1802. C'est à l'occasion du 200e anniversaire de cette
signature que le président Poutine a institué cette fête de la diplomatie
russe. C'est la deuxième fois qu'elle sera célébrée en Côte d'Ivoire. Ce sera
aussi le moment de rendre hommage à nos diplomates morts à la tâche comme c'est
le cas de notre ambassadeur en Turquie assassiné. Il y en a aussi qui sont
décédés en poste à l'Onu et en Inde.
Y a-t-il des pays avec lesquels la
Russie n'a pas de relations diplomatiques ?
La Russie a des missions diplomatiques
dans environ 150 pays à travers le monde. En Afrique sub-saharienne, nous
sommes dans une quarantaine de pays. Dans certains pays, nous avons des
ambassadeurs non-résidents. C'est mon cas, je suis basé à Abidjan, mais je suis
également accrédité auprès du Burkina Faso où je ne réside pas. En Somalie,
c’est notre collègue de Djibouti qui s'occupe de ce pays. Avant, la Russie
était présente même dans de tous petits pays comme São Tomé et Principe. Mais
pour des raisons économiques, certaines représentations diplomatiques ont été fermées.
En 1967, la Russie et la Côte d'Ivoire ont établi des relations diplomatiques mais,
deux ans plus tard, l'ambassade a été fermée pour raison de guerre froide.
C'est seulement 17 ans plus tard, que nous sommes revenus. Depuis 30 ans, nous
sommes en Côte d'Ivoire.
La
Russie va bientôt organiser la coupe du monde et participer aux JO d'hiver de
Pyeongchang en Corée du Sud du 9 au 25 février 2018. Or de nombreux
athlètes russes ont été sanctionnés pour dopage. Quel est votre avis sur ces
sanctions ?
La Russie est victime de sa politique en
Syrie, en Ukraine et du retour de la Crimée à la Mère Patrie. C'est une
campagne orchestrée pour boycotter le Mondial que nous organisons en 2018.
Concernant les JO d'hiver de Pyeongchang, le plus scandaleux, c'est qu'il y a
des athlètes russes qui ont été sanctionnés à vie. Mais le Tribunal arbitral du
sport (Tas) les a reconnus non coupables, et les 30 athlètes ont été autorisés
à prendre part aux Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang. Mais contre toute
attente, en décembre 2017, une autre décision, celle du CIO, est venue leur en
interdire de nouveau la participation. C'est scandaleux ! C'est clair
qu'il y a une campagne orchestrée contre la Russie pour punir ses athlètes.
Mais le président Poutine est très serein. Malgré cette campagne calomnieuse,
la Russie sera présente dans toutes les disciplines avec une équipe de 170
athlètes. Cette affaire de dopage ne concerne pas que la Russie. Les JO sont
aujourd'hui politisés. Voyez-vous, les deux Corées vont constituer une seule
équipe pour le hockey sur glace féminin. Durant les jeux paralympiques d'été,
toute l'équipe russe a été interdite de participation. Concernant la coupe du
Monde, malgré quelques problèmes techniques, la Russie est prête à accueillir
ce grand événement sportif. Elle est en train de tout entreprendre pour
accueillir dans les meilleures conditions les joueurs, afin qu'ils gardent de
bons souvenirs de notre pays. Les supporters n'auront pas besoin de visa, rien
qu'avec leurs cartes de supporter, ils peuvent venir en Russie pour assister
aux différents matches.
Le
Mondial en Russie sera très médiatisé. Mais pour une compétition qui se déroule
en Russie, ce ne sont pas les médias russes qui nous informeront ici en
Afrique, mais plutôt les chaînes occidentales. Pourquoi ce paradoxe ?
La Russie dispose de capacités
techniques pour diffuser des images vers tous les pays du monde, notamment vers
les pays africains. A ma résidence, j'ai des antennes paraboliques qui me
permettent de capter les différentes chaînes russes. Il y a aussi des chaînes
russes comme Russia Today, (la Russie aujourd'hui) qui émettent en français.
Nous avons une base à Paris. Mais cette chaîne est accusée de faire de la
propagande. Les bouquets comme Canal+ ne veulent donc pas inclure les chaînes
russes dans leurs programmes, sous ce prétexte de propagande justement. Les
journalistes russes de ces chaînes ne sont parfois même pas autorisés à couvrir
des cérémonies, quand bien même ils disposent d'accréditations en bonne et due
forme. Sur Canal+, on peut regarder les chaînes japonaise, chinoise,
israélienne, arabe, anglaise, américaine et autres, mais les chaînes russes
sont indésirables. Lorsque j'étais en poste au Maroc, j’avais la possibilité de
regarder Russia Today sur leur bouquet. Cette absence des chaînes russes sur le
bouquet, est une question de volonté politique. On ne veut pas laisser le choix
aux téléspectateurs de voir ce qui se passe aussi en Russie afin de comparer.
Pourquoi
tant de méfiance des occidentaux à l'égard de la Russie. Est-ce parce qu'elle
ne pratique pas une démocratie à l'occidentale ?
Vous avez bien fait de préciser « démocratie
à l'occidentale » ! Le monde devient global, la démocratie telle que
pratiquée en Occident n'a plus une valeur universelle. Il n'y a pas de recette
universelle en matière de démocratie. Prenez le cas des mariages homosexuels,
il ne s'agit pas de valeurs universelles partagées par tous ! On ne peut pas
l'imposer à tous les pays. C'est le cas de la démocratie à l'occidentale. Dire
que la Russie n'est pas une démocratie, c'est exagéré. La Russie a un système
politique, elle a chef d’État, un parlement, un système judiciaire et autres
institutions. La Russie est signataire de nombreux accords internationaux qui
ont primauté sur les lois nationales. Elle a signé la charte universelle des
droits de l'homme, elle exécute toutes les décisions prises dans le cadre de
ces accords. La Russie est une économie de marché, elle a ses oligarques, ses
milliardaires. On peut toujours critiquer, car rien n'est parfait dans ce
monde. D'ailleurs, la Russie organisera bientôt la présidentielle. En Côte
d'Ivoire, j'ai la responsabilité de veiller à ce que tout se déroule bien, pour
que les ressortissants russes de Côte d'Ivoire puissent voter librement. Chaque
pays a ses intérêts géopolitiques. Pourquoi nous accuse-t-on d'être des
fauteurs de trouble, lorsqu'on refuse de s'aligner sur la position des autres ?
Que dites-vous des accusations
d’ingérence russe dans la campagne présidentielle américaine ?
La
meilleure réponse, c'est celle du président Trump lui-même qui a dit que tout
cela est destiné à l'empêcher de dérouler son programme. Après tout, c'est le
peuple américain qui a élu le président Trump. C'est une volonté manifeste de
ne pas reconnaître le libre choix du peuple américain.
Interview réalisée par Charles d'ALMEIDA
et Kisselminan COULIBALY
Source : http://www.linfodrome.com 12
février 2018
[*] - Vladimir
BAYKOV est né le 11 août 1952 dans la région d’Orenbourg (Russie). Diplômé
de l’Institut des relations internationales (Moscou) en 1974 et de l’Académie diplomatique
en 1988. Docteur en Sciences économiques (économie mondiale). Il
maitrise le français, l’anglais, le portugais. Vladimir BAYKOV a
effectué plusieurs fois des missions de longue durée, notamment, au Tchad
(1974-1978), en République Démocratique du Congo, ex-Zaïre (1980-1985), en
France (1988-1994, 1997-2002), au Maroc (2010-2013). Il a occupé des
postes de responsabilité au sein du ministère des Affaires étrangères. Avant sa
nomination comme ambassadeur, il exerçait les fonctions du Directeur-Adjoint
des Services informatiques du ministère. Il est titulaire du grade
diplomatique de ministre extraordinaire et plénipotentiaire
de première classe. Il est marié et père d’un fils
adulte.
(Source : https://cotedivoire.mid.ru)
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