mardi 18 décembre 2018

Un décembre annonciateur ?

L’arrivée triomphale de Soro Guillaume à Daoukro

« Ouf !! ». Cette onomatopée a dû être celle que poussa, ce 1er Décembre, l’ombre d’Aboudramane Sangaré. En effet, il faut le reconnaitre, pour un mahométan habitué aux funérailles en mode djôdjônan ko, ce ballet ne devrait pas être facile. Mais bon, le rôle qu’il joua dans la sphère politique ivoirienne méritait une exception. En tout cas, au cours de ces funérailles, nous avons vu et entendu des choses riches en informations et en surprises. Côté surprise, nous avons été désagréablement servis par la disparition, le lendemain de la mise en terre de Sangaré, de l’auteur de son oraison funèbre : le Pr Séry Bally. Quelle perte ! Son écriture pleine d’images et d’humour nous manquera.
Pour ce qui est des informations de ces funérailles, nous pouvons affirmer qu’au-delà de toutes leçons, ces obsèques ont confirmé l’absence de morale dans la classe politique ivoirienne. Pourquoi venir feindre de pleurer ce que l’on avait voulu donner, un certain 11 Avril 2011, au défunt ? Un de ces pleureurs du soir eut même le courage de dire qu’il donnait son pardon au défunt et à sa famille politique. Safroulaye !! Oubliant qu’il était coauteur des ennuis de ces derniers et du pays. Le petit gros, puisque c’est de lui qu’il s’agit, donna aussi l’impression qu’il avait commencé ou qu’il projetait des discussions avec certains proches du parti du défunt. L’avenir nous le dira. Moment d’exhibition politique à ne pas laisser passer, des membres du directoire du « vieux parti » vinrent, avec des mines déconfites, s’adonner à cet exercice de « drague » politique et publique, à la demande de leur Sphinx. Concernant justement les membres de ce parti, nous avons remarqué, comme ce fut le cas lors de la sortie de prison de Simone Gbagbo, qu’en plus de la délégation du Sphinx, il y en avait toujours une autre, quelques jours plus tard ou plus tôt sur le même lieu, conduite par Jean-Louis Billon. Ce dernier aurait-t-il une idée derrière la tête ? Simple interrogation. En tout cas, durant cette période, mal lui en prit de dire publiquement que le Sphinx ne serait pas candidat en 2020. Dans un parti où le président a déjà un micro et un haut-parleur[1], cette sortie de Billon nous a permis de savoir qu’il avait aussi un décodeur. Ce fut l’image que nous renvoya de façon claire Gnamien Yao quand il tint dans une lettre[2] publique, ces propos au rejeton de Pierre[3] : « Mesdames, Messieurs, militants et militantes du PDCI-RDA, Je tiens à préciser que Monsieur le ministre Jean-Louis Billon n’est pas dans les confidences du Président Henri Konan BEDIE en ce qui concerne sa candidature ou non à la présidentielle de 2020. Je sais très bien de quoi je parle. Je rappelle à toutes fins utiles que dans un parti politique comme le PDCI-RDA, avec ses 72 ans d’expérience et de pratiques de la désignation de son Candidat à l’élection présidentielle, le premier des candidats à la présidentielle est d’abord et avant tout le président du parti ». Comme on dit à Abidjan : « A comportement de mouton, réaction de berger ». Nous pouvons avoir mal compris le décodeur, mais nous avons l’impression, après lecture, que le Sphinx semble intéressé par le fauteuil présidentiel. D’ailleurs, le Sphinx donna raison au grand conférencier[4] dans une interview[5] publiée quelques jours après sa réponse à Jean-Louis, en parlant de son projet d’édification d’une nouvelle plate-forme de partis politiques pour 2020. Si nous le savions économiste, avocat et planteur, nous ne savions pas que le Sphinx, était aussi architecte d’alliances politiques. A vrai dire, nous doutons des capacités du Sphinx à mettre sur pied une plate-forme. Selon lui, son projet aurait pris du retard du fait des nombreux décès qu’auraient subi certains de ses probables alliés. Pas besoin de savoir lancer des cauris ou de savoir lire dans le marc de café, pour se dire qu’il a aussi commencé ou projeté de discuter avec le parti à la rose. Nous lui souhaitons beaucoup de courage, car pour ce qu’il nous a été donné de voir durant ces obsèques, la crise qui sépare les deux branches de ce parti semble bien traduire, dans la forme en tout cas, les deux gauches irréconciliables théorisée par leur ancien camarade de l’Internationale socialiste : Girouette Valls. Au-delà de toute plaisanterie, force est de reconnaître que le parti des frontistes semble avoir quelques problèmes. Si les problèmes de fonctionnement sont évidents, ceux de l’objectif de la lutte semblent illisibles. Pour preuve, la veille des funérailles de Sangaré, un de leurs journaux barrait à sa une, et avec fierté : « Assoa Adou reçu au Quai d’Orsay »[6]. Non mais, franchement !!
Ces faits auraient pu passer inaperçus, mais placés côte à côte et à la lumière de l’actualité, ils peuvent nous permettre de nous poser des questions. En effet, ces jours-ci, contre toute attente, les juges de La Haye ont décidé de statuer sur une possible liberté provisoire de Seplou. Dans la même semaine, une interview de Bédié sur France24 est présentée. Dans cette dernière une seule information devait être saisie, selon nous, ou du moins est adressée aux frontistes : Séplou a donné son accord pour ma plate-forme. Quand on sait que le Sphinx reçoit régulièrement les visites du petit gros, serait-il excessif de penser que la plateforme du Sphinx pourrait contenir le petit gros et les frontistes ? L’annonce de l’accord de principe de Seplou à la création de cette plate-forme et la visite du radiologue[7] au Quai d’Orsay seraient-elles étrangères à sa probable libération provisoire, claironnée en boucle sur les chaînes de France Média Monde[8] ?
Pour notre part, quand nous entendons Quai D’orsay, France24 et RFI, nous avons comme l’impression que le véritable architecte de la plate-forme du Sphinx est le même que celui de cette autre calamité appelée RHDP… Juste, oui, juste une impression.

Habib KOUADJA

[1]. Allusion à la rivalité de Guikahué (le micro) et d’Adjoumani (le haut-parleur).
[3]. Prénom du père de Jean-Louis Billon.
[4]. L’un des postes de Gnamien Yao.
[6]. Le Temps N° 4538 du 30/11/2018.
[7]. Assoa Adou est médecin radiologue de formation.
[8]. Branche média du Quai d’Orsay regroupant RFI, France24, MCD.

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