A
l’attention de Mesdames, Messieurs, Honorables candidates et candidats à la
magistrature suprême,
Notre démarche citoyenne part d'un
constat récurrent et tenace : combien de fois n'a-t-on pas entendu telle
actrice ou tel acteur de premier plan de la classe politique française
affirmer, avec faits et chiffres à l'appui, que "l'Afrique, c'est le continent d'avenir !"
?
La traduction en actes d'une telle
phrase devrait conduire à des initiatives fortes pour redonner à la politique
africaine de la France un nouveau souffle, des axes concrets de réflexion et
d'action avec et en faveur des peuples africains.
Mais rien de tel ne s'est jamais
produit ! Car, toujours, ces bons mots se sont noyés dans le marécageux marigot
de la Françafrique.
Très vite, cette affirmation
péremptoire disparaît toujours du logiciel des comités de rédaction des
programmes de la campagne présidentielle quand l'heure arrive de dessiner une
politique étrangère française, qui regarde et prend en compte les pays
africains, notamment les anciennes colonies françaises, comme des alliés et des
partenaires, avec qui on peut/on doit discuter et signer des contrats de
coopération gagnant-gagnant, pour ensemble faire face aux nombreux défis de la
mondialisation et du réchauffement climatique.
Très vite, chaque candidat à l'Elysée
renoue avec les mêmes promesses farfelues et autres "déclarations d'amour à l'Afrique" qui sont vite oubliées...
et remplacées par des circonvolutions d'allégeance aux régimes liberticides
d'Afrique, au nom de la realpolitik !
En effet, une fois installés à
l'Elysée, après avoir pris connaissance, avec faits et chiffres à l'appui, "des réalités, des jeux et enjeux
d'alliance assurant la pérennité de la Grandeur de la France dans le
Monde", tous les locataires de l'Elysée, de De Gaulle à nos jours, ont
repris à leur compte la célèbre formule gaullienne suivant laquelle "La France n'a pas d'amis, elle n'a que des intérêts".
Face à ce constat, notre démarche
citoyenne reste cependant empreinte d'un vif optimisme qui se fonde sur les
combats acharnés et toujours plus vigoureux des masses fondamentales africaines
et des acquis de grande portée historique engrangés (certes encore fragiles) de
ces luttes populaires, qui préfigurent, à un horizon pas si lointain, la fin de
la Françafrique.
Nous voulons agir résolument, à
travers les nombreuses activités de la Caravane Panafricaine 2017, afin que
l'affirmation selon laquelle "l'Afrique, c'est le continent d'avenir de la
France" ne reste pas un simple slogan de campagne d'Hommes
ou de Femmes politiques en manque d’idées alternatives, mais devienne une
revendication politique, portée par une large opinion démocratique auprès de
tous les candidats de la Présidentielle Française 2017, qui exige, ici et
maintenant, l'élaboration et la réalisation d'une Politique Française de
Coopération respectueuse de la Dignité et des Intérêts Fondamentaux des Peuples
Africains.
A cet effet, le message de ralliement
de toutes les citoyennes et de tous les citoyens qui adhèrent à notre
initiative "Mon Candidat, c'est
l'Afrique", pour
bien afficher notre volonté collective de faire de l'Afrique, l'un des thèmes
majeurs de cette campagne 2017, et non comme toujours, une question marginale,
vite traitée par quelques vagues promesses humanitaires et/ou sécuritaires.
Face à ce statu quo de la politique
africaine de la France qui perdure depuis le système de domination néocoloniale
pensé et mis en place sous De Gaulle (au prix de quelques ravalements de
façade), nous initions ce Questionnaire
pour ouvrir, avec vous, et avec tous les citoyens de ce beau Pays des Droits de
l'Homme, le nécessaire débat (toujours occulté ou minoré) sur les visions et
les ambitions des candidats à la Présidentielle Française de 2017 vis à vis du
continent africain, et plus particulièrement la nature des liens à tisser avec
les anciennes colonies françaises d'Afrique et leurs citoyens, là-bas sur le
continent et ici dans l'Hexagone.
Q1. Le libre choix des dirigeants africains.
Choisir leurs dirigeants est un droit
universel et inaliénable des peuples. En Afrique, les dirigeants sont imposés
aux peuples au prix d’innombrables vies humaines. Les forces vives africaines
pointent du doigt la responsabilité de la France (au vu du déroulement des
élections jusqu’à la période récente en Afrique francophone notamment au Tchad,
au Gabon, au Congo Brazzaville, en Djibouti, Mauritanie…) ; le mode de
tricherie est multiple et varié : la manipulation du corps électoral, la non
publication des résultats en temps réel et par bureau de vote, la distribution
sélective des cartes électorales, les différentes techniques d’inversion de
résultats mises en place, etc.). Dans les autres pays de l’espace anglophone ou
lusophone, les élections se passent mieux. Quelles dispositions prendriez-vous
pour que cesse cette dérive si vous êtes élu(e) président(e) ?
Q2. La « dette » des pays africains
Les citoyens bien informés savent
pertinemment que la prétendue « dette » des pays africains, notamment
francophones, est la résultante d’actes engagés par des personnes imposées de
force aux peuples africains comme dirigeants. Et ceci, dans une étroite
collaboration entre le bailleur instructeur et le débiteur « bon élève ».
Qu’envisageriez-vous, pour ce qui est du ressort de la France, afin de mettre
un terme définitif à ce non-sens qui étouffe les peuples africains ?
Q3. La monnaie, un outil de souveraineté
Le franc CFA est, depuis sa création,
un outil de domination des pays africains aux mains des autorités françaises.
Sans monnaie indépendante, l’économie africaine ne pourra jamais décoller et
devenir réellement concurrentielle. Les peuples africains francophones
revendiquent la mise en place d’une monnaie commune souveraine. Qu’en
pensez-vous ?
Q4. Les accords de défense, la coopération militaire et le
terrorisme
Des accords de défense signés entre
la France et ses anciennes colonies au lendemain des indépendances ont connu
récemment, pour certains d’entre eux, quelques retouches, sans pour autant
modifier fondamentalement la donne. En outre, ils restent toujours inconnus du
grand public. L’armée française est omniprésente aux quatre coins de l’Afrique,
dans des bases militaires et par le biais de la coopération militaire. Son rôle
réel a toujours été et demeure, selon les situations, soit de veiller sur les
dirigeants impopulaires et dictateurs imposés, « amis de la France » (Idriss
Deby, Sassou N’Guesso, Ali Bongo, Alassane Ouattara, Aziz...), soit d’évincer
du pouvoir les dirigeants jugés insoumis aux intérêts de la France (Sylvanus
Olympio, Thomas Sankara, Laurent Gbagbo…). Aujourd’hui, au nom de la lutte
contre un certain terrorisme instrumentalisé, la présence militaire française
se propage un peu partout en Afrique et se pérennise. Et pourtant, parmi ces «
amis de la France », un terrorisme d’Etat massacre la population civile dans un
silence assourdissant. Quand et comment comptez-vous en finir avec ces accords
de défense léonins et cette prétendue coopération militaire qui fait des forces
françaises en Afrique une armée d’occupation et de déstabilisation ?
Q5. La coopération économique, les Accords de Partenariat
Economique (APE).
Des multinationales françaises font
des bénéfices colossaux en Afrique (Bolloré, Total, Areva, Orange, etc.)
pendant que les populations sombrent dans la misère. Au travers de multiples
accords inégaux, la même exploitation économique continue : on cite les Accords
de Partenariat Economique (APE) qui sont pour l’Afrique le pendant de TAFTA
(traité de libre-échange transatlantique) pour l’Europe. Quelles dispositions
prendriez-vous pour l’instauration de rapports économiques plus équitables et
humains ?
Q6. La Justice climatique et les migrations.
La pollution industrielle au Nord
crée une instabilité climatique à l’échelle du monde, avec des conséquences
dramatiques au Sud (désertification, sécheresse, etc.). Ceci est une des
premières causes de la pression migratoire. De façon plus globale, la
responsabilité des nations riches vis-à-vis de cette pression migratoire,
qu’elles qu’en soient les raisons économiques, politiques et climatiques, est
engagée. La moindre des choses pour ces nations, si promptes à mettre en avant
les Droits de l’Homme lorsque la défense de leurs intérêts géostratégique est
en jeu, serait de s’appliquer ces principes à eux-mêmes pour l’accueil des
migrants. Quelles décisions mettriez-vous en œuvre pour apporter des réponses
adéquates à cette question ?
Q7. La France, l’Afrique et les Institutions
internationales
Dans la configuration de notre monde
du XXIème siècle, les pays vainqueurs de la seconde guerre mondiale continuent
de faire mains basses sur la gouvernance mondiale sans vraiment prendre en
compte les autres, notamment l’Afrique, qui a pourtant sa part dans la
victoire. Le Conseil de Sécurité des Nations Unies reste un instrument aux
mains de quelques pays, dont la France, qui se sont arrogés le droit de veto et
l’utilisent comme bon leur semble. Le droit international et les instruments
qui sont érigés pour l’incarner, notamment la Cour Internationale de Justice,
pour ne citer que cet exemple, sont à géométrie variable. L’Afrique aspire
légitimement à être membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Qu’en
pensez-vous ?
Q8. L’image de l’Afrique, les discriminations raciales et
les médias
Les discriminations frappent très
singulièrement en France les personnes d’origine étrangère et plus
particulièrement celles issues de l’Afrique ou d’ascendance. Une certaine
légèreté de traitement des questions africaines par les médias y compris
d’Etat, en est sans doute pour beaucoup dans cette déconsidération envers ces
personnes. Entendez-vous y remédier et comment ?
Q9. Les pays africains traités encore comme des colonies.
Plus d’un demi-siècle après les
déclarations officielles d’indépendance des pays africains, les relations entre
la France et ces pays sont empreintes d’un paternalisme qui rappelle le temps
des colonies. En témoigne cette sorte de messe célébrée tous les deux ans que
constitue le « Sommet Franco-Africain ». Dans l’actualité, on peut citer le
rendez-vous de Bamako en janvier 2017, après celui d’Antananarivo en novembre
2016 sur la Francophonie. Ce dernier pose la question de l’évolution et
l’émancipation culturelle de l’Afrique. Pour lever cette ambiguïté, seriez-vous
prêt à changer de telles pratiques ?
Q10. La nécessaire intégration de l’histoire coloniale
dans le récit national français
Alors qu’une partie de la République
est toujours marquée par les stigmates de la traite des Noirs et de la période
coloniale, l’Ecole de la République n’a toujours pas intégré cette dimension
didactique historique dans le récit national. De même, l’appui de l’Etat fait
défaut à un véritable travail de mémoire, à la recherche et à la diffusion de
travaux scientifiques ainsi que la facilitation de l’accès aux archives
nationales.
Quelles
mesures comptez-vous prendre pour rétablir la vraie histoire de la France ?
Merci d’avoir bien voulu répondre à
nos questions.
Paris, le 07/01/17
Pour La Plateforme
Panafricaine, Raymond AYIVI, Référent.
(E-mail : ppanafricaine@gmail.com)
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