Vazoumana FONDIO |
Interview de
Vazoumana Fondio, « secrétaire général national »
et porte-parole de « Force aux peuples ».
A quel besoin répond la création d’un nouveau parti politique ?
Quelles offres politiques nouvelles proposez-vous ? N’est-ce pas un parti
de trop ?
La Côte d’Ivoire vie manifestement une crise sociale et politique qui n’est
pas nouvelle, mais qui s’aggrave gouvernance après gouvernance. La majorité des
offres politiques existantes semblent tendre vers leurs limites en ce sens
qu’elles n’arrivent pas à sortir la Côte d’Ivoire des crises systémiques et
s’installent progressivement dans l’acceptation du clanisme, du clientélisme,
de la corruption, du tribalisme etc.… il va bien falloir en sortir. C’est
justement pourquoi, le 18 août 2018, nous avons créé « Force aux Peuples »,
qui est une initiative que nous voulons prendre avec les peuples en vue de la
réalisation d’un Etat moderne et démocratique, dans leurs intérêts.
Pourquoi l’appellation « Force aux Peuples ». A-t-on besoin de
force, là où les Ivoiriens ont vraiment trop souffert ?
Ils continueront justement de souffrir si la force appartient aux groupes
qui gouvernent dans leurs seuls intérêts et de ceux de leurs amis et soutiens.
En tant que le peuple ne devient pas le véritable souverain, le contrôle de la
gestion publique est inexistant et la mauvaise gouvernance devient la norme.
Rassurez-vous, nous parlons de force légitime, républicaine et souveraine, qui
est au centre du sens profond de la démocratie et au cœur de la constitution.
Il y a déjà des partis se réclamant de la gauche en Côte d’Ivoire, le FPI, par
exemple. Qu’est-ce qui peut bien faire la différence entre ces partis et le vôtre ?
La gauche est un grand ensemble qui comporte en son sein plusieurs
courants idéologiques. Nous, nous sommes de la gauche progressiste parce que
nous avons décidé de remettre l’Etat au centre de la gouvernance avec pour
ambition de réguler la société dans le but de réaliser les conditions du
bien-être de nos populations. Nous croyons au libre marché dans une économie
qui protège socialement ces populations. Nous pensons également que c’est à
partir d’un peuple suffisamment protégé qu’on peut réaliser une économie
dynamique, prospère et où les intérêts de tous sont sécurisés.
Quel bilan faites-vous de la gestion de la gauche au pouvoir de 2000 à
2010 ?
Le bilan de la gauche est aussi celui de la classe politique entière car le
PDCI et le RDR ont participé à la gestion de grands ministères pendant
cette période. Mais la responsabilité du FPI est plus grande. Il y a eu des
insuffisances dues à la mauvaise gouvernance en bien des secteurs, le non-respect
des droits de l’homme et les quelques fondamentaux sociaux qui n’ont pas
été mis en œuvre durant ces dix ans. Il en va ainsi de l’accès au logement, de l’égalité
des chances dans le cadre du système éducatif et de l’accès pour tous aux soins
de santé… Mais l’échec au niveau social résulte en partie de la crise
militaro-civile déclenchée en 2002, qui a diminué les possibilités économiques
du Pays.
Quel bilan faites-vous de la gestion des libéraux du RDR depuis 2011 à
aujourd’hui ?
Le libéralisme est l’économie de marché avec une disparition progressive de
la réglementation. Le parti au pouvoir et ses alliés auraient pu tenir compte
du contexte social de l’après-guerre de 2011 avant de faire le choix de la
gouvernance qui a été la leur, notamment les premières années. Seulement, tous
les secteurs ont subi une libéralisation excessive, c’est le cas de l’éducation
et de la santé. Dans un contexte ou la pression fiscale asphyxient les
consommateurs et le monde des affaires. Notons également flambée plus qu’à
l’ordinaire du prix du logement et des loyers. Le régime actuel est donc dans
un libéralisme excessif, une mal gouvernance faite norme, et une absence de
volonté d’une réconciliation inclusive et participative.
Monsieur Fondio, vous étiez Président du Comité Ivoirien des Droits de
l’homme (CIDH). Votre casquette de militant des droits de l’homme peut-elle
s’accommoder avec celle d’homme politique sous nos tropiques ?
Les premiers défenseurs des droits de l’homme sont en vérité les
politiques. Les Partis politique sont des organisations transversales, donc qui
touchent à toutes les questions inhérentes à la vie de la nation. Ils œuvrent
pour le bien-être de la cité, ils sont donc au cœur de la défense des droits de
l’homme. C’est donc une suite logique seulement a un niveau plus élevé. Le
respect des droits de l’homme et l’effectivité de l’État de droit sont des
exigences pour notre pays. Force aux peuples en fera, des priorités.
Si vous êtes le Secrétaire général, c’est qu’il y a un Président. Peut-on
avoir son nom ?
Désolé. Vous devrez patienter jusqu’au lancement officiel des activités du
Parti, prévu le 08 décembre.
Est-ce une personnalité déjà bien connue ?
Oui, c’est une personnalité connue des peuples en lutte. Il a pour mérite
de connaître les Ivoiriens et leurs souffrances. C’est un enfant du grand
peuple qui fréquenté nos écoles, dormi dans nos quartiers et qui travaille au
quotidien aux côtés des populations.
A quelle coalition politique (RHDP unifié, PDCI-FPI, EDS, etc.) « Force
aux Peuples » va-t-il s’affilier ?
La politique obéit naturellement aux jeux d’alliances mais notre
organisation se reconnaîtra dans toute alliance qui mettra au-devant de
son action les préoccupations majeures de nos peuples, à savoir l’emploi, le
pain, le toit et les intérêts de la Côte d’Ivoire. En conséquence, nous sommes
ouverts pour le travail de la transformation sociale de notre pays et nous
travaillerons avec toutes les formations qui s’y intéressent.
Dites-nous pour finir, le lancement de votre Parti est pour le 08 décembre
2018, qui est ce que vous attendez ?
Je vous remercie. Effectivement, le 8 décembre 2018, au Plateau, de 9h à
13h, nous lançons officiellement les activités de notre parti. Pour cela nous
attendons, nos invités, les partis politiques, la société civile, les
syndicats, la chefferie, la presse, nos militants et sympathisants. « Force
aux peuples » se met à la disposition de l’ensemble des Ivoiriennes et
Ivoiriens et les invite à venir y militer massivement pour qu’ensemble nous travaillions
pour notre chère Côte d’Ivoire.
Propos recueillis par Elvire Ahonon
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ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu
qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et
des Ivoiriens, ou que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à
faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la «
crise ivoirienne ».
Source :
https://www.ivoiresoir.net 16 novembre
2018
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