vendredi 15 novembre 2013

Le bêtisier alternatif & citoyen

Aujourd’hui, la parole à Kabran Appiah, « ancien cadre du Pit, compagnon de Laurent Gbagbo, président du parti Alternative citoyenne, ancien ministre, etc... » 
« Les Africains ont une culture qui est particulière. La personnalisation du pouvoir est un phénomène naturel en Afrique. Cela va jusqu’à la personnification dans certains cas. Le repli identitaire sur une personnalité charismatique, voire démiurgique, est quelque chose qui est ancré dans nos traditions. Est-ce que c’est positif, est ce que c’est négatif ? Il faut voir à l’usage. C’est comme la lecture qu’on peut faire sur les régimes politiques : n’y a-t-il de régime valable que démocratique ? Ce sont des questions qu’on peut interroger valablement. Comme l’a dit un auteur, la démocratie n’est pas le meilleur des régimes, mais le moins pire. Lorsque tout le monde est appelé à donner son opinion et compétir, c’est quand même préférable que lorsqu’un seul ou quelques-uns seulement le font. De ce point de vue, la démocratie est supérieure à tous les systèmes oligarchiques ou aristocratiques et, certainement, supérieure à la tyrannie, parce qu’il y a là, une capacité de régulation plus puissante que dans tout autre système. Quand un seul dirige, ça peut aller plus vite, c’est vrai, parce que, donner à la multitude, la capacité de juger de choses complexes, comporte une contrainte majeure : le niveau de conscience. Car, comme l’a dit ironiquement Descartes, le bon sens est la chose la moins bien partagée. Et cela, pour des raisons purement biologiques et certainement naturelles. On n’est pas né tous avec les mêmes potentiels. Et lorsque les gènes n’ont pas sélectionné, c’est l’éducation, voire la vie tout court, qui sélectionne, selon la masse d’informations que l’on arrive à intégrer en fonction de ses capacités. C’est ce qui fait que votre façon d’agir n’est pas la même que celle de votre voisin. Il peut donc se produire qu’un système oligarchique soit plus efficace qu’un système démocratique. Mais je pense que le monde, en ce début de siècle, a au moins révélé une chose, c’est la vanité des systèmes. Les batailles et autres déclarations qui ont eu lieu autour de ces systèmes se sont ramenés à l’unité et on a bien vu que ce qui est important, c’est le produit final : la cohésion est-elle maintenue, est-ce que nous répondons efficacement aux défis qui sont les nôtres ? Finalement, les systèmes ne sont donc valorisés que par rapport à un produit final, à mon avis. Et c’est lorsque un système donné ne produit pas le produit final recherché, qu’on peut légitimement le contester. Autrement dit, toutes les contestations sont valables à condition qu’elles s’inscrivent dans la perspective d’un meilleur résultat. Il y a un moment, dans la vie d’un parti, qu’un chef fort peut être nécessaire. C’est le cas lorsque qu’il s’agit d’aller vite ou lorsque vous avez un adversaire coriace et que vous n’avez pas le temps nécessaire des délibérations, ou lorsqu’il n’est peut-être pas utile. Je n’ai donc pas d’idées arrêtées, sauf que je considère que la démocratie doit être toujours un recours. C’est pour cela que le seul système valable aujourd’hui, pour les pays, comme pour les partis politiques, c’est la démocratie, mais aménagée de manière à être efficace. »
(Propos recueillis par Benoit Hili - Le Nouveau Réveil du 30 octobre 2013. Source : La Dépêche d'Abidjan 14 Novembre 2013) 

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COMMENTAIRE
 
« …comme l’a dit ironiquement Descartes, le bon sens est la chose la moins bien partagée » ?
Avec tout le respect dû à un personnage de son importance, on a le regret de rappeler à Kabran Appiah que, « ironiquement » ou non, Descartes ne l’a pas tout à fait dit comme cela, mais comme ceci : « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée » ! Il est vrai qu’à force de lire les élucubrations de cet illustre universitaire et homme d’Etat, on est parfois enclin à se demander si l’auteur du « Discours de la méthode » n’a pas eu bien tort…
 
La Rédaction
 

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