mercredi 26 décembre 2012

Œuf pourri



La Côte d’Ivoire, une poule aux œufs d’or. Elle a donné naissance normalement, ou par césarienne, à de nombreux enfants. La plupart se battent pour la préserver des prédateurs. Quand une minorité, enivrée par le pouvoir et la haine, habitée par une ingratitude sans équivalence, ne peut se départir de ce qui fonde son existence : La destruction. Détruire l’autre pour exister. Penser d’abord à soi, au clan, à la tribu avant de penser à la nation. Les pères fondateurs avaient pourtant balisé la voie à suivre. Faire de la Côte d’Ivoire une nation. Or, comme des rapaces de dernières heures, certains concitoyens se sont mis en tête qu’ils peuvent vivre sans les autres. Qu’ils doivent vivre en faisant le vide autour d’eux. Qu’ils n’auront leur salut qu’en régnant par l’épée. Alors, ils tuent. Font tuer des dizaines de compatriotes. Par des affidés qui se tapant la poitrine, crient haut être plus Ivoiriens que les Ivoiriens. L’hospitalité légendaire des Eburnéens est-elle, pour ainsi dire, leur talon d’Achille ? Surtout quand les vainqueurs de la guerre, ces conquistadors des temps nouveaux, massacrent, exproprient pour inspirer peur et crainte. Des dizaines d’Ivoiriens contraints à l’exil. Réfugiés sur leur propre terre où à l’étranger. Le pogrom ou génocide Wè n’est nullement une vue de l’esprit. Les jeunes du Cojep (mouvement de jeunes proches de Blé Goudé) sont constamment arrêtés, intimidés, enlevés, soumis à des demandes de rançon. Tout comme les cadres ou déclarés Lmp. Des militaires, ex-Fds, remplissent les prisons du pays sur dénonciations calomnieuses des lampistes de la soldatesque. C’est banal ici, d’enfermer dans des containers, d’anciens députés, comme Mady Mady. C’est aussi banal de jeter en taule tous ceux qui ne disent pas amen au régime. La devise est : Prison d’abord. Chef d’inculpation après.
C’est sûrement de tout cela que Miaka Oureto du Fpi, Assoa Adou et Don Mello de l’opposition en exil, Dakoury Richard du Cojep et bien d’autres voix autorisées, parlent depuis peu, avec des interlocuteurs attentifs à la situation ivoirienne. A Paris, Dakar, Pretoria, etc. Ce son de cloche délivré par les bannis du régime Ouattara est minimisé par la presse impérialiste. Pourtant, ça fait tâche. Il se répand de plus en plus partout. Des orphelins que les gouvernants jettent avec mépris à la rue, au nom du « rattrapage ». Le retour de la paix, de la réconciliation nationale, de la sécurité, de la bonne gouvernance, du respect des droits de l’homme, d’une justice impartiale et équitable pour tous ? Discours de façade. La réalité est autre. Des goulags pour intimider les opposants. Ceux qui, ont détruit les symboliques de la République et de la démocratie, fonce droit dans le mur. L’Ivoirien sur mesure qui au vu de tous aujourd’hui, donne de lui l’image de la grenouille qui voulait être plus grosse que le bœuf, est pris au piège de sa vanité. Se prenant pour le nombril de la lagune Ebrié, il claironna : « On ne veut pas que je sois candidat à la présidentielle de mon pays parce que je suis du Nord. Et je suis musulman ». C’était pour plaire aux nordistes. Les chantres de la division avaient pris le soin d’élaborer la charte du nord. « On va "Gnangami" (déplanifier, détruire) le pays ». Est-on loin de la prophétie ? Que dire des écailles qui tombent maintenant des yeux de certains laudateurs et « adorateurs » ? Commentaire d’un sachant : Rfi vient de dénoncer la Nième bavure de nos très chers Frci. Ils ont arrêté une dame, l'ont déshabillée, l'ont bastonnée et dépouillée de tous ses biens. « La radio mondiale ». Rfi précise que les Frci étaient à un barrage officiel avec une voiture sans immatriculation (c'est un fait banal ici). « La "radio mondiale" dénoncera-t-elle un jour ces tortures, arrestations, brimades et séquestrations sur tous ces anonymes, tous ces jeunes hommes et jeunes femmes qui n'ont ni parents ni connaissances dans les hautes sphères du pouvoir ivoirien ? » Une certitude. L’œuf que la communauté internationale a mis dans la corbeille Ivoire est pourri. Et ça commence à sentir…
Francesca Adeva

EN MARAUDE DANS LE WEB

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 Source : Le Temps 14/12/2012

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