L'accusation et son drôle de témoin |
Le "procès de la honte" engagé contre le président Laurent Gbagbo
et le ministre Charles Blé Goudé reprend le lundi 9 mai prochain à La Haye par
la poursuite de l'audition des témoins à charge, c'est-à-dire les témoins de
l'accusation représentée par le Procureur. On en sera au sixième, après quatre
militants RHDP et un membre de l'ex-LMP, l'inénarrable Sam Jichi dit
L'Africain.
On se
souvient encore des sentiments divers auxquels a donné lieu l'audition de ce
dernier qui, aussi paradoxalement que cela puisse paraître, était devenu pour
certains de notre camp un héros, celui grâce auquel seront libérés les illustre
accusés. Maintenant que l'intéressé lui-même, tel un varan, est en train de
détruire "par sa queue ce qu'il semblait avoir construit par ses
pattes", et avant l’audition du prochain témoin, il me semble à propos
d'affirmer que, pour ce qui me concerne, aucun témoin à charge ne sera jamais
mon héros, quel qu'il soit et quel que soit sa prestation lors du procès. En
voici les quatre (4) raisons principales:
I - CE
PROCÈS N’EST PAS UN JEU
Pour ceux
qui l’auraient oublié, il faut rappeler que ce qui se passe à La Haye n’est pas
un jeu. Il s’agit d’un vrai procès, où deux personnes faites de chair, d’os et
de sang, deux hommes politiques en qui nous nous reconnaissons et en qui nous
croyons, sont accusés des pires crimes, de crimes contre l’humanité. Ils sont
accusés d’avoir mené des attaques généralisées et systématiques contre des
populations civiles.
Pour ce faire, l’accusation s’appuie principalement sur les faits suivants: attaques liées aux manifestations devant le siège de la RTI (du 16 au 19 décembre 2010), attaque sur Yopougon, 25-28 février 2011 (Blé Goudé), attaque lancée lors de la manifestation de femmes à Abobo (3 mars 2011), bombardement du marché d’Abobo et environs (17 mars 2011) et attaque sur Yopougon (le ou vers le 12 avril 2011).
Pour établir la responsabilité du Président Laurent Gbagbo et du Ministre Charles Blé Goudé, l’accusation s’appuie sur les prétentions suivantes qu’elle doit prouver, principalement par ses témoins, ceux du procureur, c’est-à-dire les témoins à charge:
• existence d’un plan commun entre le président Gbagbo, Blé Goudé et les autres membres de l’entourage du président Gbagbo (dont Blé Goudé);
Pour ce faire, l’accusation s’appuie principalement sur les faits suivants: attaques liées aux manifestations devant le siège de la RTI (du 16 au 19 décembre 2010), attaque sur Yopougon, 25-28 février 2011 (Blé Goudé), attaque lancée lors de la manifestation de femmes à Abobo (3 mars 2011), bombardement du marché d’Abobo et environs (17 mars 2011) et attaque sur Yopougon (le ou vers le 12 avril 2011).
Pour établir la responsabilité du Président Laurent Gbagbo et du Ministre Charles Blé Goudé, l’accusation s’appuie sur les prétentions suivantes qu’elle doit prouver, principalement par ses témoins, ceux du procureur, c’est-à-dire les témoins à charge:
• existence d’un plan commun entre le président Gbagbo, Blé Goudé et les autres membres de l’entourage du président Gbagbo (dont Blé Goudé);
• les
forces pro-Gbagbo forment un appareil du pouvoir, organisé et hiérarchisé et
dont le contrôle est exercé conjointement par Gbagbo et son entourage immédiat,
• la
contribution coordonnée par Gbagbo et son entourage immédiat (dont Blé Goudé)
ayant abouti à la commission des crimes,
• l’exécution
des crimes a été rendue possible grâce à l’obéissance quasi aveugle aux ordres
de Gbagbo et de son entourage immédiat (dont Blé Goudé) par les forces acquises
à leur cause.
Il faut
bien se rendre compte que tout ceci n’est pas un jeu car si au terme du procès,
l’accusation arrivait à convaincre la Cour, nos deux leaders risquent de très
lourdes peines privatives de liberté. Dans ces conditions, aucun témoin de
l’accusation ne saurait être mon héros.
II - EST
TÉMOIN A CHARGE CELUI QUI A CHOISI LE CAMP DE L’ACCUSATION CONTRE CELUI DES
ACCUSÉS
Dans ce
procès comme généralement, il n’y a que trois (3) camps : celui des
observateurs neutres, celui de l’accusation, c’est-à-dire celui de ceux qui
veulent la condamnation des accusés et celui de la défense, c’est-à-dire de
ceux qui veulent leur acquittement et donc leur libération. Or, par définition,
tout témoin à charge a choisi librement le camp de l’accusation.
Non, en
aucune façon, et quel que soit le contenu de ses auditions, aucun témoin à
charge contre le président Laurent Gbagbo et le ministre Charles Blé Goudé ne
saurait devenir mon héros.
III - EST
TÉMOIN A CHARGE CELUI QUI MAINTIENT SON CHOIX ET VIENT EFFECTIVEMENT TÉMOIGNER
CONTRE LAURENT GBAGBO ET CHARLES BLÉ GOUDÉ
Depuis le
début de ce procès, certaines indiscrétions et certaines rumeurs font savoir
régulièrement que des personnes célèbres figurent sur la liste des témoins du
procureur. Certaines ont fait des déclarations publiques (Gervais Coulibaly,
Joël Nguessan) pour affirmer qu’ils ne témoigneront jamais contre le Président
Laurent Gbagbo. On verra bien le moment venu. Par ailleurs, il faut rappeler
que dans le dossier du même procureur contre le président Uhuru Kenyatta et son
Vice-Président, l’absence ou le désistement des témoins listés par le procureur
a mis fin aux poursuites. Cela prouve bien qu’on ne témoigne jamais contre son
gré et que ce sont bien les déclarations des uns et des autres, notamment à la
Pergola, qui ont rendu ce procès possible. Dans ces conditions, aucun témoin à
charge contre le président Laurent Gbagbo et le Ministre Charles Blé Goudé ne
sera jamais mon héros, quel que soit le résultat de sa prestation lors du
procès.
IV - CE
SERAIT UNE GRAVE INSULTE AUX AVOCATS DE LA DÉFENSE, A TOUTES LES VICTIMES DE
CETTE CRISE ET A TOUS CEUX QUI CONTINUENT DE LUTTER POUR LA LIBÉRATION DES
ACCUSÉS
Selon
certains témoins à charge et leurs défenseurs, ils n’auraient pas eu le choix
de changer de camp, devant la barbarie des rebelles et la puissance de la
machine politico-judiciaire des vainqueurs du 11 avril 2011. C’est souvent
qu’on entend : “mets-toi à leur place. Qu’aurais-tu fait ?”. Franchement, je
préfère rester à ma place et les laisser à la leur, comme du temps du pouvoir
et de ses avantages. En réalité, je ne sais pas si j’aurais mieux fait qu’eux
ou fait différemment. Ce qui est pourtant constant et incontestable, c’est que
beaucoup de ceux qui étaient à la même place qu’eux ne sont pas devenus des
témoins à charge contre la main qui les a nourris et contre leur propre camp.
D’autres généraux, officiers supérieurs ou subalternes, simples sous-officiers,
soldats ou civils, membres ou non de la galaxie patriotique, qui étaient à la
même place qu’eux sont soit morts, soit en exil, soit en prison, soit, au pays
ou à l'étranger, en train de continuer le combat pour une Côte d'Ivoire libre
te souveraine, malgré les difficultés réelles. Ce sont ceux-là mes vrais héros.
Alors,
ceux qui ont choisi de devenir des témoins à charge contre leur propre camp ne
méritent pas de devenir mes héros, quel que soit leur prestation au procès,
même s’ils devaient “marquer contre leur nouveau camp”. Autrement, ce serait
comme si, dans un match de finale de coupe d’Afrique contre le Bénin, Stéphane
Sessegnon, sous la pression des éléphants, provoquait un penalty transformé par
Gervinho et marquait ensuite contre son camp (le Bénin). De vous à moi, même
dans ces conditions, pourquoi Stéphane Sessegnon, l’ivoirien qui a choisi le
Bénin deviendrait-il mon héros ?
Non,
définitivement, aucun témoin à charge ne sera jamais mon héros dans ce procès
contre le président Laurent Gbagbo et le ministre Charles Blé Goudé.
Ambroise Gnahoua, Représentant du FPI au Sénégal, en Mauritanie, en Gambie
et au Cap-Vert.
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l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec
l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou que, par
leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des
causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».
Source : Journal de Bally Ferro
3 mai 2016
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