mardi 16 mai 2017

LE ROI NU


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La Côte d’Ivoire est prise entre des vents contraires. Il y a les uns qui rentrent dans les rangs et les autres qui, au même moment, ruent dans les brancards. On est où là avec tous ces soubresauts ?, doivent s’interroger les Ivoiriens avec leur humour caustique.
Le 18 janvier 2017, le Gouvernement ivoirien avait son explication de la mutinerie de 8.400 ex-combattants des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN, rébellion armée) qui ont intégré l’armée nationale. «Les primes à payer concernent les ex-FAFN désignés pour sécuriser le processus de sortie de crise en 2007 et 2011 qui n’ont perçu ni primes ni salaires durant cette période». 
En clair, c’est Laurent Gbagbo qui a été accusé d’avoir pris comme engagement de payer aux 8400 ex-combattants en colère de la rébellion armée, 17 millions de nos francs par soudard, villa et grade sans stage. Cinq millions de nos francs ont été aussitôt payés, et promesse a été faite de payer sept millions de FCFA sur sept mois, soit un million de nos francs par mois.
Entre temps, face aux tensions de trésorerie de l’État, «Wari fatchè» a réquisitionné des chefs religieux musulmans pour calmer les mutins qui piaffaient d’impatience de ne pas recevoir leur dû. La montagne a, semble-t-il, accouché d’une souris. 
Ce 11 mai 2017, les 8.400 soudards avouent avoir renoncé aux prétendues «primes Gbagbo». Des soldats qui y ont été présentés comme leurs représentants ont «demandé pardon» à leur «papa Ouattara». C’est ce qu’on appelle en Côte d’Ivoire le «Sabary Day». «Devant tant de sacrifices consentis en ces temps difficiles, nous soldats, renonçons définitivement à toute revendication d’ordre financière», ont-ils déclaré.
Mais à peine ont-ils fini de prendre cet engagement que des démobilisés (ex-combattants qui n’ont eu aucun point de chute), en furie, ont repris leurs manifestations à Bouaké, ex-épicentre et siège de la rébellion armée. C’est le «Diminan Day». 
Ils avaient donné soixante-douze heures au Gouvernement pour répondre à leurs revendications : 18 millions de nos francs pour chacun des 6.900 démobilisés, la reconnaissance du grade de caporal, l’intégration des plus jeunes dans l’armée nationale. Des commissariats de la ville ont ainsi été pris d’assaut, les corridors d’accès à la ville, brièvement fermés et des tirs sporadiques ont été entendus au troisième bataillon de Bouaké.
 
Le pays est gouverné mais la situation volatile devient ingouvernable, malgré le calme apparent observé sur le théâtre des opérations. Car, le mouvement qui «ternit, selon Alassane Ouattara, l’image de notre pays après tous nos efforts de développement économique et de repositionnement diplomatique», a contaminé d’autres localités (Man, Guiglo, Bondoukou, Odienné) dont Abidjan où des tirs ont été entendus le jeudi 12 mai autour des casernes d’Abidjan (Galliéni, nouveau camp d’Akouedo, ministère de la Défense).
Le jour du 11 mai est, en effet, celui de l’expression de la colère. De son côté, le FPI-tendance légale, est monté en première ligne. En janvier 2017, Pascal Affi N’Guessan, son président, avait prêché dans le désert en exigeant la démission d’Alassane Ouattara pris dans la tourmente des revendications des soldats mutins et de la grève des fonctionnaires.
 
Dénonçant le chaos avec lequel flirte la Côte d’Ivoire, il a invité militants, sympathisants et habitants de ce pays à descendre, le 17 juin 2017, dans la rue pour protester et crier leur ras-le-bol. Ouattara n’a pas qu’échoué, il conduit le pays à la faillite totale.
Au plan atmosphérique, les météorologues auraient redouté la formation de tornades qui sont le résultat de la rencontre d'une masse d'air chaud instable et d'une masse d'air froid. C’est pourquoi les observateurs de la scène politico-sociale ivoirienne sont perplexes face à ces perturbations tourbillonnantes qui, à force de devenir récurrentes malgré les fermes condamnations du chef de l’État qui est en même temps le ministre de la Défense du gouvernement, traduisent l’impuissance d’un pouvoir aux abois et de plus en plus sans réelle autorité.

Bally Ferro (Titre original : « Ouattara à la croisée de vents contraires »)
Source : page FBK de Bally Ferro 12 mai 2017


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«Brave Tchê» se découvre tel qu’en lui-même : un «Tchê Mougouni». Ne sachant sur quel pied danser face à ses combattants de tout acabit qui l’ont porté au Pouvoir, ni quelle décision prendre pour rester le maître de la situation, Alassane Ouattara est désormais la marionnette des maîtres chanteurs de l’ex-rébellion armée.
Ces derniers lui font subir, depuis novembre 2014, leurs humeurs massacrantes. Celles-ci, comme en novembre 2014 et janvier 2017 après de nouveaux paiements que l'on rejetait du bout des lèvres, viennent d'être seulement différées en attendant les prochains et immanquables accès de fièvre, surtout que 6900 démobilisés, ces ex-combattants laissés sur les carreaux et porteurs d’autres revendications, ruminent leur colère.
Avec son autorité bafouée et sa crédibilité mise en pièces, ses sorties directes ou par personnes interposées (le ministre délégué Alain Donwahi Richard, le CEMAG Sékou Touré…) qui sont désormais objets de risée, Alassane Ouattara, descendu de son piédestal, se trouve dans la peau du roi nu.

Bally Ferro (Titre original : « Le roi est nu »)

 Source : page FBK de Bally Ferro 16 mai 2017

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