Chassé du gouvernement à la veille des dernières
législatives, le président de l'Upci n’est pas pressé de revenir dans la
combine du RHDP.
Votre parti,
lors des dernières élections législatives, n’a pas présenté de candidats sur la
liste du Rhdp, comme le souhaitaient les autres membres de l’alliance. Comment
en est-on arrivé à cette situation ?
Personne ne nous a
invité à fournir la liste de nos candidats afin de les inscrire sur une liste
Rhdp. Par la suite, nous avons appris que les hommes forts du Rhdp ont décidé
que chaque parti conserve sa position issue des élections législatives de 2011.
Nous avons accepté d’appliquer cette règle pour l’élection présidentielle de
2015, mais nous demander deux fois de suite le même reniement, c’est quand même
incroyable !
Comment
avez-vous vécu votre départ du gouvernement au cours de cette crise ?
Le plus normalement
du monde, puisque personne ne m’a jamais dit que je resterais au gouvernement
toute ma vie. Et d’ailleurs cela n’a jamais été mon ambition.
Aujourd’hui
avec le recul, regrettez-vous d’avoir fait cavalier seul à ces élections
législatives ?
Non aucun regret.
Car la seule chose qui m’a toujours intéressé, c’est être Président. Je vous
rappelle que c’est pour cette raison que je me suis fait débarquer de la
Direction générale des Douanes en 2008. Et à présent, je suis heureux à l’idée
de poursuivre mon initiation au parlement.
Vous avez
décidé de former un groupe parlementaire composé des députés Upci et Updci. Le
divorce est-il consommé avec le Rhdp ?
Le Pdci et le Rdr
forment déjà le couple parfait. Personnellement je leur souhaite de vivre
heureux et d’avoir beaucoup d’enfants.
Y a-t-il eu
des contacts entre vous et le directoire du Rhdp pour tenter de recoller les
morceaux ?
Non aucun. Je vous
prie de me croire, ils n’ont besoin de personne. Donc c’est à nous d’aller
demander pardon.
Quel sera
l’avenir de l’Upci au sein du Rhdp ?
Nous allons parcourir
la Côte d’Ivoire pour exposer notre projet de société qui n’a rien à voir avec
une politique assise sur l’aide, l’endettement, le tribalisme et la division.
Et pour cela, l’Upci n’a pas besoin du sein du Rhdp.
La situation
socio-politique a été marquée par la mutinerie militaire et la grève des
fonctionnaires. Comment avez-vous vécu cette situation ?
Tristesse. Nous nous
rendons compte qu’on a vraiment embarqué notre pays sur la méditerranée, avec
la promesse d’un paradis qui n’existe nulle part.
On ne vous a
pas senti durant cette période. Vous n’avez fait aucune déclaration. Qu’est-ce
qui explique ce silence ?
On ne savait pas
trop quoi dire. On fait croire aux gens que la Côte d’Ivoire est un pays qui
sera bientôt émergent, qu’il est même déjà pré-émergent. Alors les gens exigent
qu’on leur donne déjà ce qu’on leur a promis ou ce qu’on leur doit, en
attendant les salaires de l’émergence. Ce régime est victime de ses propres
turpitudes.
Les arriérés de primes ont été payés aux soldats.
Était-ce la solution pour vous ?
Tant que le
Gouvernement négligera la réconciliation, qu’il organisera des concours dans la
Fonction publique à tour de bras pour se faire de l’argent de poche, qu’il
multipliera les institutions au nom de je ne sais quelle paix, il ne sera
jamais crédible pour négocier avec les syndicats.
Comment
jugez-vous les nouvelles nominations opérées dans l’armée à la suite de cette
série de mutineries ?
Je me demande si on
veut la paix ou si on se prépare à une autre guerre. Je me rappelle même que
certains ne voulaient plus de la vie militaire. Ils voulaient se retirer pour
mener une vie plus paisible. Il faut tourner la page pour bâtir une autre Côte
d’Ivoire de paix et de fraternité, loin des rancœurs. Les feux d’artifices, les
routes et les péages ne ramèneront pas à notre pays sa seconde religion. C’est
la réconciliation et la paix qui amèneront l’émergence et non le contraire.
Le front
social est entré également en ébullition dans le mois de janvier, avec la grève
des fonctionnaires. Quelle est votre appréciation de cette grève qui a paralysé
l’administration publique pendant trois semaines, en tant qu’ancien ministre de
la Fonction publique et de la Réforme administrative ?
Je serai toujours
contre la grève dans les services sociaux tels que l’École et la Santé. Je
serai toujours opposé à une masse salariale de plus 35% de nos ressources
propres dans le budget de l’État. Mais c’est ensemble, avec une vision
partagée, avec des sacrifices équitablement repartis que nous construirons
notre pays et l’avenir de nos enfants. Mais quand on crée un Senat alors qu’on
peut faire sans, quand on crée une Chambre des rois alors que nous avons déjà
une Médiature et un Conseil économique et social, on ne sait pas à quoi ils
servent et un gouvernement de près de 30 ministres et une Vice-présidence,
alors qu’on se débrouille avec les syndicats. Mais nous parlons aussi parce que
c’est notre pays et nous tenons à ne pas le perdre.
A quand le
retour de l’Upci aux réunions du directoire ?
Comme en politique
tout est possible, je dirais quand les poules auront des dents.
Sercom Gnamien Konan
Titre
original : « Gnamien Konan : L’UPCI reviendra au RHDP quand les
poules auront des dents ».
Source : CIVOX.NET 21 Février 2017
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