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...En dépit des « indépendances » |
Pour ceux qui sont dans leur
bulle et qui refusent de voir le monde tel qu’il est, l’élection présidentielle
en France dont le premier tour se déroulera le 23 Avril prochain, ne concerne
pas les Africains et précisément les Africains francophones. Leur argument :
Que chacun s’occupe de ses oignons. Evidemment, ils ont tort. Non seulement le
monde est devenu un village planétaire, mais cette élection française nous
touche également et au plus haut point.
Ce qui va se dérouler le 23 Avril
puis le 7 Mai 2017 n’est pas uniquement déterminant pour l’avenir des 66
millions d’habitants de l’Hexagone mais il l’est aussi pour des millions
d’Africains dont, en première ligne, nous, les Africains issus des pays
d’expression française. Des pays qui ont une histoire avec la France et qui
conservent un cordon ombilical avec l’ex-pays colonisateur depuis plusieurs
dizaines d’années. En dépit des « indépendances ». Cette élection n’est donc
pas la scène où s’exécute seulement l’avenir des Français ; elle est aussi le
scénario d’un film qui aura un impact sur le devenir de nombreux Africains.
La France n’est-elle pas le
véritable patron de nos économies UEMOA et CEMAC ? N’est-ce pas elle qui
parraine le fameux FCFA, la monnaie aujourd’hui décriée de l’Afrique de l’Ouest
et du Centre ? La France n’a-t-elle pas des troupes stationnées dans nos pays
depuis belle lurette ? Ne mène-t-elle pas depuis quelques années une lutte
acharnée contre le terrorisme et l’obscurantisme djihadiste pour nous en
préserver ? Et puis, comme disent les Anglo-Saxons, « the last but not the
least », la France n’est-elle pas la destination favorite des immigrés, clandestins
ou légaux, d’Afrique francophone ?
Autant de questions qui prouvent
que nous avons tous en partage avec les Français l’unique question qu’ils se
posent actuellement relativement au scrutin présidentiel dans leur pays : Qui
sera le futur locataire de l’Elysée ? Ils sont onze (11) candidats à briguer la
magistrature suprême. Deux (2) femmes font face à neuf (9) hommes dans l’arène.
Il s’agit de Nathalie Arthaud, Marine Le Pen, François Asselineau, Benoît
Hamon, François Fillon, Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou, Jean Lassalle,
Jacques Cheminade, Nicolas Dupont-Aignan et Emmanuel Macron. Les différents
débats télévisés qui les ont opposés, les vidéos de leurs meetings ainsi que
les interviews radio ou télé que nous continuons de suivre les concernant, nous
ont permis de comprendre que dans la stratégie de leur campagne, l’Afrique
constitue une préoccupation résiduelle. La main sur le cœur, ces onze matadors
promettent tous d’être « Président pour les Français ».
Dans le fonds, à tous les
écouter, on croirait entendre Donald Trump, l’actuel président américain, et
son slogan populiste de campagne « America First ». Pourtant une fois à la
Maison Blanche, M.Trump n’a pas eu besoin de l’avis des Syriens pour bombarder
un aéroport en Syrie, fut-il militaire ! Donald Trump dit avoir agi par
humanisme, pour sauver les populations civiles syriennes de « l’ogre Bachar ».
Alors que les victimes civiles collatérales de ce bombardement sont aussi
effroyables que les corps d’enfants et de femmes sans vie qui ont succombé au
gaz toxique qu’aurait répandu l’armée syrienne. La Syrie n’est pas les
Etats-Unis et pourtant Trump y a agi unilatéralement. Comme quoi la réalité du
pouvoir est aux antipodes des discours de campagne.
Le successeur de François
Hollande, que ce soit Madame ou Monsieur, n’ordonnera pas le démantèlement des
bases militaires en Afrique. Le nouveau locataire de l’Elysée ne se réjouira
pas de la perte d’influence, au plan politique et économique, de la France sur
ce continent riche en matières premières et en opportunités diverses. Il ou
elle ne soumettra pas son pays à un tel hara-kiri. La Françafrique telle
qu’elle est apparue sous De Gaulle, Pompidou et Giscard d’Estaing, puis s’est
poursuivie avec Mitterrand, Chirac et Sarkozy sous des dehors bling-bling,
disparaîtra-t-elle réellement après 2017 ? Il faudra en douter.
L’élection
présidentielle française de 2017 ne changera donc rien. Seuls les Africains,
rassemblés dans des sociétés civiles de plus en plus conscientes, dont les
clameurs monteront inexorablement vers l’Elysée, pourront faire bouger les
lignes. En s’appropriant les processus démocratiques locaux et les aspirations
à la liberté, au bien-être social et au respect des droits humains.
Didier
Depry
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cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui
ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu
qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et
des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à
faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la «
crise ivoirienne ».
Source : Notre Voie 13 Avril 2017
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