(corbeaunews-centrafrique) |
Le
président centrafricain achève ce samedi un séjour à Washington aux États-Unis.
Près d'un mois après la formation d'un gouvernement qui intègre des
représentants des groupes armés conformément à l'accord de paix signé en
février à Bangui, Faustin Archange Touadera est venu plaider la cause de son
pays aux États-Unis. Anne Corpet notre correspondante à Washington l'a
rencontré à la veille de son retour à Bangui. Elle l'a interrogé sur sa visite
dans la capitale fédérale, mais aussi sur ses éventuelles inquiétudes face à la
situation chez ses voisins au Soudan.
RFI : vous achevez votre séjour aux
États-Unis. Qu’est-ce que vous attendiez des Américains ?
Faustin-Archange
Touadera : Nous sommes venus pour renforcer notre coopération avec les
États-Unis d’Amérique et, à voir notre programme de la semaine, depuis les
investisseurs — c’est-à-dire les hommes d’affaires —, jusqu’aux représentants
du Congrès, du Pentagone et du département d’État, les discussions ont été très
intéressantes et c’est un séjour très fructueux et très enrichissant.
Vous
avez parlé des investisseurs privés ? Il y a des Américains qui sont prêts à
venir investir chez vous ?
Bien sûr. Nous
sommes aussi là pour dire qu’en République Centrafricaine il y a beaucoup de
potentialités. Il nous faudrait des partenaires et nous pensons que le secteur
privé doit jouer un rôle important dans l’emploi des jeunes. Pour cela, nous
allons créer les conditions pour améliorer le climat des affaires, permettre à
des investisseurs qui veulent mener des affaires en Centrafrique de venir en
toute sécurité. Il y a des opportunités de faire des affaires en Centrafrique,
parce qu’il y a des réformes qui sont menées, aujourd’hui, pour améliorer le
climat des affaires.
La
Russie est perçue comme une nouvelle puissance tutélaire de la Centrafrique.
Or, en décembre dernier, John Bolton, qui est le conseiller national à la
Sécurité à la Maison Blanche, a dit que la priorité des États-Unis, c’était de
lutter contre l’influence grandissante de la Russie sur le continent africain.
Est-ce qu’ils vous ont fait part de cette inquiétude ?
Nous avons
échangé, effectivement, sur un certain nombre de questions. Mais la République Centrafricaine
est un pays qui tient aussi à sa souveraineté. Nous sortons de crises, nous
avons des défis énormes, et tous les partenaires qui viennent nous appuyer
œuvrent en toute transparence en République Centrafricaine. Donc je pense qu’à
ce niveau il y a un éclaircissement.
Pas
de problèmes avec les Russes pour les Américains en Centrafrique ?
En tout cas, de
mon point de vue, non.
Les
Américains sont aussi très critiques vis-à-vis des missions de la paix de
l’ONU. Il y a la Minusca chez vous, que Washington juge inefficace. Quel est
votre avis sur la question ?
Vous savez, nous
venons de signer un accord de paix. Il est dévolu dans cet accord de paix un
rôle important à la Minusca. Nous avons demandé que le mandat de la Minusca
soit revu pour l’adapter à la nouvelle situation en termes de renforcement de
capacité. Aussi, permettre qu’il y ait des déploiements conjoints avec nos
forces de défense et de sécurité. Et puis, il y a aussi les élections. Nous
demandons à nos partenaires de tenir compte de cela dans le nouveau mandat de
la Minusca pour aider à la logistique du prochain scrutin.
À
propos du prochain scrutin, vous allez vous représenter ?
La question
n’est pas là, je ne suis qu’à trois ans du mandat. Mais nous devions remplir
notre mission correctement.
Le
Conseil de sécurité a dit qu’il était prêt à envisager la levée de l’embargo
sur les armes vers la Centrafrique si un certain nombre de conditions étaient
remplies sur le désarmement, la sécurité, la mise au pas de certains groupes
armés. Vous pensez que vous allez pouvoir remplir ces garanties pour obtenir la
levée de cet embargo ?
Vous savez que
cet embargo pose vraiment des problèmes pour la montée en puissance de nos
forces de défense et de sécurité, qui manquent de moyens — il y a certains amis
qui veulent nous aider —, cela crée beaucoup de blocages. Aujourd’hui nous
travaillons très fort pour remplir toutes ces conditions afin que cet embargo
ne nous empêche pas de donner les moyens à nos forces de défense et de
sécurité. Aujourd’hui, l’armée centrafricaine doit être dotée de moyens pour
lui permettre d’assurer la protection de nos populations aux côtés des forces
des Nations unies.
L’actualité
du jour c’est le renversement d’Omar el-Béchir au Soudan, votre voisin. Omar
el-Béchir avait convaincu la Seleka de venir signer avec vous cet accord de
paix. Est-ce que vous craignez que sa chute ait des conséquences sur cet accord
?
L’accord qui a
été négocié à Khartoum et aussi signé le 6 février à Bangui est soutenu par
beaucoup de partenaires. Les Nations unies, l’Union européenne… Tous les pays
voisins. C’est aussi la volonté des partis d’aller vers la paix. Les quatorze
groupes armés ont signé, leurs responsables, le gouvernement… Aujourd’hui, nous
sommes en train de travailler pour — vraiment —, la mise en œuvre de cet
accord, qui ouvre un espoir de paix et de réconciliation dans notre pays.
Et
la chute de Béchir n’aura pas d’impact ?
Je dis que cet
accord, c’est entre les Centrafricains. C’est-à-dire, les quatorze groupes
armés et le gouvernement, pour créer les conditions d’une paix, d’une
réconciliation en Centrafrique. Mais cet accord est soutenu par tous les pays
voisins. Y compris le Soudan. Donc nous ne sommes pas inquiets de la situation
qui se déroule en ce moment. Le peuple centrafricain a beaucoup souffert. La
population a besoin de paix.
Source : http://www.rfi.fr
12 avril 2019
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