Chérif Sy, le président du Conseil national de transition (CNT), a pris un décret ce mardi 22 septembre 2015 de dissolution du Régiment de sécurité présidentiel (RSP). Le texte indique que les officiers, les sous-officiers et les soldats du RSP sont mis à la disposition du chef d'état-major général des armées.
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Chérif Moumina Sy, un des personnages clé de la transition au Burkina Faso après la chute de Blaise Compaoré, ne s’est pas laissé impressionner par le coup d’Etat du 17 septembre. A peine le président par intérim Michel Kafando et le premier ministre Isaac Zida ont-ils été séquestrés par des troupes d’élites à Ouagadougou que Chérif Sy, ancien journaliste, s’est déclaré chef d’Etat par intérim en appelant à la résistance face aux putschistes.
Agé de 55 ans, ce
fils d’un général de corps d’armée a participé activement à la révolution
d’août 1983 qui allait porter Thomas Sankara au pouvoir. Après l’assassinat de
ce dernier, en 1987, il n’a cessé de lutter contre le régime de Blaise
Compaoré. Au lendemain de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014,
qui met en fuite le président Compaoré, Chérif Sy est porté à la tête du
Conseil national de transition (CNT), où il s’illustre alors par un certain
nombre de propositions. Ancien ami du journaliste Norbert Zongo, assassiné sous
le régime Compaoré, Chérif Sy est à l’initiative de la loi sur le droit d’accès
à l’information, et avait l’ambition d’abolir la peine de mort.
Mais la plus célèbre
et aussi la plus controversée des lois votées par l’Assemblée qu’il a dirigée,
reste la modification du code électoral. Le nouveau texte a été appliqué par le
Conseil constitutionnel pour rejeter les candidatures aux élections
législatives et présidentielle des anciens dignitaires du régime Compaoré. « [Il fallait] déstructurer le régime qui a été
construit. Le déstructurer intellectuellement, institutionnellement, pour poser
les fondements d’une nouvelle société », a-t-il déclaré dans une
interview accordée au quotidien L’Observateur Paalga.
Parmi les raisons
avancées pour justifier son putsch, le général Gilbert Diendéré a surtout cité
l’adoption de cette loi sur le code électoral, la « loi Chérif », qui entachait
selon lui les élections initialement prévues le 11 octobre 2015. Chérif Sy,
lui, dès l’annonce du coup d’Etat, a multiplié les appels à la résistance face
aux putschistes. Connu pour sa fermeté et son ton guerrier, il n’a pas eu de
mots assez durs pour le projet d’accord proposé le président sénégalais Maky
Sall et le président béninois Yayi Boni, qui visait justement à autoriser les
anciens partisans de Blaise Compaoré à concourir aux élections et à offrir une
amnistie aux auteurs du putsch.
« Nous ne saurions cautionner un compromis indécent qui encourage
l’impunité », s’est insurgé le président du Conseil national
de transition. Une voix qui a porté et à laquelle se sont ralliés plusieurs
partis politiques.
L’activisme de Chérif
Sy trouve une explication dans son passé. Ce journaliste, fondateur de
l’hebdomadaire Bendré,
est un ami de la famille Sankara. «
C’est un activiste, confie un acteur de la société civile
burkinabè. Cela ne date
pas de la transition. Il a payé cher son engagement politique après la
rectification [en 1987, lorsque Thomas Sankara fut assassiné]. On ne peut pas attendre de Chérif
Sy qu’il s’asseye et qu’il s’accommode de la situation. »
Ancien responsable
CDR (Comité de défense de la révolution) à Paris, Chérif Sy a échappé au
massacre de Koudougou où il avait rejoint la résistance organisée dans cette
ville au lendemain de l’assassinat de Thomas Sankara. Son ami d’enfance, Paul
Sankara, le frère de Thomas, le qualifie de «
sankariste dans l’âme et dans l’action », de « résistant de longue date ».
Lundi 21 septembre,
le président par intérim Michel Kafando, libéré dans la journée suite à
l’avancée des troupes régulières vers la capitale et réfugié à la résidence de
l’ambassadeur de France, a abondé dans le sens de Chérif Sy en se disant, sur
RFI, « très réservé sur
ce projet d’accord » (celui proposé par les « médiateurs »)
qui laisse sans solution des «
problèmes de fond ».
(…)
Par Justin Yarga
Source : Le Monde
22 septembre 2015
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