CONFRONTATION
Sans
vouloir nous mêler des affaires internes du FPI, nous avons jugé à
propos d'offrir à nos lecteurs que cela intéresse -- nous savons
qu'ils sont nombreux -- un biais original pour se faire une idée
approchée des véritables enjeux de cette nouvelle crise dans
l'interminable crise du politique que connaît notre malheureuse
patrie depuis bientôt un quart de siècle.
Ce
biais consistera dans la confrontation des deux textes ci-dessous,
qui peuvent être considérés comme les condensés des vues des deux
principaux courants qui s'affrontent actuellement dans le FPI, l'un
qui soutient la ligne prônée par Pascal Affi N'Guessan (voir sa
réplique décomplexée au récent communiqué de Justin Katinan Koné
en sa qualité de porte-parole du Président Gbagbo), l'autre qui
conteste cette ligne considérée à tort ou à raison comme
capitularde.
Lisez ! Et que chacun se fasse son opinion.
La
Rédaction
***
Ligne
politique : Le FPI ignore les enseignements de Gbagbo
Ce
samedi 30 août 2014, les militants du FPI, membres du Comité
central, se sont encore séparés sur leur profond désaccord sur la
ligne politique du parti. Depuis la chute brutale du régime, le 11
avril 2011, et le transfèrement, le 30 novembre de la même année,
de Laurent Gbagbo à la prison de Scheveningen, à La Haye, le FPI
est en crise sévère : certains, rigides et partisans du boycott de
toute activité étatique, sont pour la pression permanente sur le
pouvoir afin de le faire plier quand d’autres, adeptes du
pragmatisme, militent pour une flexibilité dans la stratégie
doctrinale afin de se frayer des issues de secours.
Loin
des passions aveuglantes et des émotions paralysantes, le FPI
devrait évaluer le chemin parcouru depuis trois ans. Loin du
tohu-bohu et des improductives et contre-productives querelles de
clocher. Pour élaborer, en toute discrétion, des stratégies et
réfléchir à ses problèmes en se servant de sortes de laboratoire
d’idées appelées think tank.
Au
moment de ses adieux à la Côte d’Ivoire après sa certification
problématique du second tour de la présidentielle du 28 novembre
2010, Young-jin Choi, représentant spécial du secrétaire général
de l’ONU en Côte d’Ivoire, décrétait la mort du FPI. «Je ne
crois pas que le FPI ait toujours sa place sur la scène politique
ivoirienne. Le FPI sans M. Gbagbo, le FPI qui a appuyé l’utilisation
de la force militaire contre les populations civiles, je ne cois pas
que ce FPI-là ait encore un avenir», déclarait-il, le 30 août
2011, sur RFI.
L’exemple
sud-africain
Le
nouveau pouvoir a manœuvré souterrainement dans ce sens. Une
campagne activement menée a été conduite par Kouassi Alomo Paulin,
ancien député PDCI-RDA de Bouaflé, et Félicien Sékongo alias
Zagadou Paulin, ancien porte-parole adjoint des ex-Forces nouvelles
(rébellion armée) et conseiller de Soro Kigbafori Guillaume, pour
obtenir «l’éradication» de ce «parti terroriste»; des
groupements politiques ont été suscités, comme la Ligue des
mouvements pour le progrès (LMP pour créer la confusion avec
l’ex-LMP qui a soutenu la candidature de Gbagbo à la
présidentielle) et récemment un parti politique a vu le jour, le
Front populaire-Unis ou FP-U (différent du Front populaire ivoirien
ou FPI), pour le mettre sous l’éteignoir. Mais le FPI, comme le
phœnix, s’est relevé de ses cendres pour redevenir un acteur
majeur de l’échiquier politique ivoirien.
Ayant
réussi, grâce à la mobilisation de ses militants, à redresser la
tête à la grande déception de ses adversaires, l’ex-parti au
pouvoir a choisi la palabre sur la place publique, se contentant de
demi-vérités, sans se poser des questions simples à même de lui
permettre de réajuster le tir et rebondir. Ainsi, il arrive à des
militants, y compris des cadres du parti, de revendiquer l’exemple
de la libération de Nelson Mandela en Afrique du sud pour accréditer
la thèse de l’épreuve de force avec le pouvoir d’Alassane
Dramane Ouattara.
Premièrement,
ils oublient l’environnement international qui prévalait: il y
avait la guerre froide avec le soutien du bloc soviétique et des
mouvements de décolonisation qui permettaient, au Congrès national
africain (ou ANC en anglais), de s’appuyer sur les pays africains
nouvellement indépendants. Cet environnement, depuis la chute du mur
de Berlin, a considérablement changé au point que, pour prendre un
exemple bien ivoirien, les cinq membres du Conseil de sécurité de
l’ONU ont voté, le 30 mars 2011 à l’unanimité, la résolution
1975. Celle-ci, parce qu’elle exigeait le départ immédiat de
Laurent Gbagbo au profit d’Alassane Dramane Ouattara, a permis à
l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et à la
force militaire française Licorne de le bombarder dans la résidence
officielle des chefs d’Etat africains.
Et
c’est au regard de cette évolution politique que Nelson Mandela,
obligé, au nom de la realpolitik, d’abandonner la lutte armée et
de négocier sa sortie, a été libéré, après 27 ans de cachot en
Afrique du Sud, en février 1990. Il n’est pas sûr et, à mon
sens, il est même vain de croire que le seul slogan «No Gbagbo, no
peace, no Gbagbo, no élection» et la surenchère de la politique de
la chaise vide à tous les prix, suffiront à ouvrir la porte de la
prison à l’ex-président ivoirien.
Le
FPI doit payer une rançon
Tout
le monde sait, et c’est une lapalissade, que Gbagbo est un otage de
la communauté dite internationale qui le détient. Celle-ci, se
servant de la CPI pour lui refuser, par exemple à six reprises, la
liberté provisoire, a déjà donné ses raisons: l’existence d’un
«réseau bien organisé» soutenu par le FPI à même de mener des
actions de déstabilisation du régime Ouattara qu’elle adoube,
avec en filigrane la renonciation, par Gbagbo, à toute activité
politique. Le parti, par sa surdité et sa cécité, oublie que,
comme dans le cas des groupes islamistes, il doit payer une rançon
pour obtenir la libération de son leader: la révision de sa
stratégie politique et de ses méthodes.
Deuxièmement,
personne ne veut s’interroger sur le changement de statut de Nelson
Mandela. De terroriste parce que, hier, patron du bras armé de
l’ANC, Madiba est devenu une icône mondiale qui a déplacé 53
chefs d’Etat ou de gouvernement, dont tous les grands de ce monde,
à ses obsèques, le 15 décembre 2013. Et personne ne cherche à
comprendre pourquoi alors l’autre combattant de la liberté en
Afrique australe, Robert Mugabe, est voué aux gémonies et dans le
collimateur de la communauté dite internationale.
A
la différence du «héros» zimbabwéen, Mandela a accordé
plusieurs importantes concessions aux Occidentaux qui défendent les
Afrikaners, ces Sud-africains blancs d’origine néerlandaise,
française, allemande ou scandinave. Il a choisi de fermer les yeux
sur les retombées de l’apartheid; il renvoyé à la saint-glinglin
la question ultra-sensible de la redistribution des terres dont la
majorité noire a été dépossédée, il y a près de 100 ans. Et
jusqu’à ce jour, la réforme agraire demeure un sujet tabou qui a
valu l’exclusion de l’ANC de Julius Malema, président de la
Ligue de jeunesse du parti, le 29 février 2012.
Et,
last but not least, de 1866 jusqu’à 2014, y compris donc depuis la
prise de pouvoir par les Noirs en 1994, c’est un Blanc qui était
le grand argentier de l’Etat sud-africain. C’est seulement le 26
mai 2014, moins de quatre semaines après la réélection de Jacob
Zuma pour un second mandat, qu’un Noir, Nhlanhla Nene, est devenu,
pour la première fois de l’histoire du pays, ministre des Finances
de l’Afrique du sud.
Gbagbo
prêche dans le désert.
La
politique, on ne le répètera jamais assez à tous les protagonistes
de la crise stérile au FPI, est la saine appréciation des réalités
du moment. Elle n’est ni linéaire, ni statique au point que
Laurent Gbagbo, pour répondre aux accusations de coalition avec le
RDR dans le cadre du Front républicain, en 1995, affirmait qu’il
n’y a pas «d’union politique contre-nature, il y a des unions»
et que, l’ex-président ivoirien Henri Konan Bédié, pour répondre
aux détracteurs de son rapprochement avec Ouattara, adversaire
politique juré d’hier, n’a eu que cette formule lumineuse: «La
politique, c’est l’art de l’impossible».
«Je
souhaite qu’on arrête les armes et qu’on rentre dans la partie
civile de la crise, et qu’on conclue rapidement pour que le pays
reprenne», disait donc, à l’attention de ses partisans et du
nouveau pouvoir, Gbagbo à son arrestation, le 11 avril 2011, pour
paraphraser sa célèbre formule : «Asseyons-nous et discutons». Il
a prêché dans le désert. Rejetant, lui, toute idée de
confrontation militaire, il prenait ainsi bien en compte les rapports
de force en présence: un ex-parti au pouvoir en lambeaux et
condamné, après la déroute militaire, à une sorte de
clandestinité d’un côté, une coalition internationale (ONU et
France) qui soutenait massivement les nouveaux tenants du pouvoir de
l’autre. Et privilégiait le dialogue politique, l’arme des
forts, selon Félix Houphouët-Boigny.
C’est
pourquoi dans ses plaidoiries, Me Altit, conscient de la dimension
politique du dossier Gbagbo, ne cesse de défendre l’image du parti
fondé par le plus célèbre prisonnier de La Haye, pour espérer
inverser la tendance et les préjugés défavorables. Formation
politique fondée par ce candidat à sa propre succession que
l’opinion internationale a toujours appelé le mauvais perdant du
scrutin présidentiel du 28 novembre 2010 ayant abouti à une grave
crise post-électorale, le FPI est présenté comme un parti violent
qui rêve de reprendre le pouvoir à Alassane Dramane Ouattara par
tous les moyens, en s’appuyant sur des «réseaux bien organisés»
à l’intérieur comme à l’extérieur.
Troisièmement,
Laurent Gbagbo a été arrêté, pas comme président du FPI (il ne
l’était plus après son élection et sa prestation de serment le
26 octobre 2000), mais en tant que président de la république de
Côte d’Ivoire. Et pour affronter les électeurs ivoiriens en 2010,
il avait créé La majorité présidentielle (ex-LMP composée de
plusieurs partis politiques, de syndicats et d’Ong), parce qu’il
se déclarait le «candidat 100% pour la Côte d’Ivoire»,
recueillant, selon la CEI de Youssouf Bakayoko, 45,90% au second tour
de la présidentielle. Et donc l’ex-parti au pouvoir, au lieu de
prendre en otage la question, aurait dû faire de la libération de
l’ex-président déchu un sujet d’intérêt national et même
international, en associant tous ces Ivoiriens et autres Africains
qui se reconnaissent en Gbagbo sans être membre de son parti.
Les
portes fermées de la diplomatie
Le
président Pascal Affi N’Guessan, sous la pression des
jusqu’au-boutistes, s’est donc fourvoyé en confiant, dans la
précipitation, la question de sa libération à un homme du sérail.
Et puis, que peut faire Mme Amon Ago Marthe, 12ème vice-présidente
du FPI chargée de la Coordination des actions pour la libération de
Laurent Gbagbo, en dehors des interviewes dans les journaux bleus,
c’est-à-dire proches du pouvoir déchu, de colloques auxquels
n’assisteraient que des leaders «gbagbotiquement» marqués et des
conférences de presse? Presque rien.
Tout
le monde oublie que le FPI reste exclu de l’Internationale
socialiste et donc infréquentable, selon les bons mots de François
Hollande. Orphelin, ce parti se trouve isolé sur la scène
internationale et ne dispose, pour ainsi dire, d’aucun relais ni
d’appui extérieur ni de tribune pour faire entendre sa voie.
En
outre, autant aucun président africain en exercice, en dehors de
José Eduardo dos Santos d’Angola et, à un niveau moindre, de
Teodoro Obiang Nguema Mbasogo de Guinée-Equatoriale, n’a
ouvertement soutenu Gbagbo durant la crise post-électorale de 2011,
autant, tant que les choses restent en l’état avec un FPI braqué
contre le pouvoir Ouattara, discréditant indirectement Gbagbo que
l’on présente comme un homme de dialogue et de compromis, les
portes de la diplomatie internationale risquent de rester closes au
nez de Mme Ago Marthe. Car, aucune autorité ne voudrait s’attirer
les foudres des décideurs du monde et la condamnation de la
nébuleuse internationale. Or, et on l’oublie au FPI, la porte de
la prison s’ouvre de l’extérieur.
C’est
pourquoi, pour mettre fin au désordre politique qui ronge le FPI et
selon un communiqué du Comité central en date du 14 août 2014,
Abou Drahamane Sangaré, 1er vice-président chargé de la stratégie
et de la politique, a soutenu que la «crise a malheureusement donné
une image peu honorable du FPI dans la conscience collective. (…)
Il a demandé de rendre à Gbagbo et aux démocrates ivoiriens
l’outil de lutte qu’est le FPI et appelé au rassemblement».
Comprenne qui pourra.
***
Comment Ferro Bally
peut-il être aussi sûr de détenir la vérité ?
La
crise qui secoue le Front Populaire Ivoirien (FPI), depuis que le
président de ce parti a procédé à un chamboulement inopiné de la
direction, fait son chemin. Elle apporte quasi quotidiennement de
nouvelles péripéties, et le parti en prend des coups qu’il faudra
certainement réparer pour rebâtir la cohésion. Du coup, on a
l’impression que cette crise ouvre la porte à toutes sortes de
dérives, dont celle des déclarations à mettre de l’huile sur le
feu, comme les écrits de l’éminent journaliste Ferro Bally. Ce
journaliste de notoriété semble croire maîtriser toute l’histoire
du FPI, au point d’accuser cette formation politique d’aller «
du culte des textes au culte de la personnalité ». Le fait est
qu’il est utile que les uns et les autres, qui s’intéressent à
un problème, débattent de celui-ci en totale franchise et en toute
objectivité malgré le parti pris qui est forcément de mise. Mais
lorsque l’on cherche à jeter l’opprobre sur tout un ensemble, là
où il serait suffisant de parler des faits en proposant des
analyses, avec des arguments précis, il y a problème. En tout cas,
c’est ainsi que m’apparaissent deux interventions du journaliste
Ferro Bally, dans le quotidien « Le nouveau Courrier ». Des
interventions où, dans l’une il accusait, il ya quelques jours, le
FPI d’ignorer les enseignements de Gbagbo, ce qui peut signifier
que les militants de ce parti méprisent ou n’ont rien compris du
président Gbagbo. Dans le texte en question, Ferro Bally accusait
(en plus) le FPI de ne pas comprendre que les temps ont changé…
Dans une autre intervention, parue ce mardi 9 septembre 2014, Ferro
Bally accuse les militants du parti de Laurent Gbagbo d’êtres
tantôt enclins au culte des textes, tantôt à celui de la
personnalité (ou cumulativement). On ne peut nier qu’il est
important qu’un journaliste de la trempe de Ferro Bally, éminent
historien du présent, apporte des éclairages dans un débat qui
intéresse toute la nation. Mais, il est toujours utile, pour
quiconque prend la parole, de mesurer l’impact de son discours sur
l’ensemble dont il parle : la question, ici, est alors de savoir ce
qu’on gagne à jeter l’opprobre sur tout un groupe, en
l’occurrence l’ensemble du FPI ? Car, prétendre que les
militants de ce parti n’ont rien retenu des enseignements de leur
leader et qu’ils ne comprennent rien au temps qui passe est bien
plus destructif que constructif ! Cela est, à la limite, insultant
!... Aujourd‘hui, il est visible à tous que dans la crise créée
par le président AFFI, deux groupes se sont formés : le groupe de
ceux qui pensent comme le président, dont manifestement fait partie
le frère Ferro Bally, à savoir que les adversaires du FPI sont trop
puissants, et les temps sont en leur faveur, si bien qu’il faut se
plier à tout ce qu’ils veulent, ce qui serait « entrer dans le
jeu politique », et celui opposé de ceux qui estiment que c’est
uniquement dans la lutte que le FPI et la Côte d’Ivoire
desserreront l’étau de servitude dans lequel le pays se trouve
présentement. Au-delà des personnes qui composent l’un ou l’autre
des deux groupes, il faut voir, à mon avis, comment résoudre la
crise, et garder des chances au FPI et à la Côte d’Ivoire de
sortir de l’ornière de toutes les privations actuelles. Ce n’est
sûrement pas en s’érigeant en juge infaillible, pour prononcer
des condamnations péremptoires, sur la base d’informations
partisanes avec des a priori discutables qu’on participe à la
construction de la nécessaire cohésion. Ferro Bally, pour le grand
professionnel que je pense toujours qu’il est, gagnerait à
s’inscrire dans une posture plus objective, de cette objectivité
qui se garde de faire des affirmations sans fondement : parce que
clamer que le président du FPI bénéficie d’une « immunité
présidentielle » est purement sans aucun fondement ! A la limite,
il s’agit là d’une allégation tendancieuse, pour le moins
fantaisiste ! Que le journaliste veuille faire l’historique de
l’opposition en Côte d’Ivoire, en choisissant de partir des
groupes communistes de l’époque, voilà une initiative louable,
pour faire connaître l’histoire de notre pays, en ce qui concerne
les arcanes politiques. Mais d’où le journaliste tire-t-il cet
épisode d’« Akan-crates et de Gbagbo-crates » au FPI ? Là
aussi, il y a problème ! De mon point de vue, il s’agit ni plus ni
moins d’une orientation « tribalique » du débat, une pratique
malicieuse qu’ont certaines personnes, lorsque les arguments
viennent à leur manquer, de faire appel à l’appartenance tribale
des individus, afin de disqualifier une position en lui collant des
tares artificielles. Quant à dire que le président Affi est « dans
l’œil du cyclone pour des raisons émotives », il faut vraiment
que Ferro Bally ait un mépris souverain pour tous ceux qui ne
pensent pas comme le président du FPI, pour décréter que leur
position repose sur « des raisons émotives » ! Passe encore que
par arrogance, parce qu’on se croit au-dessus d’un certain lot,
on s’autorise à faire des insinuations insultantes pour un groupe
dont il n’est pas évident qu’on connaisse toutes les
composantes, mais aller jusqu’à proclamer qu’une position
défendue par des militants d’un parti est simplement émotive, si
ce n’est pas du mépris… Et notre frère journaliste d’affirmer
que « la bataille de la libération de Gbagbo, qui a versé dans
l’idolâtrie, a cessé d’être un devoir militant en faveur de la
bataille pour la réhabilitation de l’histoire et de l’image du
FPI… » J’avoue que je ne suis pas sûr de bien suivre le frère.
Mais, comme je suis de ceux qui ne voient pas les choses comme il
semble les voir, je voudrais, par-delà son arrogance, qu’il nous
concède à nous autres, de considérer que « rehausser et
réhabiliter l’histoire et l’image du FPI » passe
inéluctablement par rehausser et réhabiliter l’image et
l’histoire de Laurent Gbagbo. Ferro Bally dit que le FPI se
retrouve désormais dans un « désert idéologique » et semble
arguer que c’est parce que le parti lie son sort à celui de
Laurent Gbagbo, ce qui serait « une instrumentalisation outrancière
du culte de la personnalité ». Si, pour l’éminent journaliste, «
la réhabilitation de l’image et de l’histoire du FPI » passe
par faire table rase sur les problèmes actuels qui sont ceux du
parti et de la Côte d’Ivoire, pour s’inscrire dans les options
que nous dictent nos persécuteurs, c’est son droit et nous le lui
concédons. C’est pourquoi, au lieu de nous insulter, il devrait
nous concéder de penser différemment de lui, et de choisir une voie
autre, selon laquelle il faut refuser de cautionner, par une
participation à un jeu politique aux dés pipés d’avance, la
situation de non droit et de déni de démocratie dans laquelle
patauge ce pays, situation dont les emprisonnements politiques et
extra judiciaires, le siège du pays par les dozos et autres armées
étrangères, la gestion ethnocentrique de l’Etat, puis le maintien
en otage du président Laurent Gbagbo, sont des points focaux. De sa
position, après avoir dit que « nos adversaires sont trop forts
pour nous, que le monde est dominé par eux et que nous n’avons
aucune possibilité de nous libérer », s’il n’a plus rien à
dire d’autre, que le frère se taise, au lieu de nous insulter.
Parce que, ne lui en déplaise, nous continuerons de penser que le
persécuté qui compte sur son bourreau pour son salut a renoncé à
être ; et nous refusons de ne plus exister... Ce ne sont pas des
paroles en l’air : il faut juste comprendre que nous avons choisi
d’être, même en tant que persécutés, plutôt que de poursuivre
une existence de parias (de l’humanité) que voudraient nous
accorder nos bourreaux. Et nous resterons dans cette voie ! Parce que
la roue tourne et c’est sur les faits d’aujourd’hui que se
bâtit demain.
Que
Dieu nous assiste !
en
maraude dans le web
Sous
cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance
diverses et qui ne seront pas nécessairement à l’unisson avec
notre ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en rapport avec
l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et des
Ivoiriens, et aussi que par leur contenu informatif ils soient de
nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et
des enjeux de la « crise ivoirienne ».
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