Pour rappel. Nouvel an 2013
: un drame, celui de la bousculade. Des familles étaient venues en masse
assister au feu d’artifice donné à l’occasion du Nouvel an. Plus de 60 morts,
plus de cent blessés. Le drame s’est produit près de la police du 1er
arrondissement du Plateau, à côté d’un chantier clôturé avec des feuilles de
tôle. Beaucoup de personnes se sont adossées à la clôture du chantier qui a
finalement cédé sous le poids, elles sont tombées dans un ravin à l’intérieur
du chantier, occasionnant leur mort. Cela se passait en face du stade Félix
Houphouët Boigny. Les familles regagnaient leur domicile après avoir admiré les
feux d’artifice, dans le cadre du projet « Abidjan, perle des lumières ».
A l’origine, cette initiative devait faire oublier les séquelles de ce qu’on a
appelé la crise postélectorale !
22 octobre 2016. En cette
fin de journée, face à des photos nous présentant un stade presque vide, on
nous explique que le stade FHB qui recevait les amis et promoteurs de la
nouvelle Constitution ne pouvait être rempli, les zones A et B, à cause de
travaux préliminaires aux futurs jeux de la Francophonie, ne pouvant recevoir
de spectateurs. Et pourtant, les nombreux clichés ne révèlent aucun engin de
chantier, aucune palissade. Mais si cette information se révélait exacte, elle
démontrerait que ce gouvernement n’a tiré aucune leçon du drame de fin d’année
2012, et que ce rassemblement, aujourd’hui au Félicia, relève d’une totale
inconscience de la part des organisateurs qui deviennent des organisa-tueurs !
Les journaux proches du
gouvernement, en première page nous annonçaient via Adama Bigtogo un évènement
qui déplacerait 50 mille spectateurs… dans un stade en travaux, qui en temps
ordinaire ne peut en accueillir plus de 30 mille ! Que dire de la com de cet
apprenti sorcier ? A lui-seul, il concentre ce que les ivoiriens disent tout
bas : quelle honte, cette clique de politiciens, tous des incapables !
Et dire que dans quelques
semaines, la première dame nous offrira une fois de plus le cinéma Abidjan
« Perle de Lumière », sur fond de misère, de pauvreté,
d’analphabétisme, de chômage, de santé précaire sans prise en charge, de
prisonniers en attente de jugement, d’une justice aux ordres, avec des témoins
menteurs.
La « détention
mobile », qui a caractérisé la nouvelle manière de mettre les adversaires
politiques hors circuit, a suivi les « hôpitaux mobiles », cette
nouvelle arnaque, inaugurée, elle aussi par la grande dame blonde, Pour pallier
à l’absence d’hôpitaux, voici des fourgons-dispensaires, 9 en tout pour
soigner… toute la Côte d’Ivoire !
Mais revenons au 22 octobre.
Place aux cars qui ont convoyé les Ivoiriens et pseudo-Ivoiriens au stade,
moyennant une petite aide financière et un panier garni. Amadou Gon Coulibaly,
qui a beaucoup à recevoir de cette nouvelle Constitution, a fait du zèle : sur
les réseaux sociaux, il se vante d’avoir rempli 30 cars de plus de 70
personnes, au départ de Korogho !
Mais au lieu de déplacer
des Ivoiriens et Sahéliens depuis Korogho et Bouaké pour remplir le stade, il
aurait été judicieux de promener notre brillantissime rédacteur de la Nouvelle
Constitution Ivoirienne en Ado-mobile
pour lui faire toucher du doigt la réalité de cette Côte d’Ivoire étranglée,
ensanglantée, non réconciliée. Cette république émergente, à l’image du
Titanic, va à nouveau en cette fin d’année scintiller de mille feux, de mille
perles de lumières, et tous feux allumés, sous les projecteurs de la communauté
internationale qui, parait-il, applaudit ce texte, le bateau ivoire et son
équipage s’enfonceront doucement dans la lagune…
« Cette constitution
de la 3e République est celle du retour aux fondamentaux qui nous ont permis
d’avoir la Paix » nous assène l’économiste diplômé, dont les actes n’ont
pas été à la hauteur du diplôme, celui qui n’a créé ni nouvelles universités,
ni nouveaux hôpitaux, ni nouveaux emplois, ni apporté la paix des cœurs et des
consciences.
Bien sûr le recours aux
faux en écriture sera au rendez-vous. Certaines voix autorisées évoquent déjà
le chiffre de plus de 3 millions de nouveaux Ivoiriens originaires des pays de
la sous-région, invités à se prononcer favorablement sur le changement de la
constitution, sans compter les bus affrétés à l’étranger pour permettre à de
parfaits inconnus de se prononcer eux aussi sur le bien-fondé d’une nouvelle
constitution en Côte d’Ivoire.
Souriez, braves Ivoiriens,
vous êtes les citoyens d’un pays convoité, envié, adulé, à la croissance
exponentielle, aux institutions et à la justice au top, aux écoles favorisant
l’émergence d’une élite.
Oui, vous êtes bénis des
dieux …du profit que servent sans relâche vos bienfaiteurs, ceux-là même qui
veulent, ─ grâce à la Nouvelle Constitution ─ s’éterniser à vous faire du bien.
Et avec la sortie de terre d’un luxueux Sénat qui vous concoctera des lois et
leurs contraires, vous aurez vraiment toutes les apparences d’un pays riche, à
la démocratie vivante, un pays où coule le lait et le miel, où les prisons
auront disparu, car la Réconciliation aura visité et pénétré le moindre recoin.
En attendant ce jour, il
reste encore une semaine pour envoyer au capitaine du vaisseau Tivoirnic des
signaux de détresse. Fuira-t-il le bateau, sautera-t-il dans un canot de
sauvetage à la place des femmes et des enfants qu’on a l’habitude de secourir
d’abord ? Ou, dignement, attendra-t-il de sombrer, lui et son équipage RDR et
PDCI, en invoquant sainte-Constitution ?
Ce
geste tant attendu, permettrait aux chaloupes des survivants de regagner le
bord, sains et saufs, d’ouvrir les prisons, de prendre des dispositions pour un
retour sécurisé des exilés, et enfin de s’atteler à reconstruire cette Eburnie
fraternelle et hospitalière que nous avons saluée de loin, avant un certain 11
avril 2011…
Shlomit Abel
EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous
cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui
ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu
qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et
des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à
faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la «
crise ivoirienne ».
Source :
connectionivoirienne.net 23 octobre 2016
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire