La proclamation des résultats provisoires par le
président de la CEI a été émaillée de faits insolites, y compris des atrocités
commises dans le Nord par les Forces nouvelles, qui n’ont nullement retenu
l’attention de la communauté internationale. Parmi ces faits, qu’il soit permis
de rappeler brièvement les trois principaux .
D’abord, l’auteur de la proclamation, en tant que
délibération n’est pas la CEI, faute de consensus, mais M. Youssouf Bakayoko,
tout seul, qui n’engage que lui. Car les textes fondateurs de la CEI disent que
les résultats de l’élection présidentielle se proclament au sein de la CEI et
non ailleurs. En outre, une circulaire du président de la CEI datée du 27
novembre dit que la proclamation des résultats du second tour se fait non
seulement à la CEI mais en présence de tous les commissaires de la CEI, des
représentants des deux candidats et des officiels.
Ensuite, le lieu de la proclamation n’est pas le
siège de la CEI, mais l’hôtel du Golf, le quartier général de l’ex-Premier
ministre, Alassane Dramane Ouattara, l’un des candidats à l’élection
présidentielle, celui des rebelles et aussi du Premier ministre, Guillaume
Soro, Secrétaire général des Forces nouvelles, c’est-à-dire la rébellion armée.
Enfin, le destinataire de la proclamation n’est pas
le peuple ivoirien, mais les ambassadeurs de France et des Etats-Unis, assistés
du représentant du facilitateur du dialogue inter-ivoirien (Burkina Faso) et ce
devant les médias français, à l’exclusion des médias ivoiriens.
Le quatrième fait, tout aussi insolite, se rapporte
à l’objet même de la proclamation, c’est-à-dire les résultats provisoires des
élections du second tour du scrutin. Il s’agit plus précisément du taux de
participation qui, curieusement, a été majoré.
Le président de la CEI a annoncé 81% lors de sa
proclamation du Golf alors que le taux de 70% faisait l’unanimité de tous au
lendemain du scrutin, d’où une majoration de près de 11%.
I – 81% de taux de participation annoncé par le
président de la CEI au Golf hôtel
- Les résultats provisoires, tels que délibérés et
proclamés par le président de la CEI, s’établissent comme suit :
§ - Suffrage exprimé : Alassane Dramane Ouattara : 2.483.164 voix, soit
54, 10% ; Laurent Gbagbo : 2.107.055 soit 45, 90%.
§ - Taux de participation : 81%. Ce taux, qui avoisine presque celui du
1er tour du scrutin (83%), est bel et bien celui que Youssouf Bakayoko a
communiqué à la communauté internationale, réduite aux ambassadeurs de France
et des Etats unis assistés du représentant du facilitateur du dialogue
inter-ivoirien (Burkina Faso).
- La réaction de Choï, Représentant spécial du
Secrétaire général de l’ONU, en sa qualité de certificateur, ne s’est pas fait
attendre. Après avoir dénié les résultats définitifs proclamés par le Conseil
constitutionnel et pris partie pour la CEI en charge de la proclamation des
résultats provisoires, il a en effet déclaré :
« Même si
toutes les réclamations déposées par la Majorité présidentielle auprès du
Conseil constitutionnel étaient prises en compte en nombre de procès-verbaux,
et donc de votes, le résultat du second tour de l’élection présidentielle tel
que proclamé par le président de la CEI le 2 décembre ne changerait pas,
confirmant le candidat Alassane Ouattara vainqueur de l’élection présidentielle
».
II – 70 % de taux de participation faisant
l’unanimité de tous au lendemain du scrutin
Dès le lendemain du scrutin, toutes les structures
impliquées dans le processus électoral ainsi que les observateurs et experts
ont reconnu la baisse du taux de participation par rapport au 1er tour. Et tous
se sont accordés sur un taux avoisinant les 70%. Qu’il soit permis de
mentionner quelques déclarations :
- Le ministre Soumahoro Amadou, 1er vice-président
de la CEI chargé des opérations électorales, représentant le Rassemblement des
républicains (RDR), parti d’Alassane Dramane Ouattara, le jour même du scrutin,
constate la faible mobilisation et en donne l’explication suivante : « … comme le droit de vote n’est pas une
obligation dans notre pays, naturellement chacun l’exerce dans la mesure de sa
conscience civique ». Le lendemain lundi 29 novembre, au Journal télévisé
de 13heure, avec le journaliste Thomas Bahinchi, il annonce que le taux de
participation est faible cette fois-ci comparé à celui du premier tour. Cela
dit, a-t-il ajouté, il se situe entre 60 et 70%.
-
Le président de la CEI, Monsieur Youssouf Bakayoko lui-même, reconnaît
également le même jour les faits : « On
note simplement une faiblesse. Je ne peux pas donner de chiffres. »
(http://www.afrik.com/article21376.html) ;
- Le site lequotidien.sn, par Mamadou DIALLO, relève
: «Contrairement au premier tour où le
taux de participation était de 83 %, les électeurs ne se sont pas déplacés en
masse pour le second tour. Une baisse du taux de participation confirmée par le
président de la CEI. ».
- Gérard Latortue, le chef de la Délégation des
observateurs de la Francophonie, déclarait le 29 novembre 2010 « que même si le taux de participation au
second tour était inférieur à celui du premier, il pourrait avoisiner les 70
pour cent ».
Il faut noter, à ce stade, trois circonstances
importantes. La première, c’est que Gérard Latortue est un observateur
occidental et non Africain et donc « crédible », conformément aux critères de
Choï. La seconde circonstance, c’est que le Représentant de l’OIF s’est exprimé
au siège de l’ONUCI et en présence de Choï. Celui-ci n’a apporté aucun démenti.
La troisième donnée, c’est que le taux de 70%,
annoncé par Gérard Latortue, a été rapporté par un communiqué officiel de
l’ONUCI.
- France24 publie le 29 novembre sur son site : « La Commission électorale indépendante
(CEI) ivoirienne a annoncé hier que le taux de participation au second tour de
la présidentielle, qui opposait dimanche le chef de l’Etat sortant Laurent
Gbagbo à l’ex-Premier ministre Alassane Dramane Ouattara (ADO), s’élevait à 70
% environ des 5,7 millions d’électeurs inscrits sur les listes électorales. Un
chiffre plus faible qu’au premier tour, au cours duquel 83 % des électeurs
inscrits s’étaient rués dans les bureaux de vote. »,
- observers.africa24.com et africahit.com reprennent
l’information précitée en ces termes: «
La Commission électorale indépendante (CEI) ivoirienne a annoncé ce lundi que
le taux de participation au second tour de la présidentielle s’élève à 70 %
environ des 5,7 millions d’électeurs inscrits sur les listes électorales ».
III – 11% de majoration du taux de participation
De tout ce qui précède, il résulte une majoration du
taux de participation de 11%. Ce qui correspond à un gonflement de plus de
500.000 voix.
Cette majoration subite suscite un certain nombre de
questions dont les suivantes :
- N’est-ce pas pour masquer la supercherie et
attribuer des voix supplémentaires au candidat de la CEI, Alassane Dramane Ouattara
?
- N’est-ce pas la raison pour laquelle l’on a
procédé à un résultat global plutôt qu’à un résultat détaillé, sinon
département par département, à tout le moins région par région ?
- N’est-ce pas pour les mêmes raisons que, dès le
lundi 29 novembre, les membres de la CEI ont communiqué, selon le site Lesgrandesoreilles.com,
aux chancelleries les résultats ? Ceux-ci donnaient Alassane Dramane Ouattara
vainqueur avec plus de 53% des suffrages, alors même que la CEI avait à peine
commencé ses délibérations. Il n’est pas inutile de préciser que le site en
question appartient à Jean Paul Ney, ancien locataire de la MACA pour tentative
de déstabilisation, en complicité avec feu Ibrahim Coulibaly dit IB.
- N’est-ce pas pour occulter un fort taux d’abstention
préjudiciable à Alassane Dramane Ouattara, bénéficiaire présumé du report de
voix du candidat malheureux Henri Konan Bédié que l’on a procédé à cette
majoration de 11% ?
- N’est-ce pas ce qui explique la volte-face du
Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU qui a soutenu que, quel que
soit le cas de figure, Alassane Dramane Ouattara est vainqueur ?
René
Pierre D., président du Collectif des juristes pour la sauvegarde de la
légalité républicaine.
(Sources : Notre Voie
21/6/2012)
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