dimanche 21 mai 2017

Des « mercenaires » payés par l’État après avoir tué des Ivoiriens

En Côte d’Ivoire, pour devenir millionnaire ou milliardaire, il n’est plus nécessaire d’étudier ou de travailler dur ; il suffit de tuer, de violer et de piller le bien d’autrui, tel est le message envoyé par Alassane Dramane Ouattara non seulement aux Ivoiriens mais au monde entier après la dernière mutinerie que le pays vient de connaître. En attendant que l’on évalue tous les dégâts de cette mutinerie, on peut admettre d’ores et déjà que la protestation des militaires non seulement écorne l’image d’un pays que certains analystes superficiels disaient aussi sécurisé que la Suisse mais ternit un peu plus le blason de Ouattara que ses partisans ont toujours présenté comme un homme fort et ferme. La semaine dernière, Ouattara n’a été ni fort ni ferme. Ses proches déclarent même qu’il était si atteint, si ébranlé, qu’il aurait envisagé de démissionner. À ceux qui en doutaient encore, le dénouement du dernier bras de fer entre le pouvoir fantoche et moribond d’Abidjan et ses mutins aura surtout révélé que Dramane Ouattara occupe le fauteuil présidentiel, non parce qu’il a été démocratiquement élu, mais parce que des tueries et massacres ont été perpétrés par des voyous et analphabètes qu’il avait recrutés au Burkina, au Mali, en Guinée, au Togo et dans d’autres pays de l’Afrique occidentale. Dans une vidéo postée sur Facebook, en effet, deux mutins n’affirment-ils pas qu’eux et leurs camarades ont voté pour que Ouattara soit à la tête de la Côte d’Ivoire mais que ce sont leurs armes qui l’y ont installé ?
Une affirmation que je trouve un peu exagérée car, même si ces Pieds Nickelés y ont mis du leur, ont perdu amis et compagnons dans cette folle aventure, même si Ibrahim Coulibaly et ses hommes du « Commando invisible » ont fait de nombreuses victimes parmi les policiers et gendarmes à Abobo, on doit reconnaître que, en définitive, ce sont les soldats français appuyés par la force onusienne censée pourtant être neutre, et non les FRCI, qui ont eu raison de nos forces de sécurité et de défense. Tous ceux qui étaient présents à la résidence du chef de l’État entre le 1er et le 11 avril 2011 peuvent attester que la France utilisa tous les moyens militaires dont elle disposait (avions de guerre, hélicoptères, missiles, rafales, etc.) contre Laurent Gbagbo qui non seulement n’avait pas déclaré la guerre à l’ancienne puissance colonisatrice mais demandait le recomptage des voix pour un règlement pacifique du contentieux électoral. Le président ivoirien aurait pu périr dans ce déluge de feu, car tel était le but recherché par ses adversaires (Sarkozy, Jean-Marc Simon, Ouattara, Bédié et Soro) mais il eut la vie sauve probablement parce que la mission que Dieu lui a confiée n’était pas encore achevée. Non, les rebelles de Ouattara n’étaient pas assez forts pour battre nos soldats. La Licorne les aida plutôt à pénétrer dans la résidence présidentielle où ils firent montre d’une barbarie inouïe envers les Henri-Philippe Dacoury-Tabley, Christine Adjobi, Yanon Yapo, Jean-Jacques Béchio et d’autres.
En d’autres termes, sans les Français, les FRCI auraient mordu la poussière devant nos valeureux militaires. Cela est d’autant plus vrai que les attaques de la rébellion contre la République, ses institutions et ceux qui les incarnaient n’ont pas débuté le 11 avril 2011. C’est en 2002, précisément le 19 septembre, que tout commença. Ce jour-là, Kigbafori Soro et sa bande de criminels furent chassés d’Abidjan et poursuivis jusqu’à Bouaké par des soldats loyalistes peu équipés. La thèse selon laquelle les rebelles auraient pris la capitale économique si la Licorne ne s’était pas interposée ne tient donc pas la route. Début novembre 2004, la rébellion était presqu’anéantie quand Jacques Chirac la remit en selle en détruisant nos avions militaires. Sarkozy vola ensuite à son secours en 2011 pour combattre et remplacer Laurent Gbagbo par Ouattara. En principe, tout devait alors aller comme sur des roulettes mais chacun s’aperçut très vite qu’il y avait des problèmes entre Ouattara et son armée. D’où venaient-ils ? Du fait que les promesses faites (cinq millions de F. CFA plus une villa à chaque soldat) n’avaient pas été tenues. Pourtant, on nous avait dit et répété en 2016 que l’Ivoirien nouveau est celui qui respecte la parole donnée, ne dérange pas la quiétude des populations, tourne le dos aux coups d’État, etc.
La République aurait-elle été épargnée par ces mutineries à répétition avec leur lot de désagréments, de traumatismes, de jours chômés, de morts et de blessés par balles ? Oui, si nous avions eu un président sorti des urnes et non imposé par les armes. Et c’est ici qu’émerge la première leçon de cette mutinerie : les solutions apportées par la violence sont toujours des solutions provisoires. Mahatma Gandhi l’a bien résumé dans cette formule : « Je m’oppose à la violence parce que, lorsqu’elle semble engendrer le bien, le bien qui en résulte n’est que transition, tandis que le mal produit est permanent ». Le moins que l’on puisse dire est que Ouattara et ses adeptes sont rattrapés par leur propre violence, celle qu’ils ont introduite dans le jeu politique ivoirien. De cette violence, ils ont usé et abusé contre Bédié, Guéi et Gbagbo pour arriver au pouvoir. C’était leur marque de fabrique. D’où vient-il alors que les Soumahoro, Bictogo, Hamed Bakayoko condamnent aujourd’hui tout recours à la violence ? Pourquoi celle-ci serait-elle bonne pour eux et pas pour les autres ? Eux qui ont été prompts à arrêter puis à incarcérer une pauvre dame qui vendait au marché de Yopougon, pourquoi ne font-ils rien contre Soul II Soul, collaborateur de Soro, chez qui on aurait découvert quantité d’armes ? Un tel « deux poids, deux mesures » est-il acceptable quand on prétend militer pour la démocratie et la justice ? Ou bien Ouattara a-t-il peur de Soro dont le discours sur le pardon et la réconciliation ne peut séduire que des individus prêts à toutes les compromissions pour manger ou obtenir un strapontin ?
La seconde leçon que l’on peut tirer de ces cinq jours de mutinerie, c’est celle-ci : en acceptant de verser 42 milliards de F. CFA aux mutins après les avoir menacés de sanctions, Ouattara prouve qu’il ne comprend que le langage de la force. Les fonctionnaires, eux, sont méprisés et ignorés. Parce qu’ils n’ont pas la force avec eux, parce qu’ils ne traumatisent pas les Ivoiriens, parce qu’ils n’ont pas d’autre moyen de pression que le dialogue. Or n’est-il pas étrange que les houphouétistes auto-proclamés qui prêchent le dialogue à tout bout de champ se montrent sourds à leurs légitimes revendications ? N’est-il pas absurde que le pouvoir laisse d’honnêtes travailleurs crever de faim au moment où il ne recule devant rien pour contenter des mercenaires ? Et combien de temps durera cette injustice ? Ouattara, qui ne respecte que ceux qui tirent en l’air, est-il assuré que ceux qu’il qualifiait hier de « libérateurs » ne reviendront pas à la charge quand ils auront fini de dépenser l’argent perçu ?
En tout état de cause, les mutins, devenus un véritable boulet après avoir été publiquement encensés et félicités, auront montré qu’ils peuvent faire plier Ouattara et donc qu’ils sont à même de le déboulonner à tout moment. Qu’ils aient affirmé avoir contribué à sa prise du pouvoir par les armes confirme le fait que le président du RDR est un putschiste. Certains, croyant peut-être se venger de Laurent Gbagbo, qui n’aurait pas écouté leur appel à exiger le désarmement de la rébellion avant l’élection d’octobre 2010, s’étaient empressés de dire que Dramane Ouattara avait gagné la présidentielle d’octobre 2010. Ils sont mêmes allés à son investiture. Aujourd’hui, sans gêne, ils soutiennent que, sans les mutins, Ouattara n’aurait jamais été au pouvoir. Pourquoi ont-ils changé d’avis ? L’imminente libération de Laurent Gbagbo annoncée par certaines personnes qui se fondent sur le fait que la plupart des témoins à charge ont jusqu’ici blanchi le pensionnaire de Scheveningen ? Une libération que ne souhaiterait pas Roch-Christian Kaboré parce que, d’après lui, ses compatriotes vivant en Côte d’Ivoire étaient massacrés sous Laurent Gbagbo. Qu’est-ce que je pense de la sortie du président burkinabè ? D’une part, l’opinion de ce mendiant et laquais de la France importe peu ; d’autre part, quand nous aurons fini de dégager son frère Dramane, lui, Salif Diallo et les autres Burkinabè qui ont pris part à la déstabilisation de notre pays, nous leur demanderons des comptes car ce serait trop facile que leurs crimes restent impunis. Voilà des gens qui considèrent leur pays comme celui des hommes intègres alors que les seuls domaines où ils excellent sont les vols et les tueries. Et puis, pourquoi les Burkinabè ne rentrent-ils pas chez eux s’ils se sentent persécutés en Côte d’Ivoire ? Qui les en empêche ?

Jean-Claude DJEREKE


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Source : connectionivoirienne 20 mai 2017

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