mardi 21 juillet 2015

Quand Venance Konan appelait Compaoré à annexer la Côte d’Ivoire !

 

 

L’Anschluss auquel nous avons échappé

grâce aux sacrifices de nos frères Burkinabè 

les 29, 30 et 31 octobre 2014.

 


« Tracer les sillons de l’avenir ». 

Quand l’histoire parle, les sages écoutent et les peuples sains d’esprit agissent ! Nous avons cheminé, depuis si longtemps, ensemble. Nous avons parcouru ensemble les forêts et savanes, vogué sur des fleuves impétueux et des rivières calmes, franchi des montagnes rugueuses, marché dans des vallées aux vertes herbes. Nous avons ri et pleuré ensemble. Nous nous sommes battus, détestés, aimés, boudés, mais nous nous sommes toujours retrouvés.
Nous voici donc, à nouveau, réunis, nous tenant par la main, dans la confiance retrouvée, regardant l’horizon dégagé, à la recherche de nouveaux sillons à creuser. Nous avons cheminé ensemble depuis si longtemps ! Oui, nous avons cheminé ensemble, depuis si longtemps. Laissez-nous vous donner quelques repères. En 1735, le prince Famaghan, frère de l’empereur Sékou Ouattara qui régnait à Kong, s’en alla créer son royaume baptisé Gouïriko dont la capitale n’était autre que Bobo-Dioulasso. Gouïriko s’étendit, pendant quelque temps, jusqu’à Tombouctou et Djenné. Gouïriko et Kong étaient deux royaumes frères, dirigés par deux frères.
Puis, le colon français vint. Après nous avoir défaits, il composa son empire à lui en nous divisant, en nous réunissant, à nouveau, puis, en nous séparant, encore une fois, au gré de ses intérêts. Souviens-toi encore. C’est auprès du Mogho Naba de Ouagadougou, au pays des hommes intègres et après avoir parcouru l’ancien royaume du Mogho d’est en ouest et du sud au nord, qu’Houphouët-Boigny, le natif de Yamoussoukro, chef de son canton, alla solliciter et obtint les voix qui lui ouvrirent les portes du Palais-Bourbon. Et lorsqu’il décida d’envoyer étudier en France les jeunes pousses qui devaient, plus tard, conduire les destinées des nations en gestation, il ne fit aucune distinction entre les fils du sud ou du nord de la Léraba.
Oui, ceux du nord de ce fleuve qui avaient, eux aussi, abondamment versé leurs sang et sueur au sud, sur les rails, dans les plantations ! C’est à Ouagadougou qu’Alassane, natif de Dimbokro, descendant des empereurs de Kong et Gouïriko, fit une partie de ses études. C’est Ouagadougou toujours qui accueillit Laurent [Gbagbo] qui fuyait la colère d’Houphouët-Boigny, ainsi que les milliers d’élèves du sud qui fuyaient, eux, un baccalauréat que l’on disait probatoire. Et c’est encore à Ouagadougou que les exilés, rejetés par les secousses politiques du sud, trouvèrent refuge.
Et nous voici à nouveau réunis, nous tenant fortement par la main, cherchant à tracer, de Bongouanou à Falagountou, de Takikro à Kokologho, de Gagnoa à Fada-Gourma, de Sassandra à Banfora, les sillons de l’avenir pour nos enfants nos petits-enfants et leurs propres arrière-petits-enfants.
Avons-nous d’autre choix intelligent à faire que de nous tenir fortement par la main en nous faisant la promesse sincère de ne plus nous lâcher ? Non, nous n’avons pas d’autre choix. Notre histoire nous le dicte et l’avenir s’offre à nous, avec toutes ses promesses et ses défis. Au moment où les grands pays s’unissent pour devenir encore plus grands, où les puissants se mettent ensemble pour devenir plus puissants, avons-nous le droit, nous, les petits et faibles, de nous penser autrement qu’en termes d’union ? Depuis l’indépendance, nous n’avons que les mots intégration et panafricanisme à la bouche. Peut-il y avoir meilleur exemple d’intégration que celle que l’histoire a imposée à la Côte d’Ivoire et au Burkina Faso et que l’avenir leur commande ?
Alassane Ouattara ! Blaise Compaoré ! L’histoire et le futur vous interpellent. Vos peuples vous demandent de tracer ensemble les sillons de leur avenir commun. 

Ibrahiman Sakandé[1] et Venance Konan 

 
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Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».
 

Source : Fraternité Matin 28 juillet 2013


[1] - I. Sakandé était alors le directeur de la communication de la présidence du Faso après avoir été le Directeur général des Éditions Sidwaya. 

1 commentaire:

  1. Merci de tout cœur pour ce texte dont j'ignorais l'existence. C'est un texte à introduire dans le registre de tous ceux qui témoignent du crime préparé contre la Côte d'Ivoire.

    Je me pose une question : à qui s'adressaient les auteurs de ce texte ? A Ouattara ou à un peuple imaginaire ? Je ne crois pas que le peuple ivoirien était prêt à entendre ce discours. Je ne crois pas que les populations ivoiriennes étaient prêtes à adhérer au contenu de ce discours qui semble venir d'un monde qui leur est totalement inconnu. Des visionnaires qui sont en marge de l'idéal du peuple sont tout simplement des fous. C'est dans le plus profond des entrailles du peuple qu'il faut aller chercher son idéal et le tenir contre l'étranger et ceux qui professent des idées contraires à sa vie quotidienne et à ses rêves.

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