vendredi 10 août 2012

La fragilité du Rhdp...

« (…) la sortie du Secrétaire général du Pdci-Rda apparaît inopportune et inconvenante, d’autant plus qu’elle a été faite sans que le Premier Ministre issu des rangs du Pdci-Rda, n’ait été consulté pour échanger sur des questions aussi délicates qui engagent le Gouvernement. En effet, le Pdci-Rda ne peut être, à la fois, acteur de l’action gouvernementale et contradicteur public de l’action de ce même gouvernement, sans courir le risque majeur de le fragiliser ». Ces propos qui cachent mal l’ampleur de la crise qui mine le Pdci-Rda, parti créé par feu Houphouët-Boigny en 1946 et dirigé par Konan Bédié, depuis 1994, émanent d’un communiqué public inédit, daté du 6 août dernier, fait par le Premier ministre, Jeannot Ahoussou-Kouadio. Qui répondait ainsi, sans s’embarrasser de fioritures, au Secrétaire général du Pdci-Rda, Alphonse Djédjé Mady. Dont la déclaration rendue publique, le 3 août 2012, sur la gouvernance Ouattara, en matière de sécurité et de cohésion sociale, était sans appel. « Le Secrétaire Général du Pdci-Rda note que cette situation de violences endémiques entretient un climat d’insécurité généralisée d’autant plus préoccupante qu’elle constitue une grave menace sur la coexistence pacifique des communautés et sur la stabilité voire sur la survie de la nation », mentionne Djédjé Mady au nom du Pdci-Rda. La réaction vigoureuse de M. Ahoussou-Kouadio démontre deux réalités inéluctables. D’une part, que le Pdci-rda traverse une grave crise sans précédent s’il n’est pas déjà au bord de l’implosion. D’autre part, que le RHDP, mouvement politique artificiel et hétéroclite, portait, depuis fort  longtemps, les contradictions endogènes de son autodestruction. Le ver était dans le fruit, depuis la germination.

Premier ministre du régime Ouattara, au nom de l’alliance morganatique Bédié-Ouattara au sein du Rhdp, Jeannot Ahoussou-Kouadio constitue actuellement un véritable poids lourd du Pdci-Rda. En sa qualité de Secrétaire général du Pdci et président du directoire du Rhdp, Djédjé Mady demeure une force au sein du vieux parti. Il s’agit donc de la guerre de deux grands et longs couteaux. Qui cache difficilement celle opposant les pro-Ouattara (dont Ahoussou-Kouadio serait le chef de file) et les anti-Ouattara (parmi lesquels, on compterait comme poids lourds Djédjé Mady, Gnamien N’Goran, etc.). Les uns voudraient qu’Alassane Ouattara rempile en 2015 sous la bannière de candidat unique du Rhdp. Les autres qui s’opposent à la mort du Pdci-Rda, n’y souscrivent pas. Et militent ouvertement pour une candidature du Pdci aux prochaines élections présidentielles. Ce qui voudrait dire haro sur le parti unifié sans pour autant renier le Rhdp.

La sortie de Djédjé Mady est donc perçue, par le camp adverse incarné par le Premier ministre, comme une flèche enflammée dans le champ opposé. D’où la réaction du berger à la bergère.

Cette guerre au sein du Pdci-Rda autour d’Alassane Ouattara n’est pas surprenante. D’autant qu’avec l’arrivée au pouvoir, en 2007, de Nicolas Sarkozy, ami de Ouattara, le mouvement anti-Gbagbo suscité par la droite française, le Rhdp, est devenu résolument pro-Ouattara. Le leader du Rdr était aux manettes et celui du Pdci-Rda, Henri Konan Bédié, relégué au second rang. Les autres partis membres du Rhdp, totalement écrasés. Une situation qui a suscité des rancœurs au sein du Rhdp. Ouattara parvenu au pouvoir dans les conditions que l’on sait, le Rhdp poursuit sa descente aux enfers. Les élections législatives du 11 décembre 2011 tenues entre fraudes et violences en constituent une preuve éloquente. L’épineuse question du foncier rural et les futures élections générales donneront assurément une autre preuve de la fragilité du Rhdp. (…).

Didier Depry
Source : Notre Voie 09 août 2012
(Titre original : La guerre des longs couteaux)

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