mardi 13 septembre 2016

BURKINA FASO : GARDER VIVE LA FLAMME DE L’INSURRECTION.

A l'occasion du 2e anniversaire de  l’insurrection populaire des 29 et 30 octobre 2014, La CFDC annonce une conférence nationale les 29 et 30 octobre prochains

Mercredi dernier, 7 septembre 2016, s’est tenue une rencontre des partis membres de la Coalition Zeph 2015 pour un vrai changement autour des points d’ordre du jour suivant :

A) Vie de la Coalition
B) Activités
C) Divers

Au titre de la vie de la coalition, les membres de la coalition ont décidé du changement de son nom. La coalition se nomme désormais : « Coalition des forces démocratiques pour le vrai changement », en abrégé CFDC. Membre à part entière de l’opposition politique, la CFDC entend œuvrer sans relâche aux côtés des autres partis membres de cette opposition et de toutes les forces politiques et sociales qui le voudraient, à la construction d’une coalition très large regroupant le plus grand nombre, autour d’un programme commun, afin d’offrir aux Burkinabè une alternative crédible, source de vrai changement au Burkina Faso.

Au titre des activités à venir, la Coalition, en liaison avec d’autres forces politiques et sociales, projette organiser les 29 et 30 Octobre 2016 à Ouagadougou, une conférence nationale sur l’insurrection et les défis du Burkina post-insurrectionnel, autour du thème : « Insurrection et aspirations au changement du peuple burkinabè : bilan, acquis et perspectives pour un Burkina réconcilié avec lui-même ».

A cet effet, la coalition a adopté les termes de référence articulés autour des points ci-après :

1. Contexte et justification

L’insurrection populaire des 30 et 31 Octobre 2014 a marqué de façon déterminante l’histoire politique de notre pays. Voilà déjà deux (2) ans que le peuple burkinabè s’est insurgé contre le régime du Président Compaoré, mettant ainsi fin à vingt-sept années (27 ans) de gestion de pouvoir.

Après l’élaboration d’une charte consensuelle et une transition de treize (13) mois animée par l’ensemble des forces vives de la nation, l’année 2016 s’est ouverte sur des dynamiques nouvelles suite à l’organisation réussie, le 29 novembre 2015, d’élections législatives et présidentielle saluées par la communauté internationale. Ces élections ont débouché sur la mise en place d’une nouvelle équipe dirigeante, composée par des partis politiques ayant pris part au mouvement sociopolitique qui a mené à l’insurrection.

Deux années après cette insurrection, les Burkinabè ont le sentiment que le changement véritable qu’ils espéraient tarde à se concrétiser. Leur impatience s’était déjà manifestée sous la Transition elle-même. Limitée dans son action par ses propres insuffisances, bousculée par des turbulences politiques diverses, dont le coup d’Etat de septembre 2015, soumise à la contrainte de temps et de ressources et davantage préoccupée par sa survie, la Transition n’a pas pu répondre à leurs nombreuses attentes.

Cette impatience semble se poursuivre avec le nouveau régime en place dont l’action est teintée d’hésitations et de tâtonnements ; ce qui pousse les Burkinabè à s’interroger sur sa capacité à apporter la bonne réponse à leurs problèmes. Pire, en observant certaines décisions et les dérives dans la gestion du pouvoir, la nouvelle équipe dirigeante pose des actes qui rappellent étrangement l’ancien régime. En conséquence, les Burkinabè ont l’impression que la flamme du changement et leurs aspirations à une meilleure gouvernance sont en train d’être étouffées.

Ce sentiment de déception mûrit dans un contexte national marqué par une déchirure. Née de l’insurrection elle-même, qui a opposé le peuple à ses dirigeants, elle semble s’être élargie avec les péripéties politiques qui ont suivi l’insurrection. Aujourd’hui, à côté du camp des insurgés d’hier, qui se sentent floués, se dresse le camp de ceux qui se considèrent comme les « perdants » politiques de cette aventure. De tels antagonismes peuvent porter gravement atteinte à la cohésion nationale, socle d’un progrès politique, économique et social effectif.

C’est dans ce contexte qu’un regroupement de partis politiques et d’organisations de la société civile, acteurs de l’Insurrection et soucieux non seulement de dresser un bilan du mouvement social et politique des 30 et 31 Octobre 2014, mais aussi et surtout de poser les jalons d’un nouvel élan pour notre pays, a décidé, de marquer le deuxième anniversaire de cette insurrection par l’organisation d’une Conférence nationale sur l’insurrection et les défis du Burkina post-insurrectionnel, les 29 et 30 Octobre 2016, sous le thème : « Insurrection et aspirations au changement du peuple burkinabè : bilan et perspectives pour une véritable réconciliation nationale ».
Cette rencontre qui se veut introspective et rassembleuse autour de valeurs telles que la paix et la cohésion nationale, ambitionne de réunir toutes les sensibilités de la société burkinabè.

2. Objectifs

L’objectif principal de cette Conférence nationale sur l’insurrection vise à commémorer l’événement et à pérenniser les acquis de ce mouvement à travers :
                l’évaluation de ce mouvement social ;
                la transition ;
                la gestion actuelle après dix (10) mois de gouvernance post-transitionnelle et de son adéquation avec les aspirations des insurgés ;
                la cohésion de la Nation et des réflexions sur la problématique de la réconciliation nationale ;
                L’identification de pistes d’une relance vigoureuse de la démocratie et de l’économie.

3. Démarche

Pour mener à bien cette activité, des concertations avec l’ensemble des forces vives de la nation seront programmées dans l’optique d’obtenir l’adhésion de tous. La posture de la conférence est, non pas « nous avons fait une insurrection », mais plutôt « le Burkina Faso a connu une insurrection en octobre 2014 ». Cette approche permet aussi à ceux qui ont été les « perdants » du pouvoir de contribuer, d’une part par l’autocritique s’ils le désirent, mais aussi par l’appréciation critique de tout ce qui a suivi l’insurrection.

4. Activités

La conférence sera organisée sous forme de panels. Chaque panel traitera d’un thème lui-même éclaté en sous-thèmes faisant l’objet d’une présentation introductive. Des TDRs pour chaque panel seront élaborés et transmis aux panélistes afin de permettre à ces derniers de traiter de façon efficace et efficiente les sujets. La conférence elle-même sera précédée d’un hommage aux martyrs.

Les 4 grands thèmes retenus sont les suivants :

Thème introductif : Retour sur l’insurrection des 30-31 octobre 2014 : radioscopie d’un mouvement historique.
• Sous-thème 1 : Le rôle de l’Opposition politique.
 Sous-thème 2 : Le rôle de la société civile (« OSC », médias, syndicats, autorités traditionnelles et religieuses…).
 Sous-thème 3 : Le rôle des FDS et autres acteurs.
 Sous-thème 4 : Les Violences, les martyrs, les victimes diverses et les dérives de l’insurrection. Témoignages et leçons à tirer pour l’histoire.

Thème 2 : L’évaluation de la Transition : acquis et insuffisances.
 Sous-thème 1 : Les institutions et acteurs de la Transition : analyse critique de la genèse et du fonctionnement des institutions, acteurs et rôles.
 Sous-thème 2 : L’agenda et l’action de la Transition : feuilles de route, acquis et limites de l’action publique sous la Transition.

Thème 3 : L’évaluation du régime post-transition.
 Sous-thème 1 : L’état de la mise en œuvre des acquis de l’insurrection en matière de bonne gouvernance.
  Sous-thème 2 : La relance économique et les réponses aux attentes des Burkinabè pour un mieux-être.
 Sous-thème 3 : L’état de la justice et son rôle face aux crimes de sang et aux crimes économiques.
 Sous-thème 4 : La question sécuritaire.

Thème 4 : Les sentiers de la réconciliation nationale.
 Sous-thème 1 : Les politiques et stratégies de réconciliation nationale : expériences historiques du Burkina Faso.
 Sous-thème 2 : La problématique de la réconciliation nationale post-insurrection : Quelle stratégie ?

5. Pilotage

L’événement sera piloté par les 3 structures suivantes :
 Un comité d’Orientation : il a pour mission de superviser l’orientation politique de la conférence et d’entreprendre les démarches de sensibilisation et de mobilisation.
 Un comité de Thème : il a pour mission de sélectionner les présentateurs des thèmes et de préparer les discussions, de tirer les conclusions.
 Un comité d’Organisation : il est chargé de l’organisation pratique de la conférence.

En divers, les membres de la coalition ont tenu à remercier les nombreux Burkinabè qui ont déjà contribué à enrichir sa réflexion, et se dit ouverte à toute suggestion susceptible de garantir le succès de l’événement qui est ouvert à tous.

Ils ont aussi procédé à un large échange sur la vie nationale.

Fait à Ouagadougou le 7 Août 2016
Pour la Coalition : Zéphirin Diabré, président de l’UPC.

@@@

Premier anniversaire de la victoire remportée par le peuple burkinabè sur les putschistes Diendéré, Bassolé et consorts : Les Comités de défense des acquis de l’insurrection populaire (CDAIP) veulent une commémoration à la hauteur de l'événement.

La Coordination des Comités de défense des acquis de l’insurrection populaire de la ville de Ouagadougou a animé, le 6 septembre 2016 au Centre national de presse Norbert Zongo, un point de presse. Objectif : informer l’opinion publique de la commémoration du 1er anniversaire de la résistance populaire victorieuse contre le putsch de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Cette activité marque le point de départ d’une série d’activités.

Pour le porte-parole de la coordination des Comités de défense des acquis de l’insurrection populaire (CDAIP) de la ville de Ouagadougou, Yacouba Kientéga, qui a animé la conférence, le pouvoir en place a trahi les idéaux de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et de la résistance populaire du 15 septembre 2015. « Deux ans après, il n’y a pas eu la moindre justice pour ceux qui sont tombés au cours de l’insurrection populaire et une année après il n’y a eu aucune justice également pour ceux qui sont tombés au cours de la résistance populaire », a d’emblée expliqué Yacouba Kientéga. Aussi a-t-il rappelé que nombre de personnes qui avaient été arrêtées et détenues sous la pression populaire sont remises en liberté. Et pour libérer ceux sur qui pèsent des soupçons de crimes de sang, a-t-il poursuivi, la justice prend tout son temps, traine les pieds, évoque sans cesse le manque de moyens quand il s’agit de rendre justice aux enfants du peuple.

Cette reculade du pouvoir actuel devant la soif de la justice exprimée par le peuple à travers l’insurrection semble, de l’avis du porte-parole, obéir à l’adage selon lequel « on ne scie pas la branche sur laquelle l’on est soi-même assis ». Néanmoins, il est persuadé que « le peuple héroïque » ne se laissera pas distraire et duper. Mieux, il se battra pour que tous, anciens comme nouveaux-anciens dirigeants, répondent de leurs actes devant la justice. « Au lieu de faire la manche, le garibou selon l’UPC, auprès de dictateurs et de protecteurs de dictateurs pour, disent-ils, avoir de l’argent frais afin de relancer l’économie, le MPP et ses alliés doivent pouvoir plutôt procéder au jugement des nombreux dossiers de crimes économiques et récupérer l’argent volé au peuple par les dignitaires du pouvoir déchu et leurs amis », a-t-il recommandé.

Et des attentes des insurgés s’évanouissent…

Il n’y a pas que cela ! Sur le plan économique également, le conférencier a affirmé que la plupart de ceux qui sont au niveau dudit secteur croupissent et ont des difficultés pour pouvoir s’en sortir. Toute chose qui conduit à des licenciements aggravant du coup la misère des populations. « Aussi, lorsqu’on prend la situation sécuritaire, vous voyez comment c’est très difficile. Et en même temps le pouvoir en place n’apporte aucune solution. Or nous pensons qu’à travers l’insurrection le peuple a démontré sa capacité à contribuer à la gestion du pouvoir (…) », a-t-il renchéri.
Pour lui, un peuple insurgé ne peut et ne doit devenir, moins de deux ans après, un peuple mendiant. C’est pourtant, a concédé M. Kientéga, cette image du peuple burkinabè que véhicule actuellement le pouvoir en place à travers sa diplomatie. « Cette orientation politique du pouvoir actuel, avec l’aide de ses amis d’ici et d’ailleurs, vise à faire regretter au peuple burkinabè son insurrection et sa résistance héroïque », a-t-il soutenu. Raison pour laquelle, il a crié à la trahison. « Il s’agit d’une trahison de l’esprit de l’insurrection et de remise en cause des principaux acquis, notamment les perspectives de souveraineté, d’indépendance, de liberté et de justice sociale », a-t-il martelé.

Une invite à la mobilisation

Face à une telle situation, le porte-parole est convaincu que la seule alternative est la poursuite de la lutte pour l’achèvement de la révolution qui apportera le véritable changement en faveur du peuple. Et la coordination des CDAIP de la ville de Ouagadougou et des environs de lancer un appel au peuple de Ouagadougou à se mobiliser pour commémorer avec succès le 1er anniversaire de la résistance populaire au putsch. Aussi, elles l’invite à participer aux différentes activités qui seront organisées dans les arrondissements, secteurs, quartiers et Yaars de la capitale.

A la question de savoir quelle est leur position par rapport au projet de « conférence des insurgés », M. Kientéga a rétorqué qu’ils n’ont rien contre cette conférence. « Mais on pense que si elle doit avoir lieu, il faut qu’il y ait des objectifs clairs, qu’on sache ce qu’on veut faire à travers cette conférence (…) », a-t-il dit. Et de conclure : « Nous n’avons pas encore été contactés. Le moment venu, on pourra donner notre point de vue là-dessus ».

Rappelons que les CDAIP sont nés sur les barricades, dans un élan de fraternité et de solidarité entre les insurgés qui ont réagi de manière patriotique et révolutionnaire à la tentative du putsch de l’Ex-RSP du général Diendéré. Ils sont organisés dans les quartiers, les secteurs et les arrondissements. En tant qu’organisations populaires, ils poursuivent leur implantation en vue d’assurer la veille citoyenne, de garder vive la flamme de l’insurrection en défendant ses acquis, etc.

Aïssata Laure G. Sidibé

Source : Lefaso.net 7 septembre 2016

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire