Guillaume Soro paradant à la
tête de son « armée ».
Mais ça, c'était avant... |
Grand-Bassam a été victime d’une attaque terroriste le dimanche 13 mars 2016. Selon le bilan provisoire officiel, on dénombre 22 morts et 22 blessés. La station balnéaire la plus proche d’Abidjan (la capitale économique de la Côte d’Ivoire) est sous le choc et avec elle tout le pays. Entre anticipation et réaction, les autorités ivoiriennes ont péché à tous les niveaux et sur tous les plans. Bref, elles ont failli à leurs missions régaliennes. Décryptage.
Grand-Bassam
a sombré, mais Abidjan n’a pas su prendre les choses par le bon bout.
Grand-Bassam fait la une de l’actualité nationale et internationale.
Réputée pour ses belles plages de sable fin et ses hôtels paradisiaques, la
première capitale ivoirienne a été frappée en plein cœur par des membres d’Al-Qaïda
au Maghreb islamique (Aqmi). C’était le dimanche en début d’après-midi. Mort
en cascade, blessés légers ou graves, le scénario était insupportable. Mais quelle fut la stratégie
adoptée par l’État ivoirien pour gérer la situation ? Moins
de 24 heures après cet évènement tragique, on peut affirmer sans risque de se
tromper qu’au sommet de l’État on a été incapable de parer au pire.
Le
silence troublant de la RTI qui passe mal.
Quand autour de 13h les premiers tirs se font entendre du
côté de Grand-Bassam, les Ivoiriens ne sont informés de rien. La chaine
publique du pays, la Radiodiffusion
télévision ivoirienne (RTI) diffuse un
match de football comme si de rien n’était. Il a fallu les télévisions
étrangères et les réseaux sociaux pour informer toute la Côte d’Ivoire et
alerter les populations sur ce qui est en train de se produire. Le pays est
apeuré.
Pendant ce temps, les correspondants locaux des grands
médias internationaux accourent sur les lieux du drame en quête de scoop.
Est-il admis en pareille situation d’être plus royaliste que le roi ? Non. On
s’attendait à ce qu’un dispositif spécial soit mis sur pied par Ahmadou Bakayoko (le DG) et ses hommes pour donner des
informations au fur et à mesure que les choses évoluaient et voir défiler des
experts en la matière qui décrypteraient l’attaque de Grand-Bassam. Les
téléspectateurs de la RTI ont très vite déchanté.
Média
d’information public, la RTI a attendu près de sept heures, soit l’heure du
journal télévisé de 20h pour informer officiellement les Ivoiriens qu’une
attaque terroriste a été perpétrée à Grand-Bassam au cours de l’après-midi.
Lors de la grande édition du journal, les populations ont eu droit à quelques
bribes d’informations avec en filigrane des paroles au conditionnel. Plusieurs
reporters ont pourtant été dépêchés sur les lieux selon ce qui nous a été donné
d’entendre. C’est une communication foireuse quant à la gestion de cet incident
malheureux que rien ne peut justifier. Nos confrères ivoiriens ont fait preuve
d’un amateurisme sans nul autre pareil sur toute la ligne qui choque plus d’un.
Une
armée dirigée par des chefs incompétents.
Le bilan provisoire officiel de l’attentat terroriste de
Grand-Bassam fait état de 22 morts, dont 14 civils tués, dont 2 soldats des
forces spéciales et six terroristes abattus. Au JT de 20h, on aperçoit le
ministre d’État, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Hamed
Bakayoko oisif. Le sécurocrate ivoirien titube et passe à côté de son sujet. Il
se met à lancer un discours guerrier empli d’une bonne dose de pseudo-optimisme
avec au passage un hommage aux deux éléments des forces
spéciales (l’unité
d’élite des FRCI) qui sont tombés au le champ d’honneur. Ce n’est pas ce qu’on
espère entendre du titulaire d’un portefeuille de souveraineté. Un fait d’une
haute gravité a eu lieu. Les spéculations vont bon train tout naturellement
quant à la nature et à l’identité des assaillants.
Le ministre Hamed Bakayoko évoquera le fait qu’il était
en visite à Kumasi (Ghana)
lorsque l’attaque s’est produite et qu’il avait dû rentrer au pays après que le
président ivoirien, Alassane Ouattara ait affrété un avion spécial. La première
interrogation que cette déclaration soulève est la suivante : était-ce
nécessaire de le dire ? Ou encore donc en cas d’absence du patron du Ministère
d’État, de l’Intérieur et de la Sécurité, les choses sont-elles appelées à
tourner inéluctablement au vinaigre ? Face aux questions du présentateur du
jour, David Gouedan Mobio qui souhaitait avoir plus de détails sur l’attentat
de Grand-Bassam, le ministre Hamed Bakayoko a répondu qu’on enregistre 22 morts
et 22 blessés, un téléphone portable appartenant aux terroristes a été saisi et
est en cours d’analyse au bureau de la police scientifique ivoirienne. Outre
cela, l’on n’en saura rien d’autre. Étonnant, incroyable, invraisemblable, mais
vrai !
Lors de la tenue du comité interministériel présidé par Alassane
Ouattara au sein des
locaux du Ministère d’Etat, de l’Intérieur et de la Sécurité, l’on apercevra
des officiers de l’armée française venus coordonner l’opération. Mais
où sont passées les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) et leurs fameuses unités
d’élite ? À quoi les exercices de simulation d’attaques terroristes ont-ils
servi si l’on doit fait appel dès le premier soubresaut aux forces françaises ? C’est dire toute l’incompétence des forces de défense et
de sécurité commandées par des chefs tout aussi incompétents.
Les
lieutenants-colonels Zakaria Koné, commandant en second du 1er
bataillon d’Akwédo, Issiaka Ouattara, dit Wattao, commandant en second de la Garde
Républicaine ou encore Chérif Ousmane, adjoint du
commandant du Groupement de sécurité présidentielle, tous parachutés à ces
postes pour bons et loyaux services rendus à la rébellion armée de 2002
conduite par Guillaume Soro, actuel
président de l’Assemblée nationale, commandent les troupes ivoiriennes. C’était
des soldats du rang quasi-analphabètes sans véritable formation militaire.
Titre original : « Attaque terroriste de Grand-Bassam : Comment l’Etat ivoirien a fauté
sur toute la ligne ».
EN MARAUDE DANS LE WEB
Sous cette rubrique, nous
vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas
nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en
rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens, ou
que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la
compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne
».
source : http://www.afrique-sur7.fr 14 mars 2016
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