samedi 4 février 2012

CNRD : Fologo est-il vraiment le bon choix ?



Ne faites pas de la maison de mon père une maison de trafic. Jn. 2 - 16
      
 

Vers le milieu des années 1950, alors que résonnait déjà le glas du « colonialisme de papa », les propagandistes du soi-disant « monde libre » inventèrent une machine destinée à inciter les peuples opprimés à abandonner leur lutte pour s'affranchir de leurs oppresseurs. A la place, ils prônaient le dialogue, la modération, bref, le renoncement à toute forme de résistance. Ils appelaient cela le « réarmement moral ». Mais, d'après nous, c'était en fait de désarmement moral qu'il s'agissait. D'ailleurs ils s'en cachaient à peine. Leur seul but était de désarmer les combattants de la liberté, qui, en Asie, en Afrique, en Amérique latine, revendiquaient, les armes à la main, le droit pour leurs peuples de se gouverner eux-mêmes comme ils l'entendaient.

Découvrant dans L'Intelligent d'Abidjan du 28 janvier 2012 ces paroles que Laurent Fologo aurait prononcées, la veille, lors de la réunion du Cnrd dont il serait depuis devenu le principal animateur, je croyais entendre encore l'un de ces chantres du désarmement moral : «Il faut que nous acceptions le dialogue, il faut que nos frères qui sont au pouvoir acceptent le dialogue (…) J'ai fait partie de tous les régimes sauf le régime militaire. Je suis comme le notable du village, je peux donc tenir ce langage. Je ne veux pas d'une opposition de belligérants, de conflits, de casses, de fusils. On peut ne pas être d'accord et se respecter (…) Un parti qui a la plupart de ses cadres à l'extérieur du pays, voire en prison, est affaibli, mais le rassemblement et le réalisme, la volonté de travailler avec sérénité et raisonnablement, sont les ingrédients qui peuvent donner la force à l'opposition. Je ne serai jamais du côté des casseurs. Nous devons, par le dialogue, renoncer à tout ce qui est violence, belligérance, conflit. Nous devons donc accepter de parler avec les uns et les autres. Tout ce que nous faisons pour la réconciliation et pour la paix n'aboutira à rien si nous refusons de nous parler. »

Ceci n'est pas une attaque dirigée contre la personne de Laurent Fologo. Je n'ai personnellement rien contre ce citoyen. D'ailleurs, je suis sûr qu'il est foncièrement honnête et que, tout au long d'une carrière qu'il n'avait pas briguée, mais qu'il n'était pas non plus en son pouvoir de refuser de faire, dans toutes les fonctions et missions que lui confièrent Houphouët, Bédié ou Gbagbo, il fut, quant à lui, constamment de bonne foi ; tandis que, très probablement, ceux qui l'ont employé n'ont jamais dû voir en lui qu'un… « idiot utile ». Je suis même prêt à reconnaître que, depuis 2002, Fologo a donné assez de preuves qu'il y avait chez lui un bon fond d'authentique patriotisme. Cela aurait pu le porter, malgré son extraordinaire inculture politique, à plus de discernement quant à ses engouements politiques. Malheureusement pour lui, il y a ce qu'on appelle la reconnaissance du ventre, et la politique de même nom… Fologo idolâtrait Houphouët pour tout ce qu'il en avait reçu ; et c'est une maladie dont, selon ses propres dires, il n'est toujours pas guéri à ce jour, malgré le 19 septembre 2002, malgré le 4 novembre 2004, malgré le 11 avril 2011… Si on voulait compiler tous les éloges d'Houphouët sortis de sa bouche seulement depuis son ralliement à Laurent Gbagbo, on en remplirait plusieurs volumes. C'est un premier reproche qui peut très légitimement fonder à son encontre la défiance de ceux qui sont convaincus que c'est à Houphouët, et à lui seul d'entre tous les Ivoiriens, que notre pays doit toutes les misères qu'il endure. Mais il y a un reproche encore plus grave : selon ses propres dires, L. Fologo est prêt à servir sous tous les régimes sans se poser des questions de conscience sur leur nature : « Oui, confiait-il naguère au Nouveau Réveil (07 septembre 2007), aujourd'hui comme hier, contre vents et marées, je réaffirme et assume le sens de mon modeste combat et de ma détermination : je suis pour le meilleur et pour la République. Mon choix est clair. J'ai soutenu, je soutiens, je soutiendrai toujours tout Président que, par la volonté de Dieu, le peuple ivoirien se donnera, quelles que soient son ethnie, sa région, ses croyances. »  Et aussi, sans doute, quelle que soit la manière dont il est devenu président… Autrement dit, le nouveau « vice-président du Cnrd doté des pleins pouvoirs » est un homme qui n'a, en principe, aucune raison de ne pas être, aujourd'hui, aussi proche du régime issu du coup d'Etat franco-onusien du 11 avril 2011 qu'il le fut, hier et avant-hier, de tous les régimes précédents. A l'exception, aime-t-il se vanter, de l'éphémère régime du général Guéi. Mais, si exception il y eut, n'était-ce pas seulement parce ce régime-là ne dura pas assez pour offrir à Sa Modeste Suffisance quelque bonne occasion de s'y rallier ?
Lorsque, en pleine réunion du Cnrd, Fologo proclame avec assurance : «Le CNRD doit être pour le FPI ce qu'est le RHDP pour les autres. Etre dans l'opposition ne signifie pas quitter la Côte d'Ivoire, ne plus travailler pour la Côte d'Ivoire ni empêcher de travailler pour la Côte d'Ivoire (…) Nous ne voulons pas d'un CNRD amputé, mais renforcé et déterminé à jouer son rôle, sous la responsabilité de Bernard Dadié, pour faire en sorte que nos camarades emprisonnés et exilés reviennent», il inscrit en fait cette coalition, ses objectifs et sa méthode dans la perspective qui est la sienne depuis toujours. Ce train de la résistance qu'il a pris en marche, il prétend régler sa vitesse et décider de sa destination à sa convenance, sans se soucier de ce que peuvent penser ou dire les autres voyageurs, en particulier ceux qui furent les premiers à s'y embarquer, ces populations de nos villes et de nos villages qui nous crient chaque jour leur ras-le-bol de ce régime de « nassarafôtigui » – c'est ainsi que les gens de Kong surnommèrent les premiers d'entre eux qui se vendirent aux Français –, et de ses Frci. Mais Fologo sait-il seulement où il va ? Mais est-ce qu'il s'en soucie vraiment ? Celui qui toujours a suivi les routes frayées, aplanies et balisées par d'autres est-il vraiment le mieux placé pour rechercher et pour découvrir la voie par laquelle la patrie meurtrie et asservie retrouvera son intégrité et sa liberté ? Et s'il est possible qu'il la découvre par hasard, aura-t-il la fermeté nécessaire pour affronter toutes les embûches que nos ennemis ne manqueront pas d'y multiplier ?
Si Fologo a cru pouvoir exposer aussi franchement ses vues sur l'objectif et la méthode du Cnrd, c'est aussi parce qu'il existe aujourd'hui dans cette coalition, une majorité pour partager sa vision collaborationniste. D'ailleurs il ne fut pas le seul à y défendre cette conception un peu molle de notre devoir sacré de résistance face aux ennemis de notre patrie. Danielle Boni, la digne fille de l'Alphonse Boni qui enfanta les lois scélérates qui permirent toutes les forfaitures des années 1960, et qui ouvrirent la porte à tous les attentats ultérieurs contre notre patrie, est prête, elle aussi, à toutes sortes d'arrangements avec ce régime de coup d'Etat. Et elle rêve même de nous y entraîner tous à sa suite. Après la séance où Fologo fut promu « homme fort » du Cnrd, D. Boni confia au « Trait d'union » (30 janvier 2012) : « Il faut que nous rentrions en négociation avec le pouvoir, avec les autorités pour pouvoir essayer d'entamer ce dialogue et faire bouger les choses, de façon à ce que la réconciliation soit une vraie réconciliation. (…). Il faut également que nous sachions nous mettre dans un nouveau contexte, parce que nous sommes l'opposition. Alors, il faut que là aussi, nous changions certaines manières de faire. De cette manière-là, je pense, nous pourrons arriver à nous entendre. C'est pour cela que vraiment je suis pour la réouverture des négociations. Qu'on s'assoit, que nous parlons, que nous discutons, (…). Le gouvernement a besoin de calme pour pouvoir travailler sur des dossiers importants ; (…). Tout doit se faire dans le calme avec une opposition qui, comme dans tous les pays, jouera son rôle de critique, mais aussi de proposition. A partir de là, je crois que le peuple ivoirien, qui n'attend et qui n'aspire qu'à la paix, veut une politique apaisée. Donc, une classe politique apaisée. » Une classe politique apaisée… On dirait un lointain écho de la « démocratie apaisée » de Bédié, qui n'empêcha point sa chute, ni tout ce qui s'en est suivi. Ironie de l'histoire, c'est en vertu des lois de circonstance forgées par son père que Danielle Boni et de nombreux autres citoyens furent assignés à résidence par les bénéficiaires du coup d'Etat du 11 avril 2011…
Cet article n'est pas non plus une ingérence dans les affaires intérieure du Cnrd auquel je n'appartiens pas, même si, comme je l'ai écrit à son président, mon maître et mon ami Bernard Dadié, au lendemain de sa création, c'est évidemment le lieu que j'aurais choisi pour exercer ma citoyenneté si je vivais au pays. Et si, avais-je cependant ajouté, le Cnrd avait adopté pour son manifeste la déclaration solennelle du FPI lue par Pascal Affi Nguessan le 16 janvier 2006. Rappelez-vous : « Au lieu de servir les intérêts de la paix en Côte d'Ivoire, l'Onuci, Licorne, le GTI et le Premier Ministre du Gouvernement de la Côte d'Ivoire sont devenus des instruments de la France au service de la déstabilisation et de la recolonisation de la Côte d'Ivoire. C'est au nez et à la barbe des forces de l'Onuci qu'en Novembre 2004, l'armée française en Côte d'Ivoire (Licorne) a massacré plus de 70 jeunes Ivoiriens aux mains nues et occasionné plus de 3000 blessés. A Guitrozon, A Gohitafla, à Anyama, Agboville, à Akouedo les rebelles ont pris d'assaut les casernes militaires, tiré sur les populations civiles et mis à rude épreuve la paix sociale dans l'indifférence méprisante des forces onusiennes et françaises. » J'ai pris la liberté d'intervenir à propos des changements intervenus parce qu'en tant que citoyen et en tant que patriote, je suis l'un de ceux pour lesquels et au nom desquels le Cnrd a été fondé. En ce sens, ce qui s'y passe me concerne aussi.
Pour bien juger de la dangerosité de cette exhibition de postures et de propos défaitistes, il faut aussi considérer le moment choisi. C'est au moment où Nicolas Sarkosy recevait en grande pompe le couple Ouattara, que cela eut lieu. Peut-être ne faut-il y voir qu'une coïncidence. Mais alors, ce serait une coïncidence bien malheureuse. Que dis-je ? Malheureuse ? Pas pour tout le monde, hélas ! Pour les colonialistes impénitents que nous avons vus, sur les images venues de Paris, gambader autour des Ouattara comme s'ils venaient de trouver un trésor, ce serait au contraire tout bénéfice que nous baissions les bras et les laissions s'emparer de tous les leviers du pouvoir chez nous sous le masque de Ouattara comme ils le firent en 1963 sous celui d'Houphouët. Du coup, il ne serait pas surprenant que les mêmes aient soufflé leurs drôles d'idées à Fologo et D. Boni, qui ne sont pas leurs ennemis, tant s'en faut !
A la recherche de documentation pour étayer cet article, je suis tombé par hasard sur cette confidence qu'un ancien « chargé de mission » au cabinet d'Houphouët aurait faite au journaliste résistant Didier Dépry « après les événements de novembre [2004] qui ont vu la force française Licorne tuer plus d'une soixantaine de jeunes Ivoiriens aux mains nues », et que celui-ci a rapportée dans « Notre Voie » du 10 septembre 2011 : « Le véritable Président de la Côte d'Ivoire, de 1960 jusqu'à la mort d'Houphouët, se nommait Jacques Foccart. Houphouët n'était qu'un vice-président. C'est Foccart qui décidait de tout, en réalité, dans notre pays. Il pouvait dénommer un ministre ou refuser qu'un cadre ivoirien x ou y soit nommé ministre. C'était lui, le manitou en Côte d'Ivoire. Ses visites étaient régulières à Abidjan et bien souvent Georges Ouégnin (le directeur de protocole sous Houphouët) lui cédait son bureau pour recevoir les personnalités dont il voulait tirer les oreilles ». Ce sont des choses que Fologo, qui aime tant à se vanter de sa longue fréquentation d'Houphouët, savait sans doute, même s'il s'est toujours gardé d'en parler en public. Et sans doute n'ignore-t-il pas non plus que telle est la situation promise à Ouattara par rapport à celui qui fait actuellement le Foccart auprès de Sarkosy. Quant à moi, même si je n'en avais pas encore une connaissance aussi précise avant d'avoir lu l'article de D. Dépry, cette révélation ne m'a point surpris car j'avais subodorée cette réalité dès 1959, à l'occasion d'une audience houleuse d'Houphouët, alors Premier ministre du gouvernement de la loi cadre. (« Félix Houphouët et la Côte d'Ivoire. L'envers d'une légende » ; pp. 230-232).
J'ai toujours considéré qu'il est impossible de bien comprendre ce qui se passe au présent en Côte d'Ivoire sans se référer à l'histoire de ce pays et de ses habitants naturels depuis qu'ils existent comme société politique. C'est ma différence essentielle avec bon nombre de nos concitoyens qui font comme s'il n'y avait aucune leçon dans notre histoire passée qui mériterait qu'on se la rappelle. C'est aussi la grande différence entre le nouveau vice-président du Cnrd revêtu de ses pleins pouvoirs et le président Bernard Dadié, raison pour laquelle celui-là aurait été choisi pour …suppléer celui-ci. Soit dit en passant, ce n'est pas la première fois que Fologo est appelé à remplacer Bernard Dadié. Il lui a déjà succédé une fois comme ministre de la Culture. Ça n'avait pas vraiment été une réussite…
Si Dieu le veut, et pourquoi ne le voudrait-il pas, Bernard Dadié sera centenaire dans moins d'un lustre. La dernière fois que je l'ai vu en chair et en os, c'était il y a six ou sept ans, il pétait la forme. Depuis, je l'ai eu quelques fois au téléphone, la dernière fois, pour parler résistance et du Cnrd, justement ; je n'ai jamais perçu dans sa voix qu'il avait perdu pied avec la réalité ; au contraire bien de sexagénaires et de septuagénaires à la mode pourraient envier sa cohérence avec notre drame national. En tout cas, d'après l'impression que j'ai retiré chaque fois de nos contacts, je suis absolument convaincu qu'on pourra aligner 10 ou même 100 Fologos à côté d'un Bernard Dadié même accablé par le poids de toutes ses années de lutte et de réflexion, ils ne feront jamais le poids.
Je croyais jusqu'à présent que de ce côté-ci du front, nous étions tous d'accord pour donner à cette longue crise, dont le 11-Avril n'a été qu'un paroxysme particulièrement violent, son véritable nom : une guerre du colonialisme français pour rétablir sur la Côte d'ivoire un régime fantoche totalement à sa dévotion. La comédie qui s'est jouée à Paris à l'occasion de la visite du couple Ouattara au couple Sarkosy a bien montré que c'est bien de cela qu'il s'est agi. Je constate que nous n'en sommes pas (ou n'en sommes plus) d'accord. A l'intérieur du pays ou parmi nos compatriotes exilés, des factions se sont formées ou se forment en vue de rechercher des arrangements « mangécratiques » avec nos adversaires. Après l'échec de l'opération Mamadou Koulibaly, on a essayé tour à tour les Gervais Coulibaly, les Kabran Appiah, les Théodore Mel, en vain. Alors on nous ressort Fologo, le passe-partout, avec peut-être le secret espoir que nous n'ayons retenu de lui que quelques phrases comme : « Je ne suis pas fier de ce qui arrive à mon pays (…). Malgré toutes les concessions faites par le Président Gbagbo depuis Lomé en passant par Marcoussis, Pretoria I et II, Accra, etc., nous avons aujourd'hui le sentiment d'avoir été bernés, floués, puisque nous nous retrouvons après près de huit ans, la guerre toujours devant nous. Hélas ! Ce qui me fait mal, ce n'est pas que les gens veuillent nous dominer. Mais qu'ils trouvent à l'intérieur de nos Etats des personnes pour les applaudir (…) » (Fraternité Matin 28 décembre 2010). Mais sait-on bien pourquoi toutes les tentatives précédentes ont échoué ? C'est parce que cette affaire n'est pas une affaire qui pourrait se régler seulement entre quelques-uns parce qu'ils sont les plus instruits ou les plus riches ou les plus connus et estimés à l'étranger, mais une affaire que les simples gens de notre pays sont déterminés à régler eux-mêmes, à leur manière, avec leurs faibles moyens mais avec la ferme volonté de ne plus se laisser berner par quiconque. Et, pour les conduire, ce ne sont pas des perroquets d'Houphouët, même dessillés, même convertis à l'anticolonialisme verbal, qu'il voudront prendre, mais des gens comme eux, parlant le même langage qu'eux et qui vont nécessairement surgir d'au milieu d'eux quand le temps sera venu.
Ce n'est pas sans raison qu'on a comparé la situation de la Côte d'Ivoire à la charnière 2010-2011 à celle des années 1963 et 1964. L'objectif de nos ennemis, se couvrant alors du masque d'Houphouët, était le même qu'aujourd'hui. Et ils y parvinrent en éliminant d'un coup tous ceux qui auraient pu contrecarrer les orientations néocolonialistes de leur fantoche. Mais il y a aussi une grande différence entre les deux situations : ce qui caractérise la situation politique consécutive au contentieux électoral de novembre 2010, c'est la volonté de résistance de la très grande majorité des Ivoiriens. Déjà manifeste dans les urnes du premier tour du scrutin présidentiel, elle s'est retrouvée dans le refus de Gbagbo, fort du soutien de l'opinion, de céder le fauteuil présidentiel au candidat de l'étranger appuyé par les égorgeurs du 19 septembre 2002, puis dans l'héroïque défense d'Abidjan, et enfin, dans le départ volontaire en exil de tous ceux, civils et militaires, qui n'ont pas voulu se soumettre au diktat de la France de Sarkosy. À l'inverse, après 1963-1964, n'ayant rencontré aucune résistance, les Français et leur fantoche purent impunément jouir de leur forfait  pendant les 30 années suivantes. Autre enseignement de cette époque lointaine : nous y avons déjà vu à l'œuvre les idées prônées par Fologo et consort, et nous savons où cela peut conduire de placer sa confiance dans de tels prophètes. Pour obtenir le désarmement moral de ses victimes et de ceux qui avaient partagé leurs misères, Houphouët organisa une cérémonie de réconciliation au cours de laquelle il avoua avoir été trompé par une de ses créatures, le policier Pierre Goba. Après quoi, une petite minorité des anciennes victimes des rafles de 1963 et de 1964 retrouvèrent leurs biens et leur situation sans que pour autant le pays ait recouvré sa pleine indépendance, et sans que la situation de la majorité des Ivoiriens se soit vraiment améliorée. Voilà tout ce que la grande majorité de nos concitoyens gagneraient aujourd'hui à se prêter aux arrangements sans principes auxquels les incitent Fologo et consort.
Pour conclure, et en guise d'illustration ou de justification de mon propos, voici l'amorce d'un débat sur le même sujet entre deux de nos compatriotes de la Diaspora, que l'un d'eux m'a spontanément communiquée alors que cet article était déjà presque entièrement rédigé. On devine le point de vue qui a ma préférence : je ne crois pas qu'il faille se taire devant Fologo ni devant quiconque prétend « qu'il faut accepter et solliciter le dialogue avec le pouvoir. » Ce n'est pas en cessant de résister qu'on gagne sa liberté. Mais selon moi, à ce stade, l'autre point de vue n'est pas moins respectable. Par conséquent, il est bon et utile que ce débat se poursuive. Aussi bien, ce qui nous a manqué le plus tout au long de nos cinquante et quelques années d'existence nationale, ce ne sont ni les faux consensus, ni les marchés de dupes, ni les réconciliations poudre-aux-yeux, mais de pouvoir débattre ; vraiment débattre…
Marcel Amondji   


Fologo traite les militants du FPI d'extrémistes.


Chères sœurs, chers frères, 
Après le meeting du FPI du 21 janvier 2012, monsieur Fologo a eu l'audace de traiter les partisans de Gbagbo d'extrémistes. L'agent double dans son costume habituel. Il a abandonné les pas du Gbégbé pour le Goumbé.
C'est Fologo qui a fait chuter Gbagbo politiquement.
1) Dans le mois de juin 2010, monsieur Fologo répondait aux questions d'un journaliste de RFI.
RFI : Monsieur Fologo, est-ce que les élections présidentielles de 2010 pourront se tenir dans un pays coupé en deux ?
Réponse de monsieur Fologo : On n'a pas besoin de désarmer toute la Côte d'Ivoire avant d'aller aux élections.
Monsieur Fologo avait dit exactement ce que pensait l'Elysée pour emmener Gbagbo aux élections.
2) Après l'installation de Ouattara au pouvoir par l'impérialisme occidental, voici ce que déclarait Fologo : « Comme au sport et en football, lorsqu'on perd, il faut savoir perdre, il faut savoir féliciter le vainqueur... C'est ce que j'ai fait en me rendant au Golf hôtel saluer le président Ouattara... Donc, si le président Ouattara m'avait confié une mission, je l'aurais accomplie avec autant de dévouement et de loyauté... Je sers la république... Je ne sers pas les individus ». Sauf que notre ami Fologo oublie que celui qu'il appelle président a été mis en place de force par l'Occident qu'il combattait hier. On ne peut être combattant pour la souveraineté et accepter son contraire.
Monsieur Fologo invite le FPI au dialogue avec Ouattara. Je pose la question à Fologo de nous dire comment peut-on aller au dialogue avec quelqu'un qui propage la haine de l'autre et organise la terreur sur les populations du Sud ?
Fologo doit avoir la lucidité de dire que sa mission en politique est terminée. Il ne peut pas continuer de ruser avec le peuple ivoirien pour ses seuls intérêts et encore moins avec le FPI. Ne cédons pas au chantage.
Fologo et Alassane peuvent garder leurs prisonniers. Quelle est la différence entre quelqu'un en liberté avec son compte gelé et un prisonnier ? Il y a des cadres du FPI qui meurent étant en liberté parce que leurs comptes sont bloqués.
Restons vigilants !
L. G. (31 janvier 2012)



De S. L. à G. L.
Réponse à
Fologo traite les militants du FPI d'extrémistes.

Mon cher frère L...,
Quel objectif vises-tu en publiant cette lettre ouverte ? En quoi est-ce que c'est nécessaire pour la libération de LG et la CI ?
A mon humble avis, il faut éviter de dresser les Ivoiriens contre ce monsieur-là qui a même représenté LG à des sommets et qui a défendu des positions courageuses et patriotiques, qui a lancé des idées fortes comme le « sursaut national ». En tant que citoyen libre comme toi et moi, rien ne l'empêche de changer d'avis et de camp. Comme je l'ai déjà dit, il a dénoncé et fustigé l'extrémisme de tous les bords et de tous les camps. Or, l'extrémisme, c'est l'excès, et l'excès nuit à soi et aux autres. Ayons le courage de tuer en nous toute vindicte et toute passion. Ayons le courage de reconnaître nos erreurs pour ne pas les répéter. Bonne journée.  
L. S.(Mercredi 1er février 2012 12h34) 

Mon cher S..., 
J'ai simplement peur du syndrome du complot du chat noir de 1963 (sic). En 1963, l'impérialisme occidental et Houphouët-Boigny avaient emprisonné tous les opposants. Ces prisonniers politiques avaient été humiliés et affamés. Avant leur libération, la France et Houphouët avaient exigé de leurs prisonniers des garanties. C'est-à-dire abandonner la lutte démocratique au profit du parti unique. C'est comme çà les partis d'opposition ont été étouffés sous la pression de l'impérialisme français. Nous sommes dans la même situation aujourd'hui. Ouattara utilise les mêmes méthodes en empêchant les meetings de l'opposition. Il crée la terreur comme Houphouët l'avait fait en 1963. Fologo, Madame Boni Claverie ont tous changé de discours et sont prêts à se soumettre à la dictature de Ouattara. La France a mis Gbagbo en prison pour arrêter la lutte. Tu es un des premiers à le prouver. Sarkozy a trouvé la faille. Arrêtez Gbagbo et ses partisans et les Français pourront tranquillement exploiter la Côte d'Ivoire. Et si Sarkozy refusait de libérer Gbagbo ? Nous allons arrêter toutes manifestations politiques en Côte d'Ivoire ? Dans ce cas il faudra dissoudre le FPI. La différence entre toi et moi, c'est que tu lies ton combat à un homme. Je me bats d'abord contre l'occupation occidentale en Côte d'Ivoire et en Afrique en général. Fologo n'est pas un combattant. Il fait la politique de celui qui arrive au pouvoir. Il a toujours choisi le camp des gagnants, c'est un griot politique et non un combattant pour la démocratie. Les Tagro Désiré, Bohoun Bouabré feront partie de l'histoire de la lutte démocratique. Continuons le combat pour la libération de la Côte d'Ivoire. Nos prisonniers sont aussi entrés dans l'histoire. Pourquoi as-tu peur pour Gbagbo ?
La lutte continue.
L. G. (jeudi 02 février 2012) 

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