vendredi 21 octobre 2016

LES BLANCS DERRIÈRE OUATTARA & CONSORT D’après le regretté Mamadou Ben Soumahoro

M. Ben Soumahoro


A l’heure où la « classe politique » autoproclamée, toutes tendances confondues, est en train de blaguer les Ivoiriens avec cette histoire de constitution dans laquelle les uns voient le salut de la Côte d’Ivoire, les autres sa damnation définitive, il est bon de rappeler quelques vérités que tous font semblant d’oublier afin de mieux les cacher à la masse des Ivoiriens. Aujourd’hui, symboliquement, nous donnons la parole à l’ancien député Mamadou Ben Soumahoro, grande conscience et grande voix, qui malheureusement s’est récemment tu à Accra où il s’était exilé après la catastrophe du 11-avril. Et que voulait-il nous dire quand il nous montrait ces agents français, vrais maîtres de nos destinées, qu’il appelait « les blancs de Ouattara » ? C’est que Ouattara n’est qu’une marionnette, comme l’était Houphouët, et que la Côte d’Ivoire continue d’être gouvernée comme si elle était toujours une dépendance de la France. Et c’est la stricte vérité. Dès lors on peut se demander à quoi riment ces agitations autour d’une prétendue « constitution » que « Monsieur le préfet » va soumettre à référendum. Car aucun texte et peu importe qui l’a rédigé et comment ne mérite ce nom s’il ne vise pas d’abord et avant tout à constituer la Côte d’Ivoire en un Etat réellement indépendant et souverain ; un Etat où il n’y aurait aucun agent de l’ancienne puissance colonisatrice, civil ou militaire, dans les instances dirigeantes. Or, de ce point de vue, depuis sa soi-disant décolonisation en 1960 jusqu’à ce jour, la Côte d’Ivoire n’a jamais eu de constitution. Pas plus qu’elle n’a eu une vraie armée, un vrai parlement ou un vrai gouvernement. Pas plus qu’elle n’a une vraie monnaie. Qu’on se rappelle la confidence d’un ancien chargé de mission au cabinet d’Houphouët à Didier Dépry sous le sceau de l’anonymat :
« Le véritable Président de la Côte d’Ivoire, de 1960 jusqu’à la mort d’Houphouët, se nommait Jacques Foccart. Houphouët n’était qu’un vice-président. C’est Foccart qui décidait de tout, en réalité, dans notre pays. Il pouvait dénommer un ministre ou refuser qu’un cadre ivoirien x ou y soit nommé ministre. C’était lui, le manitou en Côte d’Ivoire. Ses visites étaient régulières à Abidjan et bien souvent Georges Ouégnin lui cédait son bureau pour recevoir les personnalités dont il voulait tirer les oreilles »[i].
 Comme chantent les « Magic System » : « Cessa kié la vérité ! ».
La Rédaction 
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La très entreprenante D. Nouvian et son masque africain
En l’an de grâce 1990, Alassane Dramane Ouattara déclare au cours d’une conférence de presse dans les locaux de la BCEAO à Abidjan-Plateau, que s’il avait un parti unique en Côte d’Ivoire, il ferait des miracles. Le multipartisme venait d’être réintroduit dans le système de gouvernement de la République (Avril 1990), après des revendications et des manifestations consécutives aux décisions d’application des mesures économiques et sociales impopulaires imposées par les institutions financières internationales au gouvernement de Félix Houphouët-Boigny et après « l’échec » des plans successifs de Moïse Koumoué Koffi et Arsène Assouan Usher.
Alassane Dramane Ouattara réclamait le retour au parti unique, quelques mois à peine après son historique abrogation par Félix Houphouët-Boigny lui-même et par le PDCI-RDA. Alassane Dramane Ouattara qui n’était pas encore Premier ministre mais seulement président d’un obscur organisme inventé par lui-même pour soi-disant redresser l’économie nationale malade, a tourné en ridicule les plans de Moïse Koumoué Koffi et Arsène Assouan Usher pour mieux atteindre son objectif : celui de devenir chef du gouvernement de la République. Malgré le puissant appui occulte dont il bénéficiait auprès de Félix Houphouët-Boigny, Alassane Dramane Ouattara a tenu à garder son poste de gouverneur de la BCEAO à Dakar, parce qu’il n’était pas totalement assuré du succès de son entreprise. Il faut simplement retenir que l’homme voulait un parti unique pour la simple et bonne raison que l’opposition qui avait réussi à déstabiliser le grand Félix Houphouët-Boigny, lui faisait déjà peur.
Tout son comportement et sa méthode de gouvernement ont démontré par la suite qu’Alassane Dramane Ouattara n’était pas et n’avait aucune chance de devenir un démocrate : arrestation de Laurent Gbagbo en 1992, introduction de la carte de séjour pour les étrangers, imposition du certificat de nationalité pour l’obtention de la carte nationale d’identité, collecte des taxes et impôts par des agents encadrés par les forces de l’ordre, pressions extraordinaires sur les opérateurs économiques libanais pour des paiements d’impôts anticipés, menaces permanentes sur les enseignants dont les salaires avaient été réduits de moitié, dissolution de la Fesci sous Soro Guillaume, mise sous le boisseau des partis d’opposition par une loi anticasseurs, confiscation et musèlement de la presse et de l’audiovisuel par une loi liberticide, arrestations extrajudiciaires courantes, délits d’initiés, vol et détournement du budget à grande échelle, etc… Tout cela se passait entre 1989 et 1993. Déjà !
En ce qui concerne la gouvernance actuelle de Alassane Dramane Ouattara, il est temps de mettre les barres aux « t » et les points sur les « i » devant l’inflation galopante des fautes, crimes et mensonges d’un homme qui a introduit la violence, la fraude électorale, la haine de l’autre, le vol institutionnel, le mépris de la vie humaine, une croyance narcissique hypertrophique en sa seule et unique personne, qui le rend dangereux. Si vous ne connaissez pas Ouattara, lisez la petite histoire qui va suivre et vous aurez tout compris : « Un homme se mire dans une glace. Mon Dieu ! S’écrit-il. S’il existe un homme plus beau que moi, je voudrais qu’on me le présente ». Pour Ouattara, tous les Ivoiriens sans exception sont nuls. A partir de quoi, il s’est octroyé le droit de nommer n’importe qui n’importe où pour faire n’importe quoi. Tout cela n’a aucune importance pour lui puisque tout le monde est nul. Et il croît tout seul pourvoir faire au vice l’hommage de la vertu.
Imaginez une salle de classe où le professeur pose à ses élèves une question piège : « Savez-vous la différence entre Dieu et Alassane Ouattara ? ». Réponse, non. Solution : « Dieu lui, ne se prend pas pour Alassane Dramane Ouattara ». Laissons là ces aspects du caractère de ce personnage singulier, pour la simple et bonne raison que les médecins conseillent de ne pas interpréter une posture qui entre dans la pathologie psychiatrique. Cet homme-là a introduit aussi dans notre pays une pratique qui elle, fera durablement beaucoup de mal à notre démocratie naissante et à la paix. « Si je perds les élections c’est qu’on aura organisé des fraudes massives. » Cela s’appelle une prédiction créatrice. Aujourd’hui, Alassane Dramane Ouattara a profité du fait avéré que l’opposition tout entière ressemble désormais à un théâtre d’ombres pour asséner ses vérités et tirer à son seul profit les bénéfices de ses théories fumeuses et dangereuses. Il ne faut pas s’y tromper.
Pour moi le PDCI-RDA fait aussi partie de l’opposition. Mais il semble être le seul à ne pas le savoir. Tous les observateurs sérieux ont fini par se rendre compte qu’Alassane Dramane Ouattara n’avait aucun plan pour gouverner la Côte d’Ivoire. Quand il arrive dans ce pays en 1989, il trouve en place un Félix Houphouët-Boigny déjà diminué, un gouvernement affaibli par la crise systémique mondiale mais il s’aperçoit aussi que pour ne pas être débordé, le Président Félix Houphouët-Boigny a institué une organisation du gouvernement qui avait donné tous les pouvoirs à quatre personnalités dont les activités tournaient autour de la DCGTX.
Antoine Césaréo régnait alors en Grand Maître de l’Ordre de ce « gouvernement de l’ombre » auquel Félix Houphouët-Boigny avait donné tous les pouvoirs d’une primature véritable. Il ne manquait plus qu’un décret pour donner une réalité politique à cet organe technique informel. Pour sauver les apparences du régime Présidentialiste, le Président Félix Houphouët-Boigny n’a jamais signé ce décret. Cette « équipe de surdoués » comptait donc : Antoine Césaréo DCGTX, Alain Belkiri Secrétaire Général du gouvernement, Guy Nairay Directeur du cabinet du Président de la République et Norbert Kouakou DG de la CAISTAB. Un point, un trait. Le vrai gouvernement de la République réduit à la portion congrue, ressemblait à un ectoplasme et aucun ministre n’osait porter la contradiction à Antoine Césaréo, qui avait fini par devenir le vrai patron du pays. Il était trop exemplaire et trop puissant pour durer. Son règne prendra fin très vite, dès que Dominique Nouvian-Folloroux aura pris pieds au palais Présidentiel auprès de Félix Houphouët-Boigny. Mais ceci est une autre histoire… Quand Alassane Dramane usurpe le pouvoir en avril 2011 dans les conditions qui n’ont échappé à personne, il n’a en tête qu’une seule formule de gouvernement : le modèle Antoine Césaréo. 
Alassane Dramane Ouattara ne nourrit alors qu’un seul projet ; faire revenir Antoine Césaréo pour reproduire le même schéma houphouëtien de l’époque glorieuse. Mais il y a un os. Dominique Folloroux qui voyait en Césaréo un obstacle à ses projets politiques, était à la base de la rupture du contrat personnel non écrit qui liait Félix Houphouët-Boigny à l’ingénieur-général Français. Cet homme exceptionnel qui avait fini par aimer profondément Félix Houphouët-Boigny, quitte la Côte d’Ivoire les larmes aux yeux mais il avait au moins compris d’où venait le coup de boutoir de son « expulsion ». Comme Alassane Dramane Ouattara n’avait aucun autre plan pour exercer le pouvoir dans un pays qu’il ne connait pas, la réhabilitation d’Antoine Césaréo est devenue incontournable à ses yeux. Et il a dû l’imposer à son entourage et même à son épouse. A moins que ce ne soit l’inverse. Mais c’est bonnet blanc – blanc bonnet. Ou alors Amadou Gon Coulibaly et Serrey-Eiffel anciens adjoints de Césaréo à la DCGTX ont pu être les fers de lance du retour de leur ancien Mentor. Toujours est-il que l’équipe se reconstitue. Pas forcément avec les mêmes. Alain Belkiri n’a pas accepté l’offre, Guy Nairay et Norbert Kouakou sont morts mais Nicolas Sarkozy de Nagy Bosca qui a installé de force Alassane Dramane Ouattara au pouvoir, trouve des solutions rapides : ainsi le « Shadow Cabinet » de Ouattara se compose comme suit :

A. Césaréo
–      Antoine Césaréo : ministre des Travaux Publics, ministre des affaires étrangères et du commerce international de la Côte d’Ivoire.
–      Phillipe Serey-Eiffel : ministre des finances de la Côte d’Ivoire.
–      Général Claude Réglat : ministre de la défense de la Côte d’Ivoire.
–      Général Marc Paitier : ministre de l’intérieur de la Côte d’Ivoire.
P. Serrey-Eiffel
–      Christian Delmotte : ministre de la santé de la Côte d’Ivoire.
–      Anne Meaux : ministre de la communication de la Côte d’Ivoire.
–      Cédric Lombardo : ministre de l’environnement de la Côte d’Ivoire que Dominique Folloroux a ramassé au palais pour récompenser sa mère Liliana Lombard d’avoir trahi Simone Gbagbo son amie inséparable.
Gl. C. Réglat
–      Jean Louis Blanc : ministre chargé du parc automobile du palais présidentiel.
–      Fréderic Bedin : ministre chargé des grands événements de la Côte d’Ivoire.
–      Olivier Payet : ministre des cuisines du palais présidentiel, ancien chef cuisinier de l’hôtel Tiama et beau-cousin de Dominique Folloroux.
–      Dominique Nouvian-Folloroux-Ouattara : Super-ministre et chef autoproclamé du gouvernement de l’ombre.
Anne Meaux
Après quoi vous aurez compris pourquoi Alassane Dramane Ouattara se fout totalement d’avoir un gouvernement compétent, efficace et national. Quelques « bougnoules » lui suffisent pour faire illusion sur le plan international alors que le vrai pouvoir est ailleurs. Une Mercedes Benz, une 4X4, une Résidence de fonction, une secrétaire parfois très particulière, quelques maitresses, des conférences à l’étranger sans compte-rendu, les gros plans de la RTI pour frimer au quartier, quelques costumes de chez Francesco Smalto suffisent au bonheur de ces nègres fascinés par les apparences. La Côte d’Ivoire ? On s’en fout ! Les raisons profondes des choix qui peuvent surprendre et même choquer viennent de ces dispositions que l’on vous cache. J’ai décidé de vous faire découvrir quelque uns de ces ministres-tocards, en essayant de ne pas trop blesser leur vanité. Evidemment la liste n’est pas exhaustive et le choix a été tiré à la courte paille.

Mamadou Ben Soumahoro


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[i] - Notre Voie 10 septembre 2011.

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