Face à la catastrophe terrible qui a frappé Haïti en janvier 2010, la communauté internationale s’est mobilisée dans un mouvement d’entraide et de solidarité. Le mouvement est généreux, mais l’expression fait réfléchir : quelle est cette communauté internationale ? Il s’agit de faire référence à des réactions diverses qui viennent de toutes les parties du monde, et cette aide qui vient converger vers l’île sinistrée est canalisée par des organisations internationales. D’ailleurs bien souvent la locution fait référence aux cent quatre-vingt-onze Etats qui ont une représentation à l’ONU. Mais elle permet aussi de considérer l’ensemble du monde comme un groupe humain, un groupe de semblables, qui se soucient de ceux qui sont frappés par le destin. Le terme met donc l’accent non sur les différences mais sur la similitude : la communauté des frères humains.
L’emploi de cette expression est donc à la fois paradoxal et émouvant, contradictoire et optimiste. Elle nous présente l’espace humain sur terre comme un ensemble d’individus conscients de leur similitude et du sort qu’ils partagent. On rejoint un peu l’image du village global, avec en tout cas l’idée d’une solidarité qui évacue la politique, les antagonismes entre Etats, et ne retient que cet élan pour secourir ceux qui sont dans une situation imprévue et dramatique. Le mot communauté, flanqué de l’adjectif internationale, casse donc les barrières, abolit les frontières, souffle sur la politique. Il correspond à une utopie assez moderne, liée à la conscience qu’on habite tous sur la même planète, qu’elle n’est pas si grande que ça, et que chaque mouvement peut avoir des répercussions à l’autre bout du monde, pour le meilleur comme pour le pire. Ce symétrique de la mondialisation ne serait pas né sans une minime contrepartie. En tout cas la preuve que la communauté, au mieux de sa forme, est à l’opposé du communautarisme.
Mais à quoi ressemble-t-elle quand elle n’est pas internationale ? Le mot évoque d’abord une collectivité, et la plupart du temps met l’accent sur ce qui la fonde, par opposition à ce qui en est différent. Par exemple, on parle beaucoup des communautés étrangères dans un pays : la communauté espagnole, argentine, ou peuple en France, mais aussi la communauté auvergnate à Paris. Les ciments d’une communauté sont divers : un métier(communauté des plombiers) ; une activité (communauté des amateurs de flamenco) ; bien souvent c’est la religion qui tisse tout cela (commun orthodoxe, juive, chiite). Une communauté peut donc être soudée, serrée, avec des membres très à l’écoute les uns des autres. Et ce genre de groupe s’imagine surtout dans de grandes villes, des lieux où l’on peut avoir peur de se perdre, facilement anonymes ou égoïstes, et le mot n’a alors rien de péjoratif.
Mais, on le voit, ces groupes se conçoivent et s’identifient en opposition avec le reste du monde : ils ont donc tendance à se construire en s’isolant. Le premier mouvement évoqué est donc presque un repli : on se retrouve entre soi, pour perpétuer les mêmes habitudes, la même mémoire. Une dérive, excès de repli peuvent conduire à ce qu’on appelle le communautarisme, qui implique plus ou moins que les communautés s’ignorent ou s’en veulent , qu’on y est sensible à ses proches , et insoucieux des autres. L’idée qui prime aussi est que les règles de la communauté l’emportent sur les autres, notamment celles de l’Etat ou de la République, comme si les hiérarchies s’inversaient.
L’emploi de cette expression est donc à la fois paradoxal et émouvant, contradictoire et optimiste. Elle nous présente l’espace humain sur terre comme un ensemble d’individus conscients de leur similitude et du sort qu’ils partagent. On rejoint un peu l’image du village global, avec en tout cas l’idée d’une solidarité qui évacue la politique, les antagonismes entre Etats, et ne retient que cet élan pour secourir ceux qui sont dans une situation imprévue et dramatique. Le mot communauté, flanqué de l’adjectif internationale, casse donc les barrières, abolit les frontières, souffle sur la politique. Il correspond à une utopie assez moderne, liée à la conscience qu’on habite tous sur la même planète, qu’elle n’est pas si grande que ça, et que chaque mouvement peut avoir des répercussions à l’autre bout du monde, pour le meilleur comme pour le pire. Ce symétrique de la mondialisation ne serait pas né sans une minime contrepartie. En tout cas la preuve que la communauté, au mieux de sa forme, est à l’opposé du communautarisme.
Mais à quoi ressemble-t-elle quand elle n’est pas internationale ? Le mot évoque d’abord une collectivité, et la plupart du temps met l’accent sur ce qui la fonde, par opposition à ce qui en est différent. Par exemple, on parle beaucoup des communautés étrangères dans un pays : la communauté espagnole, argentine, ou peuple en France, mais aussi la communauté auvergnate à Paris. Les ciments d’une communauté sont divers : un métier(communauté des plombiers) ; une activité (communauté des amateurs de flamenco) ; bien souvent c’est la religion qui tisse tout cela (commun orthodoxe, juive, chiite). Une communauté peut donc être soudée, serrée, avec des membres très à l’écoute les uns des autres. Et ce genre de groupe s’imagine surtout dans de grandes villes, des lieux où l’on peut avoir peur de se perdre, facilement anonymes ou égoïstes, et le mot n’a alors rien de péjoratif.
Mais, on le voit, ces groupes se conçoivent et s’identifient en opposition avec le reste du monde : ils ont donc tendance à se construire en s’isolant. Le premier mouvement évoqué est donc presque un repli : on se retrouve entre soi, pour perpétuer les mêmes habitudes, la même mémoire. Une dérive, excès de repli peuvent conduire à ce qu’on appelle le communautarisme, qui implique plus ou moins que les communautés s’ignorent ou s’en veulent , qu’on y est sensible à ses proches , et insoucieux des autres. L’idée qui prime aussi est que les règles de la communauté l’emportent sur les autres, notamment celles de l’Etat ou de la République, comme si les hiérarchies s’inversaient.
Yvan Amar
EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenances diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens et que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».
Source : l’éléphant déchaîné 14 - 17 décembre 2012
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