Le nouveau président du Faso et son Premier ministre "Voyons voir si au moins il sait marcher au pas !" |
Les 30 et 31 octobre 2014, le Burkina Faso a connu
une insurrection populaire contre la velléité de « monarchisation » du pouvoir.
La jeunesse du Pays des hommes intègres s'est fortement inspirée de
l'expérience révolutionnaire vécue avec le capitaine Thomas Sankara pour
remettre en cause un système néocolonial bâti autour d'un tyran. Seule une
lecture combinée des enjeux de la politique africaine de la France et de
l'éveil des consciences des peuples africains permet d'envisager l'avenir de la
Françafrique. Il convient de rappeler que les origines de la Françafrique
remontent au régime du général de Gaulle confronté à une opinion publique
favorable à la décolonisation. La France souhaitait le maintien de l'empire
colonial français pour trois raisons : économique, politique et une dernière
inavouable : piller et détourner des ressources africaines pour financer les
hommes et les partis politiques français. Depuis l'assassinat de Thomas
Sankara, les régimes se sont succédé dans l'Hexagone, mais rien n'a changé dans
sa politique africaine. Le dénominateur commun reste et demeure la protection
des intérêts de la France. Tout comme ses prédécesseurs, François Hollande n'a
pas manqué à la promesse de « rompre »
avec la « Françafrique ».
Existe-t-il une politique africaine « de gauche » ? La réalité est que la
politique africaine de François Hollande ne diffère en rien de celle de Nicolas
Sarkozy.
En
tout état de cause, François Hollande semble avoir été rattrapé par le fantôme
de la Françafrique. Le Tchadien Idriss Deby en s'engageant au Mali aux côtés
des troupes françaises, le Camerounais Paul Biya en œuvrant à la libération de
la famille française Moulin-Fournier qui avait été prise en otage, le Congolais
Denis Sassou-Nguesso et le Burkinabé Blaise Compaoré en jouant les médiateurs
respectivement en Côte d'Ivoire, en Centrafrique et au Mali, tous en ont tiré
une nouvelle légitimité internationale qui les a renforcés et fait de Biaise
Compaoré la pièce maîtresse du système.
La France est intervenue pour
protéger son valet local. II aura fallu compter sur le courage et l'abnégation
du peuple pour chasser le président du pouvoir. C'est au nom de ses intérêts
que la France a exfiltré Biaise Compaoré vers la Côte d'Ivoire plutôt que de le
laisser répondre de ses nombreux crimes économiques et de sang. On s'imagine
bien que la France ne peut pas soutenir un procès contre Biaise Compaoré dans
le cadre de l'assassinat du capitaine Thomas Sankara vu le rôle qu'elle y a
joué, ou pour son implication dans la crise ivoirienne, ses trafics d'armes et
de diamant au Liberia et en Sierra Leone... Ce n'est d'ailleurs pas un fait du
hasard que le numéro deux de la garde présidentielle soit celui qui s'est
accaparé le pouvoir, quand on sait que toutes les interventions militaires
menées en Côte d'Ivoire et dans la sous-région ont été conduites par le régiment
de la sécurité présidentielle et donc sous la supervision du lieutenant-colonel
Zida. Bref ! Blaise est parti, mais l'Afrique n'est pas encore libérée, le
Burkina non plus. D'autres valets locaux de l'impérialisme seront mis en
branle. Au plan interne, des néolibéraux acquis à la solde de l'impérialisme
seront soutenus. Mais il faut tout de même se nourrir d'espoir : que
l'insurrection populaire du Burkina Faso soit le début du « printemps noir »,
afin de débarrasser les États africains des valets locaux de l'impérialisme.
C'est à ce prix seulement que les États africains se débarrasseront de la
Françafrique. Aucun président français ne mettra fin à ce système mafieux qui
sert les intérêts de son pays, c'est aux peuples africains de s'affranchir
eux-mêmes en comptant sur leurs propres forces.
Ambroise Farama, avocat, SN de l'Union pour la Renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS) chargé de la Communication.
Source : L'Humanité
18 novembre 2014
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