dimanche 27 septembre 2015

Burkina Faso. À quelque chose malheur est bon

Ouagadougou, 30 octobre 2014

Ce qu’il faut dire des malheurs qui frappent le Burkina Faso est qu’à quelque chose, malheur est bon.

Malheur est bon car ces crises sont la preuve que la jeunesse du pays, après avoir été embrigadée et terrorisée pendant près de trois décennies par le régime Compaoré, est en train de se ressaisir pour écrire elle-même ce que sera son destin.
Elle a accepté d’en payer le prix, à travers ces nombreuses morts et ce sang versé de ses fils et filles.
Elle a réussi d’abord à chasser du pouvoir celui qui se croyait l’homme aussi fort qu’indéboulonnable, Blaise Compaoré. Ce dernier a été contraient de fuir le pays en pleine journée. Des gens ont parlé de sa sagesse. Pouvait-il prendre le risque de tuer encore plus ?
Et pendant qu’on se dirigeait vers des élections sans avoir pris le soin de déblayer tout le terrain, voilà que celui qui avait jusque-là bénéficié de la magnanimité du peuple se signale par la plus irréfléchie des manières : une prise en otage de l’exécutif.
A quelque chose malheur est bon parce que, pour la dernière fois, il faut dessoucher toutes les racines du régime Compaoré pour laisser un pays neuf aux Burkinabè. Car, laisser le soin au prochain président élu de décider du sort du RSP, c’est l’abandonner à la merci de ce même RSP qui pourra lui faire un nouveau coup d’Etat. Le peuple a été 1er gaou de laisser Gilbert Diendéré libre de ses mouvements. Il sera 2ème gaou, donc gnata, de lui laisser encore une seule marge de manœuvre.
Même le sorcier meurt...
C’est en cela que ce qui arrive est bon, car il permet de régler définitivement le sort de ceux qui peuvent encore empêcher le pays d’avancer. C’est le Dieu du Burkina qui a poussé le général Diendéré à se découvrir.
C’est aussi un avertissement sans frais pour les futurs dirigeants du pays: il faut compter avec la jeunesse.
Pour ce qui est de la réintégration des pro-Blaise Compaoré dans le jeu politique, pourquoi pas ? Ils avaient pris acte de leur inéligibilité, c’est Diendéré qui a voulu les ramener dans le jeu. Si le bras armé du CDP, le RSP, est cantonné et désarmé, il n’y a rien à craindre : ces candidats seront battus à plate couture sur le terrain politique, après avoir montré aux yeux des électeurs ce qu’ils sont réellement.
Mais ce qui ne peut même pas être négociable, c’est la question de l’amnistie. Diendéré était surveillé comme du lait sur le feu, il a commis la bêtise de se faire prendre. Il devra donc répondre des torts qu’on lui reproche, vrais ou faux.
Toute chose a une fin. Même le sorcier meurt.


Source : Les Echos du Faso 24 septembre 2015

1 commentaire:

  1. L'esprit de cet petit billet rejoint dans une certaine mesure l'article que je viens de publier sur le Burkina : "Le Burkina Faso entre révolution et coup d'état". La logique de l'affrontement entre l'armée prétorienne et le peuple est certaine. Heureusement pour le Burkina, il existe encore une armée nationale pour prendre la défense du peuple.

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