lundi 12 février 2018

« Et nous restons assis, attendant l'homme providentiel »…*


Quelques victimes des bombardements franco-onusiens
de la résidence du président Gbagbo (7-11 avril 2011)
Une opposition n'a cure d'un pouvoir autocrate : elle se bat pour ses droits démocratiques. Elle dénonce les travers du pouvoir, organise des manifestations de protestation malgré la répression, se bat à travers la rue contre les décisions injustes (emprisonnements, répression, enlèvements...) comme elle l'a fait entre 1990 et 1995. Elle mobilise la société civile, les syndicats, fait des meetings, des conférences ou des points de presse, alerte l'opinion nationale et internationale.
Une opposition qui s'oppose contre un pouvoir inique n'a pas forcément besoin de prendre les armes ou de poser des bombes. L'histoire des luttes démocratiques le montre.
En Côte d'Ivoire, les grands « opposants », maîtres de la rhétorique, sont à l'extérieur. Les leaders au pays ont peur et gèrent leurs acquis personnels : anciens ministres et présidents d'institutions, ils se contentent de donner le change en organisant quelques « manifs-poudre aux yeux » et retournent tranquillement à leur sport favori : l'autodestruction par les querelles internes.
Dans notre pays, ce qu'on ne dit pas aux gens, c'est que tous les cadres de l'opposition (même ceux qui sont en exil) sont, en général, d’anciens ministres et d’anciens présidents d'institutions qui touchent tranquillement leurs émoluments d'anciens ministres et\ou d'anciens députés (aucun ne l'a refusé).
En Côte d'Ivoire, le peuple est orphelin. Seul Dieu est le dernier recours, le dernier secours. Les plus désespérés attendent un miracle salvateur à La Haye pour ramener au pays le seul « garçon ». En attendant, on pleure chacun dans son coin en admirant le combat des Togolais, des Congolais RDC, des Nigériens, des Tchadiens...
Un jour, Gbagbo a dit : « La liberté s'arrache ». Nous on attend qu'un pouvoir clément « joue le jeu » (la bonne blague !).
Quand on leur dit, « Taisez vos dissensions et battons-nous, soudés contre l'oppresseur », les grandes théories fantastiques sortent aussitôt sur la « fidélité » et la « traitrise ». Et nous restons assis, attendant l'homme providentiel, la décision salvatrice de La Haye.
Pitoyable !

Isidore S. Alla
*Titre original : « Il n'y a pas d'opposition en Côte d'Ivoire ».


EN MARAUDE DANS LE WEB
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Source : La Dépêche d'Abidjan 6 Février 2018

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