mardi 14 février 2012

Marthe Amon Ago : « le Cnrd a un rôle de résistance et de veille »


Dans cette interview exclusive (Notre Voie 14 février 2012), Marthe Amon Ago, secrétaire générale du Congrès national de la résistance pour la démocratie, nous dit ce que cette organisation représente à ses yeux. Une position courageuse et digne, aux antipodes de la posture capitularde de Laurent Fologo et consort

Notre Voie : La récente assemblée générale du Cnrd vous a nommée dans les fonctions de Secrétaire générale par intérim. Dans quel état se trouve ce mouvement politique au moment où vous prenez fonction ?
Amon Ago Marthe : La tenue d’un congrès me permettra de mieux apprécier l’état des lieux. Par exemple, par la  présence effective des membres… Sinon, la liste qui m’a été remise fait état de 39 organisations, membres au lieu de 27 lors de la signature de la Charte en 2006. Le Cnrd se porte donc bien au moment où je prends fonction.

N.V : Dans quel esprit le Cnrd a-t-il été créé et quels sont ses objectifs ?
A.A.M : Depuis l’attaque de la Côte d’Ivoire en 2002, nous avons tous assisté à un élan patriotique. Le Cnrd s’est voulu une plate-forme de regroupement et d’encadrement de tous ces  mouvements populaires. C’est pourquoi, le Cnrd s’est fixé comme objectifs principaux, la défense des institutions de la République, la sauvegarde de la souveraineté, la promotion de la démocratie, de l’Etat de droit, de la paix, de la restauration de l’image de la Côte d’Ivoire ainsi que de sa vocation traditionnelle de nation ouverte sur le monde (article. 3 de la Charte).

N.V : Qui peut donc être membre du Cnrd?
A.A.M : L’article 2 de la Charte dit ceci : « Sont parties à la présente Charte, les organisations politiques et sociales adhérant aux principes des libertés publiques et aux valeurs républicaines. Les parties contractantes affirment leur attachement au respect de la Constitution, notamment en ses dispositions consacrant le mode de dévolution du pouvoir par les élections et se déclarent opposées à tout recours à la force des armes comme moyen d’accession au pouvoir. »

N.V : Dans une interview, la semaine dernière, au quotidien gouvernemental Fraternité Matin, Laurent Dona Fologo, vice-président du Cnrd, a déclaré vouloir donner une nouvelle orientation à votre organisation. Il a notamment indiqué vouloir une opposition sans violence, qui respecte ceux qui gouvernent. Comment avez-vous accueilli cette déclaration ?
A.A.M : Permettez-moi de ne pas me prononcer sur les propos de M. Fologo qui est un membre de notre organisation. Au Cnrd, les opinions se partagent en assemblée. Ce n’est pas de manière fortuite que notre groupement porte le nom de Congrès national de la résistance pour la démocratie. En effet, l’appellation Congrès évoque l’idée d’une réunion de personnes qui se rassemblent pour échanger leurs idées ou se communiquer leurs études.

N.V : Est-ce à dire que le Cnrd n’a pas changé d’orientation ?
A.A.M : Si c’est par rapport aux propos de M. Fologo que vous me posez cette question, je ne vous répondrai pas. Pour une question de principe et d’éthique de notre organisation.

N.V : Depuis le premier congrès qui a fixé les objectifs et orientations du Cnrd, il n’y a donc pas eu un autre congrès pour imprimer une nouvelle orientation ?
A.A.M : A ma connaissance et au regard des documents reçus, non ! Cependant, il importe que vous sachiez qu’au Cnrd, le mot Congrès désigne certes l’organe suprême, mais il tient ses assises de deux manières. Pour le renouvellement des instances, le Congrès se tient tous les trois ans. Par contre, il doit tenir deux sessions ordinaires dans l’année (articles 15 et 17 des Statuts). Il peut également se réunir en session extraordinaire. 

N.V : Laurent Dona Fologo a également soutenu que le Cnrd doit servir de courroie de transmission entre le pouvoir et l’opposition. Ce qui suppose que le Cnrd n’est pas partie prenante dans le combat pour la défense des institutions. Où se situe donc finalement le Cnrd ?
A.A.M : Je vous réitère ma position, à savoir que je refuse de commenter les propos de M. Fologo qui est l’un des huit vice-présidents du bureau du Cnrd. Cependant, si vous me demandez en tant que Secrétaire générale, où se situe le Cnrd sur l’échiquier politique ivoirien, je peux vous répondre.

N.V : Je vous écoute…
A.A.M : Après lecture de la Charte, des Statuts et Règlement Intérieur, mes analyses se résument en ce qui suit : le Cnrd a son essence dans sa dénomination qui n’est certainement pas fortuite : « Résistance pour la Démocratie ». En effet, on parle de résistance lorsque les habitants d’un pays s’opposent à l’action d’un occupant. Quant à la démocratie, c’est l’idée selon laquelle, l’autorité suprême appartient à l’ensemble des citoyens d’un pays. Aussi, le Cnrd est-il le regroupement de toutes les forces patriotiques qui veulent la souveraineté de la Côte d’Ivoire, l’indépendance effective de la Côte d’Ivoire. En d’autres termes, il s’agit de personnes ou d’organisations qui revendiquent la souveraineté de la Côte d’Ivoire au plan international, la liberté et l’égalité des citoyens au plan national. Nous en déduisons que le Cnrd n’est pas La Majorité Présidentielle (Lmp) ; il n’est pas comparable au Rhdp. Il est certes un groupement politique, mais il n’est pas un regroupement de partis politiques uniquement, parce que non prévu pour gouverner comme c’est le cas pour Lmp ou le Rhdp. Le Cnrd est une force de défense des institutions de la République et de promotion de la démocratie par des voies et moyens spécifiques. Concrètement, le Cnrd a été créé pour s’opposer aux forces impérialistes qui menacent la souveraineté de notre pays, la Côte d’Ivoire, et l’empêchent de prendre librement son destin en mains, et à son peuple de choisir son chef et ses représentants. Une fois la souveraineté acquise, il est impératif de la préserver en veillant à une pratique démocratique véritable laquelle suppose un Etat de droit, le respect de la liberté et de l’égalité des citoyens. En conclusion, le Cnrd a un rôle de résistance et de veille. C’est pourquoi, peu importe que ses membres soit à l’opposition ou au pouvoir. Par exemple, le Pdci-Rda peut adhérer au Cnrd aujourd’hui si tant est qu’il est réellement attaché à l’indépendance et à la souveraineté de la Côte d’Ivoire ainsi qu’à la pratique de la démocratie.

N.V : En tant que Secrétaire générale nouvellement installée, quel est votre programme d’activités ?
A.A.M : Nous avons déjà élaboré notre programme d’activités, mais nous attendons qu’il soit adopté par le bureau avant de le rendre publique.

Interview réalisée par Boga Sivori 

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