mercredi 27 janvier 2016

« Parfois résister c'est rester, parfois résister c'est partir. Par fidélité à soi, à nous. Pour le dernier mot à l'éthique et au droit. »

Christiane Taubira quitte le gouvernement la tête haute
 
©Photo : AFP/KENZO TRIBOUILLARD

Christiane Taubira n'est plus ministre de la Justice. Elle a remis sa démission et sera remplacée par Jean-Jacques Urvoas, un proche de Manuel Valls. Elle a déclaré quitter le gouvernement « sur un désaccord politique majeur ».
François Hollande et Christiane Taubira « ont convenu de la nécessité de mettre fin à ses fonctions au moment où le débat sur la révision constitutionnelle s'ouvre à l'Assemblée nationale, aujourd'hui (mercredi 27 janvier) en Commission des Lois », écrit l'Elysée dans un communiqué.
Mme Taubira « aura mené avec conviction, détermination et talent la réforme de la Justice et joué un rôle majeur dans l'adoption du mariage pour tous », a salué François Hollande.
La démission de la garde des Sceaux a été actée dès samedi, avant même le départ de François Hollande pour une visite officielle en Inde, a-t-on appris mercredi auprès de l'entourage du chef de l'Etat. « Le président de la République, le Premier ministre et la garde des Sceaux en étaient arrivés samedi, avant le départ du chef de l'Etat pour l'Inde, à la conclusion commune et partagée que la cohérence devait conduire à son départ du gouvernement », a-t-on déclaré de même source.
Un désaccord politique majeur
« Parfois résister c'est rester, parfois résister c'est partir. Par fidélité à soi, à nous. Pour le dernier mot à l'éthique et au droit », a réagi Mme Taubira sur Twitter.
L'ex-députée de Guyane s'est dite « fière » de son action Place Vendôme depuis 2012. Elle a notamment fait adopter au parlement la loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe. « La Justice a gagné en solidité et en vitalité. Comme celles et ceux qui s'y dévouent chaque jour, je la rêve invaincue », écrit-elle.
Plus tard dans la journée, la ministre démissionnaire a déclaré lors d'un point presse qu'elle quittait le gouvernement « sur un désaccord politique majeur » concernant la question de la réforme de la déchéance de nationalité.
Évoquant le « péril terroriste », elle a appelé à ne « concéder aucune victoire, ni militaire, ni diplomatique, ni politique, ni symbolique ». « Je choisis d'être fidèle à moi-même, à mes engagements, mes combats et à mon rapport aux autres. Fidèle à nous, à tels que je nous comprends », a-t-elle ajouté.
Fidèle à la tradition, l'ex-ministre s'est fendue d'une citation, ici du poète martiniquais Aimé Césaire, pour qui elle voue une grande admiration.


QUELQUES RÉACTIONS à CHAUD

. Marine Le Pen, présidente du FN, dans un communiqué :
« La démission de Christiane Taubira est une bonne nouvelle pour la France, après une action publique à la tête du ministère de la Justice absolument désastreuse pour notre pays. Le laxisme inouï de sa politique pénale, notamment, a si fortement dégradé notre situation sécuritaire et affaibli l'autorité de l'Etat que cette démission apparaît aujourd'hui comme un soulagement. (...) En outre, madame Taubira incarnait un sectarisme extrêmement violent contre l'opposition démocratique patriote qui ne la rendait pas digne de servir la République. (...) Après les positions personnelles exprimées par l'ex-garde des Sceaux sur la réforme constitutionnelle portant sur la déchéance de nationalité appliquée aux terroristes, il apparaissait inconcevable le maintien à son poste de Mme Taubira dont la présence attentait gravement à la crédibilité de nos institutions politiques. Le mouvement que je préside exprime sa satisfaction et appelle à un changement profond de la politique pénale de la France pour sortir d'un laxisme d'Etat délétère, mis en œuvre aussi bien par l'UMP que par le PS, et que Mme Taubira a poussé à son plus haut degré ».

. Jean-Marie Le Pen :
« Christiane TAUBIRA, grande figure du déclin français : quel autre naufrageur fera pire qu'elle ? »

. Marion Maréchal-Le Pen, députée du Vaucluse :
« La seule justice chez #Taubira : sa démission. »

. Jean-François Copé, ex-président de l'UMP sur Twitter :
« Pour une fois où je n'avais pas demandé sa démission... » (Twitter)

. Christian Jacob, chef de file des députés Les Républicains, à l'Assemblée :
« Cela fait au moins deux ans qu'il n'y avait plus de Garde des Sceaux. (...) Cette majorité est en train d'exploser, de voler en éclats. (...) Déjà qu'il n'y avait pas de ligne politique, maintenant, non seulement il n'y a plus de ligne politique, mais il n'y a plus de majorité ».

. Hervé Mariton, député de la Drôme
« Christiane Taubira ne pouvait pas rester compte tenu de son opposition à la déchéance de nationalité. L'important, pour la suite, est de savoir si son projet d'affaiblissement de la justice pour les mineurs et plus largement de dégradation de la politique pénale seront maintenus ou remballés ».

. Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI, dans un communiqué :
« La démission de Christiane Taubira et la nomination de Jean-Jacques Urvoas à la fonction de garde des sceaux sont deux bonnes nouvelles pour la France. Au-delà de la politique pénale condamnable que conduisait madame Taubira, son opposition publique au projet de loi de révision constitutionnelle, dont elle avait par nature la charge, humiliait le gouvernement français au point que le Premier ministre était réduit à jouer son remplaçant sur les bancs du gouvernement pour le débat qui s'ouvre. Cette situation n'avait que trop duré. »

. François de Rugy :
Dommage que @ChTaubira ne poursuive pas son action au Ministère de la Justice. Nomination @JJUrvoas solide et rigoureux, très bonne chose.

. François Bayrou, président du MoDem, maire de Pau, dans une déclaration à l'AFP :
« Cette démission est la conséquence inéluctable d'un violent affrontement au sein du gouvernement. Mme Taubira affirme ainsi que la fracture est irréparable et cette fracture va se répercuter sur l'ensemble de la gauche. Tout ceci était prévisible et l'incroyable est que ce processus n'ait pas été maîtrisé et que le problème n'ait pas été traité avant. Rédiger le texte à la dernière minute avant le Conseil des ministres prouve l'état d'improvisation dans lequel toutes ces choses sont proposées. Les conséquences politiques seront bien entendu très importantes ».

. Bruno Le Roux, président du groupe PS à l'Assemblée, sur Twitter :
« Respect pour @ChTaubira avec qui j'ai travaillé en amitié et confiance. Même soutien confiant @JJUrvoas de tous les @socialistesAN. »

. Karine Berger, députée des Alpes de Haute-Provence :
« Merci chère @ChTaubira : une garde des sceaux qui a marqué du sceau de l'intelligence et des valeurs ces trois années et demi d'action ».

. Aurélie Filippetti, députée et ancienne ministre :
« Un seul mot : bravo! Hommage au talent immense, au travail et à l'engagement de@ChTaubira qui marquera l'histoire du @justice_gouv »

. La Manif Pour Tous :
« L'héritage de @ChTaubira : société divisée, enfants privés de filiation par #LoiTaubira, essor d'un nouvel esclavage #CirculaireTaubira #GPA ».

Source : Orange avec AFP



Pour notre part, au nom de vous tous, amis lecteurs et sociétaires, à cette femme droite qui, dit-on, aime la poésie, nous dédierons dans cette circonstance ces vers d'un poète de son Amérique, qui tant lui ressemblent.

If We Must Die 

If we must die – let it not be like hogs
Hunted and penned in an inglorious spot,
While round us bark the mad and hungry dogs,
Making their mock at our accursed lot.
If we must die – oh, let us nobly die,
So that our precious blood may not be shed
In vain ; then even the monsters we defy
Shall be constrained to honor us though dead !
Oh, Kinsmen !  We must meet the common foe ;
Though far outnumbered, let us show us brave,
And for their thousand blows deal one deathblow !
What though before us lies the open grave ?
Like men we’ll face the murderous, cowardly pack,
Pressed to the wall, dying, but fighting back ! 
Claude McKay (1889-1948)

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