mercredi 30 septembre 2015

Interview de Me Bénéwendé Stanislas Sankara, président de l’Union pour la Renaissance/Parti Sankariste (UNIR/PS).

Me Bénéwendé Stanislas SANKARA
« Nous étions dans une logique de riposte populaire »
Comment avez-vous vécu cette folle semaine du coup d’Etat et comment avez-vous réagi ?
Moi, je l’ai vécue comme dans un état de guerre et on s’attendait au pire. C’est des conditions extrêmement difficiles que nous avons vécues.
Etiez-vous à Ouagadougou quand les événements ont commencé ?
Oui. J’ai eu les premières informations en étant dans mon cabinet d’avocat qui est en même temps mon domicile. Au niveau de mon parti, la Direction nationale a été transformée en Direction nationale de résistance active. Et cela a fait l’objet d’une directive que nous avons envoyée à toutes nos structures dans l’ensemble des 45 provinces. C’était pour leur demander, partout où elles sont, d’agir en unité avec les partis membres du CCPPO (cadre de concertation des partis politiques de l’opposition), de la Société civile, de l’Union d’action syndicale, de toutes les forces vives, coutumières et religieuses pour mener la résistance. Nous avons mis sur pied un comité de crise.
Vous dites qu’au début de la crise vous étiez à Ouagadougou. Avez-vous quitté la capitale par la suite ?
Non, jamais.
Aviez-vous des consignes particulières de sécurité ?
Oui. Nous étions dans une logique de riposte populaire. C’est pour ça d’ailleurs qu’on a décrété la résistance active et on a transformé notre Direction nationale de campagne en Direction nationale de résistance active. Nous avons pris en main notre propre sécurité et c’était nos militants qui assuraient la sécurité du responsable que je suis, mais aussi de toute la Direction. Je peux par exemple citer la Fédération des élèves et étudiants sankaristes (FDEES), la Coordination de la jeunesse, la cellule sécurité du parti. Toutes ces structures ont été mises à profit pour organiser et assurer notre sécurité.
Face au foudre de guerre du RSP, pensez-vous qu’ils avaient réellement les moyens d’assurer cette sécurité ?
Oui, bien sûr parce que la sécurité a beaucoup d’aspects. C’est vrai que nous n’avons pas d’armes pour riposter. Mais la meilleure sécurité, c’est d’être renseigné sur la position de l’ennemi pour ne pas être sur son chemin. Vous aurez remarqué que je n’ai pas utilisé mon véhicule vert qui est très visible et s’apparente à celui des militaires. Mais je me déplaçais à Ouagadougou. J’ai souvent dit à propos du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), régiment terroriste, que l’erreur fatale, c’est de ne pas savoir qu’à la faveur de la Révolution démocratique et populaire, de 1983 à 1987, la plupart des jeunes de l’époque ont été militairement formés. Ils n’ont pas tenu compte du fait que les Burkinabè connaissent la chose militaire.
Est-ce que vous avez personnellement fait l’objet d’une chasse à l’homme ?
Vous savez, en pareille circonstance, d’abord, il faut être moralement et psychologiquement fort car en période de guerre, vous recevez à la seconde près plusieurs informations contradictoires. Et il y en a qui ne résistent pas à ça. Moi, je recevais des paquets d’informations. Moralement, on vous atteint quand on sait que vous ne résistez pas à ces informations alarmistes, contradictoires. Par contre, devant chez moi, la nuit, ça a beaucoup tiré. Mais nous étions là où nous étions de façon sereine. Ensuite, quand je sortais, il m’est arrivé de tomber sur des barrages. Quand je descends la vitre, il se trouve que ce sont des militants, ils applaudissent et m’ouvrent les barrières pour me permettre de circuler. C’est dire que la ville était quadrillée par des résistants actifs.
Est-ce que maître Sankara a été contraint de déplacer sa famille ?
Non, je n’ai pas déplacé ma famille parce que dans ma famille, il y a la Vierge Marie. Nous nous sommes mis sous l’autorité de Celle-ci.

propos recueillis par Adama Sanou & Siébou Kansié

Source : L`Observateur Paalga 29 septembre 2015

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