A la veille de cette rentrée scolaire, l'appauvrissement de nos parents
planteurs de cacao est tel qu'ils n'arrivent plus à scolariser et payer des
études supérieures à leurs enfants. Et ce sont les travailleurs citadins qui
sont moralement obligés de se substituer aux planteurs laminés dans leurs
charges. Les citadins eux-mêmes déjà appauvris et incapables de s'offrir un
toit, quand les logements sociaux sont fixés à 23 millions F, et quand les
logements haut standing oscillent autour du milliard de Franc CFA, dans une
ville par exemple comme Abidjan, où les Aménageurs Fonciers Agréés, du jour au
lendemain, sont en majorité des Libanais et des Marocains, et ce, par la réforme
foncière dont seul Mamadou Sanogo, le ministre sortant de la Construction, a le
secret. Quand on sait que les aménageurs fonciers agréés sont les seuls
habilités à vendre les terrains au détail aux citoyens acquéreurs, l'on mesure
aisément la misère dans laquelle Sanogo Mamadou plonge les Ivoiriens de tous
bords (RDR, PDCI, FPI, Sans parti).
A cet environnement socio-économique déjà défavorable à l'Ivoirien,
disons-le, s'ajoute une autre donne qui risque d'aggraver le rapport des forces
économiques, avec l'entrée, en roue libre, du Maroc dans les instances de la
CEDEAO.
Pour rappel, au 31 décembre 2016, le Maroc est devenu la première
puissance étrangère au titre des investissements directs étrangers (IDE) en
Côte d'Ivoire. Cela veut dire ce que ça veut dire... Pour être plus explicite,
l'intention des autorités marocaines ne vise-t-elle pas à s’octroyer le droit
de s’immiscer, en toute légitimité et légalité, dans les affaires intérieures
de la Côte d'Ivoire (afin de veiller de très près sur les intérêts des
entreprises marocaines), par le truchement de son futur statut de pays membre
de la CEDEAO ?
Dans son imminent positionnement de nouveau gendarme sur la Côte
d'Ivoire, après l'effacement de Blaise Compaoré, les autorités de notre pays,
face au roi du Maroc très introduit dans le foncier ivoirien dont il détient
les manettes par l'intermédiaire de ses nationaux agréés aménageurs fonciers,
il sera difficile à l'Etat ivoirien dans ses éventuelles négociations avec les
magnats du BTP (les promoteurs immobiliers marocains et libanais) d’obtenir la
moindre concession sur le prix des maisons qui flambent. C'est une donnée que
les plénipotentiaires ivoiriens à la CEDEAO ne devraient pas perdre de vue.
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Manifestants contre l’insécurité, dans le Nord, ce 8 septembre 2017 |
L'Ivoirien et l’Ivoirienne moyens sont-ils au bout de leurs peines, en
plus d'un environnement sécuritaire assombri par l'émergence des « microbes »
qui narguent les forces de l’ordre, et des ex-combattants en armes, mués en
commandos visibles mais jamais désarmés ni inquiétés, avec la bénédiction de
celui qui a été nommé conseiller à la présidence de la République, puis célébré
et brandi devant le Conseil de Sécurité de l'ONU pour « ses extraordinaires bons résultats » à la tête du DDR
(Démobilisation, Désarmement, Réinsertion) ?
Et quand on ajoute la très récente tentative d'assassinat de parents
planteurs détenteurs de droits coutumiers, dont le seul crime est d'avoir
surpris et demandé à des occupants inconnus de cesser la colonisation illégale
des terres dans le Nord-Est, précisément à Pétèye et Brogodon (Bondoukou), la
situation est dangereusement explosive, de sorte que la réunion du Conseil
National de Sécurité (CNS) doit éviter de donner dans une posture cosmétique,
pour un traitement de choc, juste et concret des problèmes inscrits à son
agenda.
Dapa Donacien
(*)- Titre original : « Chronique
sur l'état de notre Nation à la veille de la rentrée scolaire ».
EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance
diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne
éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de
la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils
soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des
enjeux de la « crise ivoirienne ».
Source : IvoireBusiness
8 Septembre 2017
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