Ouagadougou, 30 octobre 2014 |
Ce qu’il faut dire des malheurs qui frappent le Burkina Faso est qu’à quelque chose, malheur est bon.
Malheur est bon car ces crises sont la preuve que la jeunesse du
pays, après avoir été embrigadée et terrorisée pendant près de trois décennies
par le régime Compaoré, est en train de se ressaisir pour écrire elle-même ce
que sera son destin.
Elle a accepté d’en payer le prix, à travers ces nombreuses
morts et ce sang versé de ses fils et filles.
Elle a réussi d’abord à chasser du pouvoir celui qui se croyait
l’homme aussi fort qu’indéboulonnable, Blaise Compaoré. Ce dernier a été
contraient de fuir le pays en pleine journée. Des gens ont parlé de sa sagesse.
Pouvait-il prendre le risque de tuer encore plus ?
Et pendant qu’on se dirigeait vers des élections sans avoir pris
le soin de déblayer tout le terrain, voilà que celui qui avait jusque-là
bénéficié de la magnanimité du peuple se signale par la plus irréfléchie des
manières : une prise en otage de l’exécutif.
A quelque chose malheur est bon parce que, pour la dernière
fois, il faut dessoucher toutes les racines du régime Compaoré pour laisser un
pays neuf aux Burkinabè. Car, laisser le soin au prochain président élu de
décider du sort du RSP, c’est l’abandonner à la merci de ce même RSP qui pourra
lui faire un nouveau coup d’Etat. Le peuple a été 1er gaou de laisser Gilbert Diendéré libre de ses mouvements. Il
sera 2ème gaou, donc gnata, de lui laisser encore une seule
marge de manœuvre.
Même le sorcier meurt... |
C’est en cela que ce qui arrive est bon, car il permet de régler
définitivement le sort de ceux qui peuvent encore empêcher le pays d’avancer.
C’est le Dieu du Burkina qui a poussé le général Diendéré à se découvrir.
C’est aussi un avertissement sans frais pour les futurs
dirigeants du pays: il faut compter avec la jeunesse.
Pour ce qui est de la réintégration des pro-Blaise Compaoré dans
le jeu politique, pourquoi pas ? Ils avaient pris acte de leur inéligibilité,
c’est Diendéré qui a voulu les ramener dans le jeu. Si le bras armé du CDP, le
RSP, est cantonné et désarmé, il n’y a rien à craindre : ces candidats seront
battus à plate couture sur le terrain politique, après avoir montré aux yeux
des électeurs ce qu’ils sont réellement.
Mais ce qui ne peut même pas être négociable, c’est la question
de l’amnistie. Diendéré était surveillé comme du lait sur le feu, il a commis
la bêtise de se faire prendre. Il devra donc répondre des torts qu’on lui
reproche, vrais ou faux.
Toute chose a une fin. Même le sorcier meurt.
Source : Les
Echos du Faso
24 septembre 2015
L'esprit de cet petit billet rejoint dans une certaine mesure l'article que je viens de publier sur le Burkina : "Le Burkina Faso entre révolution et coup d'état". La logique de l'affrontement entre l'armée prétorienne et le peuple est certaine. Heureusement pour le Burkina, il existe encore une armée nationale pour prendre la défense du peuple.
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