samedi 8 octobre 2016

L’improbable fin d’un long et triste coup d’Etat constitutionnel

Raphaël Dago
Monsieur Ouattara Dramane Alassane qui intervenait Mercredi 05 octobre 2016 à l’assemblée nationale ivoirienne a cru devoir adosser l'opportunité de sa proposition de nouvelle constitution aux recommandations de la conférence de Linas-Marcoussis tenue en janvier 2003. Il s'agit encore là d'une preuve de plus qui délégitime définitivement cette « nouvelle constitution ».
En effet aussi respectables fussent-ils, ceux qui avaient été conviés à ce rendez-vous n'avaient eux-mêmes aucune légitimité au regard notamment des institutions qui présidaient aux destinées de la République à cet instant. Ces partis n'étaient en réalité que des associations partisanes auxquelles avaient été adjoints des groupuscules de rebelles en armes, eux-mêmes hors-la-loi notoires. Le Président de l'Assemblée nationale de cette époque qui aurait pu conférer à ce rendez-vous un semblant de légitimité l'avait très justement dénoncé en refusant de participer à "ce coup d'Etat institutionnel" de son propre aveu. Nous ne savons que trop la suite des événements, avec 15000 ivoiriens et étrangers froidement tués, des milliers de prisonniers politiques d’un seul camp, des réfugiés par centaines souvent dépossédés de leurs terres et autres biens...
Prendre appui en conscience sur cette réunion de la honte est une façon supplémentaire non seulement de vouloir parachever le coup d'Etat, mais en même temps de tenter de bâtir un château de sable dont l’écroulement programmé peut encore ensevelir d’innocentes victimes, reste une vraie faute d’Etat.
Ce qui est le plus dangereux dans cette initiative malheureuse et inopportune, c'est qu'elle en rajoute au puzzle de la cocote minute explosive à retardement que construit Monsieur Ouattara Dramane Alassane avec son idéologie revendiquée de rattrapage ethnique.
Rappelons simplement à Monsieur Ouattara que la succession du président de la république n'a posé aucun problème en Côte d'Ivoire par le passé. C'est bien lui qui a voulu, de façon illégitime, faire main basse sur le poste de président de la République au mépris des dispositions de la loi fondamentale du pays à la mort du Président Houphouët.
L'attente des Ivoiriens aujourd'hui n'est nullement dans l'établissement d'une nouvelle constitution. Dans la mesure où aucune œuvre humaine n'est parfaite, il est tout à fait possible, au terme d'un débat démocratique, d'apporter des corrections consensuelles à ce qui pose question dans le texte existant. Un référendum imposé en catimini et au forceps, avec une commission électorale discréditée à plus d'un titre, ne saura faire illusion. Les Ivoiriens attendent que soient corrigés les chiffres fantaisistes d'une croissance économique célébrée à cor et à cri mais qui ne produit aucune amélioration dans la vie quotidienne des Ivoiriens dans leur majorité.
Les Ivoiriens attendent qu'il soit mis fin à l’accaparement de pans entiers de leur économie par les parents et amis de Monsieur Ouattara Dramane Alassane et son épouse comme le décrit fort bien l'article du dossier « Cote d'Ivoire, Alassane Ouattara et les affaires de famille », Numéro 731 du 03/08/2016 du journal « La Lettre du Continent ». Les Ivoiriens attendent que les prisons soient vidées des personnalités politiques qui n'ont eu qu'un seul tort : penser différemment que Monsieur Ouattara Dramane Alassane. Ce que les Ivoiriens attendent, c'est qu'ils puissent s'exprimer librement sans qu'ils ne soient accusés d'atteinte à la sûreté de l'Etat. Ce qu'attendent les Ivoiriens du Nord à l'Ouest, du Sud à l'Est, c'est de se réconcilier pour choisir ensemble leur destin par eux-mêmes. Le Président Obama disait que l'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts mais d'institutions fortes. Les institutions fortes sont celles qui sont le résultat d'un minimum de consensus national résultant d'un débat libre et approfondi.
Comment Monsieur Ouattara Dramane Alassane peut-il espérer imposer aux Ivoiriens une constitution pérenne, gage de paix, alors même que son sport favori a toujours consisté à fouler au pied la constitution quand il n'y trouve pas son compte personnel. Mais nous savons que l’homme est insensible et surtout réfractaire à la confrontation des idées. C’est au Ivoiriens qu’il revient de choisir d’accepter ou non cette errance de trop en terrain miné. Me concernant, mon opinion est faite.
Raphaël Dagbo (président de l'Association des Amis de Laurent Gbagbo)


EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenances diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».


Source : Ivoirebusiness 7 octobre 2016

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire