OUI, OUI, OUI... MAIS ÇA, C’ÉTAIT AVANT
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Mutineries ; prix
du cacao et croissance en berne ; grogne sociale et politique ;
restrictions budgétaires : le « miracle ivoirien », fortement secoué,
risque de se transformer en mirage.
« L’euphorie est terminée », estime un analyste. Réélu triomphalement en 2015 pour un
deuxième quinquennat, le président Alassane Dramane Ouattara fait face à de
nombreux problèmes qui minent son projet d’émergence économique du pays, son
autorité et sa crédibilité.
-
président affaibli –
Le chef de l’État s’est
dit à plusieurs reprises « meurtri » par les mutineries qui ont
ébranlé le pays en janvier. Et, après cinq jours d’un nouveau soulèvement de
ces mêmes militaires, ex-membres de la rébellion qui l’avait porté au pouvoir en 2011, sa situation est de
nouveau fragilisée.
Si la plupart des
Ivoiriens n’approuvent pas le soulèvement, ils ne comprennent pas le revirement
du président qui avait promis les primes aux mutins en janvier, avant de
participer cinq mois plus tard à une cérémonie télévisée pendant laquelle certains de leurs « représentants »
renonçaient aux primes. Une opération de communication qui s’est révélée
désastreuse, remettant le feu aux poudres et sapant sa crédibilité. D’autant
que le gouvernement a d’abord affiché sa fermeté, avant de céder.
« En Afrique, la parole est sacrée, si tu es un homme tu ne
reprends pas ta parole »,
souligne Ibrahim Yaméogo, commerçant à Bouaké, ville traditionnellement acquise
au président.
« Le gouvernement n’est pas sorti
affaibli de cette situation mais au contraire renforcé. Il a pu traverser une
situation difficile »,
assure néanmoins le ministre de la Défense Alain-Richard Donwahi.
- somme
colossale –
Les sommes promises aux
8.400 mutins sont colossales pour la Côte d’Ivoire où les revenus mensuels des
familles dépassent rarement 200.000 F CFA (300 euros). « Sept
millions (10.500 euros), au vu du peuple qui est en train de souffrir... », proteste ainsi Billy Kouassi Kouassi, fermier.
Et, si
on y ajoute les 5 millions (7.500 euros) déjà payés en janvier, l’addition est salée pour un État déjà en difficulté :
101 milliards CFA, soit 153 millions d’euros.
- « la
maison brûle » –
« Normalement, on pourrait ventiler ces 150 millions
d’euros sur différents postes, mais nous sommes dans un contexte de chute des
prix du cacao », qui
ont plongé de 35%, explique le
politologue ivoirien Jean Alabro.
Ce secteur est si vital
pour l’économie du pays, premier producteur mondial, que le gouvernement avait dû annoncer le 10 mai
revoir son budget à la baisse avec une
réduction des investissements de 9,3%.
Or, « la croissance du pays est tirée par les investissements et
notamment les investissements étrangers », souligne Jean Alabro. Étrangers que les mutineries risquent d’effrayer, alors que le
gouvernement travaille depuis des mois au lancement
d’un grand emprunt Eurobond de 760 millions à 1,1 milliard d’euros.
« Dans la situation actuelle, c’est
problématique. C’est comme si un particulier dont la maison
brûle tous les mois allait voir son banquier pour lui emprunter de l’argent pour acheter des meubles », résume M. Alabro.
-
grogne sociale –
La reculade face aux
mutins risque aussi de raviver un effet domino, déjà observé en janvier dans le reste des forces de sécurité
qui ont demandé à leur tour des primes.
Déjà, les « démobilisés », quelque 6.000 anciens rebelles non intégrés dans l’armée, réclament les mêmes sommes.
Et la
grogne sociale persiste. Les fonctionnaires font ainsi régulièrement grève depuis des mois, réclamant augmentations de
salaires et paiement d’arriérés de primes
estimés à plus de 200 milliards CFA (300 millions d’euros).
-
avenir assombri –
« 2017 devait être l’année de la consolidation économique
et politique avant qu’on ouvre les hostilités en préparation de la succession
de Ouattara en 2020. C’est rapé ! On ne consolide rien, au contraire », analyse un observateur de la politique ivoirienne sous couvert d’anonymat.
La
réconciliation nationale après une décennie de crise politico-militaire reste aussi
à faire. Et la succession à la présidence attise les convoitises, suscitant des
rivalités entre les deux grands partis de la majorité, comme entre les
partisans mêmes de M. Ouattara.
Enfin, ces dernières mutineries ont montré que l’objectif de mise sur pied d’une armée véritablement républicaine était encore bien loin.
Enfin, ces dernières mutineries ont montré que l’objectif de mise sur pied d’une armée véritablement républicaine était encore bien loin.
pgf-ck/jpc
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crise ivoirienne ».
Source : AFP
17 mai 2017
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